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Articles avec #hawks (howard) tag

Rio Lobo

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1970)

Rio Lobo

Arte a eu bien raison de programmer le dernier film de Howard HAWKS pour les fêtes de fin d'année. "Rio Lobo" est le mal-aimé de la trilogie de westerns en couleur que le réalisateur a tourné avec John WAYNE et a souffert de la comparaison avec "El Dorado" (1965) et surtout "Rio Bravo" (1959), sommet du western et de la filmographie de Howard HAWKS. Pourtant, le plaisir est là. Celui de se lover dans un univers familier et chaleureux dont "Rio Lobo" offre une déclinaison peut-être en mode mineur mais savoureuse en compagnie du Duke, certes vieillissant et bedonnant mais qui fait office comme le dit l'un des personnages féminins du film (il y en a trois!) d'excellente "bouillotte". Ce n'est pas le seul trait d'auto-dérision qui nous régale, outre le qualificatif de "bébé baleine" relatif à son embonpoint il doit subir également un charcutage chez le dentiste parce qu'il serait un "trop mauvais acteur" (une façon intelligente de répondre à ses détracteurs). A ses côtés, l'ami fidèle et ancien adversaire (Jorge RIVERO), son jeune adjoint (joué par le fils de Robert MITCHUM) et un vieux briscard pittoresque râleur et amateur d'alcool. Non plus Walter BRENNAN mais Jack ELAM dont la gueule mal rasée et l'oeil à moitié fermé est resté célèbre pour l'ouverture de "Il était une fois dans l'Ouest" (1968). A ce "men's club" hétéroclite et retranché devant se défendre contre des ennemis plus nombreux et plus forts, il faut ajouter les trois jeunes femmes du film, au physique trop mannequin pour s'intégrer harmonieusement dans le western mais qui sont partie prenante du récit, maniant la gâchette et prenant les coups au lieu de regarder passer les trains. Il y a quelques longueurs mais aussi d'excellents morceaux de bravoure comme l'attaque du train par les sudistes au début du film. "Rio Lobo" a beau restituer toute la saveur de l'univers hawksien, le magnifique générique mélancolique à la guitare sèche nous rappelle que c'est son film-testament, son chant du cygne.

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Boule de feu (Ball of fire)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1941)

Boule de feu (Ball of fire)

J'avais envie depuis très longtemps de voir "Boule de feu" réalisé par Howard Hawks avec Billy Wilder au scénario, celui-ci n'ayant alors pas encore commencé sa propre carrière de réalisateur à Hollywood. Hélas le film est difficilement visible car non édité en DVD zone 2. Cela fait partie de ces aberrations d'édition des films de grands réalisateurs hollywoodiens en France, comme pour "Le gouffre aux chimères"... de Billy Wilder.

Avec "Boule de feu" on a donc deux cinéastes pour le prix d'un (même si le second n'avait alors réalisé qu'un seul film, en France ). On y reconnaît le genre de prédilection de Howard Hawks, la screwball comédie entre un professeur linguiste coincé genre grand dadais naïf, type de personnage dans lequel Gary Cooper excelle (il prolonge ses rôles chez Capra, en particulier Longfellow Deeds) et la gouailleuse et sexy Barbara Stanwyck en danseuse de cabaret gravitant dans l'orbite d'un groupe de gangsters et maniant l'argot avec beaucoup de pétulance. Deux mondes aussi opposés que possible qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Mais au cinéma tout est possible et c'est bien la magie de cette rencontre qui en fait tout le sel avec pour anges gardiens les sept autres professeurs assimilés aux sept nains du conte des frères Grimm. Sugarpuss (surnom évocateur et qui fait penser à la future Sugar de "Certains l'aiment chaud") est cette boule de feu projetée dans la tour d'ivoire poussiéreuse des huit têtes pensantes pour le transformer en "dancefloor" et titiller les hormones du plus jeune, le professeur Potts qui sonne comme "empoté". Il faut dire qu'il était temps qu'elle arrive pour éclairer leur lanterne puisque dans leur travail de rédaction encyclopédique, ils bloquaient à la lettre S comme Slang (argot) mais aussi comme Sex. La découverte de l'amour par ces deux-là a quelque chose de magique et on est pas près d'oublier cette scène nocturne dans lequel Bertram se trompe de chambre et parle sans le savoir à une Sugarpuss plongée dans la pénombre dont on ne voit que le regard embué avant que cela ne se termine dans une étreinte passionnée en ombre chinoise. Délicieux, tendre, rythmé, remarquablement dialogué et interprété, ce film est un régal de tous les instants.

