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Articles avec #lellouche (gilles) tag

L'Amour Ouf

Publié le par Rosalie210

Gilles Lellouche (2024)

L'Amour Ouf

Je n'avais pas très envie d'aller voir "L'Amour Ouf" et je n'ai pas vraiment aimé le résultat. Certes, il y a d'excellentes idées de mise en scène, une photographie qui décoiffe, une envie de cinéma XXL à l'américaine qui n'est pas fréquente dans le cinéma français, une interprétation qui "déchire", surtout de la part des deux jeunes acteurs Mallory WANECQUE et Malik FRIKAH qui peuvent légitimement espérer rafler un prix révélation lors de la prochaine cérémonie des César car ils portent la moitié du film sur leurs épaules. Adele EXARCHOPOULOS et Vincent LACOSTE sont également excellents (en revanche je trouve le jeu de Francois CIVIL trop limité). Oui mais le résultat ne m'a pas convaincu. C'est trop: trop long, trop tape-à-l'oeil, trop m'as-tu vu, trop kitsch avec certains plans frôlant le grotesque (le coeur et le chewing-gum qui battent, le baiser sur fond de coucher de soleil cliché à mort). Et ce n'est pas assez à la fois parce que Gilles LELLOUCHE veut faire une sorte de cinéma total qui brasse un peu tous les genres (drame romantique, teen movie, film de gangsters, comédie musicale, film de procès, film social, comédie "buddy movie" avec Raphael QUENARD et Jean-Pascal ZADI...) mais n'arrive pas bien à les amalgamer et surtout à les creuser. Dans certains films, les contraires s'attirent et s'enrichissent mutuellement mais dans celui-ci, c'est comme s'ils se repoussaient. Peut-être parce que cela manque de dialogues un tant soit peu consistants. On a donc au final une maîtrise insuffisante et un manque de profondeur criant.

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Daaaaaali!

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2024)

Daaaaaali!

Un excellent cru que ce dernier film de Quentin DUPIEUX à ranger aux côtés des petites perles surréalistes que sont "Realite" (2015) et "Au Poste !" (2018), mes deux films préférés du réalisateur. Du premier, il partage la structure gigogne brouillant les frontières entre rêve et réalité et emboîtant même les rêves les uns dans les autres: c'est un festival de cadres dans le cadre rempli de réjouissantes surprises. Du second, il reprend l'influence de Luis BUNUEL ce qui est une évidence, les deux artistes surréalistes espagnols ayant étroitement collaboré, notamment sur "Un Chien andalou" (1929). Il pleut des chiens morts dans "Daaaaaali!" mais c'est surtout la trame de "Le Charme discret de la bourgeoisie" (1972) que l'on retrouve dans le dernier Quentin DUPIEUX. Dans le film de Luis BUNUEL, des bourgeois qui essayent de se réunir pour dîner sont interrompus par des situations plus absurdes les unes que les autres. Dans "Daaaaaali!", c'est la petite journaliste jouée par Anais DEMOUSTIER qui tente dans toutes les variations possibles et imaginables d'obtenir un entretien du peintre, lequel le fait capoter là encore de façon systématiquement absurde. Enfin, si le titre étire le nom du peintre, c'est à la fois pour souligner son comportement clownesque et parce chaque a du titre correspond à l'un des six acteurs qui l'interprète. La distorsion de l'espace-temps est l'une des caractéristiques du film de Quentin DUPIEUX. On y voit Dali se rencontrer à deux âges différents ou bien entrer dans un tunnel avec un visage et en sortir avec un autre ou bien trouver le repas si interminable qu'il en sort sur une chaise roulante ou encore (l'une des séquences que j'ai préférée), marcher le long d'un couloir d'hôtel sans pour autant se rapprocher de la journaliste incarnée par Anais DEMOUSTIER. Les différentes incarnations du peintre sont inégales et fort heureusement, Quentin DUPIEUX a laissé la part du lion aux deux meilleures, celle de Edouard BAER, impérial et celle de Jonathan COHEN, incroyablement expressif. Je l'avais détesté dans "Une annee difficile (2022)" mais là il m'a complètement bluffé!

