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Les Affameurs (Bend of the River)

Publié le par Rosalie210

Anthony Mann (1952)

Les Affameurs (Bend of the River)

Les affameurs est le deuxième film du cycle des westerns qu'Anthony Mann a réalisé avec James Stewart, le premier en technicolor. Adapté d'un roman de Bill Gulick, Bend of the river il raconte l'histoire d'un convoi de pionniers dans les années 1840 qui se rend dans l'Oregon et dont le ravitaillement est détourné par des profiteurs dans le contexte de la ruée vers l'or.
Cette trame permet à Mann de poursuivre et d'accentuer la dramatisation des paysages dont il a le secret. La nature est grandiose, sauvage et belle et le cheminement des colons est aussi une lutte contre les éléments là où il n'y a ni pont ni route. Cette âpreté et cette beauté magnifient le parcours du héros. Comme Lin, Glyn l'ex hors-la-loi poursuit avec une opiniatreté sans faille son objectif. Celui-ci n'est plus la vengeance mais la rédemption. Son choix est fait au début du film mais il doit le valider en surmontant l'hostilité de la nature mais aussi celle des hommes. Jérémy le chef des colons dénie en effet aux brebis égarées la possibilité de changer et de s'intégrer "Une pomme pourrie contamine tout le panier." D'où la rencontre dès les premières minutes du film du double maléfique de Glyn, Cole un pillard sur le point d'être pendu. Glyn le sauve (comme on l'a fait pour lui) et lui tend la main. La gémellité des deux hommes est saisissante dans leur habileté à manier les armes comme dans leur inclination pour Laura la fille de Jérémy. Mais Cole doute de la possibilité d'être accepté même après avoir montré des signes de dévouement et de loyauté "Leur gratitude sera éphémère...ou peut-être pas mais c'est une question de chance." C'est pourquoi Cole trahit les colons au profit des chercheurs d'or. Mais il laisse la vie sauve à Glyn (une façon de payer la dette qu'il a envers lui) qui devient alors sa Nemesis. Le conflit fratricide se règle dans la rivière tel un rite de purification au bout duquel Glyn vainc son ennemi intime. Au terme de ce baptême il est affranchi de son passé et admis dans la communauté. Lorsque Jérémy reconnaît son erreur et fait de Glyn son gendre on peut y lire un appel à la tolérance vis à vis d'une société prompte à enfermer et condamner les individus déviants plutôt que de les réinsérer. La démocratie et l'Etat de droit c'est aussi le droit à la seconde chance.

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