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Articles avec #screwball comedie tag

Hollywood Ending

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2002)

Hollywood Ending

"Hollywood Ending" réalisé en 2002 se situe dans une période de creux de la vague dans la filmographie de Woody ALLEN. Il peut d'ailleurs être considéré comme une mise en abyme de cette mauvaise passe dans sa carrière, Woody ALLEN jouant le rôle de Val, un réalisateur névrosé sur la touche à qui est offerte la possibilité de faire un come-back. Néanmoins son film n'échappe pas aux faiblesses de ses autres longs-métrages de l'époque avec notamment un casting particulièrement terne et une impression générale de trop grande légèreté comme si Woody ALLEN survolait ses sujets et manifestait de la paresse à les écrire et à les mettre en scène. Ce manque de profondeur est particulièrement préjudiciable à l'aspect satirique du film, la charge contre les "commerçants d'Hollywood" se réduisant à quelques bons mots (le public-cible, le pourcentage du réalisateur ou bien la pique contre les Oscars obtenus par la campagne du producteur Harvey WEINSTEIN pour "Shakespeare in love" (1998), Woody ALLEN n'étant pas le mieux placé pour critiquer ce dernier). De même, l'idée fantastique de faire tourner le film à l'insu de presque tout le monde par un réalisateur atteint de cécité psychosomatique était excellente sur le papier mais s'avère décevante au final tant les gags sont répétitifs et le rythme poussif. Reste tout de même la bonne maîtrise des codes de la screwball comédie du remariage du type Howard HAWKS ou Leo McCAREY qui permet d'éprouver un certain plaisir à voir Val se rabibocher avec son ex-femme Ellie(Téa LEONI) et une excellente chute en forme d'hommage teinté de raillerie au cinéma français, seul pays où le film de Val "La ville qui ne dors jamais" cartonne au point d'être considéré comme le meilleur film américain des cinquante dernières années! (Woody ALLEN a toujours eu plus de succès chez nous que dans son propre pays).

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Les 39 Marches (The 39 Steps)

Publié le par Rosalie210

Alfred Hitchcock (1935)

Les 39 Marches (The 39 Steps)


"Les 39 marches" est le premier grand film de Alfred HITCHCOCK mené tambour battant, sans temps mort et sans une once de gras. C'est un film d'autant plus capital que sa trame annonce nombre de longs-métrages à venir déclinant le thème du faux coupable qui doit se démener seul contre tous pour faire reconnaître son innocence. Mais surtout, il est très proche de "La Mort aux trousses" (1959) avec son fugitif pris malgré lui dans une intrigue d'espionnage, poursuivi dans un train et obligé de forcer la porte et le coeur de Pamela (Madeleine CARROLL), la première blonde hitchcockienne d'une longue liste. De façon plus générale, ce sont les femmes qui mènent la danse dans le film ce qui créé toute une série de scène équivoques absolument jubilatoires. Elles ne sont d'ailleurs pas pour rien dans la réussite du film, celui-ci étant moins un thriller d'espionnage (une intrigue-prétexte avec le secret pour McGuffin) qu'un vaudeville, voire une screwball comédie. Les ennuis de Richard Hannay commencent lorsqu'il héberge chez lui une belle espionne (Lucie MANNHEIM) qui lui transmet les secrets de sa mission avant d'être assassinée. Pris à tort pour le meurtrier, il s'enfuit en Ecosse où est censé se trouver le chef de l'organisation secrète des "39 marches" qui convoite un secret d'Etat. A son tour, il est hébergé par un couple de fermiers dont l'épouse qui comprend très vite la situation tombe sous son charme, suscitant la jalousie du mari. Alfred HITCHCOCK réussit à tout nous faire comprendre par de simples jeux de regards, comme au temps du muet. Mais le summum est atteint avec la scène où Richard Hannay et Pamela se retrouvent attachés ensemble par une paire de menottes et obligés de passer la nuit ensemble dans une chambre d'hôtel. On a même droit à une scène chargée d'érotisme lorsqu'elle enlève ses bas et que ce dernier en profite pour laisser négligemment sa main glisser le long de ses jambes. Tout ceci rappelle d'autant plus "New York - Miami (1934) de Frank CAPRA que l'excellent (et moustachu) Robert DONAT qui joue Richard Hannay est surnommé le "Clark GABLE british" même si par sa décontraction et son humour il me fait aussi penser à Cary GRANT. Pour s'en sortir, il doit constamment multiplier les exploits (et les bobards plus gros que lui parce que lorsqu'il dit la vérité, on ne le croit pas!), le cinéma faisant le reste (car si le film avait été réaliste il serait mort dix fois mais comme le disait Alfred HITCHCOCK, un film ce n'est pas une tranche de vie mais une tranche de gâteau ^^). Quant à Pamela, après s'être longtemps enfermée dans le rôle de la vierge outrée par l'intrusion de celui qu'elle prend pour un loup dans la bergerie, elle se révèle drôle et sensuelle lorsqu'elle comprend qu'il s'agit d'un brave toutou apprivoisé. Enfin, bien que structuré par la cavale du héros, le film a un caractère cyclique, débutant et se dénouant sur la scène d'un théâtre avec un personnage clé, "Mister Memory" qui fait penser au joueur de cymbales de "L Homme qui en savait trop" (1956).

