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Articles avec #otomo (katsuhiro) tag

Akira

Publié le par Rosalie210

Katsuhiro Otomo (1988)

Akira

"Akira" est le premier long-métrage d'animation japonais que j'ai vu au moment de sa sortie en France en 1991. Et pour cause, c'était l'un des premiers qui était projeté au cinéma dans l'hexagone parallèlement à la publication du manga qui a joué le même rôle pionnier (avant que les éditions Glénat ne se lancent dans le format noir et blanc de poche avec "Dragon Ball" et "Ramna 1/2".) Confidentielle à sa sortie, elle a gagné depuis un statut mérité d'œuvre culte en plus d'être un chef d'oeuvre de la SF cyberpunk ce qu'a récemment souligné récemment Steven SPIELBERG dans son "Ready Player One" (2018) en faisant de la moto écarlate de Kaneda un étendard de la pop culture au même titre que la DeLorean du Dr Emmett Brown.

"Akira" est une claque visuelle (les traînées lumineuses laissées par les motos, les "trips hallucinogènes", les hologrammes), auditive (la bande originale est tout simplement l'une des plus somptueuses jamais composée pour un film), innervée de bout en bout par un sentiment de rage et d'urgence. Bref, une œuvre d'art totale extrêmement immersive qui s'écoute autant qu'elle se regarde. Bien que profondément nippone par ses thèmes post-apocalyptiques et son esthétique (Katsuhiro Otomo, primé à Angoulême, dessine des personnages aux traits asiatiques beaucoup plus marqués que ce que l'on peut voir habituellement dans les mangas), "Akira" est aussi une œuvre universelle qui fait autant penser à "Metropolis" (1927) qu'à "Blade Runner" (1982)* alors que ses courses à moto ne sont pas sans rappeler "Easy Rider" (1968). Bien que stimulant les sens (et il vaut mieux avoir le cœur bien accroché!), "Akira" est aussi une œuvre dystopique réflexive particulièrement pertinente imaginant un cauchemar urbain qui fait penser aux deux facettes du nazisme: anomie et anarchie d'un côté, régime policier et biopouvoir de l'autre. Toutes les structures sociales ayant disparu comme en temps de guerre, on y suit des jeunes livrés à eux-mêmes dont le seul repère est la camaraderie et l'ultraviolence (omniprésente). On pense à "Orange mécanique (1971) et le lien avec le film de Stanley KUBRICK ne s'arrête pas là puisque l'un de ces jeunes, Tetsuo est enlevé par les autorités pour être soumis à des expériences scientifiques hasardeuses destinées à le transformer en "super-arme" dont le résultat va forcément à un moment ou à un autre échapper à ses initiateurs et donner lieu à l'une des mutations les plus monstreuses et marquante de l'histoire du cinéma. La fin aux résonances métaphysiques est un écho au manga où cet aspect est beaucoup plus développé.

* Les influences sont réciproques car "Blade Runner" (1982) se déroule dans un environnement asiatique et une autre des références majeure d'Otomo, Moebius est également très proche artistiquement de l'univers du manga et de l'anime de SF japonais.

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Steamboy (Suchīmubōi)

Publié le par Rosalie210

Katsuhiro Otomo (2004)

Steamboy (Suchīmubōi)
Visuellement c'est bluffant, scénaristiquement beaucoup moins. Beaucoup de bruit pour rien en quelque sorte. 10 ans d'élaboration qui font ainsi pschitt c'est dommage.

Pourtant l'idée de transposer "Akira", œuvre post apocalyptique culte dans un univers steampunk à la Jules Verne avait de quoi susciter de grands espoirs. De fait le résultat technique est grandiose. La société victorienne est reconstituée avec beaucoup de minutie, les machines sont plus fascinantes les unes que les autres et il y a de grands morceaux de bravoure où on en prend plein les mirettes, notamment à la fin lors de (l'auto)destruction de la tour steam qui entraîne la glaciation d'une partie de Londres.

Le problème, c'est que toute cette débauche visuelle a été réalisée au détriment de l'histoire et des personnages. Le conflit intra-familial autour de l'utilisation des innovations technologiques était pourtant une excellente idée, une sorte de réactualisation de la tragédie des Atrides à l'ère de la vapeur. Hélas, les personnages ne sont pas cohérents, leurs motivations sont floues ce qui introduit la confusion. Le grand-père semble s'opposer à la récupération de ses inventions pour des intérêts politiques ou économiques mais sa quête de puissance est tout aussi démente que celle de son fils. Quant au petit-fils, il apparaît surtout comme un pion que s'échangent les deux patriarches et leurs camps respectifs (bonnet blanc et blanc bonnet tellement les inventeurs artisanaux semblent aussi cupides et mesquins que les riches industriels). Les autres personnages, trop nombreux, sont tout aussi mal ficelés. Scarlett par exemple nous est présentée comme une insupportable fille à (très riche) papa avant de se transformer sans transition en courageuse héroïne. Les questions éthiques sont traitées de façon tout aussi superficielles. Bref le travail de fond est bâclé ce qui fait de cet animé une énorme usine à gaz sans âme.
 

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