Les Fiancées en folie (Seven Chances)
Buster Keaton (1925)
Les Fiancées en folie, le film de la perfection divine? Si le chiffre saint par excellence est partout (le héros a 27 ans et 7 chances de se marier avant 7 heures pour gagner 7 millions de dollars), la construction du film relève plutôt de la sainte trinité ou du film à 3 vitesses. Un début lent et poétique qui joue sur le contraste entre le temps qui passe (défilé des saisons et chiot qui devient un redoutable molosse) et le blocage du héros, un amoureux transi qui n'ose pas se déclarer. Un milieu au rythme intermédiaire où un événement déclencheur (l'héritage) provoque une vaine chasse à la mariée qui reste confinée dans un lieu clos. Une fin complètement déjantée, au rythme endiablé où une marée humaine de mariées se lance dans une course-poursuite d'anthologie avec un héros qui multiplie les cascades plus ébouriffantes les unes que les autres. Celle des (faux) rochers qui a inspiré le début du premier Indiana Jones n'était pas prévue au départ et a été rajoutée in-extremis causant à son concepteur quelques frayeurs et contusions.
Au fur et à mesure que le rythme du film s'accélère, les convenances corsetées se défont et laissent place à la sauvagerie la plus totale entre les prédatrices et leur proie qui ne pense plus qu'à fuir après avoir oublié ses bonnes manières. On est frappé aussi par le fait qu'en dépit de l'urgence de la situation, le héros rejette les prétendantes qui ne sont pas de sa communauté (une juive et une noire) alors qu'il est prêt sans le savoir à se jeter dans les bras d'une gamine et d'un travesti. Irrévérence ou préjugés racistes de cette époque, les débats sont ouverts.
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