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Je verrai toujours vos visages

Publié le par Rosalie210

Jeanne Herry (2023)

Je verrai toujours vos visages

Je m'étais déjà aperçue avec son précédent film, "Pupille" (2018), qu'il y avait beaucoup d'humanité et d'empathie dans le cinéma de Jeanne HERRY. Une approche documentaire sans pour autant renoncer à la fiction. Une envie de soigner les maux de la société qui dans "Je verrai toujours vos visages" s'applique à faire connaître et reconnaître le travail de la justice restaurative ou réparatrice. Une justice à hauteur d'individus dont l'application en France est relativement récente (moins de dix ans) mais dont l'existence remonte aux origines de l'humanité et qui s'est maintenue de façon informelle en dépit de sa prise en charge (ou de sa confiscation) par les Etats. Les principes en sont très simples: réintroduire de la parole en lieu et place de la violence à l'aide de un ou plusieurs médiateurs afin d'aider ceux qui sont pris dedans à sortir du statut de bourreau ou de victime qui les aliène. Deux déclinaisons de cette pratique sont montrées alternativement: un cercle de parole composé de trois victimes de vols avec violences (joués par MIOU-MIOU, Leila BEKHTI et Gilles LELLOUCHE), trois auteurs de délits du même ordre et autant d'accompagnants, tous volontaires. Et un processus plus intimiste, plus âpre et plus délicat concernant une rencontre entre une jeune femme ayant été victime d'inceste (jouée par Adele EXARCHOPOULOS) et son frère qui en a été l'auteur (joué par Raphael QUENARD), un dossier pris en charge par une seule personne (jouée par Elodie BOUCHEZ). Dans ce dernier cas, il ne s'agit aucunement de restaurer une relation de toute manière détruite mais de permettre à Chloé, l'ancienne victime de reprendre son destin en main et de parvenir enfin à se protéger de son agresseur, lequel s'effondre durant la confrontation après des années de déni. L'autre dispositif au contraire créé des liens entre d'un côté des victimes qui racontent leur calvaire et le traumatisme qui s'en est suivi et des délinquants assez peu conscients de la gravité de leurs actes. Cette partie bien que très bien interprétée est un peu plus survolée et convenue, sans doute en raison du trop grand nombre de personnages. Il est également important de se détacher du caractère immersif du film pour en mesurer la principale limite: seuls ceux qui le veulent vraiment peuvent parvenir à tirer quelque chose de bon de ce dispositif. Autrement dit il y a aussi bien du côté des victimes que de celui des auteurs des gens qui ne pourront jamais se parler. Peut-être que cela aurait été bien aussi de montrer cette réalité là.

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Fumer fait tousser

Publié le par Rosalie210

Quentin Dupieux (2022)

Fumer fait tousser

Bien que "Fumer fait tousser" aurait eu besoin d'avoir un rythme plus soutenu pour libérer toute sa puissance de frappe, le film, à l'image de "Le Daim" (2019) m'a renvoyé à toute une série de références. Le fait d'appartenir à la même génération, celle des "enfants de la TV" des années 80 aide certainement à mieux l'apprécier. En effet j'ai grandi avec les Sentai ("Bioman") (1984) et autres metal heroes japonais ("X-Or") (1982). Je me suis bidonnée devant l'excellente parodie des Inconnus même si elle était mâtinée de la xénophobie antijaponaise propre à l'époque ("toi tu t'appelles Nathalie avec tes yeux bridés et ta face de citron? Tais-toi c'est pour l'exportation en France"). Et je n'ai raté aucun des épisodes de la version amateur franchouillarde des sentai "Les France five" (très appréciée d'ailleurs au Japon), beaucoup plus fun que la déclinaison américaine, pro mais très premier degré alias les "Power Rangers" (2015). Néanmoins le film de Quentin DUPIEUX s'abreuve à d'autres sources. La bande reçoit ses missions à la manière de les "Drôles de dames" (1976) d'un personnage qui ressemble à une version dégoûtante de "Alf" (1986) (qui a la voix de Alain CHABAT donc l'esprit des Nuls) et se déplace à bord d'un véhicule qui n'est pas sans rappeler "Scoubidou" (1969) (sans le flower power mais avec la crétinerie des personnages joués par Gilles LELLOUCHE et Anaïs DEMOUSTIER qui m'ont fait penser à Fred et Daphné). Mais en voyant le film, je me suis dit qu'il était bien dommage que Quentin Dupieux n'ait pas pu collaborer avec Roland TOPOR tant "Fumer fait tousser" m'a rappelé l'esprit absurde, surréaliste, critique et mélancolique de "Téléchat". Ou encore celui des Monty Python (Anthony SONIGO qui se fait broyer par Blanche GARDIN sans moufter c'est un peu Graham CHAPMAN commentant d'un air détaché sa jambe arrachée dans "Monty Python : Le Sens de la vie") (1982). Car "Fumer fait tousser" n'est pas si absurde qu'il en a l'air (comme tous les Dupieux). Il s'agit en réalité d'un film catastrophe mais qui prend le contrepied du blockbuster spectaculaire façon "Le Jour d après" (2004). Le méchant, Lézardin (Benoît POELVOORDE) veut anéantir la "petite planète malade" qu'est devenue la Terre mais en fait elle s'empoisonne très bien toute seule. Chaque membre de la "Tabac force" libère la substance toxique qui lui donne son nom. Le lac autour duquel ils font leur retraite est tellement pollué qu'on y pêche un barracuda qui parle (comment ne pas penser à "The Host" (2006) de BONG Joon-ho?) Les histoires que chacun raconte au coin du feu pour faire peur aux autres évoquent la dissolution prochaine du corps humain dans un monde privé de sens. Et la fin est sans ambiguïté: nulle technologie ne viendra nous sauver. "Le changement de l'époque en cours" s'avère être un vieux disque rayé. Sous le rire perce une angoisse proprement métaphysique.

