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Articles avec #marx brothers tag

Une nuit à Casablanca (A Night in Casablanca)

Publié le par Rosalie210

Archie Mayo (1946)

Une nuit à Casablanca (A Night in Casablanca)

Avant-dernier film des Marx sorti 5 ans après The big store sous le label United Artist, Une nuit à Casablanca aurait dû être au départ une parodie du film de Curtiz mais il a au final peu de rapport avec lui. Le film est une sorte de pot-pourri des meilleurs gags des Marx (rébus mimés, gags visuels comme Harpo qui "tient le mur", scène de vaudeville, bons mots de Groucho "Notre mariage est impossible"; " C'est après qu'il le devient") le tout teinté de nostalgie. Ainsi lorsque Groucho se retrouve enfermé dans un placard il dit " les placards ça me connait" allusion évidente à Monkey Business. Il y a également des allusions à d'autres films comme Le port de l'angoisse ("vous n'avez qu'à siffler"). Enfin les nazis d'opérette du film permettent aux Marx de prendre une revanche symbolique sur la prétendue "race des seigneurs."
Néanmoins on est loin des meilleurs films des Marx. Même si on s'amuse, l'impression de déjà-vu domine et la lassitude du trio se fait sentir. Un trio dont l'équilibre s'ébranle déjà au profit de Harpo, le moins fatigué des 3 frères, annonçant Love Happy, leur dernier film.

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Chercheurs d'or (Go West)

Publié le par Rosalie210

Edward Buzzell (1940)

Chercheurs d'or (Go West)

Go West est le meilleur des 3 films tournés par les Marx dans leur seconde période MGM. En effet le scénario fut écrit juste après Une nuit à l'opéra du vivant de Thalberg et les Marx purent roder leurs gags sur scène. Mais après la mort prématurée de leur mentor les Marx n'étaient plus la priorité du studio et le tournage fut repoussé jusqu'en 1940 date à laquelle il eut enfin lieu.
La différence avec At the Circus et The Big store saute aux yeux. Go west est beaucoup plus rythmé. On entre immédiatement dans le vif du sujet avec Groucho qui tente d'escroquer le guichetier de la gare avant de se faire escroquer par Chico et Harpo (une scène dans la lignée du célèbre scketch tutsi-frutsi d'Un jour aux courses.) Les scènes s'enchaînent ensuite quasiment sans temps mort. Celle de la diligence (qui évoque une parodie de la chevauchée fantastique) utilise les cahots de la route pour mélanger la cabine surpeuplée dUne nuit à l'opéra, les échanges de chapeaux de Soupe au canard et le corps envahissant de Harpo des premiers films. Même les numéros musicaux sont bien intégrés à l'intrigue, interagissent avec les Marx et ne cassent pas le rythme du film. Groucho y expose par exemple sa conception de la séduction. Le film se termine en apothéose avec le démontage du train lancé à toute vapeur, un gag keatonien réapproprié par les Marx.

La MGM a assagi, domestiqué les Marx. Ceux-ci n'ont plus rien de dangereux. Mais leur énergie subversive colore tout ce qu'elle touche. Ainsi à partir d'Un jour aux courses, les films MGM se parent d'une scène "ethnique" digne des pires clichés coloniaux et racistes. Les noirs comme les indiens sont caricaturés et ghettoisés. Un seul homme blanc est autorisé à franchir la barrière: Harpo, l'homme-enfant innocent. Le but est d'amadouer (et manipuler) ces peuples dominés. Mais Harpo (ou plutôt Adolph/Arthur) comme ses frères a subi toute sa vie l'antisémitisme des dominants WASP (white anglo-saxons protestants) et lorsqu'il joue pour les afro-américains ou les native americans il se retrouve en communion avec ces peuples "muets" dont le seul langage autorisé est la musique. Pas étonnant que le chef indien finisse par poser sa main sur son épaule. Tel est pris qui croyait prendre.