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Le Grand sommeil (The Big Sleep)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1946)

Le Grand sommeil (The Big Sleep)

J'ai beaucoup traîné des pieds avant de revoir "Le Grand sommeil" car le souvenir que j'en avais était de n'y avoir rien compris. Mais il n'y a rien (d'important) à comprendre en fait dans cette histoire alambiquée qui l'aurait été (peut-être, pas sûr) un peu moins si les fourches caudines du code Hays n'avaient pas sabré ici et là les passages les plus sulfureux (faisant allusion à l'homosexualité et à la pornographie notamment). Mais peu importe au final l'accumulation de truands et de jolies filles interchangeables. Car ce que l'on retient, c'est à quel point Philip Marlowe (Humphrey BOGART dans l'un de ses rôles les plus mythiques de privé aussi cynique qu'intègre) ne cesse tout au long du film de nager dans les eaux troubles d'Eros (toutes les filles qu'il croise sont sexy et mûres juste à point pour tomber dans ses bras) et de Thanatos (avec l'accumulation des cadavres autour de lui et sa propre peur de la mort). Mais ce qui fait tout le sel du film réside dans ce qui circule entre Howard HAWKS dont le cinéma se situe toujours à hauteur d'homme et le couple alors en train de se former constitué de Humphrey BOGART et de Lauren BACALL. Ils s'étaient rencontrés deux ans auparavant sous l'oeil de sa caméra (dans "Le Port de l'angoisse") (1944) et les premières images en ombres chinoises du "Grand Sommeil" rappellent combien cela avait "matché" entre eux. Les jeux de regard et les joutes verbales savoureuses du duo sont pleines de tension érotique* et rappellent que Howard HAWKS est également un maître de la screwball comédie. Simplement dans "Le Grand sommeil", les (d)ébats érotiques sont rehaussés par la proximité de la mort. Le final dans lequel Marlowe doit affronter un dernier obstacle sur la route de sa fusion avec Vivian est particulièrement émouvant car on peut voir sa main tenant le flingue légèrement trembler, ce simple détail renvoyant à la vulnérabilité de son personnage qui exprime à plusieurs reprises sa lassitude, sa fatigue et sa peur. Du cinéma à hauteur d'homme quoi!

* La scène à double sens où ils parlent de la meilleure manière de monter un cheval est tout simplement grandiose.

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La rivière rouge (Red River)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1948)

La rivière rouge (Red River)

Coup d'essai, coup de maître. Pour sa véritable première incursion dans le genre, Hawks signe un chef d'œuvre, le meilleur des cinq westerns qu'il a réalisé dans sa carrière avec "Rio Bravo". Mais contrairement à ce dernier qui est un western de chambre débordant de camaraderie, "La rivière rouge" fait la part belle aux grands espaces, à l'âpreté et à la violence. Rude tâche en effet que celle de ces hommes convoyant 9000 têtes de bétail sur 1600 km, du sud du Texas où la demande s'est effondrée suite à la guerre de Sécession jusqu'au Kansas où c'est l'offre qui manque. Les épreuves s'accumulent, des intempéries aux attaques d'indiens en passant par l'emballement du troupeau. Mais la pire des épreuves s'avère d'être sous les ordres du tyrannique Dunson qui finit par se croire investi d'un droit divin de vie et de mort sur ses troupes et punit impitoyablement tout signe de faiblesse.

