Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #studios pixar tag

Baby-Sitting Jack-Jack (Jack-Jack Attack)

Publié le par Rosalie210

Brad Bird (2004)

Baby-Sitting Jack-Jack (Jack-Jack Attack)

Ce court-métrage est un excellent complément au film "Les Indestructibles". Il montre une séquence (tournée et coupée car elle "spoliait" la fin!) qui reste hors-champ dans le long-métrage, celle des démêlés de la jeune Kari avec Jack-Jack, le bébé qu'elle est chargée de garder au moment où le reste de la famille part sauver le monde. La levée du déni des super-pouvoirs de cette famille qui a tout fait pour faire croire qu'elle était comme les autres a donc des répercussions immédiates sur le bébé et c'est la baby-sitter qui fait les frais de ses talents digne des X Men (qui vont de la lévitation à la téléportation en passant par l'inflammabilité, les rayons-laser sortant des yeux et la capacité à traverser les murs).

Voir les commentaires

Les Indestructibles (The Incredibles)

Publié le par Rosalie210

Brad Bird (2004)

Les Indestructibles (The Incredibles)

Quand les studios Pixar s'attaquent à "la question humaine", le résultat est toujours détonnant et loin des lieux communs. L'idée géniale de ce film est de montrer dans sa première partie la contradiction inhérente à l'imaginaire américain qui se rêve en super-héros sauveur de l'humanité mais qui reçoit en réalité l'injonction de rentrer dans le rang étriqué de l'American way of life (famille-boulot-dodo) sous peine d'être mis au ban de la société. Les difficultés d'adaptation de ces personnages "bigger than life" obligés de réprimer leurs super-pouvoirs pour tenter de se fondre dans la masse les rendent d'emblée attachants car leur mal-être est retranscrit avec finesse. Citons par exemple les débordements causés par la force musculaire du père, la mèche sur l'œil de la timide violette, l'air renfrogné de Flèche qui ne peut pratiquer de sport ou les récriminations de la mère qui s'est tellement aliénée qu'elle en a oublié son "identité secrète". Les tensions dans le couple de Bob et Hélène (disputes, soupçons, mensonges) ancrent encore un peu plus cette famille peu banale dans un cadre réaliste et un registre mature (une caractéristique des studios Pixar).

La suite est un film d'action plus léger et ludique en forme de libération cathartique. Les films d'espionnage à la James Bond et l'univers des comics à la Marvel sont joyeusement cités avec un visuel rétrofuturiste années 50-60 très réussi. Les métamorphoses d'Elastigirl sont utilisées avec beaucoup d'inventivité. Enfin le cerveau du spectateur n'est pas pour autant laissé au vestiaire. En témoigne le passage où Hélène met en garde ses enfants contre le danger qui les menace en écho aux tragédies contemporaines (génocides et terrorisme) et celui où l'associée de Syndrôme affirme que "mépriser la vie" ce n'est pas être fort (et la respecter à l'inverse ce n'est pas être faible). 

Voir les commentaires

Martin et la lumière fantôme (Martin and the Ghostlight)

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Dan Scanlon (2006)

Martin et la lumière fantôme (Martin and the Ghostlight)

Martin-crétin dans Cars équivaut aux Mignons-crétins dans Moi, moche et méchant: ça fonctionne bien sur un court-métrage ou en tant que personnage secondaire vecteur de gags d'un long-métrage. En revanche, quand on le prend comme protagoniste principal d'un long-métrage, le résultat est catastrophique (Cars 2, Les Minions). Heureusement ici, il s'agit d'un court métrage qui fonctionne sur le canevas d'une recette éprouvée, celle de l'arroseur arrosé. Martin qui aime faire des blagues à ses amis se prend un retour de boomerang dans la carlingue. Pris au piège de sa crédulité, il en est quitte pour une bonne frousse. L'ensemble est amusant et enlevé. On passe un bon moment.

