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Articles avec #lelouch (claude) tag

L'Aventure, c'est l'aventure

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1972)

L'Aventure, c'est l'aventure

Tout d'abord, une remarque: j'ignorais que Claude LELOUCH avait réalisé une multitude de scopitones dans les années 60. Cela explique la présence de Johnny HALLYDAY dans "L'aventure, c'est l'aventure" (assez méconnaissable pour moi qui ne l'ai connu que vieux) comme celle de Gilbert BECAUD dans "Toute une vie" (1974) avec des passages chantés un peu ringards. Par ailleurs, "L'aventure, c'est l'aventure" est un étrange film qui aurait pu s'appeler pour citer le personnage de Charles DENNER "la clarté dans la confusion". Le scénario est complètement foutraque, ça part dans tous les sens, la deuxième partie du film est laborieuse malgré le rebondissement final. Film de gangsters décalé, parodique, "l'aventure, c'est l'aventure" est un buddy movie humoristique façon "Tintin chez les Picaros", "frères Dalton" ou "pieds nickelés" avec un fort accent burlesque voire cartoon. D'ailleurs le film, devenu culte a été lui-même adapté en BD. Une scène qui l'illustre parfaitement est celle où les flics interrogent le personnage de Lino VENTURA à l'entrée d'un aéroport. On pense à l'expression de Henri Bergson à propos du rire quand on le voit répéter les mêmes gestes (reprendre sa serviette, claquer la porte de la voiture) avec une précision toute mécanique. Et ce jusqu'à ce que la une d'un journal vienne lui clouer le bec. Mais évidemment la scène la plus célèbre du film est celle de la plage, quand les cinq hommes se pavanent devant de jolies filles avec des attitudes ridicules calquées sur la démarche de dragueur de Aldo MACCIONE (à qui j'ai trouvé des airs de Robert De NIRO). Bref c'est un film d'acteurs un peu trop léger et désinvolte en dépit de moments vraiment amusants et réussis.

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Toute une vie

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1974)

Toute une vie

"Toute une vie" est une grande fresque s'étendant sur trois générations, même si c'est la dernière des trois, celle des années 60-70 qui se taille la part du lion. Il paraît qu'il existait une autre fin d'anticipation allant jusqu'en l'an 2000 mais la version que propose Arte s'arrête en 1974. Claude LELOUCH voit grand, mêlant petite et grande histoire à celle du cinéma pour raconter finalement une simple rencontre amoureuse un peu à la manière de "Les Demoiselles de Rochefort" (1966) ou de "Deux moi" (2019) (les futurs amoureux se croisent sans se voir ou se ratent) mais en beaucoup plus grandiose. Le résultat est toutefois inégal. Autant les premières séquences en noir et blanc évoquant la Belle Epoque, la Grande Guerre et la Shoah sont très réussies évoquant à chaque fois une variante de la rencontre amoureuse dont la dernière est la plus émouvante, autant ça se gâte à partir des années 60. Claude LELOUCH veut tellement mettre d'événements que cela devient un défilé sans plus guère de rapport avec l'histoire de ses personnages: mort de Marylin, assassinat de Kennedy, guerre d'Algérie et du Vietnam, guerre froide, premier pas sur la lune, élections de 1965, mai 68 etc. tout cela est évoqué en quelques secondes sans pour autant dater le film. Car à partir des 16 ans de Sarah (Marthe KELLER) en 1962, on a l'impression d'être en permanence sur un plateau de variétés kitsch des années 70 façon Maritie et Gilbert Carpentier en raison de l'omniprésence de Gilbert BECAUD et de ses chansons que Claude LELOUCH ne sait pas doser. Pas plus que les propos sentencieux du père de Sarah (Charles DENNER) ou les mouvements de caméra ostentatoires dans lesquels il pratique l'auto-citation (le tournoiement autour de Andre DUSSOLLIER sur la plage de Deauville ça rappelle forcément "Chabadabada"). Heureusement, les acteurs sont formidables. J'ai regardé essentiellement ce film pour Marthe KELLER qui interprète trois générations de femmes dont la richissime et blasée Sarah mais Andre DUSSOLLIER est très bon également dans le rôle du petit voyou qui parvient au cinéma par des chemins de traverse (la publicité et le porno). Néanmoins, parvenue à la fin du film je suis restée perplexe sur leurs atomes supposés crochus.

