Mission impossible: Protocole fantôme (Mission: Impossible – Ghost Protocol)
Brad Bird (2011)
Le quatrième long-métrage de la saga Mission Impossible est le premier que j'ai vu et l'un de ceux que je préfère. D'abord parce que Brad Bird est aux commandes et que ça se voit. C'était son premier film live après la réalisation de films d'animation de premier ordre comme "Le Géant de fer", "Les Indestructibles" et "Ratatouille" (les deux derniers pour les studios Pixar). Brad Bird est un surdoué des lignes de vitesse et du mouvement dans le cadre et nous concocte un spectacle absolument vertigineux avec de belles compositions géométriques et chromatiques servant d'écrin au film, festival visuel de verticalité, d'horizontalité, de diagonales pas si éloigné de l'animation (la célèbre scène de varappe, descente, course sur le Burj Khalifa, la plus haute tour du monde à Dubaï) et de circularité (la scène finale du parking). Ces scènes d'action, en plus d'être belles à voir sont parfaitement rythmées et mettent en lumière le meilleur de Tom Cruise qui est son engagement physique puisqu'il accomplit lui-même toutes ses cascades (certes il était câblé lors des pirouettes sur le Burj Khalifa mais sa performance reste impressionnante). Cette réalité physique, même considérablement retouchée par les effets numériques (l'explosion du Kremlin n'est d'ailleurs pas très crédible) permet d'introduire un jeu de distanciation bienvenue avec la technologie qui fait partie de l'ADN de la saga. Cela commence fort dès l'introduction où le signal sonore du téléphone lié à l'approche de la tueuse blonde Sabine Moreau (Léa Seydoux, deuxième française à jouer dans la saga) distrait un collaborateur de l'IMF et permet à cette dernière de le tuer. Puis cela continue avec une autre scène de téléphone, celle où Ethan Hunt doit détruire lui-même le message (censé s'autodétruire au bout de 5 secondes). Il y a ensuite le Kremlin avec la projection vidéo d'un couloir vide censé produire une illusion parfaite mais qui finit par se détraquer. Il en va de même des gants autoadhésifs sur la Burj Khalifa ou des masques qui sont abandonnés au profit d'un jeu de dupes et tour de passe-passe plus traditionnel parfaitement orchestré où l'utilisation de l'objet high-tech (une lentille photocopieuse) est d'ailleurs la seule chose qui fait dérailler la machine bien huilée. Car équipe il y a et c'est un autre point fort du film. Le fait que les personnages soient bâclés et l'intrigué téléphonée n'a que peu d'importance, ce qui compte c'est l'orchestration de leur complémentarité. A ce titre le duo du beau gosse charmeur Tom Cruise et du rigolo Simon Pegg, pleinement exploité fonctionne particulièrement bien et ce, dès la scène d'introduction, une belle chorégraphie en milieu carcéral sur l'air de "Ain't that a kick in the head" de Dean Martin. S'y ajoute un élément féminin, l'agent Carter joué par Paula Patton dont le rôle d'espionne assez passe-partout est tout de même mis en valeur lors de deux scènes: sa confrontation avec Sabine Moreau et la séduction à Mumbai du magnat Brij Nath (Anil Kapoor, célèbre dans le monde pour son rôle du présentateur de "Slumdog Millionnaire"), une séquence 100% bollywoodienne. Enfin un quatrième personnage intervient, l'agent Brandt (Jeremy Renner), assistant de Ethan Hunt dont la présence se justifie par le fait qu'il devait à l'origine devenir le nouveau héros de la saga. Comme on le sait, il n'en fut rien (ce qui en creux démontre l'emprise de Tom Cruise sur la saga) et c'est au contraire le personnage de Brandt qui finit par disparaître dans le sixième film. A noter également que c'est dans le quatrième film qu'intervient pour la première fois Christopher McQuarrie puisqu'il a réécrit la fin film avant de se lancer dans la réalisation des volets suivants.
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