Voir les commentaires

Le monde de Nemo (Finding Nemo)

Publié le par Rosalie210

Andrew Stanton et Lee Unkrich (2003)

Le monde de Nemo (Finding Nemo)

C'est un film d'une grande richesse qui s'adresse aussi bien aux parents qu'aux enfants. Il brasse nombre de thèmes délicats (deuil, handicap, traumatismes psychologiques, résilience, éducation) avec subtilité. La séquence introductive évoque le massacre d'une famille tout entière de poissons-clowns dont ne subsistent que deux membres: Marin le père et Nemo le fils. Comme tous les rescapés, ceux-ci ont gardé des séquelles de ce traumatisme. Nemo a une nageoire atrophiée et Marin est devenu un papa hyper anxieux et possessif qui empêche son fils de grandir. Pour s'émanciper, Nemo doit se rebeller et prendre des risques. C'est ainsi qu'il est capturé par des humains ce qui s'avère au final être bénéfique pour le père et le fils. En effet, en étant séparés, ils vont faire des rencontres qui vont leur permettre de sortir de leur névrose en croisant des modèles éducatifs alternatifs. Nemo, prisonnier dans un aquarium fait la connaissance de Gill, un poisson estropié comme lui mais qui refuse de l'assister. Marin, parti à la recherche de son fils rencontre plusieurs modèles de coolitude dont Crush, la tortue de mer qui laisse ses enfants se dépatouiller seuls lorsqu'ils rencontrent des problèmes car il a confiance en eux. Si l'on rajoute l'inoxydable bonne humeur de Dory et le passage hilarant où un banc de poissons se paye la tête de Marin ("Lâche-toi man!") on comprend que le salut provient de l'ouverture d'esprit et de la remise en question personnelle. Il est frappant également de constater à quel point les auteurs insistent sur l'imperfection des personnages qui doivent tous vivre avec un ou plusieurs handicaps ou névroses; Nemo, Gill, Marin, Bruce et ses potes requins qui veulent se débarrasser de leur addiction à la chair fraîche (excellente parodie des alcooliques anonymes et de Shining de Kubrick) et Dory dont les problèmes de perte de mémoire donnent lieu à des passages très drôles.

Si l'on ajoute l'incroyable réalisme technique du milieu aquatique dépeint et la mine d'informations cachées qui se trouve à l'intérieur et qui instruisent sans avoir l'air d'y toucher (l'interaction entre le poisson-clown et l'anémone de mer, les troubles de mémoire du poisson-chirurgien, le CEA, l'anatomie des méduses etc.) on peut dire que ce film est un véritable trésor pour qui sait le voir et l'apprécier à sa juste valeur. 

Voir les commentaires

Cars 3

Publié le par Rosalie210

Brian Fee (2017)

Cars 3

"Le retour de Flash McQueen témoigne de l'épuisement de la série du studio d'animation de John Lasseter" écrit le Monde. Ce n'est pas vrai. Tout d'abord, rappelons que les suites de "valeurs sûres" permettent de financer des projets originaux comme récemment "Là Haut", "Vice Versa" et bientôt "Coco". A l'heure où Hollywood recycle ses vieilles recettes à l'infini, cette prise de risque mérite d'être soulignée et saluée. Ensuite parce que Pixar sait faire de bonnes suites. Celles de "Toy Story" sont même supérieures au premier volet qui était déjà un chef d'œuvre du genre. Et si "Cars 3" n'a pas tout à fait la même puissance d'évocation que le premier, il se situe dans la même lignée, faisant oublier le lamentable raté (technique excepté) du deuxième film qui était complètement hors-sujet.

"Cars 3" se situe dans la filiation du premier "Cars". Il est un peu l'équivalent du "Vingt ans après" d'Alexandre Dumas. Flash Mc Queen est confronté au même destin que jadis son mentor, Doc Hudson: il est has been et les petits jeunes n'ont qu'une hâte, l'envoyer à la retraite. Mais par fierté, Flash s'accroche car il veut être maître de sa sortie.

Comme dans le premier film, l'histoire est centrée sur l'hubris du héros et sa découverte des valeurs altruistes. Flash doit accepter le temps qui passe. Une notion qui fait l'ADN des studios Pixar et qui implique la nostalgie et le deuil. Peu à peu, Flash voit ses amis concurrents raccrocher les gants ce qui le renvoie à son propre déclin. Il doit admettre qu'il est devenu vieux et lent et qu'il ne peut donc pas rivaliser avec la rapidité des rookies high tech. D'autant qu'en dépit de ses efforts, il ne peut s'adapter aux nouvelles méthodes d'entraînement. Mais celles-ci sont suffisamment tournées en dérision pour que l'on comprenne que l'expérience "humaine" acquise par le bolide est également indispensable à l'étoffe d'un vrai champion. C'est ainsi que bien malgré lui, il entraîne à sa suite sa coach sportive, Cruz Ramirez, qui s'avère être une ancienne fan mais aussi une voiture de course inhibée à qui on a jamais donné sa chance (et le sexisme/racisme ambiant n'y est certainement pas étranger, il suffit de voir comment elle est traitée par son patron milliardaire Sterling ou par le leader de la course Jackson Storm). Il l'entraîne tant et si bien sur les traces de Doc Hudson qu'il finit par devenir son entraîneur. Et c'est une belle histoire de transmission qui s'esquisse par petites touches comme le fut dans le premier film celle de Doc et de lui-même. La transmission entre générations, un thème cher aux studios Pixar puisqu'on le retrouve dans "Toy Story 3" ou encore dans "Là-Haut."

