Panique à l'hôtel (Room Service)
William A. Seiter (1938)
Après la mort d'Irving Thalberg, le "pygmalion" des Marx à la MGM, ceux-ci se retrouvèrent dans l'incertitude. Louis B Mayer le patron de la MGM les haïssait ce qui était de mauvais augure pour la prolongation de leur contrat. En attendant d'y voir plus clair et avec la bénédiction de la société, les Marx partirent donc faire un tour chez un concurrent, la RKO qui leur proposa l'adaptation d'une pièce de Broadway dont elle avait acheté les droits: Room Service (alias Panique à l'hôtel en VF.)
Le moins que l'on puisse dire c'est que le 8eme film des Marx Brothers n'est pas une expérience concluante. Il est même de l'avis général l'un de leurs plus mauvais films (il fut d'ailleurs un échec à sa sortie). En effet pour la première fois les personnages principaux n'avaient pas été créés pour les trois frères. Ils n'étaient donc pas adaptés à leurs personnalités et cela se ressent. Quant au réalisateur William Seiter qui appartenait pourtant à l'équipe de Max Sennett et avait fait tourner Astaire et Rogers, il ne fut guère inspiré. Le film (qui ne dure pourtant qu'1h18) met un temps interminable à démarrer, son rythme reste ensuite poussif et 95% de l'action se déroule dans la même pièce ce qui est lassant à la longue. Ce n'est certes pas la première fois qu'un film des Marx se contente d'être du théâtre filmé. Mais Cocoanuts et Animal Crackers à défaut d'être de vrais films étaient un feu d'artifice comique verbal et visuel grâce à la liberté totale laissée aux délires des 3 frères (alors au sommet de leur génie.) De plus il y avait les interludes musicaux poétiques de Chico et de Harpo, deux merveilleux musiciens. Dans Panique à l'hôtel il n'y a aucun intermède musical (il paraît que les chansons de la pièce ont été enregistrées par les Marx mais non insérées dans le montage final), peu de mots d'esprit, pas d'image surréaliste. Pas de poésie, pas de grain de folie. C'est triste.
Quelques scènes surnagent cependant dans la médiocrité ambiante. Celle du repas express où Harpo démontre qu'il a un sacré coup de fourchette et celle du faux malade qui laisse entrevoir ce que peut être le délire marxien. Mais ce n'est vraiment pas le film à conseiller à celui ou celle qui veut découvrir ce trio génial et immortel.
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