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Bagdad café (Out of Rosenheim)

Publié le par Rosalie210

Percy Aldon (1987)

Bagdad café  (Out of Rosenheim)

"A desert road from Vegas to nowhere
some place better than where you're been
A coffee machine that needs some fixing
In a little cafe just around the bend
I am calling you
Can't you hear me
I am calling you
A hot dry wind blows right through me
The baby's crying and I can't sleep
But we both know a change is coming
coming closer, sweet release."

Comment oublier cette sublime chanson, véritable cri dans le désert interprétée par Jevetta Steele et qui se marie à la perfection aux images d'un film unique en son genre. Encore que l'unité de lieu dans un no man's land et la galerie de personnages excentriques fasse penser à un Délicatessen dans l'univers de Paris, Texas (ou du premier Cars qui développe des thèmes semblables). Si le style du film peut faire débat aujourd'hui (les cadrages penchés années 80, les filtres colorés...) l'humanité vibrante et le mysticisme qui s'en dégage toujours emporte largement le morceau.

C'est un concentré de l'Amérique des laissés pour compte (ou plutôt, au bord de la route) que dépeint le film. Ceux-ci forment un microcosme qui vivote tant bien que mal et plutôt mal que bien. Leur centre de gravité est le "Bagdad café", un motel/bar/station-service miteux perdu au bord de la route 66, véritable repaire de marginaux de tous poils qui viennent y prendre pension pour soigner leurs âmes blessées (soit exactement l'histoire de Cars sauf que "Bagdad café" s'appelle "Radiator springs"). Mais à l'intérieur, c'est le chaos, plus rien ne tourne rond à l'image de la machine à café en attente de réparation. Brenda, la tenancière irascible et dépressive compense son sentiment d'impuissance en criant sur son mari et ses enfants qui finissent tous par prendre le large sans pouvoir vraiment partir (l'un dans la musique, l'autre dans sa voiture, la troisième avec des routiers de passage). Chacun attend un "miracle" fait de petits signes: un thermos de café allemand ramassé sur la route, une photo de Bach et une peinture "Lumières dans le ciel" qui annonce la venue d'un messie. Ou plutôt d'une messie, la plus improbable qui soit: une grosse bavaroise en loden et chapeau à plumes, larguée sur la route après une dispute avec son mari et qui, guidée par les fameuses "lumières" atterrit au "Bagdad café". Jasmine est le miracle de l'histoire, la fleur du désert, peinte par Rudi Cox en icône matricielle à la manière de Botero. Mi magicienne, mi fée du logis, elle insuffle la vie, la paix, l'harmonie et la joie dans un lieu qui n'était qu'hurlements et désolation. Le boomerang qui tourne autour du réservoir (l'eau, la vie) pendant que Jasmine et Phyllis (la fille de Brenda) enlacées dos à dos tournent sur elles-mêmes symbolisent remarquablement bien cette unité cosmique retrouvée, de même que l'étreinte entre Jasmine et Brenda et la parhélie, la vision du halo solaire commune à Jasmine et à Rudi Cox, le décorateur hippie campé par Jack Palance.    

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