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Articles avec #science-fiction tag

La Guerre des Etoiles (Star Wars)

Publié le par Rosalie210

George Lucas (1977)

La Guerre des Etoiles (Star Wars)

Depuis sa première sortie en 1977 le premier film de la saga Star Wars a connu plusieurs mutations. Il a tout d'abord changé de titre: "La Guerre des étoiles" (ou plutôt si le titre avait été correctement traduit, "Les guerres de l'Etoile" ce qui a autrement plus de sens!) est devenu "Un nouvel espoir", l'épisode IV d'une saga qui en comporte à ce jour neuf (sans parler des films qui en sont dérivés). Il est ensuite aujourd'hui introuvable sous sa forme originelle (du moins officiellement). Son créateur, George LUCAS a décidé pour la ressortie de la trilogie au cinéma en 1997 d'effectuer des incrustations numériques tout à fait dispensables (et discutables car elles jurent avec le reste du film et brouillent l'identité spatio-temporelle dans lequel il a été conçu) et même de changer le sens d'une scène-clé, celle où Han Solo tue Greedo dans la Cantina. Dans la version d'origine il tire le premier alors qu'à partir de 1997, il réagit au tir de Greedo ce qui le place en situation de légitime défense (et depuis la scène a été encore modifiée pour brouiller les pistes). Ce révisionnisme affectant le cowboy de l'espace me fait penser à celui qui a un moment donné a touché Lucky Luke qui ne pouvait plus fumer ni tirer. Imaginez le même traitement appliqué aux westerns de John FORD ou de Sergio LEONE!

Malgré ces vicissitudes, le film de George LUCAS n'est pas devenu par hasard l'une des références incontournable de la planète cinéma. Il réunit les codes du conte ("Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine" résonne exactement comme "Il était une fois" et il y a de nobles chevaliers, une princesse et des forêts… de météorites), ceux du mythe (dont l'unicité à travers les âges et les cultures a été mise en évidence par Joseph Campbell dans son ouvrage "Le héros aux mille et un visages". Ainsi Luke dans la plus pure tradition du récit initiatique quitte son quotidien pour vivre des aventures fabuleuses et s'accomplir en tant que héros) et enfin ceux de plusieurs genres cinématographiques: le space opera, le western (déjà cité plus haut), le film historique (l'anéantissement d'une planète, les combats entre engins spatiaux, les uniformes des officiers de l'Empire et leurs cérémonies renvoient au nazisme et à la seconde guerre mondiale) et le film de sabre japonais (George LUCAS est un admirateur de Akira KUROSAWA et l'influence de celui-ci est très forte). S'y ajoute une forte dimension mystique. "Un nouvel espoir" est un film "réenchanteur" qui affirme haut et fort la supériorité des forces de l'esprit (puisées dans les religions occidentales et orientales) sur la technologie. Enfin le casting n'est pas pour rien dans la réussite du film. Luke, le chevalier blanc est campé par un Mark HAMILL à la candeur émouvante, Han Solo le space cowboy a contribué à propulser le charismatique Harrison FORD au firmament des étoiles ^^ et Leia la princesse au caractère bien trempé et aux célèbres macarons est pour toujours associée à Carrie FISHER a qui le personnage a terriblement pesé. Obi-Wan Kenobi, le mentor spirituel est une sorte de résurrection des premiers moines du désert auquel Alec GUINNESS apporte toute sa classe. Enfin leur antithèse, le chevalier noir Dark Vador est entré dans la légende des plus grands méchants de l'histoire du cinéma.

