Soyez sympas, rembobinez (Be Kind Rewind)
Michel Gondry (2008)
Le film de Michael Gondry rattrape ses faiblesses budgétaires, esthétiques et rythmiques (le démarrage est laborieux et on se demande pendant 3/4 d'heure où il veut en venir) par un bouillonnement créatif jubilatoire et une grande richesse dans les domaines explorés.
Tout d'abord la filiation du cinéma de Gondry avec celui de Meliès saute aux yeux. On retrouve chez ces deux cinéastes le goût de la magie, des effets spéciaux, des trucages et de l'animation artisanale. Cette science du bricolage est ici mise en abyme: Gondry fabrique un film où deux personnages fabriquent des films suédés. Le suedage est un remake raccourci (15 minutes maximum) et parodique de films plutôt commerciaux et/ou cultes (Ghostbusters, 2001, Men in Black, Rush hour 2, King Kong etc.) réalisés avec des bouts de ficelle. Le plaisir jubilatoire ressenti par les personnages et le réalisateur est transmis au spectateur pour qui soudain le cinéma devient accessible. Avec cette technique, n'importe qui peut faire un film. De plus la durée très courte des films suédés fait penser aux clips et pubs que Gondry a réalisé au début de sa carrière.
Ensuite au travers de la démagnétisation des cassettes vidéos dont toutes les données disparaissent avant leur réenregistrement en suédé on retrouve le thème de l'effacement de la mémoire déjà exploré dans son 3° film Eternel sunshine of the spotless mind. En 2007, les VHS avaient déjà disparu et le DVD était en crise, le film est donc volontairement anachronique.
Enfin Soyez sympas rembobinez est un double hommage. D'abord à la comédie américaine classique et plus précisément celle de Capra, Vous ne l'emporterez pas avec vous où une communauté chaleureuse façon village gaulois résiste aux prédateurs capitalistes qui veulent raser leur immeuble (les exproprier de leur video-club et détruire les films piratés chez Gondry). Hommage aussi au sous-genre de la comédie qu'est le buddy movie (film de potes). Et hommage enfin à la musique noire populaire à travers la figure du jazzman Fats Waller qui serait né dans l'immeuble du video-club (Gondry est aussi musicien.)
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