Frigo Fregoli (The Playhouse)
Buster Keaton et Edward F. Cline (1921)
Bien que Buster Keaton ait puisé l'idée de ce court-métrage chez Georges Méliès et son "Homme-orchestre", "The Playhouse" (en VO) est un trésor d'inventivité. Keaton explore les multiples facettes des faux-semblants, différentes façons de dupliquer, de démultiplier, d'imbriquer, de renvoyer en miroir. Il y a le porte-monnaie accordéon par lequel s'ouvre le film, métaphore des miroirs qui se réfléchissent à l'infini. Il y a la séquence où Buster Keaton à l'aide d'un trucage (la double exposition) joue tous les rôles au sein d'un théâtre: musiciens, acteurs, chef d'orchestre, machiniste, public (hommes, femmes, enfants), se démultipliant entre deux et neuf fois sur la même image, n'hésitant pas à se donner la réplique pour parfaire l'illusion. Il y a celle où il semble se réveiller d'un rêve de théâtre… sauf que le lit est encore sur une scène de théâtre. Il y a la scène des jumelles fondée sur la symétrie et le jeu de miroirs. Il y a l'extraordinaire scène où Buster Keaton mime un singe qui singe les hommes. Il y a la scène des zouaves qui jouent aux poupées gigognes avant que l'aquarium de la sirène ne se déverse, inondant le théâtre et parachevant la confusion générale.
Commenter cet article