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L'Invasion des profanateurs de sépulture (Invasion of the body snatchers)

Publié le par Rosalie210

Don Siegel (1956)

L'Invasion des profanateurs de sépulture (Invasion of the body snatchers)

"L'invasion des profanateurs de sépulture" (traduction erronée du titre original "L'invasion des voleurs de corps") est l'un de ces films-matrice culte que j'ai découvert par le biais de ce qu'on appelle l'intertextualité au cinéma. En l'occurrence une scène entière de "Retour vers le futur" (1985) qui reprend celle, très célèbre, de l'autoroute. Et si je cite le film de Robert ZEMECKIS c'est parce qu'il a bien compris le sens de celui de Don SIEGEL. La scène en question se déroule au moment où Marty découvre Hill Valley en 1955. Or Hill Valley, comme Santa Mira est une petite ville américaine californienne typique de l'American way of life. Un panneau publicitaire à elle seule. Reste à savoir ce qui se cache derrière. Car ce qui rapproche aussi les deux micro-sociétés, c'est leur repli sur elles-mêmes comme s'il existait une barrière invisible qui les séparaient du reste du monde et comme s'il fallait s'en défendre (si elle devient visible alors on parle de gated community). Pas étonnant que ces communautés à la façade trop lisse pour être vraie soient hautement paranoïaques et si vulnérables à la psychose collective. La figure de l'alien, forcément hostile camoufle la peur encore plus profonde de l'ennemi de l'intérieur, celui qui sans faire de bruit prend possession de vous et vous prive de votre identité. Sauf que ceux qui ont le plus peur d'en être privés sont ceux qui n'en ont pas, ceux qui sont des coquilles vides malléables au lavage de cerveau. Lequel tournait dans les années 50 autour d'une peur primale des rouges et de tous ceux susceptibles d'être "contaminés" par les idées communistes, prétexte à une vaste épuration de la société américaine de ses "indésirables". Car dans son autobiographie, Don SIEGEL est très clair là-dessus. Ce qui menace les habitants de Santa Mira n'est pas le communisme mais l'embrigadement, symbolisé par la production de copies conformes aux originaux, sauf qu'il s'agit d'objets manufacturés et non plus d'êtres humains capables de ressentir et de penser par eux-mêmes. De vrais pantins obéissant aux ordres d'une autorité supérieure (ce n'est pas par hasard qu'il y a tant de flics dans le film). Bref les "cosses de l'espace" désignent en réalité une maladie bien américaine (et bien humaine): la peur panique de la différence, une émotion hautement manipulable. Car derrière son adhésion aux codes du genre de SF de série B, le film de Don SIEGEL est une oeuvre politique très clairvoyante sur la société américaine*.

* Me viennent à l'esprit des films comme "Blue Velvet" (1986) de David LYNCH, "Invasion Los Angeles" (1988) de John CARPENTER, "Edward aux mains d argent" (1990) de Tim BURTON "The Truman Show" (1998) de Peter WEIR qui chacun à leur manière décrivent la face cachée, monstrueuse et dictatoriale de l'Amérique puritaine.

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Le Monde perdu (The Lost world)

Publié le par Rosalie210

Harry O. Hoyt (1925)

Le Monde perdu (The Lost world)

"Le Monde perdu" est l'œuvre matricielle d'où sont sortis des films de monstre tels que les "Jurassic park" (du côté des USA) et les "Godzilla" (du côté du Japon). Il préfigure également le premier chef- d'œuvre parlant du genre "King-Kong" qui reprend la même technique mélangeant prises de vue réelles et animation en stop motion pour les créatures fantastiques ou disparues. "Le Monde perdu" et "King Kong" sont les deux réussites les plus éclatantes de Willis O'Brien, l'inventeur et le metteur en scène de cette technique d'effets spéciaux*. En dépit de leur âge, les scènes mettant en scène les dinosaures restent impressionnantes (dommage qu'il y ait parmi eux un homme déguisé en singe qui ne fait quant à lui pas du tout illusion). Il y a même devant leur fuite éperdue devant l'éruption volcanique et l'incendie géant qui en résulte une étrange résonnance contemporaine.

