Ascenseur pour l'échafaud
Louis Malle (1958)
Bien avant de voir "Ascenseur pour l'échafaud", je l'ai entendu. Le cinéma art et essai dans lequel j'ai découvert la plupart des classiques diffusait en effet systématiquement l'air de Miles Davis dans les salles avant chaque projection. Quelle envoûtante entrée en matière qui confirme tout ce que le film doit à sa BO.
Ce qui est fascinant dans le premier long-métrage de fiction de Louis Malle, ce sont toutes les influences qui l'animent et qui en font un film carrefour entre la France et les USA, la tradition et la modernité.
L'influence du film noir américain est très forte, notamment le rôle de la fatalité, la tension permanente, le suspense permettant de dresser un portrait psychologique des personnages. On retrouve également les thèmes du thriller hitchcockien; crime (presque) parfait, blonde fatale et faux coupable. L'influence du cinéma classique français est également présente avec un scénario bien ficelé et des seconds rôles bien marqués comme le pilier de bar joué par Félix Marten ou le commissaire joué par un débutant plein d'avenir, Lino Ventura.
D'autre part le film oscille entre un cinéma de genre conventionnel (le polar adultère) et enfermé en studio (comme l'assassin dans son ascenseur-cercueil) et une liberté de mouvement qui annonce la nouvelle vague, surtout celle du cinéma indépendant US. Jeanne Moreau, magnétique, filmée caméra à l'épaule erre dans la nuit en décors réels sur une mélodie jazzy plaintive et mélancolique improvisée exactement comme les héros des films de Cassavetes. Un passage inoubliable qui a suffi à faire entrer le film dans la légende! La photographie, très belle est signée d'un opérateur emblématique de la nouvelle vague Henri Decaë. Et la cavale de Georges Poujouly et Yori Bertin annonce, certes en mode beaucoup plus mineur celle de Poiccard-Patricia dans "A Bout de Souffle".
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