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Madame porte la culotte (Adam's Rib)

Publié le par Rosalie210

George Cukor (1949)

Madame porte la culotte (Adam's Rib)

En VO, le titre du film de George CUKOR est "Adam's Rib". Il s'agit d'une allusion à l'inégalité du couple homme-femme telle qu'elle apparaît dans la Genèse (dont on se doute qu'elle n'a pas été écrite par des femmes ^^). En effet Eve est non seulement apparue après Adam mais elle a été créée à partir de l'une de ses côtes ce qui signifie qu'elle lui est subordonnée. Or tout l'intérêt de ce film théâtral écrit par le couple Ruth GORDON et Garson KANIN consiste à déconstruire les stéréotypes de genre au travers de couples non conformes: celui formé par Adam (!) et Amanda Bonner dans le film ainsi que leurs interprètes, le couple Katharine HEPBURN et Spencer TRACY. Ces deux couples, l'un fictionnel et l'autre réel sont des projections de celui formé par Ruth GORDON et Garson KANIN. Les Bonner exercent le même métier (Adam est substitut de l'avocat général et Amanda avocate de la défense) tout comme Katharine HEPBURN et Spencer TRACY (on peut également souligner le fait que ce dernier était plus âgé et marié alors que dans le couple Gordon-Kanin c'est lui qui était plus jeune de 16 ans).

Le film fonctionne à deux niveaux qui se font écho: un film de procès où il s'agit de prouver que la femme est l'égale de l'homme et à ce titre a droit au même traitement en justice (ce qui était loin d'être le cas aux USA comme en France). Et une screwball comédie où les Bonner rejouent le match du procès dans la sphère domestique. Bien que Adam Bonner joue les macho proclamant qu'il veut "une femme, pas une concurrente", tout tend à prouver que sa relation avec Amanda est égalitaire et qu'il peut aussi bien investir la sphère masculine que la sphère féminine (lorsqu'il cuisine, masse ou pleure des larmes de crocodiles). Evidemment sa femme lui donne la réplique: elle conduit, lui donne des coups dans les tibias et dans la scène la plus drôle, le fait porter à bout de bras par une femme athlète d'une carrure impressionnante. Le couple Bonner/Hepburn-Tracy fait ainsi la preuve de sa réversibilité au point que la confusion gagne le procès. Les femmes criminelles ou séductrices deviennent des hommes (excellentes Judy HOLLIDAY et Jean HAGEN qui n'avait pas encore tourné dans "Chantons sous la pluie") (1952) et les hommes adultères (Tom EWELL qui allait devenir le partenaire de Marilyn MONROE dans "Sept ans de réflexion" (1955)) des femmes alors que Adam Bonner inverse des syllabes dans sa plaidoirie tellement il ne sait plus où il en est.

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Cette sacrée vérité (The Awful Truth)

Publié le par Rosalie210

Léo McCarey (1937)

Cette sacrée vérité (The Awful Truth)

L'archétype de la comédie américaine du remariage des années 30 (selon les critères définis par Stanley Cavell dans son ouvrage de référence: "A la recherche du bonheur: Hollywood et la comédie du remariage") est aujourd'hui un peu oubliée. Elle souffre sans doute de sa mise en scène théâtrale étriquée. Mais on peut également retourner ce reproche en considérant le film de Leo McCAREY comme une épure du genre. La construction scénaristique rigoureuse fonctionne comme une équation. Jerry (Cary GRANT, acteur né pour la screwball comédie) et Lucy (Irene DUNNE) sont faits l'un pour l'autre. Mais ils ont besoin de pimenter leur vie de couple qui s'enlise. Pour cela, ils l'aèrent avec des mensonges où chacun teste les limites de sa liberté vis à vis de l'autre puis jouent à le rendre jaloux avec un/une fiancée trop plouc ou trop snob pour constituer une menace sérieuse. Les détours leur permettent de mieux se retrouver. 

