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Azur et Asmar

Publié le par Rosalie210

Michel Ocelot (2006)

Azur et Asmar

"Azur et Asmar", le premier film de Michel OCELOT réalisé à l'aide de la technologie numérique (mais en conservant tout de même un caractère artisanal) frappe d'abord par sa splendeur visuelle. Les décors sont des œuvres d'art inspirés de divers courants picturaux (de la peinture flamande à la miniature persane) qui par leurs couleurs et leur profusion de détails enchantent. Mais par-delà le seul aspect visuel, le film est une fête des sens: on y touche des textures (du tissu, de la céramique), on y goûte de somptueux plats orientaux (le couscous bien sûr mais aussi les pâtisseries comme les cornes de gazelle) et on y respire les odeurs enivrantes du marché aux épices (cannelle, cumin, fenouil, curcuma, noix de muscade etc.) Bref tout nous invite à s'immerger dans la richesse d'une culture islamique largement méconnue. Seule la musique apparaît quelque peu en retrait (intra comme extra diégétique).

Comme son titre l'indique, "Azur et Asmar" traite du dialogue interculturel ou plus exactement de la fraternité dans la diversité. Michel OCELOT expédie rapidement la partie du film qui se déroule dans l'Occident médiéval pour nous plonger au cœur d'un pays du Maghreb à la fois proche et lointain (on reconnaît entre autre l'architecture mauresque andalouse et le souk de Fès). Proche car à l'éducation normative endurée par Azur avec ses précepteurs dans son château répond l'éducation non moins normative de la princesse Chamsous Sabah dans son palais digne des 1001 nuits. De même, Michel OCELOT renvoie en miroir les préjugés culturels. La superstition entourant les yeux bleus renvoie aux réactions de rejet concernant les cheveux crépus et la peau basanée. Lointain car volontairement, une partie des dialogues est en arabe et n'a pas été traduite. Cela n'empêche pas de suivre l'intrigue mais cela crée la sensation d'être étranger, plus encore qu'Azur qui connait les rudiments de la langue pour l'avoir apprise auprès de sa nourrice. Le film plaide ainsi comme le souligne sa fin pour la richesse du métissage et de l'interculturalité. Si Michel OCELOT n'est pas naïf au point de croire que les groupes et les Etats puissent dépasser leurs clivages et leurs antagonismes, au moins espère-t-il en les individus qui peuvent s'en affranchir. Il n'est guère étonnant que le film ait frappé au cœur les jeunes écoliers libanais, eux qui grandissent dans un pays où la dualité culturelle est le plus souvent prise en otage par des intérêts géopolitiques qui les dépassent.

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