Un air de famille
Cédric Klapisch (1997)
Une comédie culte qui bénéficie de trois atouts majeurs:
-La réalisation inspirée de Cédric Klapisch qui réussit à donner du relief et du rythme à une adaptation théâtrale et à faire oublier la grisaille des décors: bistrot décrépi, terrain vague, cité. A l'image de certains cuisiniers qui parviennent à concocter des recettes savoureuses avec trois fois rien, Klapisch réussit une leçon de mise en scène avec un comptoir de bar, un juke-box, une table et quatre chaises.
-La finesse d'observation et d'écriture du duo Jaoui/Bacri qui fait mouche et a donné lieu à des répliques cultes à la fois cruelles et tendres qui écornent les relations familiales. Loin d'être un refuge, la famille est montrée comme un milieu d'incommunicabilité ou tout le monde parle mais personne ne s'écoute tant chacun est enfermé dans les projections-préjugés des autres autant que dans ses propres préoccupations.
-L'interprétation si remarquable qu'on a du mal à imaginer d'autres comédiens dans la peau de ces personnages. Catherine Frot joue génialement Yoyo l'épouse soumise et pas très maligne du suffisant et égocentrique Philippe (Vladimir Yordanoff), le fils préféré de la famille qui la méprise et la houspille. De même, Jean-Pierre Bacri compose un inénarrable Henri dont le "petit gilet du vendredi" est passé à la postérité. Henri est le mal-aimé de la famille, un homme bourru et irascible enfermé en lui-même mais non dénué de bonté. Ma préférence va toutefois au duo moins connu et assez anticonformiste Betty-Denis. Betty (Agnès Jaoui) la sœur cadette est une éternelle adolescente rebelle un peu garçon manqué qui forme un couple touchant avec Denis (Jean-Pierre Darroussin) le garçon de café rêveur délicat et lettré qui apporte une grande humanité au film.
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