Voir les commentaires

Cars 2

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Brad Lewis (2011)

Cars 2

La question que je me pose toujours devant ce film est la suivante: "Où sont passés les studios Pixar?" Si ce n'était la qualité technique visuellement bluffante et le retour de personnages que nous savons appartenir à leur univers, le film pourrait aussi bien être un Disney (ceux-ci ayant racheté Pixar ont d'ailleurs produit leurs propre dérivé de Cars, la saga spin-off Planes, affligeante), un Dreamworks ou un Illumination. La faute à un scénario premier degré favorisant le remplissage, la morale convenue, les clichés éculés et les blagues à la consistance de pudding au détriment d'un vrai travail de fond. Résultat: un gros jouet coloré qui n'apporte rien. Les enfants s'en détachent très vite et les adultes s'ennuient ferme. Cette absence d'identité propre, de personnalité est d'autant plus incompréhensible que les studios abordent habituellement dans leurs films d'animation les sujets graves (avec maestria qui plus est): l'oubli, l'abandon, la mort, le désespoir. C'est ce qui leur donne leur profondeur et par conséquent leur immortalité. Il y avait pourtant de quoi faire avec la mort des doubleurs de Doc Hudson en VO et VF. Mais non, le sujet est escamoté. Aucune explication ne nous est fournie sur la disparition de Doc Hudson comme au "bon vieux temps" où pour ne pas "traumatiser" ces chères "têtes blondes" (comme si tous les enfants étaient blonds!!), on censurait la mort du petit prince des collines dans "Candy."

Heureusement, la suite a montré notamment avec "Vice-Versa" que "Cars 2" n'avait été qu'un incident de parcours et que si Pixar avait bel et bien un pied englué dans le business bas de gamme, l'autre restait connecté aux étoiles. Pour le moment.

Voir les commentaires

Cars: 4 roues (Cars)

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Joe Ranft (2006)

Cars: 4 roues (Cars)

Cars est un Pixar sous-évalué en France à cause de sa culture "américano-centrée" à commencer par ses personnages, des automobiles humanisées. Des a-priori complètement stupides (et c'est une personne qui déteste les automobiles qui l'affirme). Outre sa qualité technique irréprochable, Cars comme la majorité des films des studios Pixar possède un scénario absolument remarquable, bien plus étoffé et subtil qu'un énième récit d'apprentissage pour enfants destiné à passer le temps.

C'est justement de temps dont il est question dans Cars. Deux temps, deux espace temps. L'introduction nous plonge avec un dynamisme et une efficacité qui devrait être enseignée dans toutes les écoles spécialisées au beau milieu d'une course automobile comme métaphore de la société américaine actuelle et par extension de la mondialisation libérale. Culte de la vitesse, absence de vision à long-terme, compétition acharnée pour être le premier dans un monde se divisant entre winner et loosers, podium offrant trois profils typiques (le ponte indéboulonnable soutenu par une écurie de sponsoring que tout le monde rêve d'intégrer, l'éternel second frustré et revanchard prêt à tous les coups bas et le jeune rookie ambitieux), marchandising effréné, médias omniprésents... La suite ne fait que peaufiner la critique de l'individualisme, de l'argent roi et de la société de consommation. Harv, l'agent de Flash McQueen se réduit à une calculatrice dont la jovialité est démentie par de petites phrases bien assassines ("quelle course mon vieux! Bon je ne l'ai pas vue mais on m'a dit que tu t'es surpassé"; "Je regrette presque de te prendre 10% de tous tes gains, produits dérivés, droits d'exploitation"; "Tu te passes très bien de moi. Non je rigole, t'as signé de toutes façons". McQueen lui-même est un orgueilleux qui refuse d'écouter les conseils, cabotine à mort devant les projecteurs oups, un "one-man-show" qui "travaille en solo", méprise les pit stoppers qu'il appelle "machin", a honte de son sponsor tout pourri, la marque Rust-eze (excellente satire des produits cosmétiques censés rendre la jeunesse/dérouiller les vieux tacots) et rêve d'atteindre les sommets de la gloire et de la toute-puissance.