Outre le brio des acteurs, la rigueur du scénario et un tempo parfait, le film se distingue également par ses dialogues caustiques assez hilarants, des touches de burlesque (Cary GRANT qui se viande au milieu d'un concert) et de nonsense (le chat qui tient la porte!) Une marque de fabrique pour le réalisateur de la célèbre "La Soupe au canard (1933)" des Marx Brothers et de nombreux courts-métrages de Stan LAUREL et Oliver HARDY.

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New York-Miami (It Happened One Night)

Publié le par Rosalie210

Frank Capra (1934)

New York-Miami (It Happened One Night)

"New York-Miami" est considéré comme le film fondateur de la screwball, ce genre de comédie typiquement américaine des années 30 et 40 qui reprend les schémas du cinéma burlesque muet tout en l'adaptant au parlant. La screwball se caractérise en effet par des échanges dialogués vifs et piquants au sein d'un couple que tout semble opposer alors qu'en vérité ils sont fait l'un pour l'autre. C'est pourquoi on parle également souvent de "comédie du remariage". Soit qu'il s'agisse d'un couple déjà formé sur le point de se séparer et qui finit par se rabibocher, soit de deux personnes qui se rencontrent et qui après s'être bien frottées l'une à l'autre (d'où les étincelles!) vont finir par rompre leurs engagements pris ailleurs pour former un couple.

C'est à ce dernier cas de figure qu'appartient "New York-Miami" qui repose sur un choc des mondes. Soit Ellie (Claudette COLBERT) une jeune héritière pourrie gâtée et totalement ignorante de la réalité de la vie que son désir de liberté pousse à sauter hors du yacht paternel bien protégé pour se mêler à la plèbe en voyageant en bus (moyen de locomotion du pauvre aux USA) et dormant au camping. Elle se retrouve compagnie de chômeurs (la grande dépression est évoquée au travers d'une passagère qui s'évanouit d'inanition), d'hommes lubriques et de Peter, un reporter bourru en rupture de contrat porté sur la boisson et les potins (Clark GABLE) qui lui porte un intérêt immédiat. Est-ce pour ses beaux yeux ou pour le profit qu'il peut en retirer? Toujours est-il que la suffisance des deux personnages (à coups de "Non, mais je peux me débrouiller toute seule, je suis une grande fille moi" tout de suite démenti par la réalité ou de "Je me fiche bien de vous", également contredit par la suite des événements) produit des étincelles comiques réjouissantes tandis que sous le vernis conflictuel perce rapidement la romance.

Le génie de Capra est d'avoir mis en mouvement cette intrigue théâtrale en l'intégrant dans un espace-temps parfaitement maîtrisé. Le film est en effet un road movie qui emprunte son rythme effréné aux films d'aventure et aux polars: poursuite, couple en fuite, fausses identités, atmosphère nocturne. Ce mélange réjouissant est enfin pimenté par un érotisme latent qui est un perpétuel défi à la censure. Capra joue énormément avec les situations scabreuses permises par la promiscuité (que ce soit dans le bus ou au camping) ainsi qu'avec les symboles. La scène hilarante de l'auto-stop voit s'affronter deux formes de phallisme et c'est la jambe bien galbée d'Ellie qui claque le beignet au pouce "trois positions" de Peter censé être imparable (Clark GABLE s'avère au passage être d'une efficacité comique redoutable avec un sens de l'autodérision proche de celui d'un Hugh GRANT). Il en va de même avec la nourriture, a-t-on besoin de préciser pourquoi Ellie refuse de s'alimenter à bord du yacht alors que quelques heures plus tard elle apprend à tremper correctement son donut dans le café sous les directives de Peter puis accepte de mordre dans une carotte?

Mais sa plus grande audace ne réside-elle pas dans le dernier plan? La chute du mur de Jéricho symbolise aussi bien l'union sexuelle que l'abolition des barrières sociales ou des préjugés sexistes (Ellie revêtant le pyjama et la robe de chambre de Peter, c'était déjà un premier pas.)

