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Articles avec #malick (terrence) tag

Une vie cachée (A Hidden Life)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (2019)

Une vie cachée (A Hidden Life)

Alors que je n'ai pas toujours été convaincue par le positionnement surplombant et le ton grandiloquent des films de Terrence MALICK (je pense particulièrement à "Les Moissons du ciel" (1978) et à "The Tree of Life") (2010) ainsi que par ses choix d'acteurs (je ne suis pas du tout sensible à Richard GERE et à Brad PITT), "Une vie cachée" m'a bouleversée. C'est bien simple, avec ce film, Terrence MALICK atteint l'équilibre parfait entre le ciel et la terre. La signature si reconnaissable du réalisateur atteint des sommets avec une photographie époustouflante de beauté et un paysage édénique, celui du village de St Radegund situé près de Salzbourg dans les Alpes autrichiennes (et non loin de Linz, le lieu de naissance de Hitler). L'ode à la nature passe aussi par l'utilisation du grand-angle et les voix intérieures. Mais les questionnements existentiels s'y ancrent dans les faits historiques et dans les comportements humains, les plus nobles comme les plus vils. Ils s'incarnent au travers du "chemin de croix" emprunté par Franz et son épouse qui à rebours de leur communauté, refusent de signer le pacte avec le diable (c'est à dire de se soumettre à Hitler) et en payent le prix. Lui par fidélité à sa foi, elle par amour pour lui. J'ai pensé très fort à la phrase de Viktor Frankl (lui aussi autrichien) "Tout peut être enlevé à l’homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines – le choix de son attitude face à un ensemble de circonstances – pour décider de son propre chemin." C'est en ce sens qu'il faut comprendre les propos de Franz lorsqu'il dit et répète qu'il est un homme libre, alors même que Terrence MALICK montre toutes les formes de pressions, d'humiliations et de violences qu'il subit, d'abord dans son village, puis en prison*. Ses interlocuteurs se heurtent tous à sa foi inébranlable qui lui interdit toute compromission avec "l'Antéchrist". Son parcours singulier, fruit d'un choix singulier fait par contraste tomber tous les faux-semblants, particulièrement ceux qui sont liés à la religion. En effet, Terrence MALICK montre d'un côté des autorités religieuses s'accommodant (à l'image de toutes les autres formes d'autorité) du totalitarisme et un troupeau prêt à suivre aveuglément n'importe quel berger, par conformisme, par endoctrinement (la patrie ayant remplacé Dieu) mais aussi par peur. Il montre également la haine des villageois envers le mouton noir, celui qui ne suit que sa conviction intime, haine qui touche particulièrement la femme de Franz après l'arrestation de son mari et s'étend jusqu'à leurs enfants, ostracisés par ceux des autres familles. De l'autre, il montre en quoi l'indépendance d'esprit et une vie intérieure riche élève celui qui les possède au dessus des bas instincts, rendant son esprit incorruptible. Voir les chefs nazis qui se croient tout-puissants et leurs complices représentant les institutions incapables de faire plier un simple petit fermier a quelque chose de profondément satisfaisant. J'ai pensé à Sophie Scholl qui manifestait la même résistance inébranlable.
Le coup de grâce est asséné à la fin du film par l'extraordinaire confrontation entre August DIEHL et Bruno GANZ qui a joué tour à tour l'ange et le diable (et a eu le temps de passer chez Terrence MALICK avant de trépasser) et par une allusion flagrante à l'un des plus célèbres films anti-nazis, "Le Testament du Docteur Mabuse" (1932) de Fritz LANG.

* Comme dans la novlangue de George Orwell, le sens du mot liberté s'est restreint dans le III° Reich à la simple liberté physique d'aller et de venir, occultant le sens figuré du mot.

