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L'Affaire Cicéron (Five Fingers)

Publié le par Rosalie210

Joseph L. Mankiewicz (1952)

L'Affaire Cicéron (Five Fingers)

La première incursion de Joseph L. MANKIEWICZ dans le thriller d'espionnage est aussi un bijou d'ironie, un des films où l'on voit le plus les personnages courir après des chimères et s'épuiser pour un résultat vain. Bien qu'ayant repris un projet qui avait été commencé sans lui, il lui a donné une orientation personnelle en donnant aux oppositions de classe sociale un rôle moteur qu'elles n'avaient pas à l'origine. D'autre part si le film est parsemé de brillants dialogues à la Ernst LUBITSCH, il comporte également de grandes séquences de suspense qui relèvent davantage du thriller hitchcockien. Bernard HERRMANN signe d'ailleurs la musique du film.

L'histoire, basée sur des faits réels tourne autour du fameux "Ciceron", nom de code donné à l'espion qui entre 1943 et 1944 a vendu des copies de documents confidentiels britanniques aux allemands ce qui leur aurait peut-être permis d'infléchir le cours de la guerre s'ils les avaient correctement exploités. Mais trop suspicieux avec une source qu'ils n'arrivent pas à cerner et encore moins à contrôler, ils laissent passer leur chance de saboter le débarquement allié. Ciceron a d'ailleurs d'autant moins de scrupules à leur livrer des documents top secret qu'il est persuadé qu'ils ne sauront pas s'en servir. Quant aux britanniques, ils sont tellement aveuglés par le souci de conserver leurs traditions archaïques qu'ils ne voient même pas que leur valet les dupe juste sous leur nez. Joseph L. MANKIEWICZ fait ainsi une satire des deux belligérants qui renvoie à celle qu'il fait de ses deux personnages principaux, Diello et Anna.

Car "Ciceron" n'est autre que Diello (James MASON) le valet de l'ambassadeur britannique de Turquie. Comme tous les personnages de Joseph L. MANKIEWICZ il est mû par un rêve: échapper à sa condition. L'appât du gain n'est pour lui qu'un instrument de revanche sociale qu'il espère concrétiser en imitant le mode de vie et l'apparence du milliardaire qu'il a aperçu un jour quand il était mousse sur un balcon à Rio. Il utilise également cet argent pour soumettre à ses désirs la comtesse Anna Staviska (Danielle DARRIEUX) qui le fascine et qu'il sait aux abois sur le plan financier. Mais celle-ci, obsédée par la préservation de son rang s'avère encore plus retorse que lui. Si elle est bien obligée d'accepter dans un premier temps les faveurs de l'ancien domestique de son mari, c'est pour mieux l'escroquer et le trahir ensuite. Elle lui fait ainsi payer l'humiliation d'avoir été sous sa dépendance financière et plus profondément encore, d'avoir eu du désir pour lui et qu'il s'en soit servi. A ce jeu de dupes, tous deux sortent perdants, leurs désirs ne s'avérant n'être que de la fausse monnaie laquelle finit éparpillée aux quatre vents, façon puzzle tout comme la copie des plans de l'opération Overlord.

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