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Victor la Gaffe (Buddy Buddy)

Publié le par Rosalie210

Billy Wilder (1981)

Victor la Gaffe (Buddy Buddy)

"Buddy Buddy" sorti en France directement en VHS sans passer par la case cinéma sous le titre "Victor la Gaffe" est un nanar théâtral à grosses ficelles joué par des acteurs vieillissants qui ont du mal à placer une jambe devant l'autre. Il est dommage que Billy Wilder ait terminé sa carrière sur un film aussi médiocre mais en même temps celui-ci confirme à quel point il n'était plus en phase avec l'époque.

Paradoxalement ce n'est pas la censure ou l'oppression qui est la plus nuisible à la création mais le vide des valeurs. Wilder avait besoin de l'hypocrisie des moeurs bourgeoises conservatrices pour exprimer son talent. Celles-ci ayant été pulvérisées par la révolution sexuelle des années 70, Wilder s'est retrouvé privé de son punching-ball préféré et incapable d'envisager le sujet autrement. Son incapacité à changer de logiciel fait sombrer "Buddy Buddy" dans le ridicule et la lourdeur, notamment vis à vis de tout ce qui concerne la clinique de sexologie dirigée par le docteur Zuckerbrot (Klaus Kinski, grand-guignolesque). L'éveil à la sexualité est considéré comme quelque chose d'exotique, relevant de bonnes femmes hystériques, de pervers ou d'illuminés.

"Buddy Buddy" sent donc un peu la naphtaline ou le beurre rance (voire le sapin) et ce ne sont pas les acteurs qui vont relever le niveau. Pour la troisième et dernière fois, Wilder réunit Walter Matthau et Jack Lemmon qui ont du savoir-faire mais ne sont plus de la première jeunesse eux non plus. Ils font donc du Walter Matthau et du Jack Lemmon, le premier ronchonnant à qui mieux mieux et le second multipliant les gaffes. Quant à Paula Prentiss qui joue la femme de Lemmon elle était mieux employée chez Howard Hawks dans la screwball comedie "Le sport favori de l'homme".

Remake de "L'emmerdeur" d'Edouard Molinaro qui avait eu un certain succès aux Etats-Unis (on reconnaît d'ailleurs la patte de Francis Veber qui est l'auteur de la pièce d'origine et du scénario), "Buddy Buddy" est un film de commande tout à fait dispensable. Billy Wilder était d'ailleurs le premier à le renier. La plupart des critiques préfèrent à juste titre considérer que la carrière de Billy Wilder s'achève sur "Fedora", son testament cinématographique.

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Mariage à l'italienne (Matrimonio all'italiana)

Publié le par Rosalie210

Vittorio De Sica (1964)

Mariage à l'italienne (Matrimonio all'italiana)

La comédie du remariage à l'italienne réalisée par Vittorio de Sica c'est un mélange de screwball (pour les échanges verbaux électriques entre Sophia Loren et Marcello Mastroianni), de satire sociale fustigeant l'hypocrisie bourgeoise (comme dans le Billy Wilder de "Embrasse-moi idiot", la prostituée rêve d'une vie d'épouse rangée) et de mélodrame. Mastroianni est élégant et très drôle mais il est desservi par la médiocrité de son personnage. La vedette du film, c'est Sophia Loren qui nous offre diverses facettes de son talent. Jeune et naïve ou mûre et désabusée, mégère ou mère courage, séductrice et calculatrice ou femme bafouée dans sa dignité et ses sentiments, on ne sait jamais exactement où se situe la vérité de son personnage complexe. Aime-t-elle Domenico ? Se sert-elle de lui? Se venge-t-elle de tout ce qu'il lui fait subir? Les 3 à la fois dans une belle confusion des sentiments ? Ces questions sans réponses ne rendent son personnage que plus fascinant.

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Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery)

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (1993)

Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery)

Je n'aime pas l'expression "feelgood movie" (de quel droit décide-t-on des réactions émotionnelles du spectateur à sa place?) mais c'est une expression qui conviendrait bien à ce film en forme de délicieuse gourmandise. Une quinzaine d'années après leur dernière collaboration, le couple Allen-Keaton se reforme le temps d'un film et leur complicité est un plaisir de tous les instants. Allen qui était alors en pleine séparation conflictuelle avec Mia Farrow a dû trouver une formidable compensation à ses problèmes en faisant tourner son ancienne muse.

