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Une vie de chien (A Dog's Life)

Publié le par Rosalie210

Charles Chaplin (1918)

Une vie de chien (A Dog's Life)

Premier film tourné pour la First National et dans son propre studio californien, Une vie de chien marque un nouveau tournant dans la carrière de Chaplin. Il a signé pour 8 nouveaux courts-métrages mais on sent que le passage au long-métrage est imminent. De fait Une vie de chien préfigure le Kid et est déjà en soi un pur petit chef-d'oeuvre mêlant harmonieusement gags burlesques, satire sociale et tendresse pour les exclus.

Le monde dépeint dans Une vie de chien est âpre. La loi du plus fort y règne et les policiers veillent à enfoncer encore plus la tête sous l'eau des "salauds de pauvres".
Dans la rue c'est chacun pour soi. On est en plein darwinisme social lorsque l'on voit lors d'une séquence magistrale Charlot se faire doubler à l'agence pour l'emploi par une meute de chômeurs enragés...la métaphore animale est limpide lorsque la scène est rejouée à l'identique autour d'un bout de viande par des molosses s'en prenant à un petit chien bâtard. Mais Charlot refuse cet ordre du monde et son humanité sauve le malheureux des griffes de ses adversaires. Non seulement il rejette ainsi le féroce individualisme du capitalisme libéral mais sans le savoir il nous offre déjà la rigoureuse antithèse du nazisme qu'il combattra dans Le Dictateur. Les nazis imprégnés de spencérisme (darwinisme social) projetaient sans arrêt des films de combats animaliers se terminant par la mise à mort du plus faible, "la lutte pour la vie" ou l'on mange pour ne pas être mangé. A contrario Une vie de chien est imprégné d'humanisme. Une solidarité se créé entre Charlot, son chien et Edna une autre victime du système. Sans parler de Sydney Chaplin qui dans sa baraque à saucisses a toujours le dos tourné au bon moment pour laisser Charlot et Scraps chaparder sur le comptoir. Et la chance qui s'en mêle lorsque Scraps trouve un portefeuille plein de billets dans le terrain vague où ils dorment. Portefeuille auparavant dérobé par des voleurs mais qui finit par leur échapper. Ajoutons que le gag où Chaplin joue au marionnettiste avec un des deux voleurs est brillantissime.

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