Au vu du nombre de gens qu'elle a pu toucher, j'ajoute exceptionnellement la présentation du film que j'ai faite sur Facebook:

Je viens de voir un film magnifique sur Arte (disponible pendant encore 3 jours): "Une vie cachée" de Terrence Malick. A part "Le nouveau monde" et "La ligne rouge" (deux films qui ont en commun avec "Une vie cachée" d'être basé sur des faits historiques), je n'avais pas été jusqu'ici très sensible à son cinéma. Comme ses autres films, "Une vie cachée" est d'une très grande beauté esthétique et rempli de questions existentielles. Mais comme il s'ancre dans les faits historiques, il témoigne également de ce qu'il y a de plus noble mais aussi de plus vil en chaque homme. Témoigne est le mot qui convient puisque le film raconte l'histoire d'un martyr du christianisme sous le III° Reich. Pas exactement un objecteur de conscience car ce n'est pas le combat que Franz refuse, c'est de devoir faire allégeance à Hitler. Malick montre l'échec de toutes les tentatives pour faire plier Franz qui ne dévie pas d'un pouce de sa trajectoire, laquelle rappelle celle de Sophie Scholl. Il montre la vilénie humaine sous les traits des autorités toujours prêtes à courber l'échine (par calcul mais aussi par peur), mais aussi sous celle des meutes humaines, ces hommes et ces femmes qui tournent le dos à leur conscience individuelle pour se fondre dans la masse et hurler avec les loups. L'hommage à Fritz Lang est aussi transparent que le rideau de "Le Testament du docteur Mabuse" qui apparaît à la fin du film est opaque. Bref tout dans "Une vie cachée" m'a fait penser à une phrase que j'aime particulièrement, "Tout peut être enlevé à l’homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines – le choix de son attitude face à un ensemble de circonstances – pour décider de son propre chemin." (Viktor Frankl)

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La Ligne rouge (The Thin Red Line)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (1997)

La Ligne rouge (The Thin Red Line)

A la fin de "La Ligne rouge", on entend "God, Yu Tekkem Laef Blong Mi", chanté par une chorale d'enfants mélanésiens, une composition de Hans ZIMMER qui pour l'anecdote a été reprise plus récemment dans la campagne publicitaire des assurances GMF. Une chorale qui répond à un film choral, une communion qui s'adresse à dieu à la manière d'un gospel car pour reprendre la chanson sur l'enfance de Peter HANDKE " Lorsque l'enfant était enfant (...) pour lui, tout avait une âme, et toutes les âmes n'en faisaient qu'une". Aussi, bien que les huit soldats mis en avant dans "La Ligne rouge" aient chacun une individualité qui n'hésitent pas à s'affronter, lorsque le film s'élève vers les cieux, on les écoute penser comme les anges écoutaient les monologues des humains dans "Les Ailes du désir" (1987) et ce que l'on entend nous fait comprendre que ces hommes par delà leurs différences partagent la même nature. Terrence MALICK réussit avec "La Ligne rouge" un authentique exploit. Il nous déroule un récit de guerre limpide et contextualisé (la bataille de Guadalcanal en 1942, l'un des tournants de la guerre du Pacifique) avec une grande précision dans la mise en scène de la prise de la colline 210 et en même temps, il inscrit celle-ci au sein d'une entité plus vaste qui se moque des enjeux géopolitiques et idéologiques qui agitent les armées des pays en guerre ce qui en décentre le propos. "La propriété! Tout ce foutoir, c'est pour la propriété" s'exclame le sergent Welsh (Sean PENN) qui prétend ne croire en rien mais n'hésite pas à risquer sa vie pour soulager un soldat mourant. Il est particulièrement lié au soldat Witt (Jim CAVIEZEL), un mystique qui voit en chaque être l'étincelle divine qui est en lui et n'hésite pas à déserter pour partager la vie simple des indigènes qui vivent en communion avec la nature. Eux aussi se moquent bien de ce qui agite japonais et américains, renvoyés dos à dos lorsqu'ils ne sont plus que de la chair meurtrie ou pourrie que viennent s'arracher les chiens errants ou les vautours. Car la vie reprend toujours ses droits comme le montre la dernière image du film. Mais même lorsqu'il doit se confronter à la laideur de la guerre, Terrence MALICK parvient à en extraire de la beauté, que ce soit le soldat Bell (Ben CHAPLIN) qui se remémore les jours heureux passés avec sa femme ou le lien de confiance qui se créé entre le capitaine Staros (Elias KOTEAS) et ses hommes qu'il veut préserver des décisions va-t-en-guerre du lieutenant-colonel Tall (Nick NOLTE) qui cherche ainsi à dissimuler combien il se sent rongé de l'intérieur. Les quelques images un peu trop "léchées" qui sont prédominantes dans d'autres films du réalisateur n'altèrent ici en rien sa puissance évocatrice.

