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Minuit à Paris (Midnight in Paris)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2011)

Minuit à Paris (Midnight in Paris)

Quand viendra l'heure du bilan (en tournant un film par an avec la régularité d'un métronome, il repousse toujours l'échéance mais il ne pourra pas le faire éternellement), il sera intéressant d'étudier les variations dans les génériques des films de Woody Allen. Ceux-ci sont connus pour leur identité immuable: lettres blanches sur fond noir, police Windsor depuis "Manhattan", casting dans l'ordre alphabétique (et non par ordre d'importance), fond musical classique ou jazz etc. Cependant, si le film le rend nécessaire, Woody Allen n'hésite pas à y insérer des images. On se souvient de la scène d'ouverture de "Harry dans tous ses états" répétée 4 fois en alternance avec le déroulement du générique. "Minuit à Paris" propose de commencer par une série de plans-clichés touristiques de la capitale au soleil et sous la pluie, de jour et de nuit. Le générique n'intervient qu'après alors que l'on entend le premier dialogue mettant en évidence la faille au sein du couple Gil (Owen Wilson) et Inez (Rachel McAdams). Le premier qui est écrivain trouve à Paris une aura particulière et aime marcher dans ses rues sous la pluie et pas la seconde dont les œillères californiennes l'empêchent d'apprécier le charme de la situation. La mésentente manifeste au sein de ce couple désaccordé permet à Woody Allen de creuser deux sillons.

Le premier, le volet diurne est satirique et très drôle. Il caricature Inez et ses parents, de riches américains républicains tendance Tea-Party (on dirait aujourd'hui pro-Trump) ignares, vulgaires et imbus d'eux-mêmes. Mais le summum de la fausse monnaie est atteint avec le personnage de Paul, un (pseudo)-intellectuel pédant qui pérore sans cesse et croit tout savoir mieux que tout le monde. Inez pour qui seules comptent les apparences n'a d'yeux que pour lui mais Allen s'amuse plus d'une fois à le mettre en boîte pour notre plus grande joie.

L'autre volet, nocturne fait la part belle à l'onirisme et à la poésie. Insatisfait par la médiocrité de sa vie présente avec Inez et ses futurs beaux-parents, Gil s'évade dans le passé artistique de la ville-lumière. Un voyage rendu possible par la magie du cinéma, thème allénien par excellence. Tous les soirs à minuit, un carrosse (ou plutôt une vieille Peugeot) l'emmène dans un monde de fantasmagories où il rencontre un club d'artistes internationaux parmi les plus brillants des années 20 de Picasso à Dali en passant par Fitzgerald et Hemingway. Il se sent revivre auprès d'eux mais Allen n'oublie pas de signaler au spectateur que cet échappatoire n'est qu'une illusion. Adriana, la muse et maîtresse de ces artistes (jouée par Marion Cotillard) rêve en effet de vivre au temps de la Belle Epoque. Lorsque Gil et elle y parviennent, ils rencontrent au autre club d'artistes (Toulouse-Lautrec, Gauguin, Degas...) qui eux rêvent de retourner au temps de la Renaissance. La mise en abyme montre qu'il s'agit d'une fuite en arrière. Reste pour Gil à explorer une troisième option: rompre avec Inez et vivre un autre présent, plus en conformité avec sa vraie personnalité.

Et on fermera les yeux sur le casting français outrageusement pistonné pour jouer dans le film, Carla Bruni et Léa Seydoux en tête.

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