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Maine Océan

Publié le par Rosalie210

Jacques Rozier (1986)

Maine Océan

Le cinéma en plein air de La Villette m'a fait découvrir en 1998 dans sa programmation "au fil de l'eau" ce film qui m'a paru à l'époque être un véritable OVNI du cinéma français. C'est plus tard que j'ai compris l'importance qu'il avait auprès de nombreux cinéphiles et de réalisateurs qui cherchent à ancrer leurs récits dans une certaine territorialité tout en s'échappant dans une autre dimension (comme Alain Guiraudie ou les frères Larrieu par exemple.) Maine Océan est un film-parcours qui commence bien ancré sur des rails avant de bifurquer ou plutôt -puisqu'il s'agit de faire "un petit tour en mer"- de divaguer dans des directions inattendues. Il fait se rencontrer des gens qui ont au départ le plus grand mal à communiquer en raison de différences de langues mais aussi de classe sociale. On voit ainsi d'abord se heurter puis s'apprivoiser au travers de l'alcool et surtout de la musique et de la danse une brésilienne qui ne parle pas un mot de français, un marin à l'accent vendéen si prononcé qu'il est presque inaudible, une avocate et deux contrôleurs de la SNCF qui peuvent ainsi échapper temporairement à la grisaille de leur quotidien. L'un d'eux, Le Garrec (Bernard Menez) finit même par perdre le sens des réalités au point de se prendre pour le "roi de la samba" et de se laisser piéger par les promesses fallacieuses de l'imprésario de la danseuse brésilienne. Son retour sur terre sera laborieux mais il y parviendra en bénéficiant de la chaîne de solidarité des marins vendéens. Le film oscille en permanence entre un aspect documentaire (la micro-société de l'île d'Yeu) et un aspect lyrique quasi-mystique que ce soit dans la longue scène de communion dans la samba ou la succession de travellings finaux dans des paysages de fin du monde.

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