Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #parker (alan) tag

Bugsy Malone

Publié le par Rosalie210

Alan Parker (1976)

Bugsy Malone

Le concept du premier film de Alan PARKER est génial: faire jouer les juniors dans la cour des grands. Enfin presque, car pour revêtir les habits des films de gangsters de l'entre-deux-guerres tels que "Le Petit Cesar" (1930) ou "Scarface" (1931), il a fallu faire quelques adaptations. Les bootleggers et speakeasy trafiquent et servent des sirops "on the rocks", les automobiles sont des voiturettes à pédale impeccablement customisées, les armes sont celles du cinéma burlesque: tartes à la crème pour le gang de Fat Sam et lanceurs de petits suisse maquillés en mitraillettes pour celui de Dan le Dandy. L'acquisition de ces armes plus élaborées est d'ailleurs l'objectif du gang de Fat Sam. Les garçons jouent les truands, les flics ou les artistes de speakeasy et les filles sont danseuses ou chanteuses. Tout ce petit monde est plus vrai que nature dans un univers classieux reconstitué à la perfection, au point que si ce n'étaient les visages juvéniles et les tailles miniature, l'illusion serait parfaite. Le résultat est délicieusement parodique, le sexe et la violence étant ramenés à un jeu d'enfants dans lequel il s'agit d'être le plus fort ou la plus belle. L'aspect burlesque du film nous ramène à l'époque du muet (on voit d'ailleurs le tournage d'un film selon les techniques de cette époque tout à fait comme dans "Babylon") (2021) mais aussi à Billy WILDER et à "Certains l'aiment chaud" (1959) ou encore à Blake EDWARDS (plus particulièrement à la séquence tarte à la crème de "La Grande course autour du monde") (1965). Quant à l'aspect comédie musicale, elle évoque le futur "Cotton Club" (1984). La BO de Paul WILLIAMS ("Phantom of the Paradise") (1974) est somptueuse et addictive. Enfin si la plupart des enfants-acteurs sont ensuite retournés à l'anonymat, Jodie FOSTER âgée de 13 ans brille dans l'un des rôles principaux, l'année même où elle deviendra une star avec "Taxi Driver". (1976)

Voir les commentaires

Mississipi burning

Publié le par Rosalie210

Alan Parker (1988)

Mississipi burning

Le 12 août 2022, un militant extrémiste pro-Trump qui se vantait d'avoir participé à l'attaque du Capitole du 6 janvier 2021 était abattu après avoir tenté de pénétrer dans les locaux du FBI de l'Ohio et avoir échangé des coups de feu avec les forces de l'ordre. Il avait auparavant appelé à tuer des agents fédéraux sur les réseaux sociaux, le tout dans un contexte de regain de tensions suite à la perquisition menée par le FBI dans la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago. Le tout dans un contexte d'exacerbation des tensions entre suprémacistes blancs et défenseurs des minorités après notamment plusieurs meurtres racistes ayant conduit au mouvement "Black lives matter". Ce préambule permet de mesurer combien le film de Alan Parker, réalisé en 1988 mais se situant en 1964 en pleine période de lutte pour les droits civiques éclaire notre présent. Une critique récente de Télérama disait d'ailleurs que le film avait hélas rajeuni. Car nul doute que les enragés du Capitole sont les descendants directs de ceux qui lynchaient les noirs dans les années 60 avec la complicité des autorités locales et manifestaient une haine viscérale vis à vis des autorités fédérales issue de la défaite de la guerre de Sécession qu'ils n'ont bien évidemment jamais acceptée. La meilleure preuve réside dans leur ralliement autour du drapeau confédéré, le "Dixie flag", interdit mais ressurgi lors de l'assaut du Capitole, symbole du rêve de sécession des suprémacistes blancs WASP et d'exclusion des minorités (les colored people mais aussi les communistes, les juifs, les catholiques et les immigrés non anglo-saxons). Ce discours raciste, identitaire et séparatiste, on l'entend dans le film de la bouche du chef local du Ku Klux Klan, Clayton Townley (Stephen Tobolowsky) qui se fait passer pour un simple homme d'affaires alors que le Dixie flag flotte allègrement un peu partout, signalant d'emblée l'entrée en territoire hostile pour les deux agents du FBI venus enquêter sur la disparition de trois militants pour les droits civiques. Tiré de faits réels, le film déploie une narration efficace et marquante pour au moins deux raisons. La première réside dans le portrait terrifiant d'un territoire replié sur lui-même, terrorisé par ses milices néo-fascistes ultra-violentes qui imposent l'omerta et peuplé de dégénérés consanguins. La seconde est liée à la complémentarité du duo chargé de l'enquête. L'agent Alan Ward (Willem Dafoe) est un homme calme et procédurier alors que son adjoint Anderson (Gene Hackman) originaire du sud et fils d'un raciste utilise des méthodes beaucoup moins conventionnelles pour parvenir à ses fins. L'interprétation des deux comédiens est remarquable, particulièrement celle de Gene Hackman avec ses faux sourires et ses explosions de violence qui soulignent combien la barrière est ténue entre lui et ceux qu'il combat. A travers leur duo, on retrouve l'éternel débat du meilleur moyen de combattre le mal, celui qui opposait par exemple Tom Doniphon qui ne croyait qu'en la force à Randsom Stoddard qui ne croyait qu'en la loi contre Liberty Valance. La comparaison avec le film de John Ford qui avait également une portée civique s'impose naturellement ici.

