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Le Viol

Publié le par Rosalie210

Alain Tasma (2017)

Le Viol

Cette histoire inspirée de faits réels survenus en 1974, on se pince pour y croire. Non seulement on se dit que c'était hier mais que par bien des aspects c'est encore aujourd'hui. Et pour cause, la culture du viol se défend encore très bien dans notre société marquée par le patriarcat et le machisme. Seulement 10% des femmes violées portent plainte. Les 90% restant se taisent, en 2017. Par ignorance, par peur, par honte.

Si on en est encore là aujourd'hui, on imagine ce que cela devait être en 1974. Pourtant mai 1968 était censé avoir libéré les mœurs. Mais visiblement il y avait deux poids, deux mesures selon que l'on était un homme ou une femme. Un couple de lesbiennes naturistes l'a appris à ses dépends. Parce que bien sûr le naturisme est un appel au viol (il y aurait tant à dire sur les pressions exercées sur les femmes en matière vestimentaire) et le lesbianisme, une offense à la sainte virilité, justifiant l'injustifiable avec l'aide d'une société complice de la violence masculine. Une société aveugle à la souffrance des deux femmes mais qui s'apitoie sur le sort de ces "pauvres types" niant leur responsabilité, leur violence, leur sadisme et essayant de les faire passer pour des victimes. On est sidéré par le nombre de scènes dans le film qui démontrent que tous les secteurs de la société sont gangrenés par cette culture du viol. L'examen gynécologique mené par des hommes de façon humiliante et inhumaine, la juge qui déforme les propos des victimes pour les faire passer pour consentantes, les familles des violeurs qui essayent de les corrompre, l'entourage qui fait pression pour qu'elles oublient, le milieu professionnel qui les rejette, tout n'est que violence.

Face à cette culture du viol qui est aussi une culture du déni, le réalisateur visiblement engagé opte pour la crudité des faits et montre sans détour les conséquences physiques (à court terme avec les traces de coup et le début de grossesse d'une des deux jeunes femmes) et psychologiques (à plus long terme avec la dépression, la paranoïa, l'isolement). Il montre aussi de façon glaçante le décalage entre l'imaginaire des violeurs et la réalité des faits. Et il s'appuie sur le courage des deux jeunes femmes qui ont osé braver la loi du silence et porter leur combat jusqu'en cour d'assises avec l'aide des féministes de l'époque dont l'incontournable Gisèle Halimi (jouée ici par Clotilde Courau). Avec pour conséquence un durcissement de la loi condamnant le viol, requalifié pour ce qu'il est: un crime.

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