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Le Bon et les méchants

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1976)

Le Bon et les méchants

Excellent film de Claude LELOUCH dont j'ai particulièrement apprécié l'ironie. J'ai mis quelques minutes à entrer dedans, histoire de m'habituer à la couleur sépia et de comprendre où il voulait en venir mais une fois la machine lancée, on se régale jusqu'aux dernières secondes. Tout le sel de ce film provient de la manière avec laquelle Claude LELOUCH brouille les frontières entre le bien et le mal, les "gentils" et les "méchants", pas très loin finalement d'un Sergio LEONE dans "Le Bon, la brute et le truand" (1966). Mais si la cible du réalisateur italien était la morale religieuse, celle de son homologue français vise la bourgeoisie collaborationniste et le fonctionnement de l'Etat sous et après Vichy. Car rappelons qu'en 1976, celui-ci n'avait pas reconnu sa responsabilité dans les crimes commis pendant l'Occupation.  Le tout avec un ton mi espiègle, mi grinçant et un mélange de légèreté et de gravité qui fait mouche. Dans un premier temps, c'est la légèreté qui l'emporte. On suit d'un côté deux petits malfrats, Jacques et Simon joués par Jacques DUTRONC et Jacques VILLERET, bientôt rejoints par une prostituée, Lola (Marlene JOBERT) qui se met en couple avec Jacques. Ces trois-là suscitent en dépit de leurs forfaits une certaine sympathie de par la joie de vivre qui les anime et leur côté libertaire, mis en valeur par Lelouch via un montage alterné qui contraste avec l'union guindée de Dominique (Brigitte FOSSEY) issue d'une famille bourgeoise maurassienne avec l'inspecteur Deschamps (Bruno CREMER). Tout ce petit monde se retrouve pourtant compromis avec la Gestapo française lorsque la guerre éclate. Les liens du régime de Vichy comme de l'Allemagne nazie avec la pègre sont en effet évoqués. Avec la spoliation des juifs il y a plein d'opportunités à saisir pour les plus combinards alors que le carriériste Deschamps ressemble de plus en plus à un certain Maurice Papon. Et la conscience morale dans tout ça? Elle viendra des femmes, Lola qui ne veut pas que son homme se rende complice d'un crime de guerre et Dominique qui ne supporte pas la collaboration. C'est par elles que viendra la gravité car elles en paieront le prix fort. Un sacrifice qui permettra à leurs compagnons, eux aussi éprouvés, d'être décorés pour faits de Résistance après la guerre. Mais le seul des deux dont la conscience a réellement basculé n'est pas celui qu'on croit. Et suprême ironie, que ce soit volontaire ou pas, le chef de la Résistance dans le film est joué par Serge REGGIANI. Soit le faux résistant et le vrai traître de "Marie-Octobre" (1958)...

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Un homme et une femme

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1966)

Un homme et une femme

Bien que connaissant par coeur la séquence dans laquelle les personnages joués par Jean-Louis TRINTIGNANT et Anouk AIMEE se retrouvent à Deauville et tombent dans les bras l'un de l'autre sous le regard d'une caméra tournoyante sur le célébrissime air de Francis LAI "Chabadabada", je n'avais jamais vu le reste du film. Les rétrospectives des films de Claude LELOUCH sur Arte et MyCanal et le décès de Anouk AIMEE m'ont conduit à le découvrir. J'ai eu l'impression de feuilleter un roman-photo alternant sans raison apparente séquences en noir et blanc, séquences sépia, séquences nocturnes, séquences en couleur. Roman-photo car en dépit de son mouvement perpétuel le film ressemble à une collection d'images sur fond musical. Images pléthoriques, souvent répétitives, dont le défilement donne le tournis mais qui semblent à peine reliées à un scénario et des dialogues qui eux sont anémiques. Reste que Anouk AIMEE est ultra photogénique dans ce film où elle joue une veuve qui ne parvient pas à faire le deuil de son mari. Son rôle a un peu plus de substance que celui de Jean-Louis TRINTIGNANT qui en est réduit à foncer sur les routes avec son bolide! Je me doute que c'est la maîtrise technique et l'originalité de la forme qui ont dû séduire. L'époque semblait aimer les esthétiques tape à l'oeil et les pilotes de formule 1. Non, non, je ne pensais pas du tout en écrivant cela à "L'Affaire Thomas Crown" (1968) ^^.

