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Princes et Princesses

Publié le par Rosalie210

Michel Ocelot (2000)

Princes et Princesses

Le succès de "Kirikou et la sorcière" (1998) a permis à Michel OCELOT de sortir au cinéma ""Princes et Princesses" à partir d'une série qu'il avait réalisé pour la télévision en 1989, Ciné Si. Michel OCELOT a donné une suite à "Princes et Princesses" en 2011 avec les "Les Contes de la nuit" (2011) qui repose sur des principes semblables hormis sur le plan technique (artisanale dans "Princes et Princesses", numérique dans "Les Contes de la nuit") (2011):

- Enchaînement de six contes d'une durée de dix minutes chacun. La série Ciné Si en comptait huit, Michel OCELOT en a donc supprimé deux, "Icare" et "On ne saurait penser à tout". Il a fait de même pour "Les Contes de la nuit" (2011) qui étaient au départ au nombre de dix, diffusés en 2010 sur Canal + Family sous le titre "Dragons et Princesses".

- Chaque conte est précédé d'une courte séquence qui se situe dans un cinéma abandonné. On y voit les trois personnages interprétant les héros des contes, un garçon, une fille et un vieux technicien faire également en amont dans les coulisses un travail de scénariste, costumier et décorateur à se documentant sur les époques évoquées dans les contes. Cette dimension réflexive permet de voir le processus créatif à l'œuvre et de réfléchir également à la notion d'adaptation. Une histoire n'est jamais fixée une fois pour toutes, elle est construite ou reconstruite selon les protagonistes qui lui donnent vie.

- Utilisation de l'animation de silhouettes en papiers découpés filmés en ombres chinoises sur des fonds colorés qui confère à l'ensemble une esthétique visuelle de toute beauté. Les dessins en papier découpé que ce soit pour les silhouettes ou les décors sont tellement minutieux et détaillés qu'ils font penser à de la dentelle se détachant sur de superbes horizons bleu, vert, or, rose. Bref, un raffinement qui est aussi un enchantement pour les yeux.

- Enfin dans les thèmes abordés, on reconnaît bien l'auteur de "Kirikou et la sorcière" (1998), "Azur et Asmar" (2006) ou encore "Dilili à Paris" (2018). Son intérêt pour les civilisations étrangères et de façon plus générale, l'Autre nous fait voyager en Egypte antique ("Le garçon des figues") au Japon du XVIII° siècle ("Le manteau de la vieille dame"), dans des contrées imaginaires relevant du merveilleux ("Princes et Princesses") mais aussi de la science-fiction ("La Reine cruelle et le montreur de Fabulo"). Et si "La Princesse des diamants" nous offre une variante du schéma éculé de la belle prisonnière qui attend le prince charmant qui viendra la délivrer, Michel OCELOT délivre un message féministe dans "La Sorcière" et dans "Le manteau de la vieille dame". "La Sorcière" ressemble beaucoup à "Kirikou et la sorcière" (1998). On y retrouve la haine des villageois pour une femme puissante mais solitaire qu'ils veulent agresser voire détruire parce qu'elle leur fait peur. Le héros comme Kirikou se pose des questions et finit par comprendre que la clé pour entrer dans son château est celle de son consentement. La sorcière n'est en effet une sorcière que dans la culture du viol. Quant au "Manteau de la vieille dame", lui aussi repose sur la notion d'agression et de consentement ainsi que sur l'éveil et l'élévation, la vieille dame d'apparence vulnérable se transformant en maître à penser du voleur tout en lui donnant une bonne leçon!

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