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Pupille

Publié le par Rosalie210

Jeanne Herry (2018)

Pupille

"Pupille" fait partie de ces films qui vous agrippe dès les premières images et ne vous lâche plus ensuite. Et ce alors qu'il ne s'agit même pas d'un thriller mais d'un drame social transcendé par les interprètes d'une chaîne humanitaire d'autant plus lumineuse que la mise en scène ne sacrifie pas les personnages au sujet. Le sujet, c'est la distorsion entre le désir (d'enfant) et une réalité biologique parfois cruelle qui prive certaines femmes ayant envie d'être mère de la possibilité d'enfanter alors que d'autres qui ne sont pas prêtes ou s'y refusent doivent subir une grossesse non désirée. Les maillons de la chaîne ont pour but de corriger cette distorsion en prenant en charge l'enfant dans les meilleures conditions possibles entre le moment de son abandon et celui de son adoption. Coup de génie, avoir réussi à incarner des fonctions telles que celles d'assistantes sociales, éducatrices spécialisées, assistants familiaux au travers de figures humaines particulièrement fortes. Après "Le grand bain", Gilles Lellouche creuse encore plus loin la part de féminité qui est en lui pour offrir un portrait assez saisissant d'un homme qui a choisi d'inverser les rôles en assumant d'être homme au foyer responsable d'enfants en difficulté qu'on lui confie provisoirement pendant que sa femme travaille à l'extérieur. Il est tellement crédible que l'on comprend que Karin (Sandrine Kiberlain, très juste aussi) l'éducatrice spécialisée en pleine crise de couple craque pour lui et l'aide à reprendre foi en son travail en lui confiant Théo, le bébé sous X hypotonique en dépit des réticences de l'administration. La relation tendre qu'il noue avec lui est a elle seule un vibrant plaidoyer pour une autre manière d'investir la paternité. A l'autre bout du spectre, il y a cette assistante sociale (Olivia Côte) très cash qui se bat pour que Alice (Elodie Bouchez) qui est divorcée puisse concrétiser son rêve d'enfant sans lui cacher les difficultés inhérentes à l'adoption. Comme Gilles Lellouche, Elodie Bouchez (qui n'avait pas trouvé un rôle aussi fort depuis très longtemps) transcende son rôle tant son jeu sensible est mis en valeur par la caméra. Même de plus petits rôles touchent juste comme celui de l'assistante sociale (Clotilde Mollet) sommée de prendre ses responsabilités face à un bébé en souffrance ou d'une sage-femme (Stéfi Selma) qui au contraire outrepasse son rôle et offre ainsi une clé de résilience à Théo. Car le film est aussi l'illustration dont les professionnels de la petite enfance dans les sociétés occidentales considèrent le bébé depuis une quarantaine d'années: comme une personne avec laquelle on doit communiquer directement et franchement (un concept issu de Thomas Berry Brazelton et non de Françoise Dolto comme on le croit trop souvent). Jeanne Herry (la fille de Miou-Miou qui a également un petit rôle dans le film) s'avère donc être une excellente directrice d'acteurs en plus d'avoir une capacité à épouser le moindre de leurs mouvements intérieurs. Chapeau!

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Le Grand bain

Publié le par Rosalie210

Gilles Lellouche (2018)

