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Un million clés en mains (Mr. Blandings Builds His Dream House)

Publié le par Rosalie210

H.C. Potter (1948)

Un million clés en mains (Mr. Blandings Builds His Dream House)

Ce film de la fin des années 40 est une satire pertinente de l'american dream bénéficiant d'un ton ironique savoureux et de la prestation haute en couleurs de Cary GRANT dans le rôle de Jim, un bourgeois new-yorkais à l'étroit dans son appartement de Manhattan qu'il partage avec sa femme et ses deux filles (le pauvre!). Le film montre avec beaucoup d'humour que le désir du citadin d'avoir une grande maison individuelle à la "campagne" (c'est à dire dans l'espace périurbain des villes, la villa dans le Connecticut se situant à une heure de train du bureau de Jim) est fabriqué de toutes pièces pour faire tourner la machine à cash du capitalisme US (et du capitalisme tout court d'ailleurs car en France, c'est aussi un puissant moteur de l'étalement urbain qui continue aujourd'hui). Car si c'est un gouffre financier pour les nouveaux propriétaires, c'est une affaire juteuse qui entretient la job machine du système: agents immobiliers, architectes, ouvriers et techniciens du BTP, décorateurs et publicitaires, tous font leur beurre sur le dos de cette famille typique de la upper middle class victime de sa naïveté et de sa folie des grandeurs. Le film va même au-delà en égratignant l'idéologie familiale à l'origine de la périurbanisation. En effet le couple formé par Jim et Muriel (Myrna LOY) est en crise. Les désirs des deux membres du couple ne s'accordent guère et ils sont perpétuellement en conflit. De plus ils forment un drôle de ménage à trois avec leur ami Bill Cole (Melvyn DOUGLAS), un avocat célibataire qui est amoureux de Muriel depuis la fac et tend à prendre la place de Jim dans son nouveau foyer, celui-ci étant désormais obligé de se lever à 5 heures du matin pour aller travailler. Néanmoins Myrna LOY n'est pas à la hauteur du jeu de Cary GRANT, le rythme n'est pas assez soutenu et le happy end conventionnel annihile tout ce que le film pouvait avoir de subversif.

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