Pour jouer le rôle de Dunson, Hawks avait au départ envisagé Gary Cooper. Mais celui-ci effrayé par un personnage aussi sombre avait reculé. Désireux de prouver qu'il était un vrai acteur (il y en a qui en doutent encore aujourd'hui, les préjugés ont la vie dure), John Wayne a relevé le défi avec maestria. Son personnage d'une dureté peu commune bascule peu à peu dans une folie autodestructrice que seule la famille hawksienne vient empêcher: le vieux complice dévoué (Walter Brennan qui fait également office de narrateur), la femme forte(Joanne Dru), le fils adoptif rebelle (Montgomery Clift, débordant de charisme).

Impressionné par la prestation de son protégé sous la férule de Hawks ("Je ne savais pas que ce grand nigaud savait jouer"), Ford lui confiera des rôles plus complexes dont celui de Nathan Edwards dont les accès de violence autodestructrice ne sont pas sans rappeler ceux de Dunson.

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La Captive aux yeux clairs (The Big Sky)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1952)

La Captive aux yeux clairs (The Big Sky)

"La captive aux yeux clairs" est le deuxième western réalisé par Howard Hawks. Comme "La rivière rouge" il se situe dans les grands espaces au contraire de la trilogie de westerns de chambre qu'il réalisera après ("Rio Bravo", "Eldorado" et son dernier film "Rio Lobo"). Il s'inspire du début du roman d'A. B. Guthrie et nous raconte un épisode clé de la conquête de l'ouest dans le premier tiers du XIXeme siècle: la rivalité entre les peuples pour l'appropriation du territoire et de ses richesses. Certes, les français ont perdu leurs colonies américaines au XVIIIeme siècle mais ils sont toujours présents dans ce qui fut "La nouvelle France" et dont la frontière avec le monde sauvage qui reste à conquérir se situe sur le Mississipi. L'´expédition du capitaine Jourdonnais espère doubler la compagnie anglo-saxonne qui monopolise le commerce des fourrures en remontant le cours du fleuve Missouri jusqu'au pied des Rocheuses, là où vivent les indiens Blackfoot. Pour entrer en contact avec eux, ils ont trois atouts que n'ont pas leurs rivaux: une princesse indienne, Teal-Eye (Elizabeth Threatt) capturée par une tribu adverse qu'ils ramènent chez elle, un indien un peu zinzin surnommé "poor devil" qui s'est égaré sur leur camp et enfin Zeb Calloway (Arthur Hunnicutt), un vieil aventurier marginalisé parce qu'il parle l'idiome Blackfoot ce qui en fait un "hybride". Le neveu de Zeb, Boone (Dewey Martin) et son ami insérapable Jim (Kirk Douglas), deux jeunes trappeurs un peu têtes brûlées sont du voyage.

Tout l'art de Hawks et de mêler à ce contexte historique des enjeux intimes. Le road-movie ou plutôt "fluvial movie" devient un parcours initiatique épousant le rythme nonchalant du cours d'eau. Grandir c'est accepter l'Autre (l'indienne et la femme) ce qui implique la séparation du Même. Boone choisit de quitter son ami et sa communauté pour vivre avec les indiens, esquissant une autre forme de société possible, basée sur le multiculturalisme.

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Le port de l'angoisse (To Have and Have Not)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1945)

Le port de l'angoisse (To Have and Have Not)

Adaptation très libre de To Have and have not, qu'Ernest Hemingway estimait être le plus mauvais de ses romans. Une rumeur prétend qu'il aurait mis au défi Hawks, son partenaire de chasse et de pêche de réaliser un bon film à partir de cette oeuvre (à moins que ce ne soit le contraire). Peu importe de toutes façons puisqu'au final, il ne reste rien du roman d'aventures initial et que le film est en revanche la quintessence du cinéma de Hawks (l'influence du film Casablanca est réelle -similitudes dans l'intrigue; le décor et même acteur principal- mais superficielle) Tous les autres films de ce cinéaste qu'ils le précèdent ou en découlent sont bâti sur le canevas de To Have and have not, à savoir:

- Etude des liens de camaraderie d'un petit groupe de personnalités disparates mais partageant la même philosophie de la vie: Morgan (Humphrey Bogart) le mercenaire qui loue son bateau de pêche à de riches clients, Frenchy (Marcel Dalio) le maître d'hôtel, Eddie le vieillard alcoolique gaffeur qui veille à ce que l'âme de Morgan ne se déssèche pas trop (Walter Brennan) etc.