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Partir, revenir

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1985)

Partir, revenir

"Une histoire romanesque pour piano, orchestre et caméra", tel se présente "Partir, revenir", le 27eme film de Claude LELOUCH qui entrecroise littérature, musique et cinéma. L'histoire du film qui traite de la persécution des juifs sous l'occupation en France, thème récurrent (et autobiographique) de la filmographie de Claude LELOUCH est traitée selon un double filtre: celui de la mémoire et celui de l'écrit. Le récit est en effet fondé sur les souvenirs de l'unique rescapée d'une famille juive déportée, Salomé Lerner (Monique LANGE, elle-même romancière) qui présente son livre dans l'émission Apostrophes en 1985 avec Bernard PIVOT et Bernard-Henri LEVY dans leurs propres rôles. Pour entrer dans sa tête et montrer ses mots en images, Claude LELOUCH utilise deux procédés. Tout d'abord le plan-séquence en caméra subjective où une voiture dévale à toute vitesse une route déserte sous la pluie avec des tournants brusques et des montées et descentes en montagnes russes. Une belle métaphore de la vie accidentée et tumultueuse de Salomé. Puis un concert d'Erik BERCHOT lui aussi dans son propre rôle interprétant un concerto de Rachmaninov dirigé par Michel LEGRAND (qui a ajouté un mouvement supplémentaire). Salomé Lerner assiste au concert et croit reconnaître en Erik BERCHOT la réincarnation de son frère disparu, Salomon (évidemment interprété par le même acteur) qui était lui aussi pianiste. L'éternel retour "lelouchien" est présent tout au long du film par des valses tourbillonnantes incarnant les jours heureux mais également les germes de l'horreur à venir (comme dans "Les Miserables" (1995) qui reprend aussi le thème de la traque des juifs et de la trahison de leurs protecteurs) mais également par une sorte de roue de la fortune qui tourne mal, à l'image du château de conte de fées dans lequel la famille Lerner s'est réfugié. Si le point de départ de la fuite de la famille Lerner a une motivation parfaitement mesquine (se débarrasser de voisins bruyants), ce sont ensuite les passions tristes qui vont enclencher l'engrenage fatal, lequel se retourne ensuite comme un boomerang sur celui ou celle qui l'a provoqué. L'ombre du film de Henri-Georges CLOUZOT, "Le Corbeau" (1943) plane alors que la fracture dans la vie de Salomé s'incarne dans la transformation impressionnante de celle qui l'interprète jeune, Evelyne BOUIX, revenue des enfers tel le fantôme d'Hamlet pour demander des comptes à son ancienne concierge et à ses anciens logeurs. L'occasion pour Annie GIRARDOT de briller encore dans un rôle intense sous les yeux de Francoise FABIAN et d'hommes quelque peu dépassés (Jean-Louis TRINTIGNANT et Michel PICCOLI) alors que Richard ANCONINA joue lui les funambules d'un casting étincelant.

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Un homme qui me plaît

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1969)

