Les dents du singe
René Laloux (1960)
En 1960, René Laloux travaille en tant que moniteur d'activités artistiques au sein de la clinique psychiatrique de La Borde à Cour-Cheverny dans le Loir et Cher avec les docteurs en psychanalyse Jean Oury (également psychiatre) et Félix Guattari. C'est à cette occasion qu'il réalise son premier court-métrage d'animation, "Les dents du singe" avec l'aide d'une dizaine de malades mentaux qui écrivent l'histoire et se chargent des dessins en papiers découpés articulés.
Autant dire que la démarche thérapeutique de cette œuvre d'art saute aux yeux. On ressent dans ce film assez aride (sauf à la fin) toute la souffrance de leurs auteurs. Perdre ses dents en rêve est considéré comme un signe d'impuissance (le contraire de l'expression "mordre la vie à pleine dents"). Le dentiste qui les arrache pour les donner aux riches est à l'inverse tout-puissant. Il peut symboliser le monde médical qui règne parfois abusivement sur les malades (dans le film, leur charcutage est suggéré plus d'une fois). Cette autorité oppressive est également représentée par les policiers qui pourchassent le pauvre et s'infiltrent partout en avançant parfois masqués. Quant au singe, il peut représenter la nature animale qui reprend ses droits en restituant les dents volées et en provoquant la floraison des arbres.
L'atmosphère surréaliste qui se dégage de ce film tapa dans l'œil de Roland Topor avec lequel René Laloux allait entamer une collaboration fructueuse d'une dizaine d'années.
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