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Un jour au cirque (At The Circus)

Publié le par Rosalie210

Edward Buzzell (1939)

Un jour au cirque (At The Circus)

Après leur incursion (ratée) à la RKO, les Marx retournèrent à la MGM pour tourner trois nouveaux films. Mais ils ne bénéficiaient plus des attentions d'Irving Thalberg. Par conséquent les moyens alloués à ces films furent réduits. Ainsi Un jour au cirque se contente de décliner la formule scénaristique d'Un jour aux courses. Mais les personnages et l'intrigue sont négligés (ce n'était pas le cas avec Thalberg) si bien que leur interaction avec les Marx est quasi-nulle. Cette faiblesse scénaristique pèse sur le film qui connaît plusieurs passages à vide. Restent les numéros des Marx. Certes, ils ont perdu leur esprit corrosif et ils ne nous surprennent plus (un critique évoque At the circus comme le premier de la trilogie du "trio fatigué") mais ils restent si bons que l'on prend beaucoup de plaisir devant certains passages: le numéro de flatteries-goujateries Groucho-Dumont, la fouille de la cabine de Goliath par Chico et Harpo (où affleure même un peu du surréalisme d'autrefois), le dialogue absurde Chico-Groucho, le premier empêchant le second de monter à bord du train car il n'a pas de badge. Enfin la scène de trapèze finale est très réussie avec Margaret Dumont qui donne de sa personne au point de se retrouver en sous-vêtements avec les frères accrochés à ses basques.
La chanson interprétée par Groucho " Lydia the tatoo lady" est reprise par Robin WILLIAMS dans Fisher King de Terry Gilliam, fervent admirateur des Marx.

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Les Marx au grand magasin (The Big Store)

Publié le par Rosalie210

Charles Reisner (1941)

Les Marx au grand magasin (The Big Store)

Les Marx au grand magasin est le 11° film des frères Marx et le 5° tourné à la MGM. Comme ses deux prédécesseurs (At the Circus et Go West) The Big Store enregistre le lent mais inexorable déclin du trio. Certes ceux-ci restent excellents (et c'est pourquoi le film est passé à la postérité) mais ils ne se renouvellent plus et surtout l'âge entame sérieusement leur condition physique ce qui affaiblit leur puissance comique. Par exemple la scène de course-poursuite finale en patins à roulette aurait été meilleure 10 ans plus tôt car elle n'aurait pas été assurée par des doublures et donc filmée de loin (néanmoins ce style de scène n'a plus rien à voir avec les gags visuels personnels des Marx). Il faut dire que les scénarios sentimentaux et répétitifs de la MGM n'aident pas à emballer le rythme. Sans parler de numéros musicaux encore plus ennuyeux que d'habitude hormis ceux des Marx. La scène où Chico et Harpo jouent du piano à 4 mains est drôle et émouvante et ce d'autant plus qu'elle comporte une part d'autobiographie. La mère des Marx qui voulait rentabiliser au maximum le professeur qu'elle payait voulait en effet que son fils aîné Léonard (Chico) donne des leçons de seconde main à son cadet Adolph (Harpo) qui en réalité a appris plus ou moins à en jouer tout seul. Ce dernier donne justement dans le film un solo de harpe particulièrement ravissant, costumé comme un marquis du XVIII et entouré de miroirs qui dupliquent son image ou la dédoublent, l'une faisant du violon, l'autre du violoncelle etc.

The Big store marque également la dernière collaboration des Marx avec Margaret Dumont ce qui donne lieu comme toujours à de superbes scènes de marivaudage avec Groucho. Le maintien aristocratique de Margaret Dumont, son excellent sens du rythme et de la mise en place, son infinie patience et sa bonne humeur sans limites (les frères lui en faisaient voir de toutes les couleurs mais elle était sous leur charme) ont fait d'elle plus qu'une bonne partenaire. Elle a incarné à elle seule toute la pompe et la prétention de l'aristocratie ce qui en a fait une cible portative de choix pour les Marx tout au long de leur carrière.