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The Tree of life: L'Arbre de vie (The Tree of life)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (2011)

The Tree of life: L'Arbre de vie (The Tree of life)

Quel film étrange que ce "The Tree of life" qu'on croirait conçu pour la division tant s'y côtoient la beauté et la laideur, le génie et le grotesque, l'inspiration divine et la boursouflure prétentieuse. Peut-être faut-il l'un pour avoir l'autre après tout, la vie n'est faite que de contradictions. Toujours est-il que le film est traversé de véritables moments de plénitude où les images, la lumière et la musique s'accordent tellement bien qu'on croirait assister à une symphonie de couleurs, de sons et de lumières. Cette expérience sensorielle formidablement intense rejoint l'aspect le plus intéressant du film: la chronique de l'enfance de Jack à Waco dans les années 50 entre son père tyrannique (Brad PITT), sa mère soumise (Jessica CHASTAIN) et ses deux frères. La contradiction se joue entre les explosions de vie de l'enfance partagées par la mère et la répression de ces pulsions par le père psychorigide qui veut "civiliser" ses enfants en leur inculquant le bourrage de crâne de la réussite capitaliste, quitte à les briser par la terreur. Deux formes de religiosité antinomiques, celle qui célèbre la nature et celle qui la réprime dans la lignée du film de Michael HANEKE, "Le Ruban blanc (2009)". Là où cela se gâte, c'est que Terrence MALICK a voulu relier l'échelle humaine à d'autres dimensions spatio-temporelles. Le film n'arrête donc pas de faire des digressions, se situant tantôt à l'échelle macrocosmique, tantôt à l'échelle microcosmique, tantôt à l'ère du big-bang et des dinosaures, tantôt dans les années 2000 avec un Jack adulte (Sean PENN) vivant au milieu de buildings de verre et d'acier très éloignés de la banlieue de son enfance avant qu'il ne se réconcilie avec les siens convoqués sur une plage dans une sorte d'œcuménisme désarmant de naïveté. Terrence MALICK donne parfois l'impression de se prendre pour dieu ce qui est d'une prétention incommensurable. Son propos apparaît d'autant plus déshumanisé que ses images antédiluviennes sont recrées par ordinateur (la plaie de notre époque). On a beaucoup comparé le film à "2001, l'odyssée de l espace" (1968). Mais le film de Stanley KUBRICK est géométrique, dépouillé et rigoureux (on va du point A la préhistoire au point C Jupiter en passant par le point B, la Lune avec des sas de progression représentés par le monolithe) là où celui de Terrence MALICK ressemble à la mutation informe et monstrueuse de "Akira" (1988).

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Les Moissons du ciel (Days of Heaven)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (1978)

Les Moissons du ciel (Days of Heaven)

Deuxième film de Terrence MALICK après "La Balade sauvage" (1972), "Les Moissons du ciel" a souvent été comparé avec raison au film de John FORD "Les Raisins de la colère" (1940) (même si le contexte historique est différent, le film parle de la brutalité des rapports de classe sociale sur fond de ruralité en crise) mais aussi au méconnu et pourtant magnifique "CITY GIRL" (1929) de Friedrich Wilhelm MURNAU dont il adopte le caractère naturaliste. Mais c'est avec le "Barry Lyndon" (1975) de Stanley KUBRICK que "Les Moissons du ciel" a le plus d'affinités, aussi bien sur le plan esthétique que narratif:

- Une composition picturale des images avec des références aux peintres américains Edward Hopper (la maison du maître) ou Andrew Wyeth (le corps humain perdu dans l'immensité des espaces champêtres).

