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Articles avec #kurys (diane) tag

Pour une femme

Publié le par Rosalie210

Diane Kurys (2012)

Pour une femme

Le générique de début de "Pour une femme" convoque avec nostalgie les précédents films de Diane Kurys à résonance autobiographique ("Diabolo Menthe", "La Baule Les Pins", "Coup de foudre") à l'aide d'un pêle-mêle de photographies épinglées sur un tableau en liège au beau milieu des informations relatives au film. La chanson que Yves Simon avait composé pour "Diabolo Menthe" accompagne les images, les reliant au film que nous allons découvrir, lui aussi présent à l'aide de photos: celles de la fiction mais également celles des véritables parents de Diane Kurys dont elle raconte librement l'histoire afin d'interroger la sienne. Le film navigue en effet entre deux périodes: l'après-guerre et les années 80. C'est Sylvie Testud qui interprète Diane Kurys à l'écran dans la seconde période qui s'ouvre sur la mort de la mère et se termine sur celle de son père, Michel (Benoît Magimel). Classiquement, c'est en rangeant des papiers qu'elle tombe sur une mystérieuse photo représentant sa mère (Mélanie Thierry), sa grande soeur (qui n'avait alors que trois ans) et le frère de son père, Jean qui vivait alors avec eux à Lyon (Nicolas Duvauchelle). Elle décide alors d'enquêter sur son histoire familiale ce qui lance un flashback dans lequel elle évoque la rencontre de ses parents dans un camp d'internement pendant la guerre, son père ayant pu le quitter à temps grâce à une relation en sauvant au passage sa mère qu'il ne connaissait pourtant pas en la faisant passer pour sa fiancée. Une situation inextricable par la suite, Léna n'ayant pas d'atomes crochus avec Michel mais se sentant redevable envers lui. Le passé les poursuit pourtant alors que bien intégrés et naturalisés, Michel voit ressurgir son frère Jean qu'il n'a pas vu depuis neuf ans et qui a réussi à fuir l'URSS. Tout les oppose, lui, petit commerçant sans histoire qui pense combler sa femme avec les biens matériels des 30 Glorieuses et Jean, mystérieux et dangereux, rongé par sa soif de venger leurs parents et toutes les victimes de la Shoah. 

A partir de ce canevas qui aurait pu être passionnant, Diane Kurys réalise un film hélas décevant, trop lisse, trop convenu, aux airs de déjà (mille fois) vu autour du triangle amoureux et de l'adultère. Le résultat est illustratif, déroulant un programme parfaitement prévisible, jusqu'au final. Dommage. 

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Diabolo menthe

Publié le par Rosalie210

Diane Kurys (1977)

Diabolo menthe

Du film-culte de Diane KURYS vu à l'adolescence, il ne me restait à peu près rien. Aussi, le revoir a été pour moi comme le découvrir pour la première fois. Une fois de plus, le contexte est essentiel pour comprendre ce film dont l'histoire est ancrée au début des années 60, époque de l'adolescence de la réalisatrice mais qui a été réalisé à la fin des années 70. Les deux époques se répondent subtilement puisqu'à travers le portrait très autobiographique d'Anne (Eleonore KLARWEIN), de sa soeur et de leurs copines de lycée, Diane KURYS dépeint une génération tiraillée entre la société française traditionnelle gaullienne extrêmement corsetée et un ardent désir d'émancipation et de liberté. Le point de vue féminin donne évidemment à cette question qui concernait l'ensemble de la jeunesse des années 60 une saveur particulière. Il y avait encore peu de réalisatrices à l'époque où Diane KURYS a réalisé son premier long-métrage et celui-ci est devenu le premier teen-movie français. Bien plus que "Les Quatre cents coups" (1959) qui ne possède pas de dimension générationnelle, sans doute parce qu'en 1959, l'adolescent comme "classe d'âge" avec ses goûts et ses désirs propres n'avait pas encore été inventé. C'est la société de consommation et l'allongement de la durée des études qui ont façonné en France cette nouvelle catégorie sociale, née avec le journal "Salut les copains" au début des années 60. Les marqueurs de la culture adolescente sont partout dans le film de Diane KURYS, yé-yé et rock affichés sur les murs ou émanant des tourne-disques et radios portatives. Et puis les photos de vacances à la mer et au ski qui rappellent que ces années-là voient l'avènement du tourisme de masse. Mais "Diabolo Menthe", c'est aussi le poids du patriarcat et des moeurs puritaines. Un lycée qui ressemble à une caserne, la non-mixité, les blouses uniformes, un personnel enseignant de cheftaines psychorigides pour la plupart pouvant aller jusqu'au sadisme (la prof de dessin), une mère certes aimante mais fliquant ses filles sur leurs horaires de sortie ou leur tenue vestimentaire, le divorce alors exceptionnel et stigmatisant, les comportements masculins déplacés etc. Dans cet univers carcéral fait d'interdictions tant sur le plan sexuel que politique, les quelques coups d'éclat marquent les esprits, que ce soit le chahut dans les cours d'une prof de maths sans autorité jouée par Dominique LAVANANT, les badges vendus par Frédérique (Odile MICHEL), le discours de Pascale (Corinne DACLA) sur les événements du métro Charonne encouragée par la prof d'histoire que l'on devine communiste ou encore la fugue de Muriel (Marie Veronique MAURIN) criant "merde, merde, merde" dans la cour du lycée avec le même caractère exutoire que les "fuck you" hurlés par une iranienne à la face du monde dans "Critical Zone" (2023)