Pour le reste, cette parodie comique de grands films noirs (Assurance sur la mort de Billy Wilder et La Dame de Shanghai d'Orson Welles) qui donne lieu à quelques scènes très réussies, drôles ou spectaculaires est le moyen d'interroger la vie de couple au long cours. Comment éviter l'usure du quotidien, l'enlisement dans la routine? En prenant des risques et en se surprenant constamment semble répondre Woody Allen. À l'image du personnage de Diane Keaton et de ses complices (Alan Alda et Angelica Huston), le goût du jeu (ici un Cluedo live) est un moyen de conserver l'éternelle jeunesse, seul ou à deux. Woody Allen s'est peut-être également souvenu que Billy Wilder avait réalisé ses comédies les plus drôles comme un antidote au désespoir.

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La valse de l'Empereur (The Emperor Waltz)

Publié le par Rosalie210

Billy Wilder (1948)

La valse de l'Empereur (The Emperor Waltz)

Bien que très mineure dans la filmographie de Wilder, cette Valse réalisée en 1948 se laisse voir sans déplaisir. Pas tellement en raison du technicolor daté et de la chanson sirupeuse interprétée par Bing Crosby (qui vaut au film l'étiquette exagérée de "comédie musicale"). Mais à cause du fait qu'il injecte dans un univers très kitsch à la Sissi une bonne dose de screwball comédie ainsi qu'une critique acerbe des discriminations sociales et surtout raciales. Issu d'une famille juive autrichienne, né dans l'empire austro-hongrois au début du vingtième siècle puis exilé aux USA, Wilder a perdu une partie de sa famille à Auschwitz. C'est ce parcours que l'on retrouve dans un film Mitteleuropa situé à la Belle Epoque mais qui évoque en réalité le nazisme et l'épuration raciale. On comprend mieux pourquoi l'histoire d'amour impossible entre une comtesse autrichienne et un commis voyageur américain (joués par Joan Fontaine et Bing Crosby) s'accompagne d'une métaphore canine qui a le mérite de mettre les points sur les i. Car lorsque Shéhérazade la chienne de race de la comtesse promise à une saillie avec le chien de l'empereur François-Joseph accouche de petits bâtards qu'elle a eu avec Buttons, le chien du commis voyageur, le père de la comtesse ordonne de les noyer...

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La huitième femme de Barbe-Bleue (Bluebeard's Eighth Wife)

Publié le par Rosalie210

Ernst Lubitsch (1938)

La huitième femme de Barbe-Bleue (Bluebeard's Eighth Wife)

Pour apprécier à sa juste valeur cette comédie de Lubitsch réalisée en 1938 il faut avoir en tête le contexte de l'époque. Celui des tournages en studio avec effets de transparence pour simuler un tour d'Europe et code Hays tout-puissant contraignant à évoquer la sexualité de façon allusive et métaphorique. D'autre part si les spécialistes du cinéma mettent en avant plutôt Haute Pègre ou To be or not to be, la Huitième femme de Barbe-Bleue est une comédie tout aussi brillante. De plus c'est la première collaboration de Lubitsch avec le duo Brackett-Wilder qui signe le scénario. Wilder a beaucoup appris de Lubitsch et ses futurs chefs-d'oeuvre comiques sont déjà en germe dans les scénarios qu'il écrit pour son compatriote.

La Huitième femme de Barbe-Bleue est un parfait exemple de Lubitsch "touch", cette capacité unique à mélanger plusieurs sortes de comique pour former un tout précis, rythmé, harmonieux. Screwball comédie (remariage et guerre des sexes), comédie loufoque à la Hawks avec des cris d'animaux émis par des humains comme dans l'Impossible M.Bébé sorti la même année, satire autour du pouvoir et de l'argent, burlesque (gifles, fessées, coups de poing) sur fond de musique martiale, comédie sophistiquée avec le décorum de la haute société, allusions grivoises dès la première scène du "pyjama partagé" (une idée de Wilder ce qui n'est pas surprenant) puis avec l'évocation cryptée de la frustration sexuelle (nom de code Tchécoslovaquie, un autre type de frustration après les accords de Munich de 1938) et du sado-masochisme (fessée, camisole...)

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