- Un usage exclusif de la lumière naturelle avec une prédilection comme Stanley KUBRICK pour les heures magiques entre chien et loup de l'aube et du crépuscule. Ce qui signifie les mêmes prouesses techniques et la même maniaquerie perfectionniste. Comme Stanley KUBRICK, Terrence MALICK est un cinéaste de la rareté. Pour "Les Moissons du ciel" il a bénéficié de l'aide de deux chefs opérateur surdoués Néstor ALMENDROS et son assistant Haskell WEXLER, le premier travaillant à l'époque notamment pour François TRUFFAUT et Éric ROHMER (une illustration parmi d'autres de la connexion étroite existant entre le cinéma indépendant américain et la Nouvelle Vague française).

- Une narration distanciée à l'aide de l'utilisation d'une voix-off, celle de Linda (Linda MANZ) la petite sœur du protagoniste principal, Bill (Richard GERE) qui est le témoin privilégié des événements racontés dans le film (c'est d'ailleurs l'unique raison d'être de ce personnage).

Néanmoins le film de Terrence MALICK est inférieur à celui de Stanley KUBRICK. En effet si la dimension macrocosmique du film est une splendide réussite avec des plans d'une beauté à tomber par terre, une captation frémissante et sensuelle de la nature et la puissance allégorique de la séquence biblique de l'invasion des sauterelles et du grand incendie, il n'en va pas de même en ce qui concerne la dimension microcosmique. Terrence MALICK a voulu effacer au maximum les personnages et leurs relations pour montrer l'aspect dérisoire de la vie humaine et souligner son imperfection et sa petitesse dans l'univers. Le problème est que ce parti-pris rend la comédie humaine du film (que ce soit en terme de relations sociales ou de rapports amoureux) inconsistante là où celle de Stanley KUBRICK conservait toute sa puissance. L'homme n'est qu'une poussière dans l'univers mais il en fait aussi partie. A ce titre, il l'exprime tout entier. Le priver de cette puissance expressionniste le vide de sa substance. Cela peut expliquer l'ennui que certains peuvent ressentir en regardant un film qui peut laisser froid de par son positionnement inhumain.

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Le Nouveau Monde (The New World)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (2005)

Le Nouveau Monde (The New World)

Terrence MALICK filme la Virginie à l'aube de sa colonisation par l'Angleterre comme un paradis perdu rousseauiste. Un territoire vierge et innocent à l'image de ses habitants indigènes qui vivent dans une communion mystique avec la nature. Du matin au soir ils répètent comme des rituels des gestes embrassant l'énergie cosmique qui font penser à ceux du Qi-Gong chinois. La voix intérieure de John Smith les décrit comme dénués de jalousie, n'ayant aucun sens de la possession, doux, affectueux, fidèles, exempts de toute fourberie, ne connaissant ni le mensonge, ni la cupidité, ni la tromperie, ni l'envie, ni la calomnie. Leur princesse Pocahontas ressemble à une déesse d'une beauté surnaturelle.