Le Grand bain

Un film dont la devise est "réveille la fille qui est en toi" ne pouvait que me plaire. Car il tient ses promesses: c'est toute une vision de la vie qui s'en trouve retournée, celle de la "start-up nation" dans laquelle les protagonistes de l'histoire ne trouvent pas leur place. Tous sont des losers dont la virilité est mise à mal. Mais parce qu'ils sont sept (plus le pilier), chiffre de l'union des contraires, ils sont coachés par des filles elles aussi frappées par l’adversité. Et ils cherchent la femme qui est en eux c'est à dire la forme parfaite, celle de l'homme de Vitruve de Léonard de Vinci qui réunit le cercle et le carré, c'est à dire l'homme et la femme. La métaphore du cercle et du carré qui cherchent à s'emboîter ouvre et ferme le film. Les figures de leur prestation de natation synchronisée alternent l'une et l'autre de ces deux figures. Ces hommes cherchent une harmonie, une paix intérieure qui passe certes par un peu de reconnaissance mais au vu du sport "de fille" qu'ils pratiquent, cela ne peut en aucune façon les faire briller au-delà de leur cercle d'amis et de leur carré d'initiés. Mais c'est suffisant pour redresser la tête et prendre une revanche sur tous ceux qui dans leur entourage se moquaient d'eux. Particulièrement la sœur et le beau-frère de Claire (Marina FOÏS) qui considèrent son mari dépressif Bertrand (Mathieu AMALRIC) comme un minable et feignent de la plaindre… de ne pas être partie en vacances depuis deux ans. Ou encore l'équipe de water-polo qui a fait de Thierry (Philippe KATERINE), le ramasseur de bouées de la piscine sa tête de turc.

Outre la mise en scène incisive et un véritable soin apporté à la photographie notamment lors des scènes de ballet aquatique, c'est le casting qui est décisif dans la réussite de ce film choral. Voir des acteurs venus d'horizons si divers jouer avec une telle générosité donne du baume au cœur. Outre Mathieu AMALRIC qui a enfin lâché ses rôles de bobos (je ne suis pas allergique à Godard et j’aime bien Rohmer mais Desplechin par contre...) le numéro déjanté de Philippe KATERINE (qui porte bien son patronyme!) est un atout maître. Benoît POELVOORDE offre lui aussi une excellente prestation en patron ripoux ainsi que Jean-Hugues ANGLADE en musicien raté obligé de travailler dans la cantine de sa fille pour subsister. Le fait de ne plus cantonner les acteurs dans une seule case est une excellente nouvelle pour l'avenir de la comédie en France.

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Le sens de la fête

Publié le par Rosalie210

Eric Toledano et Olivier Nakache (2017)

Le sens de la fête

Réaliser une bonne comédie n'est pas donné à tous, il faut élaborer ce qui s'apparente à une mécanique de précision pour conserver le bon tempo et faire en sorte que le soufflé ne retombe jamais pendant 2 heures. De plus une bonne comédie a toujours quelque chose de subversif en elle, sinon elle ne ferait pas vraiment rire. La comédie du duo Toledano-Nakache possède ces deux qualités.

Tout d'abord elle tire son énergie de l'art qu'ont les cinéastes chefs d'orchestre de jouer avec la gamme des acteurs du cinéma français dans toute sa diversité. Avoir choisi pour le rôle principal un patron de la comédie dans ce qu'elle a de meilleur est un coup de génie. En organisateur de festivités nuptiales, Jean-Pierre Bacri est en quelque sorte le "double" de cinéma du duo de réalisateurs. Il doit faire travailler ensemble et harmonieusement des personnalités que tout oppose exactement comme Toledo et Nakache doivent équilibrer la partition d'un Lellouche beau-beauf et d'un Macaigne bobo (je n'aime ni l'un ni l'autre mais dans ce film, le mélange de ces deux extrêmes est plutôt amusant). Entre les deux, il y en a pour tous les goûts. J'ai bien aimé le choc des générations entre le petit stagiaire de troisième geek et le photographe pique-assiette (Jean-Paul Rouve) dont le métier est has-been, le duo des plongeurs pakistanais et l'"extra" qui ne comprend les mots que dans leur sens littéral ce qui entraîne quelques gags sympas avec le vocabulaire de cuisine.

L'autre intérêt du film réside dans son point de vue. Le cinéma français, on feint de l'oublier est un art détenu majoritairement par des bourgeois. Les films de mariage sont l'une des expressions de cette culture bourgeoise. Tolenado et Nakache eux choisissent le point de vue des larbins, les petites et grandes mains qui s'affairent en coulisses. Et pour que l'on comprenne bien que les classes sociales (et la violence qui va avec) ça existe toujours, on les oblige à servir en livrée et perruque, comme au bon vieux temps de "Gosford Park", "Downton Abbey" et autres "Vestiges du jour" (le cinéma anglo-saxon contrairement au cinéma français regorge de châteaux, de maîtres et de serviteurs) . Bacri n'est qu'une sorte de super majordome traité avec un mépris insupportable par le marié, véritable tête à claques arrogante et suffisante. Heureusement les larbins investiront le champ des invités et finiront au premier plan alors que le marié, lors d'une des scènes les plus réussies du film finira dans les choux après s'être ridiculisé.

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