Ceci étant si "King Kong" est davantage passé à la postérité que "Le Monde perdu" (sauf via des citations dans ses avatars contemporains) c'est à cause principalement de son scénario. Celui du "Monde perdu", adapté du livre éponyme de Sir Conan Doyle (le père de Sherlock Holmes) paru en 1912 relève du récit d'aventure divertissant à la Jules Verne ou H.G Wells** alors que celui de "King-Kong", bien que présentant des similitudes avec celui du "Monde perdu" (dont il s'est sans doute inspiré) est plus érotique, plus tragique et intègre une puissante dimension de critique politique et sociale. Bref il y a comme une différence de maturité ^^. Le contexte des deux films a sans doute une incidence dans leur tonalité. "Le Monde perdu" a été écrit à la Belle Epoque et réalisé durant les "roaring twenties" alors que "King Kong" date du début des années 30 alors que sévissait la grande crise. 

* Ici assisté de Marcel Delgado qui créa les modèles réduits de sauriens à l'aide d'une armature métallique recouverte de caoutchouc et de matière spongieuse afin de faire illusion à l'écran.

** Le dénouement du "Monde perdu" peut être considérée comme l'histoire de la genèse du monstre du Loch Ness.

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The Ghost of Slumber mountain

Publié le par Rosalie210

Willis O'Brien (1918)

The Ghost of Slumber mountain

Georges MÉLIÈS est le père des effets spéciaux. Willis O'Brien est le père des effets spéciaux des films de monstre. Il est en effet l'un des pionniers de la technique d'animation en stop motion qui l'a rendu célèbre avec la création et l'animation du bestiaire de "King Kong" (1932) (y compris son gorille géant). Il a également réalisé un long-métrage célèbre "Le Monde perdu" (1925) dans lequel il a donné libre cours à sa passion pour les dinosaures. C'est cette passion conjuguée à celle des effets spéciaux qui l'a amené à faire du cinéma. Son premier film en 1915, "The Dinosaur and the Missing Link: A Prehistoric Tragedy" était déjà consacré à ces animaux préhistoriques.

La postérité de Willis O'Brien est immense. Elle se divise en deux grandes catégories. D'une part les cinéastes qui réalisent des films d'animation en volume et se réclament de son héritage comme Tim BURTON ou Nick PARK et de l'autre, les réalisateurs de films fantastiques et de science-fiction qui se sont fortement inspirés de son élève Ray HARRYHAUSEN: George LUCAS, Steven SPIELBERG, James CAMERON etc. Tous ont intégré de la stop motion à un moment ou à un autre dans leurs films (le jeu d'échecs animé de Star Wars par exemple) mais la filiation la plus éclatante est celle de "Jurassic Park" (1993) qui par sa thématique, ses choix de mise en scène et de techniques d'effets spéciaux a rendu "Le Monde perdu" (1925) éternel. Le titre de la suite est d'ailleurs sans équivoque, "THE LOST WORLD: JURASSIC PARK" (1997).

"The Ghost of slumber mountain" durait à l'origine 40 minutes. Mais à la suite d'une querelle entre Willis O'Brien et le producteur Herbert M. Dawley (à qui certains attribuent même la paternité du court-métrage) il fut réduit à 18 minutes. Il vaut surtout pour les séquences où apparaissent les bébêtes préhistoriques dans le viseur d'un objet permettant de voyager dans le temps: un brontosaure paissant dans un sous-bois, un oiseau géant mangeant un petit serpent, un combat entre deux tricératops et enfin, le clou du film, un combat entre un tricératops et un tyrannosaure.