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La pêche au trésor (Love Happy)

Publié le par Rosalie210

David Miller (1950)

La pêche au trésor (Love Happy)

La pêche au trésor est le dernier film tourné par les Marx Brothers en tant que trio. Mais le coeur n'y est plus aussi le film souffre-t-il de gros défauts. L'histoire est téléphonée, le rythme est poussif, les numéros de music-hall ennuyeux. Et surtout la dynamique du trio est brisée ne permettant pas à la mayonnaise comique marxienne de prendre. En effet on ne voit jamais les 3 frères ensemble. Et pour cause. A l'origine le film avait été conçu seulement pour Harpo. Mais les producteurs refusèrent de le financer si ses frères ne jouaient pas avec lui. Chico qui était pris à la gorge par ses dettes de jeu ne fut pas difficile à convaincre. Mais Groucho tourna le film tellement à contrecœur qu'il ne le cita même pas dans son autobiographie. De fait on ne le voit que très peu, dans un rôle de narrateur "homme-tronc" quasi statique hormis l'impayable scène finale. Son abandon se mesure au fait que pour la première fois il porte une vraie moustache. Bref il n'a plus envie de jouer. Et par conséquent le rôle de Chico qui dans le trio a toujours fait la pendule d'un frère à l'autre est réduit de moitié. Ce déséquilibre pèse terriblement sur le film.

Si celui-ci échappe quand même au naufrage absolu, c'est pour deux raisons:
- La première apparition (éclair) de Marilyn Monroe qui a fait plus pour la postérité du film que la prestation des Marx.
- Le numéro quasiment en solo de Harpo (Chico continue tout de même à "lire dans son esprit" et à traduire ses rébus mimés) qui contrairement à Groucho a conservé son enthousiasme et son énergie intacte. En dépit du fait qu'il a vieilli et qu'il s'est adouci, sa nature profonde reste inchangée. Son abattage impressionne tout autant que sa poésie subjugue. Comme il est l'auteur du scénario il a pu également donner plus d'amplitude à son personnage de clown muet. Les admirateurs de Harpo ont d'ailleurs renommé le film (dont le titre en VO est Love Happy) " Love Harpo".

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Panique à l'hôtel (Room Service)

Publié le par Rosalie210

William A. Seiter (1938)

Panique à l'hôtel (Room Service)

Après la mort d'Irving Thalberg, le "pygmalion" des Marx à la MGM, ceux-ci se retrouvèrent dans l'incertitude. Louis B Mayer le patron de la MGM les haïssait ce qui était de mauvais augure pour la prolongation de leur contrat. En attendant d'y voir plus clair et avec la bénédiction de la société, les Marx partirent donc faire un tour chez un concurrent, la RKO qui leur proposa l'adaptation d'une pièce de Broadway dont elle avait acheté les droits: Room Service (alias Panique à l'hôtel en VF.)

Le moins que l'on puisse dire c'est que le 8eme film des Marx Brothers n'est pas une expérience concluante. Il est même de l'avis général l'un de leurs plus mauvais films (il fut d'ailleurs un échec à sa sortie). En effet pour la première fois les personnages principaux n'avaient pas été créés pour les trois frères. Ils n'étaient donc pas adaptés à leurs personnalités et cela se ressent. Quant au réalisateur William Seiter qui appartenait pourtant à l'équipe de Max Sennett et avait fait tourner Astaire et Rogers, il ne fut guère inspiré. Le film (qui ne dure pourtant qu'1h18) met un temps interminable à démarrer, son rythme reste ensuite poussif et 95% de l'action se déroule dans la même pièce ce qui est lassant à la longue. Ce n'est certes pas la première fois qu'un film des Marx se contente d'être du théâtre filmé. Mais Cocoanuts et Animal Crackers à défaut d'être de vrais films étaient un feu d'artifice comique verbal et visuel grâce à la liberté totale laissée aux délires des 3 frères (alors au sommet de leur génie.) De plus il y avait les interludes musicaux poétiques de Chico et de Harpo, deux merveilleux musiciens. Dans Panique à l'hôtel il n'y a aucun intermède musical (il paraît que les chansons de la pièce ont été enregistrées par les Marx mais non insérées dans le montage final), peu de mots d'esprit, pas d'image surréaliste. Pas de poésie, pas de grain de folie. C'est triste.

