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La compagnie d'assurance permanente Crimson (The Crimson permanent assurance)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam (1983)

La compagnie d'assurance permanente Crimson (The Crimson permanent assurance)

"La compagnie d'assurance permanente Crimson" a été réalisé au moment où Terry Gilliam écrivait "Brazil". Il s'agissait pour lui de tester une version miniature de sa "bombe filmique" prévue pour exploser en 1985. Le court-métrage devint le prologue du "Sens de la vie", dernier film des Monty Pythons sans vraiment s'y intégrer tant il jurait aussi bien par son esprit que par sa forme avec le reste du film. Même si la pirouette finale parfaitement absurde était bien dans le ton des Pythons.

On retrouve dans ce court-métrage tout ce qui fait le génie de "Brazil" en version condensée: le bouillonnement d'idées, les fulgurances visuelles, la haine de l'oppression bureaucratique, la nécessité de la révolte, l'ode au rêve et à la liberté de l'esprit humain. Sauf qu'ici, comédie oblige, les victimes l'emportent sur les bourreaux dans un festival aussi grotesque que jouissif où la métaphore navale joue à plein.

Seule la dimension cathartique du cinéma permet en effet à de vieux employés de bureau traités en galériens d'envoyer dans le décor les doigts dans le nez de jeunes loups de la finance en pleine possession de leurs moyens. Mieux encore, ils le font en retrouvant leur âme d'enfant. L'art du détournement d'objets atteint ici des sommets: les pales du ventilateur deviennent des sabres, les perroquets des portemanteaux des grappins, les piques-papiers et les tampons des poignards, les tables de bureaux des passerelles, les rangements deviennent des canons et le plus beau de tout, le bâtiment qui abrite l'assurance se transforme en bateau-pirate prêt à lever l'ancre pour partir à l'abordage de la haute finance internationale. Gilliam utilise des procédés qu'il reprendra à l'identique pour "Brazil" à savoir des maquettes et des trompe-l'oeil combinés avec des prises de vue qui en jettent.

On peut quand même déplorer que la seule femme dans ce mondes de vieux loups de mer aux prises avec des requins soit cantonnée au rôle de la théière sur pattes. Heureusement Gilliam se rattrapera avec "Brazil" et les films suivants en créant des personnages féminins d'une autre trempe. 

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