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Frankenweenie

Publié le par Rosalie210

Tim Burton (1984)

Frankenweenie

La première version de "Frankenweenie" est une excellente introduction à l'univers de Tim BURTON. Parce qu'il a fait ensuite l'objet d'un auto-remake en 2012 en long-métrage d'animation stop-motion. Parce qu'il est une sorte de brouillon de son chef d'œuvre "Edward aux mains d'argent" (1990) en étant fondé comme lui sur une opposition frontale entre un freak issu d'un univers gothico-fantastique et une banlieue WASP typique dont l'aspect pimpant de bonbonnière cache une sombre morale inquisitrice (un aspect que l'on retrouve chez Peter WEIR dans "The Truman Show" (1998) ou sous une autre forme chez David LYNCH dans "Blue Velvet") (1986). Et parce que cette œuvre, au même titre que "L'Étrange Noël de Monsieur Jack" (1994) (qui n'a pas été réalisé par Tim BURTON mais qui a été scénarisé par lui) illustre de manière édifiante la relation compliquée entre Tim BURTON qui s'identifie bien évidemment aux freaks de ses films et les studios Disney qui incarnent les valeurs traditionnelles américaines. En dépit des efforts de Burton pour s'adapter aux exigences des studios Disney au sein desquels il travaillait et qui finançaient ses projets (ce qui explique par exemple une fin optimiste en tous points opposée à celle de "Edward aux mains d argent") (1990) il reste inassimilable à leur univers et est donc mis sur la touche dans un premier temps ("Frankenweenie" est resté invisible pendant des années et "L'Étrange Noël de Monsieur Jack" (1994) est sorti sous le label d'une filiale de Disney) avant d'être "récupéré" par la maison-mère une fois le succès au rendez-vous.

La version courte et live de "Frankenweenie" doté d'une belle photographie expressionniste en noir et blanc qui jure d'autant plus avec le paysage suburbain californien est une œuvre de jeunesse dont les coutures, comme celles de Sparky, le chien de Victor sont encore bien apparentes. L'hommage au "Frankenstein" (1931) de James WHALE y est littéral puisque la scène de résurrection est copiée-collée sur celle du film de 1931 tout comme la scène du moulin en flammes. Il faut dire que le sentiment d'étrangeté de Burton n'a rien à envier à celui qui taraudait Whale dans les années 30. Quant à la présence de Shelley DUVALL dans le rôle de la mère, elle permet à Burton de rendre hommage à l'auteure du roman, Mary Shelley (on oublie trop souvent le rôle important joué par les femmes écrivains dans le genre gothico-fantastique et dans le polar) et de faire un clin d'œil au "Shining" (1980) de Stanley KUBRICK.

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Star Wars épisode IX: L'Ascension de Skywalker (Star Wars: The Rise of Skywalker)

Publié le par Rosalie210

J.J. Abrams (2019)

Star Wars épisode IX: L'Ascension de Skywalker (Star Wars: The Rise of Skywalker)

J.J. ABRAMS fait une sorte de synthèse entre le VII opus déjà réalisé par lui-même qui jouait la carte de la nostalgie en se situant dans la continuité des épisodes IV et V et l'épisode VIII réalisé par Rian JOHNSON beaucoup plus iconoclaste. L'épisode IX reprend donc pas mal d'éléments de la trilogie des années 70-80 en "rebranchant" Palpatine, l'increvable empereur, notamment pour un final où l'avenir de l'univers dépend de la résolution d'un conflit familial ou en faisant une brève incursion sur la lune d'Endor ou en reprenant des répliques cultes ("je t'aime"/"Je sais"). On retrouve aussi une énième scène d'infiltration à bord du vaisseau amiral qui semble tellement facile qu'on se demande si ce n'est pas de la parodie. Rey toujours en quête de son identité se combat elle-même comme le faisait Luke 37 ans plus tôt. En fait d'identité, elle est bien une fille (ou plutôt une petite-fille) de comme l'est Kylo Ren ou plutôt Ben (qui signifie "fils de") mais en même temps Abrams n'abandonne pas complètement l'idée de démocratiser la Force. Finn la ressent à plusieurs reprises, il est guidé par elle mais cet aspect comme le personnage reste sous-développé par rapport aux lignées prestigieuses Vador, Skywalker et Palpatine. De même la révélation que Leia était un maître Jedi arrive trop tard pour rendre cette saga véritablement féministe, d'autant que Rey est hyper-masculinisée à force de super-pouvoirs la rendant quasiment invincible (mon fils la compare à Son Goku dans DBZ ^^). Luke était bien plus vulnérable qu'elle, il souffrait dans sa chair et son apprentissage était autrement plus laborieux. Mais à notre époque, des scènes comme celles avec Yoda seraient taxées de lenteur. Là on ne s'ennuie pas certes et il y a de superbes séquences esthétiquement parlant (celles dans les ruines de l'étoile de la mort particulièrement) mais ça ne fait pas tout à fait oublier les incohérences et les clichés. Reste la mise en abyme de la mort de Leia qui ne peut que renvoyer à celle de son interprète, Carrie FISHER, disparue prématurément à la fin du tournage de "Star Wars Les derniers Jedi" (2017) et qui figure néanmoins dans le dernier film grâce à des scènes coupées du précédent astucieusement utilisées et quelques images de synthèse.