Quelques scènes surnagent cependant dans la médiocrité ambiante. Celle du repas express où Harpo démontre qu'il a un sacré coup de fourchette et celle du faux malade qui laisse entrevoir ce que peut être le délire marxien. Mais ce n'est vraiment pas le film à conseiller à celui ou celle qui veut découvrir ce trio génial et immortel.

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Un jour aux courses (A Day at the Races)

Publié le par Rosalie210

Sam Wood (1937)

Un jour aux courses (A Day at the Races)

Un jour aux courses est le deuxième film de la période MGM des trois frères Marx après Une nuit à l'opéra. Comme ce dernier, il porte la marque du "système Thalberg." Si le but de la MGM était de faire de l'argent et non des classiques, Irving Thalberg réussit à faire les deux au prix de compromis que l'on peut trouver regrettables (rendre les Marx plus immédiatement lisibles et aimables en les diluant et les intégrant à une histoire politiquement correcte ponctuée de passages musicaux et sentimentaux). Mais comme Thalberg décéda trois semaines après le début du tournage, le film pâtit de son absence sur le plateau. C'est pourquoi Un jour aux courses est légèrement inférieur à Une nuit à l'opéra. Néanmoins les spécialistes s'accordent pour considérer qu'il s'agit du dernier film de l'âge d'or des Marx.

La perte de qualité entre les deux films se mesure au fait qu'Un jour aux courses met plus de temps à démarrer qu'Une nuit à l'opéra. De plus si l'opéra constitue un milieu snob et guindé où la folie anarchiste des Marx peut particulièrement s'exprimer, c'est moins le cas avec le milieu de l'hôpital et surtout de l'hippodrome (dans la réalité, Chico et Harpo alias Léonard et Adolph/Arthur étaient de gros joueurs, le premier étant même atteint d'une addiction si grave qu'il finit sa vie ruiné et sous tutelle de ses frères). Enfin les trouvailles visuelles et verbales des frères commencent à se raréfier. L'appauvrissement du langage parlé basé sur des jeux de mots (homonymies, homophonies, polysémies, nonsense etc.) est cependant partiellement compensé par les rébus mimés de Harpo traduits par Chico et ses calembours visuels (il craque une allumette pour signifier qu'il a été renvoyé, "fired" en anglais ce qui est proche de "fire", feu).

Mais Un jour aux courses conserve heureusement intacte l'énergie des Marx et leur offre autant de scènes d'anthologie qu'Une nuit à l'opéra. Citons particulièrement ce moment de folie pure qu'est l'examen clinique de Mrs Upjohn. La grande Margaret Dumont endure toutes sortes de sévices avec un stoïcisme admirable! Autre moment savoureux, le bal où Groucho mène deux intrigues amoureuses à la fois tout en montrant son talent de danseur. La scène du tête à tête galant de Groucho torpillé par Chico et Harpo qui lui sauvent la mise au passage, empêchant Mrs Upjohn de le surprendre en flagrant délit d'infidélité est un autre très grand moment.

En 1975 et 1976, le groupe rock Queen a sorti deux albums intitulés "A night at the opera" et "A day at the races" en hommage aux deux films des Marx. Groucho qui était le seul des trois frères encore en vie les a félicités par télégramme puis reçus chez lui lors de leur passage à Los Angeles et ils ont même chanté tour à tour quelques chansons a capella!

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Une nuit à l'Opéra (A Night at the Opera)

Publié le par Rosalie210

Sam Wood (1935)

Une nuit à l'Opéra (A Night at the Opera)

Si Soupe au canard est le chef-d'oeuvre de la période Paramount des Marx, Une nuit à l'opéra est le chef-d'oeuvre de leur période MGM. Soupe au canard n'ayant pas été un succès, la Paramount traînait des pieds pour renouveler leur contrat. Ce fut Chico qui dénoua la situation. Accro aux salles de jeux, il y fit la rencontre d'Irving Thalberg, le producteur de la MGM qui décida de les engager et leur fit tourner un film sur mesure qui fut un de leurs plus grands succès au cinéma. L'estime mutuelle que Thalberg et les Marx se portaient fit aussi beaucoup pour la réussite du film.

