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Voyage à travers le cinéma français

Publié le par Rosalie210

Bertrand Tavernier (2016)

Voyage à travers le cinéma français

C'est un documentaire très documenté: près de 100 extraits de film commentés avec passion et érudition par Bertrand Tavernier. Celui-ci a voulu donner au cinéma français l'équivalent des voyages de Martin Scorsese à travers le cinéma américain et italien. C'est réussi dans la mesure où à la fin de ce documentaire de plus de 3h, on en envie de découvrir ou redécouvrir les films dont il nous parle. De plus, il fourmille d'anecdotes intéressantes. Par exemple comment Tarantino s'est inspiré du Doulos de Melville pour la première scène d'Inglorious Basterds, comment Michel Piccoli a calqué ses crises de colère dans les films sur celles, bien réelles de Sautet ou encore le jugement tranchant de Gabin sur Renoir "Comme metteur en scène un génie, comme homme une pute" allusion à ses sympathies pétainistes au début de la guerre.

Néanmoins la limite de ce travail est sa subjectivité. En donnant à son film des accents autobiographiques (ma première émotion de spectateur devant un film de Jacques Becker, mon travail d'attaché de presse pour Chabrol/Godard/Melville, mes premiers pas derrière la caméra pour Sautet), Tavernier se taille un costard sur mesure en laissant dans l'ombre des pans entiers du cinéma français. Les heureux élus sont donc surtout Becker, Renoir, Carné, Melville, Godard et Sautet ainsi que des cinéastes plus méconnus que Tavernier réhabilite comme Edmond T. Gréville. Tavernier met également à l'honneur des décorateurs (Imagine-t-on "Le jour se lève" dépourvu de son immeuble? Sans l'insistance de Trauner Gabin aurait habité au rez-de-chaussée et non au 5° étage car cela coûtait plus cher), des compositeurs (Kosma et Jaubert, le premier compositeur de musique de film moderne dans les années 30), des producteurs (De Beauregard) et des acteurs (Gabin, Gabin, Gabin et un peu Erich von Stroheim). Pas d'actrices, pas de films muets, pas de films postérieurs à 1970, de grands réalisateurs oubliés ou à peine évoqués. On reste sur sa faim. Heureusement de nouveaux épisodes devraient sortir (à la TV) et compléter ce premier ensemble prometteur mais inachevé.

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