La Mer calme (The Unchanging Sea)
D.W. Griffith (1910)
Les courts-métrages de Griffith des années 10 sont composés comme des tableaux vivants et font une large place aux déchaînements de la nature (qui compensent la fixité des plans). C'est aussi une période où Griffith adapte des poèmes. Celui de Charles Kingsley a été traduit en VF par "La Mer calme" mais c'est un contresens. Il aurait fallu le traduire par "La Mer immuable". En effet il s'agit d'une réflexion poétique sur l'impermanence et l'éternité. Le flux et le reflux immuable des vagues vient sceller et dissoudre aveuglément les relations humaines. Le point de vue qui est celui d'une femme de marin renforce cette impression. Les vagues lui prennent son mari et finissent par le lui rendre 20 ans plus tard alors qu'entretemps le temps lui a pris définitivement sa fille. Le tout distille une immense mélancolie. Griffith compose avec cette trame des images magnifiques. Celle de l'épouse de dos ployant progressivement l'échine au premier plan tandis que la barque emportant son homme s'éloigne peu à peu est sublime. L'interprétation en revanche est assez sommaire et Mary Pickford qui joue la fille du couple a un temps de présence limité à l'écran (et peu de choses à faire).
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