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La Baule-les-Pins

Publié le par Rosalie210

Diane Kurys (1990)

La Baule-les-Pins

Certes "La Baule les Pins" n'est pas un grand film. C'est une chronique familiale estivale, période de pause propice aux bilans et remises en question avant un nouveau départ. Le contexte des 30 Glorieuses voit poindre un début d'affirmation féminine, même s'il reste bien modeste et que la férule du patriarcat se fait sentir à travers le sort que Michel (Richard BERRY) réserve à la voiture que vient d'acheter sa femme Lena (Nathalie BAYE) qui souhaite divorcer ou bien le personnage de sa soeur Bella (Zabou BREITMAN) qui tricote de la layette en attendant son cinquième enfant sous les yeux d'un mari plutôt beauf, Léon (Jean Pierre BACRI). De plus, les rêves de Lena semblent bien peu émancipateurs (devenir secrétaire, prendre un nouvel amant plus jeune joué par Vincent LINDON qui d'ailleurs est à peine esquissé). Mais en dépit de ce cadre petit-bourgeois pesant qui étrique les corps aussi bien que les esprits, la sensibilité à fleur de peau de Diane KURYS touche, en particulier quand elle se place du point de vue des enfants. Frédérique et Sophie, les deux filles du couple Michel-Léna expriment leur souffrance face à leurs parents qui se déchirent, chacune à leur manière et sans que personne ne leur prête vraiment l'attention dont elles auraient besoin. Combien d'enfants se sont sentis dans ces situations impuissants et encombrants, combien se sont retrouvés otages de l'un ou l'autre de leurs parents? Le sentiment de délaissement est en particulier très présent du début à la fin du film avec une scène particulièrement touchante où en dépit de leurs suppliques, le chien qu'elles ont recueillies est de nouveau abandonné à la fin des vacances. La manière dont est filmée cette scène la rend parfaitement révoltante. Cette sensibilité à fleur de peau se retrouve également dans d'autres scènes qui voient l'un des enfants du couple Bella-Léon se faire exclure d'un prix de la plus belle construction de sable parce qu'il ne fait pas partie du club de plage. Une injustice que les enfants sauront réparer à leur façon.

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Coup de foudre

Publié le par Rosalie210

Diane Kurys (1983)

Coup de foudre

Troisième et dernier volet de la trilogie autobiographique de Diane Kurys, "Coup de foudre" ne puise pas son inspiration dans l'histoire de sa propre jeunesse comme dans les deux premiers films ("Diabolo menthe" et "Cocktail Molotov") mais dans celle de ses parents, même si elle y apparait brièvement sous les traits d'une petite fille, Sophie. "Coup de foudre", c'est l'histoire romancée de la mère de Diane Kurys et de sa meilleure amie qui se rencontrent dans les années cinquante et développent une amitié amoureuse émancipatrice puisqu'elle les conduit à se libérer de leurs mariages malheureux respectifs et à envisager de travailler et de vivre ensemble. Un choix iconoclaste dans une époque où les liens du mariage étaient sacrés, où la femme se devait d'être avant tout une bonne épouse et une bonne mère, éventuellement selon son rang social une bonne maîtresse de maison. Si Léna (Isabelle Huppert) en petite bourgeoise frustrée colle bien à ce modèle, Madeleine (Miou-Miou) est une artiste passionnée dont l'énergie vitale déborde largement son mariage de convenances même si l'intensité de ses sentiments l'entraîne dans des épisodes dépressifs durant lesquels elle retourne chez ses parents. Une introduction se situant pendant la seconde guerre mondiale évoque les circonstances dramatiques qui ont conduit Léna à épouser un homme qu'elle n'aimait pas et Madeleine, à perdre celui avec lequel elle vivait une passion amoureuse. Si Madeleine se débarrasse facilement de son deuxième mari (joué par un Jean-Pierre Bacri assez désopilant dans son rôle de comédien raté et de combinard aux plans plus foireux les uns que les autres), il n'en va pas de même pour Léna qui est engluée depuis 1942 dans une relation patriarcale avec Michel Korski (Guy Marchand), scellée par le fait qu'il l'a sauvée de la déportation en l'épousant. Celui-ci fait d'ailleurs une composition touchante en homme d'hier dépassé par l'évolution de sa femme puis anéanti par sa décision de le quitter. A noter la distorsion entre trois époques, celle de l'action du film (années 50), celle de sa réalisation (années 80) et celle de sa réception aujourd'hui qui donnent à certains aspects un caractère franchement daté (le fait que les deux femmes se vouvoient jusqu'au bout, le mariage obligatoire et le divorce difficile ainsi que le fait que leur relation reste platonique alors qu'il est assez évident qu'elle va au-delà comme le ressent d'ailleurs Michel qui est fou de jalousie) alors que d'autres rattachent bien le film à un contexte post-soixante-huitard (l'évocation du plaisir féminin que Léna découvre dans les bras d'un soldat en permission interprété par François Cluzet sous l'œil de ses deux camarades dont l'un est joué par Denis Lavant).

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