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Le Réveil de la Force (Star Wars : Episode VII - The Force Awakens)

Publié le par Rosalie210

J.J. Abrams (2015)

Le Réveil de la Force (Star Wars : Episode VII - The Force Awakens)

Revu hier soir à la TV l'épisode 7 qui inaugure la troisième trilogie (la dernière? Rien n'est moins sûr même si l'insuccès relatif de "Solo: A Star Wars Story" (2018) a mis un terme aux spin-off pour le moment). Si la deuxième trilogie semblait servir de prétexte à un vaste terrain d'expérimentation d'effets spéciaux alors novateurs (qui ont envahi depuis les productions mainstream du cinéma us), la troisième titille la fibre nostalgique du spectateur attaché à la première trilogie des années 70-80. S'inscrivant dans une vague de remakes modernisés des grands succès de cette époque, le film colle aux basques des épisodes 4 et 5 avec un scénario aux enjeux assez similaires et une multitude de motifs récurrents. Il y a donc l'éternel trio du héros, de l'héroïne et du comparse relookés à l'aune des exigences de la diversité. Mais force est de constater que chez Disney (qui a racheté la franchise en 2012), la seule alternative à la princesse qui attend le prince charmant, c'est le "mec déguisé en fille" invincible (Daisy RIDLEY a d'évidentes qualités athlétiques. En revanche son jeu d'actrice lui est moins évident). Son allié, Finn (John BOYEGA) le stormtrooper repenti est assez marrant mais le personnage est un peu léger et ne colle pas à ce qu'est censé être un stormtrooper dans les films précédents. Celui du pilote Poe (Oscar ISAAC) est à peine esquissé. BB8 le droïde qui avait été conçu à la fin des années 70 fait doublon avec R2D2 (même s'il est très mignon), Starkiller est une étoile de la mort XXL qui détruit des galaxies et non plus une seule planète, les fils tuent le père au lieu d'être symboliquement castrés par eux, Mark HAMILL, Carrie FISHER et Harrison FORD ont dû mal à réincarner leurs anciens personnages tant le poids des ans pèse sur eux (l'épisode 8 saura bien mieux les utiliser). L'Empire est remplacé par le nouvel ordre, la rébellion par la Résistance bref on est dans les clous des précédents opus. Reste que le film est divertissant et que le personnage gothique de Kylo Ren (Adam DRIVER) en pleine crise d'adolescence offre un vrai plus très appréciable dans ce qui apparaît plus comme un film habile de fan-service qu'une œuvre à part entière.

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La Folle histoire de l'espace (Spaceballs)

Publié le par Rosalie210

Mel Brooks (1987)

La Folle histoire de l'espace (Spaceballs)

