Le vent de la plaine (The Unforgiven)
John Huston (1960)
"Le vent de la plaine" où une petite indienne est enlevée après le massacre de sa tribu pour être élevée par des blancs est en quelque sorte le reflet inversé de "La prisonnière du désert" où une petite blanche était enlevée après le massacre de sa famille pour être élevée par des indiens. La proximité de ces deux films s'explique par le fait qu'il s'agit d'adaptations de romans du même auteur, Alan le May.
Mais si la haine raciale et l'intolérance jouent un rôle important dans le film, ce n'est pas son sujet principal. Avec "Le vent de la plaine", Huston a réalisé dans des conditions difficiles un grand western psychanalytique. Celui-ci est en effet centré sur la famille et surtout sur le secret de famille. Tant que celui-ci n'est pas révélé, le film l'exprime par des symboles: la vache sur le toit (quelque chose "pèse" comme un couvercle sur cette maison), le cheval fougueux apprivoisé par Rachel (Audrey Hepburn) puis par Portugal (John Saxon) qui a en commun avec elle des origines obscures, les apparitions surréalistes d'Abe Kelsey (Joseph Wiseman) qui, tel un "retour du refoulé" vient lâcher sa bombe et semer la zizanie pour se venger, les moments où Ben (Burt Lancaster) ne peut maîtriser sa jalousie et sa peine lorsque sa petite sœur est courtisée alors que son frère Cash (Audie Murphy, éruptif et inquiétant à la ville comme à la scène) exprime une haine vis à vis des indiens aux confins de la démence. Tous deux nagent en effet en plein brouillard puisque seule la mère (Lilian Gish) connaît la vérité.
Après la révélation du secret, lorsque la famille se retranche dans sa maison assiégée par les indiens le film perd en puissance et souffre de longueurs. C'est dans cette partie que les mutilations que la production a infligé au film se font ressentir, notamment avec la réduction au montage du rôle de Portugal qui était un des personnages les plus intéressants. Il n'en reste pas moins que la mise en scène est superbe de bout en bout avec un plan final de toute beauté sur la famille réconciliée contemplant un horizon retrouvé dans le vol des oies sauvages.
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