- Respect absolu pour certaines valeurs: professionnalisme, fidélité, loyauté, transparence (se livrer imparfait, tel que l'on est, sans crainte du jugement des autres). Harry Morgan a beau être mercenaire, mauvais payeur et allergique à l'engagement, il obtient plus de considération de la part de Frenchy que n'en reçoivent ses collègues résistants, des "petites natures" amateuristes et idéalistes. De même, le riche client de Morgan, Johnson est descendu en flammes par Howks à cause de sa malhonnêteté, sa maladresse, son arrogance, son manque d'humour, son mépris vis à vis d'Eddie etc.

-Atmosphère chaleureuse et décontractée dans un cadre défini comme une scène de théâtre (ici le port et l'hôtel) permettant de particulièrement mettre en valeur les personnages et les acteurs qui les incarnent au détriment de tout le reste et particulièrement des codes du cinéma de genre. Il y a peu d'action et peu de meurtres dans le film et une partie d'entre eux sont situés hors-champ. En revanche il y a beaucoup plus important: ce cinéma "à hauteur d'homme" qui réduit au maximum la distance qui sépare les personnages de leurs interprètes nous permet d'être très proches de leur ressenti. Et c'est particulièrement important dans To Have and have not où s'accomplit sous nos yeux le coup de foudre Bogart-Bacall au travers de leurs rôles. La première scène, incandescente à tous points de vue ("Anybody got a match?") avec Frenchy/Marcel Dalio en témoin médusé (est-ce son personnage ou est-ce l'acteur qui comprend que quelque chose se passe?), est inoubliable. Grandiose moment de vie intime capté par une caméra.

-Bien qu'elle ait échappée à son pygmalion pour se mettre en couple avec Bogart (Hawks n'avait pas prévu d'aller jusque là et était même plutôt vexé et jaloux!) Lauren Bacall est l'une de ces formidables actrices de caractère qu'il savait découvrir et immortaliser. Dans To Have and have not, elle incarne la femme androgyne hawksienne type, regard qui tue et voix rauque, cette femme qui tout en ayant tous les attributs de la féminité sait tenir tête aux hommes et prendre les initiatives. C'est elle qui séduit, elle qui embrasse, elle qui met au défi son partenaire individualiste de s'engager "si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à siffler. Vous savez comment faire, Steve? Vous n'avez qu'à serrer les lèvres et souffler.", réplique mythique mainte et mainte fois parodiée ou reprise par la suite.

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Rio Bravo

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1959)

Rio Bravo

Howard Hawks est un réalisateur qui s'est toujours mis au service de ses personnages. Les cinéastes de la Nouvelle Vague avaient d'ailleurs dit qu'il filmait à hauteur d'homme. C'est particulièrement frappant dans ce concentré d'humanité qu'est Rio Bravo, un "western de chambre" confiné dans le temps et dans l'espace. Cette approche théâtrale permet de mettre au centre de son film un petit groupe humain chaleureux et attachant. Comme dans Seuls les anges ont des ailes, il célèbre la camaraderie virile entre des professionnels embarqués sur le même bateau. L'individualisme affiché du shérif (sur le refrain du "je n'ai besoin de personne") est contredit tout au long du film par les liens tissés avec ses adjoints et l'aide décisive qu'ils lui apportent. Des liens plus filiaux que strictement professionnels. Dude (Dean Martin) qui souffre d'alcoolisme surnomme le shérif John T. Chance (John WAYNE) à un moment du film "papa" alors que le tout jeune, fier et fringant Colorado (Ricky Nelson, à peine 18 ans lors du tournage) qui a refusé l'association au shérif au nom de son indépendance finit par changer d'avis après l'assassinat de son ancien employeur. Enfin le gardien de la prison Stumpy (Walter Brennan) âgé et boîteux reprend auprès de Wayne le rôle pittoresque qu'il tenait auprès de Stewart dans Je suis un aventurier. Pour ces hommes insatisfaits ou diminués, le bien-nommé Chance représente l'espoir d'une amélioration, d'une rédemption ou de la restauration d'une image plus satisfaisante d'eux-même.