Il n'est pas si simple de faire une parodie qui tienne la route (je me souviens du consternant "Le Silence des Jambons" (1993) avec un Billy ZANE qui s'était particulièrement fourvoyé dans le rôle de "Joe Di Fostar" ah ah ah). "La Folle histoire de l'espace" est pour filer la métaphore sexuelle de son titre original "Spaceballs" d'un autre "calibre". Bien sûr le film parodie avec soin et jubilation les films de SF les plus populaires des années 70-80 mais il y ajoute en plus une couche de satire clairvoyante voire prophétique sur les mutations d'une industrie hollywoodienne concentrée entre quelques mains, abandonnant toute ambition créative au profit d'une exploitation marchande tous azimuts des mêmes succès. Voir les sept nains ainsi catapultés (en 1987!) dans l'univers Star Wars ne peut que faire penser à une anticipation du rachat de la franchise par Disney en 2012 alors que les incursions dans la saga Indiana Jones, les Transformers ou la scène la plus culte de "Alien, le huitième passager" (1979) avec John HURT qui reprend son rôle emblématique de Kane va au-delà du cross-over: cette dernière séquence rappelle que le ver est littéralement dans le fruit ^^. Et c'est ainsi que le film multiplie les placements de produits les plus voyants et les plus grotesques de la princesse "Vespa" à "Pizza the Hutt" (qui rappelle moins son modèle de grosse limace visqueuse que M. Creosote, le monstre insatiable symbolisant la consommation à outrance du "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982)) cousin du vorace et vomitif sans-visage de Hayao MIYAZAKI). "Spaceballs" se décline d'ailleurs en une multitude de produits dérivés, une séquence entière du film prenant la forme d'un télé-achat dans une boutique que l'on croirait toute droit sortie d'un parc Disneyland (quand je dis que ce film était prophétique ^^). Mel BROOKS le réalisateur qui joue également le rôle du président Esbroufe (et de Yahourt/Yoda) fait d'ailleurs un gros plan sur les vidéos de ses précédents films. Quant à l'inénarrable Rick MORANIS dans le rôle de "casque noir" (échangé lors d'une séquence dans le désert contre un casque colonial et des culottes courtes dignes des aventures de Tintin ou d'un autre sketch des Monty Pythons dans "Monty Python : Le Sens de la vie" (1982)), il fait penser à tous les dictateurs-nabots de la terre qui à force d'avoir (au sens propre) la grosse tête sont juste ridicules.

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Alien: Résurrection (Alien 4)

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Jeunet (1997)

Alien: Résurrection (Alien 4)

Alors que "La Cité des enfants perdus" (1994) en dépit de sa sophistication visuelle ne m'a jamais pleinement convaincue, "Alien : Résurrection" (1997) qui reprend une partie de la même équipe (le réalisateur Jean-Pierre JEUNET, le directeur de la photographie Darius KHONDJI, les acteurs Dominique PINON et Ron PERLMAN) a réussi à se greffer habilement sur l'univers créé en 1979 par Ridley SCOTT et ensuite réinterprété par James CAMERON et David FINCHER. Il y a quelque chose de la plasticité du mythe dans cette quatrième relecture qui divise davantage que les trois premières mais qui ne manque pas non plus d'intérêt. Le rire se substitue à l'angoisse, le film ayant un côté franchement grotesque (notamment dans le gore) aussi propre à l'univers de Jeunet que "l'effet bocal" de sa splendide photographie mais la réflexion se situe dans la parfaite continuité des autres volets. Jean-Pierre JEUNET joue comme Ridley SCOTT sur la frontière entre l'humain et le non-humain avec ses savants fous fascinés par leur monstrueux reflet, leurs cobayes/chair à canon et les créatures prométhéennes qui sont issues de leurs expériences. Mais Jean-Pierre JEUNET ajoute une dimension d'hybridation qui n'existait pas dans les autres films réalisés par des américains. La culture anglo-saxonne rétive au métissage et au contraire réceptive au manichéisme se fait sentir dans les trois premiers films où l'alien est pensé comme une projection de la partie sombre de l'être humain, transformée en un "autre" nuisible qu'il faut expulser de soi et détruire quitte à se détruire avec. Dans le Jeunet, le personnage de Ripley (Sigourney WEAVER) a été ressuscité par des manipulations génétiques à partir de prélèvements effectués sur le lieu de sa mort qui ont abouti au mélange de son ADN avec celui de la reine alien qu'elle portait dans son ventre. Conséquence, le sang de Ripley est devenu acide, sa force est décuplée, son corps surgit d'une chrysalide et sa psyché est en étroite connexion avec celle des aliens alors que la reine alien devenue vivipare accouche d'un être hybride humain-alien*. Certes celui-ci est détruit tout comme la reine mais les deux seuls éléments féminins survivants du film, Ripley et Call, sa "nouvelle fille adoptive" (Winona RYDER) qui incarnent l'avenir de l'humanité ne sont humains ni l'un ni l'autre.