Mais à force d'être trop pressé, McQueen se retrouve largué à Ploucville, au milieu de la cambrouse, condamné à accomplir des travaux d'intérêt général pour réparer la route que son comportement de chauffard a dévasté. Une ville morte située au milieu du désert et où le temps s'est arrêté. Il bascule alors dans le passé oublié du rêve américain symbolisé par les Ford T Stanley et Lizzie fondateurs de la ville et la mythique route 66, dévitalisée, abandonnée par la construction en parallèle d'une autoroute en ligne droite "Il y a 40 ans, on roulait de façon différente. La route épousait le paysage. Elle montait, descendait, serpentait, elle ne coupait pas à travers les terres pour gagner 10 minutes." Et de mesurer le temps perdu non en quantité mais en qualité "On ne cherchait pas à gagner du temps. On cherchait à prendre du bon temps."

C'est alors que la société altermondialiste se fait jour, puisant paradoxalement dans les racines de l'histoire des USA. Une société de la lenteur, de la contemplation, des émotions, de l'anti-consumérisme (le décor de montagnes en arrière-plan de Radiator Springs fait allusion à une œuvre d'art contestataire bien réelle le "Cadillac Ranch" où 10 épaves de Cadillac sont alignées dans le désert) du travail bien fait et de l'écologie avec pour emblème Fillmore le van Volkswagen hippie adepte de Hendrix et accessoirement vendeur de carburant bio. Fillmore qui tempère l'Amérique réac profonde symbolisée par le sergent. Radiator springs s'avère être un refuge pour tous les cabossés-rebuts de la société dominante qu'ils soient immigrés (Luigi et Guido, Ramone et Flo), inadaptés (Red), trop vieux (le shérif), simples d'esprit (Martin) ou désabusés (Sally l'ancienne avocate et Hudson Hornet l'ancien champion), tous sont partis se ressourcer (et soigner leurs blessures) au "vert" (enfin plutôt au "rouge" du désert).

Voir les commentaires

Toy story 3

Publié le par Rosalie210

Lee Unkrich (2010)

Toy story 3

Toy Story 3 élève encore le niveau d'un cran par rapport au film précédent qui était déjà un chef-d'oeuvre. Tout en ménageant quelques moments hilarants (Buzz en latin lover et Ken en fashion victim sont deux moments cultes à ne rater sous aucun prétexte), le 3° film entre dans une dimension crépusculaire aux confins du tragique qui préfigure le magnifique Vice Versa réalisé 5 ans plus tard. Ces deux films évoquent la difficulté inhérente au fait de grandir, une mue qui ne peut se faire qu'au prix de la perte et du deuil ("grandir, c'est mourir un peu"). La force de Toy story 3 résidant dans le fait de pouvoir nous identifier aux jouets mais aussi dans un final qui prend littéralement à la gorge, à Andy au seuil de sa vie d'adulte. Quel chemin parcouru depuis le premier opus où les humains n'étaient que de vagues silhouettes en arrière-plan!