Bien que la mise en scène de Hawks reste discrète pour faire la part belle à ses personnages (et aux acteurs qui les interprètent, tous formidables), elle n'est pas dépourvue de morceaux de bravoure. A commencer par la première scène devenue culte. Hommage au muet, toutes les informations y passent par l'image dont ce célèbre plan en contre-plongée où Chance sauve moralement Dude de la déchéance. Autres scènes cultes, celle où Dude abat un des hommes de main de Nathan Burdette grâce à du sang qui goutte dans un verre de bière (une image symbolique de ce qui l'attend s'il continue à boire) et celle du duel final à la dynamite. Enfin la célèbre digression où les quatre hommes célèbrent en chanson leur cohésion est un pur moment de bonheur tout comme les nombreuses scènes où ils se chambrent.

A cette histoire d'hommes façon "les copains d'abord" il faut rajouter le "cinquième élément", à savoir l'une des femmes hawksienne les plus marquantes de sa filmographie, Feathers (Angie Dickinson) qui par bien des aspects rappelle Lauren Bacall dans le Port de l'Angoisse. Les scènes de séduction avec Wayne directement inspirées de la screwball comédie dont Hawks est l'un des maîtres sont un pur délice. Voir ce grand dadais se faire mener par le bout du nez (et couper la chique!) par cette bombe sexuelle particulièrement mutine est jubilatoire ce qui n'exclut pas une authentique tendresse.

En conclusion Rio Bravo est l'un des plus grands western de l'histoire de par son étude de caractères et cet équilibre miraculeux de rythmes et de genres (comédie, drame, romance, scènes d'action, scènes musicales...) Il fait également chaud au coeur. 

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Le sport favori de l'homme (Man's Favorite Sport ?)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1964)

Le sport favori de l'homme (Man's Favorite Sport ?)

Le sport favori de l'homme reprend au milieu des années 60 le pitch des screwball comedies des années 30 et en réalise une synthèse que l'on peut résumer ainsi « Roger doit subir des frustrations et humiliations sans nombres de la part d’une femme arrogante ». On retrouve également des gags déjà vus dans L'impossible M. Bébé comme celui de l'homme qui se colle à la femme pour cacher que le dos de sa robe s'est ouvert. Pourtant on n'a pas l'impression d'une redite. C'est que le choix de Rock HUDSON pour interpréter un imposteur offre une savoureuse mise en abyme. Willoughby prétend être un as de la pêche alors qu'il n'a jamais pratiqué cette activité de sa vie et qu'il déteste le poisson. Et Hudson lui donne une apparence de gendre idéal aussi trompeuse que dans la réalité où il devait dissimuler son homosexualité pour plaire au public. Le film s'emploie à démontrer que le soi disant héros est un empoté, un maladroit qui se fait mener par le bout du nez et qui se retrouve coincé dans son plâtre ou sa fermeture éclair (et donc impuissant) face à une femme dominatrice. La traditionnelle guerre des sexes chère à Hawks retrouve ainsi de belles couleurs même si le rythme est moins soutenu que dans ses comédies plus anciennes.