* "Parasite" de Hitoshi Iwaaki joue exactement sur le même principe avec l'histoire d'un extra-terrestre qui ayant échoué à prendre le contrôle d'un cerveau humain, se substitue à sa main et devient ainsi une partie de lui au point que leurs deux "personnalités" finissent par se mélanger.

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Alien 3 (Alien³)

Publié le par Rosalie210

David Fincher (1992)

Alien 3 (Alien³)

Le chapitre millénariste et nihiliste de la saga Alien a le mérite de proposer quelque chose de différent des deux premiers volets même s'il se situe soigneusement dans leur continuité: les premières images reprennent celles de la fin du film de James CAMERON, la logique du sacrifice d'un groupe au profit d'intérêts militaires et géopolitiques est respectée ainsi que le climat claustrophobique du premier volet et c'est Pete POSTLETHWAITE qui reprend le cultissime "kitty, kitty" que Harry Dean STANTON prononçait dans le film de Ridley SCOTT. De plus le film file la métaphore de l'Alien comme une projection du "monstre qui est en nous" bien plus explicitement que ne le faisaient les deux premiers films. En se situant dans une prison composée de dangereux psychopathes mais aussi en faisant de Ripley (Sigourney WEAVER, de plus en plus androgyne) un être maudit. Maudit parce que condamné à errer sans fin dans l'espace, maudit parce que condamné à voir ses compagnons de route périr et elle seule survivre, maudit parce qu'ayant trop côtoyé l'Alien pour rester extérieure à lui, maudit parce que destiné à perpétuer son espèce. De ce point de vue David FINCHER est aux antipodes de James CAMERON. Alors que ce dernier dans le chaos ambiant s'évertuait à préserver l'humanité de ses personnages et à recréer un cocon familial (bref à rassurer, à redonner des repères), David FINCHER détruit tout le dispositif (au grand dam de Cameron d'ailleurs) pour faire au contraire de Ripley la mère du monstre, la "mauvaise" mère, celle-ci étant obligée de disparaître avec lui pour s'en débarrasser. Le même pessimisme est à l'œuvre d'ailleurs en ce qui concerne les robots androïdes. Alors que James CAMERON avait donné beaucoup d'humanité à Bishop, tendant à faire penser que son créateur était un homme de bien, David FINCHER en fait au contraire l'un des dirigeants qui souhaite s'emparer de l'alien pour en faire "l'arme ultime". Cette confrontation de points de vue est donc tout à fait intéressante car elle complète la réflexion de la saga sur l'altérité féminine vue comme un potentiel danger (ce n'est pas un hasard si de film en film Ripley se masculinise toujours plus) et surtout la maternité qui est un processus qui échappe encore largement au contrôle humain et qui est de ce fait le lieu de tous les fantasmes. Il n'en reste pas moins que la mise en scène est parfois redondante (la traque, fuite, capture du monstre ressemble à un jeu vidéo qui n'en finit pas), la photographie chromatique finchienne est très glauque et il faut supporter son goût pour l'organique (insectes et vers sur les cadavres, autopsie filmée de façon à voir l'intérieur du corps etc.). Si la mue de l'alien, né d'un animal et ayant pris son apparence est intéressante, les effets spéciaux apparaissent aujourd'hui un peu grossiers, l'incrustation de la créature dans l'image est notamment par trop visible.

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