Un homme qui me plaît

Film inégal, "Un homme qui me plaît" raconte une escapade amoureuse au beau milieu d'un tournage de film entre une actrice un peu fatiguée (Annie GIRARDOT) et un compositeur solaire (Jean-Paul BELMONDO pour sa première collaboration avec Claude LELOUCH), tous deux mariés par ailleurs. Avec des tempéraments aussi différents, on comprend assez vite qu'ils ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Lui est un séducteur qui tombe les filles (Farrah FAWCETT au début du film!), elle est plus mélancolique et se laisse tenter par son baratin puis par ses promesses d'évasion. Le road-movie à travers les USA est filmé de manière un peu onirique, comme si le tournage du film continuait (la course-poursuite avec les indiens) mais aussi un peu trop à la manière d'un dépliant touristique. La parenthèse enchantée néanmoins se termine en désillusion lorsqu'il faut revenir à la réalité. Le montage parallèle établit une comparaison éclairante entre le couple crépusculaire de Françoise et la rayonnante santé de celui de Henri, même si nous savons qu'il est basé sur des mensonges. Ce décalage prépare le spectateur à la séquence finale, celle où Françoise vient attendre Henri à l'aéroport de Nice. Une séquence de plusieurs minutes, poignante, magnifique, bercée par la musique de Francis LAI dans laquelle Annie GIRARDOT déploie son immense talent pour faire passer les émotions par le regard et les expressions du visage. Dommage qu'il faille attendre les dernières minutes pour atteindre ce niveau d'intensité.

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Les Misérables

Publié le par Rosalie210

Claude Lelouch (1995)

Les Misérables

"Les Misérables" librement adaptés par Claude LELOUCH, c'est une fresque historique courant sur un demi-siècle qui n'est pas sans rappeler le roman-feuilleton populaire* avec ses personnages archétypaux et ses situations ne cessant de faire retour. La structure cyclique du film est d'ailleurs symbolisée par une scène de bal en introduction (en 1900) et en conclusion (cinquante ans plus tard) dans lesquelles la caméra tourbillonne avec les personnages qui dansent. La transposition du roman dans la première moitié du XX° siècle permet de superposer les moments clés de l'intrigue du roman avec les événements les plus dramatiques de cette période, tout particulièrement ceux de la seconde guerre mondiale, les misérables devenant les juifs persécutés. On y croise plusieurs Fantine, Thénardier, Javert, Cosette et Valjean (mais un seul monseigneur Myriel, l'impérial Jean MARAIS). Ils ne sont pas toujours représentés par les mêmes acteurs et à l'inverse, un même acteur peut jouer deux rôles à la fois (Jean-Paul BELMONDO joue d'abord le rôle d'un bagnard, puis celui de son fils qui dans son enfance a été une Cosette exploitée par un Thénardier après la mort de sa mère). Pour complexifier encore cette structure, Henry Fortin (le personnage joué par Jean-Paul BELMONDO) se fait lire des extraits du roman de Victor Hugo et se projette dedans (en Jean Valjean bien sûr). Il faut dire que le film de Claude LELOUCH est également un hommage au cinéma dont on fêtait alors le centenaire. Il est précisé que Henry Fortin est né quasiment avec lui et on le voir regarder enfant des adaptations muettes du roman de Hugo avant qu'adulte, il n'assiste à la projection de celle de Raymond BERNARD. Son père avait sans le savoir croisé lors du bal ouvrant le film Robert HOSSEIN qui avait été le dernier avant lui à endosser le rôle de Valjean au cinéma. Les images avant la lettre puisque Fortin est longtemps analphabète. Enfin ce film choral (une caractéristique du cinéma de Lelouch) est intrinsèquement lié à la prestation saluée d'un César du second rôle de Annie GIRARDOT. En fait, celle-ci lors d'une scène bouleversante où elle semble dépassée par ses émotions ouvre la possibilité de faire bifurquer le récit dans une direction inattendue. Cela ne se concrétise pas hélas, la suite la faisant rentrer dans le rang de son rôle de Mme Thénardier de l'occupation (après Nicole CROISILLE pour la Thénardier de la Belle Epoque, leurs époux respectifs étant joués par Philippe LEOTARD et RUFUS). Mais rien que pour ce moment de grâce, et celui qu'elle a ensuite imprimé lors de la cérémonie des César, le film acquiert un supplément d'âme, épaulé par un Michel BOUJENAH qu'on aurait aimé voir plus souvent dans un tel registre dramatique.

* Même si Victor Hugo ne goûtait guère le roman-feuilleton, son roman finit par être publié en épisodes dans "Le Rappel" co-fondé par lui-même, vingt ans après sa première parution en recueil.

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