A la fin de Toy Story 2, Woody avait fait un choix, celui de rester un jouet vivant auprès d'Andy, acceptant de ce fait d'être tôt ou tard cassé, oublié, abandonné. 10 ans ont passé et les angoisses des jouets semblent devenues une triste réalité "On est finis, has been, on nous abandonne." Entassés pêle-mêle dans un coffre et plongés dans le noir depuis des années, les jouets attendent que leur sort soit scellé par l'entrée d'Andy à l'université. Sa mère lui a en effet ordonné de vider sa chambre et de trier ses affaires, lui donnant des boîtes en carton pour le grenier et des sacs poubelle pour les objets à jeter. Prenant les devants, les soldats de plastique décident de prendre la poudre d'escampette "Andy a grandi. Mission accomplie. Face aux sacs poubelles, on n'a aucune chance. On lève le camp." Pour les autres, rescapés de tris antérieurs (dont notamment Siffli, le télécran et la bergère ont fait les frais), deux choix s'offrent à eux ce qui les rend exactement semblables aux humains. Ou comme Woody rester fidèle à Andy en gardant l'espoir qu'il conserve ses jouets pour les transmettre à ses propres enfants. Ce qui implique une foi en sa capacité à ne pas oublier ses émotions d'enfance et donc à accorder une valeur plus grande à ses jouets que celle d'objet périssable. Ou cyniquement, espérer "se vendre" au plus offrant "allons voir ce que l'on vaut sur internet" lance ainsi Bayonne le cochon-tirelire qui en connaît un rayon sur les lois du capitalisme et de l'objet de consommation jetable. Le choix est d'autant moins facile à faire qu'Andy ne semble plus tenir à ses jouets sauf à Woody qu'il décide de prendre avec lui à l'université. Le moral au plus bas à cause d'un quiproquo qui a failli les faire terminer dans la benne à ordures, les compagnons de Woody décident de tenter l'aventure de la crèche "Sunnyside" où ils espèrent trouver un foyer pérenne. Au lieu de quoi ils se retrouvent dans un "lieu de ruine et de désespoir régi par un ours maléfique parfumé à la fraise" qui sous l'apparence d'une peluche rose bonbon se révèle être un monstre. Ce personnage tyrannique et mafieux, entourée d'une garde rapprochée soumise par la corruption ou par la force, condamnant à mort les nouveaux jouets (perçus comme des rivaux potentiels) en les donnant en pâture aux touts petits s'avère être d'une noirceur absolue. Aucune rédemption ne lui est accordée ce qui fait de lui un personnage résolument tragique. Il illustre les pires choix que l'on peut faire à partir d'une même histoire traumatique (lui aussi a été abandonné et oublié). Même en regardant la mort en face, Woody et ses amis se donnent la main. Et c'est encore Woody qui souffle à Andy le bon choix à faire. Celui-ci se résout difficilement à se séparer de lui pour le transmettre en même temps que ses amis à un autre enfant, digne de cet héritage. Tellement digne même qu'il possède un Totoro chez lui (bel hommage à Miyazaki en passant). Et pour marquer ce rite de passage, Andy joue une dernière fois avec ses jouets avant de les quitter définitivement.

Toy Story 3 comporte quelques scènes vraiment grandioses: l'ouverture épique dans les grands espaces du Far West magnifie les personnages dans des proportions jamais vues jusque là; la crèche transformée en forteresse-prison est le théâtre d'une scène d'évasion spectaculaire (avec clins d'oeils à Mission Impossible, à la Grande Evasion etc.). Enfin l'incinérateur de la déchetterie prend la dimension d'un gouffre apocalyptique menaçant pour de bon d'anéantir définitivement les personnages.

Voir les commentaires

Toy story 2

Publié le par Rosalie210

John Lasseter et Ash Brannon (1999)

Toy story 2

Le deuxième volet de la saga Toy Story surpasse le premier opus à tous les niveaux. L'animation en images de synthèse a fait des progrès considérables en quelques années permettant à des humains comme Al le collectionneur cupide d'occuper une place importante dans l'histoire. L'univers s'élargit dès la superbe scène d'ouverture intergalactique qui fait de Buzz un virtuel ranger de l'espace avec plein de petits clins d'œil jubilatoires à Star Wars et 2001 l'odyssée de l'espace. Clins d'oeils prolongés avec la scène ou Buzz et sa Némésis Zurg rejouent le "je suis ton père" "Aaaaaaah!" Plusieurs scènes d'action haletantes mettent les jouets en relation avec des espaces démesurés pour eux (tour de 23 étages, immenses rayonnages de la ferme aux jouets, route à traverser, aéroport). Mais ce sont surtout les caractères des personnages et les thèmes du film qui gagnent en profondeur. Woody est confronté à un véritable dilemme existentiel qui dépasse de loin son statut de jouet pour toucher à l'universalité de la condition humaine. D'une part il découvre ses origines et son glorieux passé. Il est l'un des multiples produits dérivés d'une série TV de la fin des années 50, "Woody's Roundup" dont il était la vedette. Il s'agit d'un hommage nostalgique à l'émission pour enfants américaine "Howdy Doody" qui connut un grand succès entre 1947 et 1960 avant d'être éclipsée par la conquête spatiale. D'autre part il doit choisir son avenir entre deux voies possibles. Un destin d'objet de collection de musée vitrifié pour l'éternité ou un destin de sujet qui se sent vivant car l'enfant qui joue avec lui le voit ainsi "la vie ne vaut d'être vécue que si l'on est aimé". Mais choisir d'être vivant et aimé implique aussi l'acceptation du vieillissement ("si vous jouez avec, il ne durera pas"; "Les jouets ne sont pas éternels"), de la perte, de l'abandon et de l'oubli sous un lit, sur une étagère, dans un vide-grenier... ("on n'oublie pas des enfants comme Emily ou Andy, ce sont eux qui nous oublient"; "Crois-tu qu'Andy t'emmènera avec lui à l'université ou en lune de miel?") et enfin la mort (Woody rêve qu'il est jeté à la poubelle et englouti, Jessie qui a été mise dans un carton et donnée à une œuvre de charité a peur de retourner dans le noir etc.) C'est ce questionnement qui donne tout son relief psychologique au personnage du "méchant", le chercheur d'or, Papy Pépite qui vit depuis son premier jour dans une boîte que personne n'a jamais ouvert. Jaloux et aigri de n'avoir jamais été acheté (choisi et aimé par un enfant), il déteste "les jouets frimeurs" et de ce fait est prêt à tout pour forcer Woody à entrer au musée avec lui. En guise de punition, il devra apprendre "la vraie vie d'un jouet" entendez, devenir mortel.