Par contraste, les premiers colons anglais apportent avec eux la crasse, la misère, l'individualisme et la division. Terrence MALICK ne les caricature pas, c'est important de le souligner. Là où ils sont, il n'y a que la forêt et les marécages à se partager. Le seul or disponible est celui des rayons du soleil. Des richesses que Terrence MALICK magnifie avec sa caméra ondoyante qui s'appuie somptueusement sur les premières mesures de "l'Or du Rhin" de Wagner. Mais à côté de ces princes de la nature que sont les indiens, les anglais font figure d'handicapés, inaptes à voir les beautés de ce monde et encore moins à vivre avec. Au lieu de s'intégrer dans l'environnement, ils construisent un fort en abattant les arbres pour s'y retrancher, laissant les indigènes et la nature à l'extérieur. Une traduction saisissante de cet apartheid de la "sauvagerie" qui pousse les anglais à domestiquer tout ce qui entre en contact avec eux. Par conséquent leur univers, clos derrière des murs est froid et stérile. Le père de Pocahontas, clairvoyant, perçoit l'incompatibilité de leur vision du monde avec celle de la tribu et veut les chasser avant qu'ils ne contaminent tout. Ce sont les gestes de fraternité de Pocahontas (la nourriture, les semences, l'apprentissage de la langue) à leur égard lié à son amour pour John Smith qui en décideront autrement.

Même s'il s'agit d'une version romancée des premiers contacts entre colons et indiens, ces événements permettent de restaurer le sens profond de la fête de Thanksgiving dont les valeurs sont à l'opposé de celles qui sont prônées par la civilisation occidentale. Ce n'est pas la seule trace du passage de Pocahontas (Q ORIANKA KILCHER) puisqu'après avoir été reniée par sa tribu et abandonnée par John Smith (Colin FARRELL) qui est dépeint comme pro-indien mais n'en reste pas moins une âme de colon égoïste qui ne veut ni donner ni s'engager, elle épouse un aristocrate John Rolfe (Christian BALE) avec lequel elle a un petit garçon. Même dans les jardins taillés au cordeau, même contenue dans des vêtements corsetés, même frappée par les maux du désespoir et de la maladie, elle parvient encore à irradier de son harmonie intérieure.

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La Balade sauvage (Badlands)

Publié le par Rosalie210

Terrence Malick (1973)

La Balade sauvage (Badlands)

Ce n'est pas par son sujet que le premier film de Terrence MALICK innove. La cavale des amants meurtriers, tirée d'un fait réel évoque en effet entre autre "Bonnie and Clyde" (1967) de Arthur PENN qui avait été le mentor de Terrence MALICK alors étudiant à l'American Film Institute. En revanche, son traitement à la fois violent et distant, sanglant et contemplatif est nouveau. Il faut dire que les amants de la "Balade sauvage" se complètent dans l'étrangeté. Kit (Martin SHEEN) est une tête brûlée qui se prend pour James DEAN. Du costume aux postures, tout rappelle l'acteur de "REBEL WITHOUT A CAUSE" (1955) disparu à l'âge de 24 ans. Cependant, Kit évolue très vite vers la psychopathologie meurtrière tout en cherchant à faire la publicité de ses actes. Son besoin de reconnaissance est tel qu'il finit par se laisser arrêter par la police. Holly (Sissy SPACEK) est une jeune fille de 15 ans à l'allure romantique mais au comportement étrangement détaché. N'étant jamais sortie de son bled du Dakota du sud et vivant sous la férule d'un père tyrannique, on comprend ce qui l'attire dans le personnage de Kit: l'aventure, la liberté, le risque. Mais le mélange de radicalité (assassinat du père, incendie de la maison familiale, jet aux ordures de ses effets personnels) et d'indifférence avec laquelle elle fait le deuil de son enfance laisse perplexe. De même, face aux agissements violents et de plus en plus erratiques de Kit, elle ne manifeste pas d'émotion particulière, se contentant de se retrancher en elle-même. Si l'on ajoute que c'est elle qui raconte l'histoire en voix off, on comprend pourquoi elle nous apparaît lointaine, comme s'il s'agissait d'un rêve. Le tout est accentué par l'ode à la nature qui transparaît dans certains passages du film, celle-ci servant de refuge pour les deux jeunes gens dont la relation est interdite par le père puis qui se retrouvent traqués par la société. On remarque particulièrement la très belle photographie des paysages qui est une caractéristique du cinéma de Terrence MALICK. Cette errance de marginaux se servant dans les maisons bourgeoises et tuant à l'occasion fait d'ailleurs quelque peu penser aux films de Bertrand BLIER.

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