Voir les commentaires

Pink Floyd: The Wall

Publié le par Rosalie210

Alan Parker (1982)

Pink Floyd: The Wall

Qui ne connaît l'hymne protestataire d'Another brick in the wall commençant par "we don't need no education, we don't need no thought control" et le clip en partie animé où l'on voit des élèves d'une école anglaise portant d'horribles masques tomber dans une machine à fabriquer de la chair à saucisse, le boucher n'étant autre que leur professeur? Ce n'est que l'un des moments phares du long-métrage musical de Alan PARKER, sorte de cauchemar sous acide mélangeant prises de vue réelles et animation et non-linéaire dans sa narration (mais cohérent tout de même) où une star du rock (prénommée Pink ^^ et jouée par Bob GELDOF mais inspirée en partie de la vie de Roger WATERS) traverse paradoxalement depuis la chambre d'hôtel où il s'est bunkérisé 40 ans d'histoire individuelle et collective. Tout y passe: première et seconde guerre mondiale, concerts rock transformés en grand-messe nazie avec Pink en SS puis pogroms dans les quartiers de Londres, guerre du Vietnam et ses manifestations étudiantes violemment réprimées par la police et métaphoriquement, guerre froide et son rideau de fer détruisant tout sur son passage (dans la séquence animée, les fleurs deviennent des barbelés, l'enfant devient un SS qui fracasse le crâne de son père et le patrimoine historique est détruit lorsqu'il se trouve dans la zone du mur ce qui s'avère être tristement prophétique, la chapelle de la réconciliation à Berlin ayant été détruite 3 ans après la sortie du film parce qu'elle gênait la visibilité au niveau de la frontière entre les deux murs). Une vision de l'histoire contemporaine sombre et torturée voire nihiliste qui correspond aux troubles mentaux de Pink, lequel oscille d'un état apathique à de brusques explosion de violence où il ravage tout sur son passage. Dans ses hallucinations, il redevient un bébé prostré en position fœtale voire une poupée de chiffons soumis à des adultes terrifiants: sa mère étouffante, son professeur tyrannique, sa femme infidèle (et les femmes en général) transformées en plantes carnivores, le juge qui l'écrase ou encore l'impresario qui coûte que coûte veut le faire monter sur scène. Ce trip aux frontières de la folie que l'on peut voir comme une peinture de la shizophrénie (d'un côté le dépressif solitaire vautré devant sa TV, de l'autre le meneur de foules) est aussi une parabole sur l'autisme. Pink subit des brimades depuis son enfance, est incompris, isolé et rejeté. Il finit par vivre coupé du monde, incapable de communiquer avec qui que ce soit et passe son temps immergé dans un bocal à poissons (ses créations puis quand cela tourne au carnage, la TV ou la piscine de son hôtel). Dans une scène ultra significative, on le voit trier et aligner avec soin les débris issu du saccage de sa chambre d'hôtel comme si il avait besoin de recomposer un monde qui lui appartienne après avoir détruit celui des autres. Les séquences nazies où les violences s'abattent sur les minorités peuvent être interprétées comme une auto-flagellation puisque Pink est différent (le premier groupe a avoir été exterminé par les nazis étaient d'ailleurs les handicapés) de même que la condamnation finale consistant à abattre le mur et à l'exposer aux yeux de tous.

Voir les commentaires