Les films Paramount proposaient du comique marxien à l'état pur. C'est pourquoi Soupe au canard, le plus radical d'entre eux, excluant tout élément sentimental ou romanesque est un tel ravissement pour les puristes (dont je fais partie). Mais il s'agit d'une minorité du public. La majorité se retrouve plutôt dans le savant dosage d'Une nuit à l'opéra.

En effet Une nuit à l'opéra est un film structuré, doté d'une véritable intrigue, d'une solide distribution et de gros moyens. Dans les films Paramount, la folie des Marx se déployait gratuitement et les seuls messages lisibles dans le chaos créé par leurs interventions étaient anarchistes et nihilistes. Dans Une nuit à l'Opéra leurs actes sont justifiés. Par exemple dans Soupe au canard, Harpo coupait avec des ciseaux tous les insignes de pouvoir, de rang, de grade ou de vanité sociale (plumets, queue de pie etc.) Dans Une nuit à l'opéra il coupe les barbes de trois officiers et vole leurs uniformes pour se déguiser ainsi que Chico et Allan Jones (le jeune premier qui a remplacé Zeppo) afin d'échapper à la police. De même Harpo est ignoblement maltraité par son maître, le méchant de l'histoire Lasspari ce qui le pose en victime et justifie ensuite qu'il l'assomme. Dans un film Paramount il aurait assommé un représentant de l'autorité ou un bourgeois sans raison apparente (sinon celle de la lutte des classes). Enfin au lieu de travailler pour leur pomme, les Marx se mettent au service d'une noble cause qui est de défendre un jeune couple victime d'une injustice. La morale est sauve.
"Thalberg cherche à normaliser les Marx, à les rendre déglutissables, fonctionnels (...) à les civiliser, contrôler, domestiquer." (Robert Benayoun). A transformer des graines de voyous en américains modèles.

Malgré ces arrières-pensées idéologiques, Une nuit à l'opéra reste un régal d'humour burlesque avec des scènes cultes comme celle très célèbre de la cabine ou moins connue mais tout aussi géniale, celle (vaudevillesque) des lits qui passent d'une pièce à l'autre au nez et à la barbe du policier. La scène du contrat est un summum de dialogue absurde Groucho-Chico (sanity clause/santa claus), le duo comique Groucho/Margaret Dumont (Thalberg avait compris qu'elle était le véritable 4° Marx Brothers) fait plus que jamais des étincelles et la scène du sabotage de la représentation du Trouvère de Verdi est le bouquet final.

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L'explorateur en folie (Animal Crackers)

Publié le par Rosalie210

Victor Heerman (1930)

L'explorateur en folie (Animal Crackers)

Deuxième film des Marx Brothers, L'explorateur en folie est comme Noix de Coco issu d'un de leurs spectacles de Broadway et n'a pas davantage d'intérêt cinématographique. La caméra est toujours aussi statique, la mise en scène est indigeste (des acteurs en rang d'oignon!), il y a de nombreux faux raccords et ruptures de rythme, des personnages inutiles voire plombants comme le petit couple niais habituel et Zeppo.

Oui mais il s'agit d'un film des Marx. Et un film beaucoup plus venimeux que Noix de Coco. Avec L'explorateur en folie (Animal Crackers en VO), on assiste au démontage en règle des institutions, codes et modes de vie de la haute société. La seule évocation du mariage qualifié de "noble institution" fait ricaner Groucho qui s'improvise bigame pour l'occasion, Chico démasque sous le mécène d'art mondain un ex-poissonnier tchécoslovaque, Harpo se fait passer pour un "professeur" qui abrite sous ses frusques la panoplie du parfait petit casseur, Margaret Dumont endure la muflerie de Groucho et le catch burlesque de Harpo avec beaucoup de stoïcisme sans parler des clichés exotiques de l'explorateur africain tournés en dérision par Groucho "Nous étions au coeur de la jungle quand j'ai abattu un ours polaire avec ses bas et ses chaussures, l'ours faisait deux mètres."

