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The Full Monty

Publié le par Rosalie210

Peter Cattaneo (1997)

The Full Monty

Billy Wilder disait qu'il faisait des films drôles lorsqu'il était complètement désespéré. Ce qui est une variante de la célèbre phrase de Chris Marker (réalisateur de "La Jetée") selon laquelle "l'humour est la politesse du désespoir". La crise sociale des pays noirs britanniques a donné lieu à d'excellentes comédies dont la plus célèbre est "The Full Monty", devenue culte et adaptée depuis en comédie musicale. La B.O du film particulièrement entraînante s'y prête.

Pourtant du désespoir il y en a dans "The Full Monty". Le point commun qui réunit la bande de strip-teasers amateurs n'est pas seulement le chômage, ce sont aussi toutes ses conséquences délétères: perte d'estime de soi, paupérisation, précarisation, éclatement familial, tentatives de suicide. Mais avant même l'idée du numéro de strip-tease, l'aspect revigorant du film réside dans la lutte que chacun mène pour rester debout. Gaz (Robert Carlyle) imagine des combines aussi drôles que calamiteuses pour conserver sa place de père, Gérald (Tom Wilkinson) tente de sauver les apparences d'un train de vie bourgeois, Dave (Mark Addy) a peur que son épouse lui en préfère un autre etc.

Là où le film passe dans la catégorie supérieure, c'est quand Gaz a l'idée de proposer son propre spectacle de chippendales. Elle lui vient à la suite d'une double transgression de la séparation des sexes. Il pénètre en effet dans un espace réservé aux femmes (le spectacle de chippendales) et espionne des femmes qui s'invitent en retour dans les toilettes des hommes (jusqu'à imiter leur façon d'uriner.) On ne peut mieux souligner le renversement des rôles, les hommes devenant ainsi des objets du désir féminin. C'est précisément en l'acceptant que ces hommes vont retrouver leur dignité perdue. Non sans mal. Chacun est confronté à la peur du jugement vis à vis de la non-conformité de son corps (trop gros, trop maigre, trop vieux, trop typé etc.) par rapport aux canons de la beauté jeune et bodybuildé. Chacun doit apprendre à l'apprivoiser pour en faire un instrument au service de l'affirmation de soi-même. Lomper l'ex-suicidaire (Steve Huison) découvre même à cette occasion son orientation homosexuelle jusque là refoulée.

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