Voir les commentaires

Toy Story

Publié le par Rosalie210

John Lasseter (1995)

Toy Story

La sortie du premier Toy Story en 1995 a fait date dans l'histoire du cinéma d'animation au même titre que la sortie de Blanche-Neige en 1937. Pour trois raisons:

- Premier long-métrage d'animation entièrement en images de synthèse.
- Premier long-métrage des studios Pixar.
- Premier film d'une série culte (trois films à ce jour, un quatrième en préparation).

Bien sûr ce rôle de précurseur explique que certains aspects du film aient aujourd'hui vieilli (l'animation des humains et du chien Scud). Mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel est que ce film pose aussi bien les bases de l'univers Toy Story que celui des studios Pixar. Dès cet opus, ceux-ci se démarquent des studios Disney (les seconds n'avait pas encore racheté les premiers mais John Lasseter avait travaillé pour Disney comme animateur au début des années 80 et Toy Story a été le fruit de la collaboration des deux studios).

Le postulat de Toy Story repose sur des jouets qui prennent vie dès que les humains leur tournent le dos. Des jouets attachants dotés d'une véritable complexité humaine. En dépit de leur apparence colorée, ils se comportent comme les employés consciencieux d'une entreprise soucieuse d'accomplir sa mission: se mettre au service de leur petit propriétaire, Andy. Leur plus grande peur est d'être oubliés, remplacés, jetés au rebut. Une angoisse d'anéantissement qui traverse toute la série Toy story. Dans le premier, le pic d'angoisse a lieu lors des anniversaires et des noël d'Andy. Chaque jouet est à l'affût de celui qui pourrait le détrôner et tout particulièrement Woody le cow-boy, jouet préféré d'Andy et qui de ce fait est celui qui a le plus à perdre. L'arrivée de Buzz l'éclair provoque la jalousie de Woody qui rêve de se débarrasser de l'intrus. Non sans l'avoir auparavant remis à sa place car Buzz est persuadé d'être un véritable ranger de l'espace et non un simple jouet. Ce qui donne lieu à un dialogue parmi les plus brillants du film " Tu viens d'où? Singapour? Hong-Kong?", "De Gamma 4", "Moi de Playschool", "Moi de Mattel ou plutôt de la petite société qu'ils ont absorbé." Mais son conflit avec Buzz va l'entraîner "du côté obscur" incarné par Sid, un gamin sadique qui fait exploser ses jouets ou les transforme en mutants hybrides.

Derrière l'univers enfantin, on voit poindre toute une série de thèmes traités de façon adulte: peur de l'abandon et de ne plus être aimé, maltraitance, préjugés, perte des illusions et de l'innocence etc. Le tout est emballé dans des décors et scènes plus réussis les uns que les autres: l'inquiétante maison de Sid et sa moquette sortie de Shining, la pizzéria "Pizza planet" et ses petits extra-terrestres fatalistes attendant d'être choisis par le grappin magique, la course-poursuite finale qui fait penser à Indiana Jones (tout comme le globe terrestre qui roule sur Buzz), le raid militaire des soldats en plastique... Quant à Woody et Buzz, ils instaurent le "buddy movie" au sein du cinéma d'animation grâce à leurs caractères complémentaires (cool pour le souple Woody et inflexible et déterminé pour le rigide Buzz) qui regardent dans la même direction: celle de la frontière à repousser. Comme les studios Pixar: vers l'infini et au-delà!

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>