L'explorateur en folie est le premier succès des Marx au cinéma, un succès qui les a fait connaître à l'international et notamment auprès des surréalistes. André Breton y a vu un chef d'oeuvre d'humour noir et Antonin Artaud le premier exemple de comique matérialiste. Les exemples abondent dans le film d'une statue qui s'anime pour tirer sur Harpo aux portes du salon qui ouvrent sur la pluie d'un côté et le beau temps de l'autre en passant par la tache de naissance d'un personnage qui se retrouve sur le bras de Harpo.

Enfin le film contient l'une des chansons les plus connues de Groucho "Hello, I must be going" qui est devenue le générique de Whatever Works de Woody Allen.

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Noix de coco (The Cocoanuts)

Publié le par Rosalie210

Robert Florey et Joseph Santley (1929)

Noix de coco (The Cocoanuts)

"Tout ce que firent les cinéastes [Florey et Santley] fut de pointer la caméra pendant que nous jouions notre vieille version de Noix de Coco." (Harpo in Harpo Speaks.) Effectivement le premier film tourné par les frères Marx adapté de leur succès de Broadway ne brille pas par ses qualités cinématographiques: caméra statique (à cause des contraintes liées au début du parlant), numéros musicaux trop nombreux et inutiles qui interrompent l'intrigue, rythme par conséquent inégal (excellente scène de vaudeville à la chorégraphie millimétrée mais nombreux passages à vide surtout au début) et pour couronner le tout variation considérable de la qualité de l'image d'un plan à l'autre (c'est le film le moins bien conservé des Marx).

Malgré toutes ces réserves Noix de Coco est une excellente introduction à leur univers, récurrent de film en film.
- Groucho dans un rôle de dirigeant qu'il torpille de l'intérieur. Ici il est directeur d'un hôtel en Floride qui refuse de payer son personnel et escroque son monde en vendant aux enchères des terrains marécageux.
-Margaret Dumont dans un rôle de riche veuve à épouser/plumer. Le numéro (désopilant) qu'elle forme avec Groucho (à son corps défendant, elle ne comprenait rien à l'humour des Marx) est déjà bien rodé. Celui-ci alterne flatteries, propositions coquines et goujateries. Elle fait semblant de ne rien entendre, sourit d'un air indulgent ou prend un air outragé en restant très digne.
-Chico le roublard à l'accent rital et Harpo le mime muet dans le rôle des sales gosses mal élevés, fauteurs de troubles et détrousseurs de bourgeois. Mais aussi poètes et musiciens à leurs heures perdues. On découvre les numéros de piano de Chico et son index révolver ainsi que les solos de harpe de Harpo (qui ayant appris tout seul à en jouer, l'appuyait sur la mauvaise épaule).
-L'insignifiant 4°frère Marx, Zeppo dans un rôle transparent (il aura la bonne idée de se reconvertir après Soupe au canard et ne fera donc pas les films MGM de ses trois frères aînés.)
-L'humour visuel et verbal des Marx basé sur l'absurde et le surréalisme avec déjà des scènes et phrases cultes. Citons le quiproquo autour du mot viaduc qui inspire à Chico cette question "Why a duck, why not a chicken?" (En VF " Pourquoi un duc et non un comte?") "Vous voulez partager une chambre? Coupez-la en deux!" " Je pourrais te tuer pour de l'argent mais comme tu es mon ami, je te tuerai gratuitement." "All along the river those are all levees [prononcé levy]" " That's the jewish neighborhood" etc. Harpo mange tout ce qui se trouve à sa portée y compris les boutons et les téléphones, les barreaux de prison se cassent tout seuls quand il veut sortir etc.
-Enfin un couple d'amoureux niais à aider, un motif qui disparaîtra dans leurs meilleurs films Paramount mais reviendra en force dans leurs films MGM.

Une scène de Noix de Coco est visible dans le film Brazil de Terry Gilliam car les Marx sont une référence avérée des Monty Python dont Gilliam est issu.

PS: Pour ce film comme pour le suivant L'explorateur en folie (Animal Crackers) j'hésite entre mettre 3 étoiles (pour la qualité cinématographie du film) et 5 étoiles (pour le génie comique et poétique des Marx qui est alors à son sommet et a fait de ces deux films des films cultes).

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