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Minuscule: la vallée des fourmis perdues

Publié le par Rosalie210

Hélène Giraud et Thomas Szabo (2014)

Minuscule: la vallée des fourmis perdues

Après la "guerre du feu" et la "guerre des boutons" voici venue la "guerre du sucre", vue à hauteur de fourmis et de coccinelle. A cette échelle, un lézard devient le dinosaure de la scène des cuisines du premier "Jurassic Park", l'attaque de la fourmilière prend l'allure d'une bataille digne du "Seigneur des anneaux", la course-poursuite entre la coccinelle et les mouches fait penser à celle des modules de Star Wars, la maison de poupée de l'araignée est la reproduction miniaturisée de celle de "Psychose" d'Hitchcock etc.

Cette inventivité ne s'arrête pas aux hommages cinématographiques. Elle s'exerce aussi dans le domaine environnemental. A l'heure où l'on estime que les pesticides peuvent tuer jusqu'à 80% des insectes, la bande-son du film (remplie de bruitages ingénieux) suggère que leur activité dans la nature équivaut au trafic d'une route à quatre voies. Le recyclage des déchets de l'homme par les insectes est une source inépuisable d'inspiration. Par exemple lors de la bataille qui oppose les fourmis noires aux fourmis rouges on les voit puiser dans leurs réserves toutes sortes d'objets: cure-dents, cotons-tiges, médicaments, fusées, allumettes, bombe insecticide "Butor" etc.

Mélange habile de prises de vues réelles pour les décors (ceux des parcs nationaux du Mercantour et des Ecrins) et d'images de synthèse pour les insectes, le film s'inscrit à la fois dans le genre burlesque (absence de dialogues compréhensibles, grande place laissée aux gags visuels et sonores) et dans le genre initiatique et épique (le parcours d'une coccinelle privée très tôt de sa famille et qui est adoptée par une colonie de fourmis noires, la bataille qui les oppose aux fourmis rouges). L'aspect burlesque est un héritage de la série de 175 épisodes "Minuscule: la vie privée des insectes" qui a précédé le long-métrage alors que les autres aspects ont été développés pour le film. Le résultat est une réussite totale qui a obtenu à juste titre le César du meilleur film d'animation. Les petits héros nous font craquer sans qu'ils soient anthropomorphisés, les gags sont hilarants, le souffle du récit nous emporte, les trouvailles nous enchantent et la beauté des images nous émerveille. Vivement la suite "Les mandibules du bout du monde" dont le tournage s'est achevé en juin 2017!

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