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Allez coucher ailleurs (I Was a Male War Bride)

Publié le par Rosalie210

Howard Hawks (1949)

Allez coucher ailleurs  (I Was a Male War Bride)

Spécialiste des screwball comédies avec deux chefs-d'œuvre à son actif (L'impossible M. Bébé et La Dame du vendredi), Hawks réalise en 1949 un troisième film appartenant à ce genre avec toujours Cary Grant dans le rôle principal. Mais Allez coucher ailleurs est considéré comme étant un ton en dessous des deux films cités plus haut en raison de son rythme déséquilibré. La deuxième partie souffre en effet de longueurs. Mais le film reste un excellent divertissement et un bon témoin de son époque. Les tracasseries administratives de l'armée US (pour ne pas dire sa paranoïa) conduisent Cary Grant qui joue le rôle du capitaine français Henri Rochard dans une situation kafkaïenne pleine de cocasserie. Pour pouvoir suivre sa femme qui est officier dans l'armée jusqu'aux USA, il doit administrativement puis physiquement (via le travestissement) se faire passer pour une "épouse de guerre" (I was a Male War Bride est d'ailleurs le titre en VO). Seules les épouses étrangères de militaires américains étaient en effet autorisées à entrer aux USA dans l'après-guerre, rien n'étant prévu dans le cas contraire. La loi des quotas de 1924 et l'anticommunisme étaient à l'origine de la restriction de l'immigration.

De cette histoire authentiquement arrivée à un français, Roger H Charlier, Hawks tire un brillant parti en la tirant vers la screwball débridée. Plus que jamais Cary Grant joue le rôle d'un homme infantilisé et ridiculisé par une femme qui s'approprie l'identité et l'héroïsme masculin. C'est elle qui porte la culotte, qui conduit le side-car, qui donne des ordres, qui le sauve. Grant est réduit à l'état de potiche et de pantin qui ne sait pas gérer ses rapports avec les femmes. Plus le film avance et plus sa virilité s'amenuise jusqu'à être réduite au silence. Sa performance, très burlesque met en scène un corps inadapté à son environnement, engoncé dans des espaces étroits (le side-car, la baignoire), amenuisé, expulsé de partout, projeté dans les airs etc. Un corps au genre instable, un aspect que Hawks avait déjà exploité dans L'impossible monsieur bébé. La dernière séquence, hilarante d'Allez coucher ailleurs est la seule de toute sa carrière où il apparaît travesti. Certes il s'agit d'un déguisement grossier derrière lequel il a conservé ses habits masculins. Mais alors pourquoi n'enlève-t-il pas sa jupe à la fin du film?

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La dame du vendredi (His Girl Friday)

Publié le par Rosalie210

La dame du vendredi (1940)

La dame du vendredi (His Girl Friday)

Le titre français, en dessous de tout ne rend pas justice à la comédie de Hawks. "His girl friday" aurait dû être traduit par "Sa femme à tout faire" ou "Sa boniche" en raison de l'allusion à Vendredi, l'esclave de Robinson et non par "La dame du vendredi" qui ne veut rien dire.
Tiré d'une pièce de théâtre de Ben Hecht et Charles MacArthur "The Front Page" (À la une) qui connut pas moins de 4 adaptations au cours du XXe siècle, His girl friday qui est la 2eme est la plus réussie. L'idée forte et audacieuse de Hawks est de féminiser le personnage principal qui est reporter-journaliste, véritable ovni dans un milieu aussi machiste. Il peut ainsi mêler avec bonheur screwball comédie et satire du milieu journalistique (et par extension de la société américaine). Sur le plan visuel, c'est assez pauvre en raison de l'origine théâtrale de l'œuvre. Les acteurs sont confinés essentiellement dans deux pièces. Mais la situation de huis-clos convient à Hawks qui sait particulièrement bien agencer ses personnages dans un espace restreint (par exemple les conversations téléphoniques deviennent un jeu assez étourdissant). Sur le plan des dialogues, c'est un feu d'artifice avec pas moins de 240 mots prononcés par minute (le fameux débit mitraillette de la screwball atteint ici son maximum au point que les réparties se chevauchent) et des passages improvisés assez savoureux comme celui où Cary Grant met en relation le film et son contenu en disant que le fiancé de Hildy ressemble à l'acteur Ralph Bellamy...qui effectivement joue le rôle de son fiancé Bruce. Les manigances du beau Cary (alias Walter Burns) pour mettre Bruce en boîte (au sens propre et au sens figuré) et l'empêcher d'épouser sa bientôt-mais-pas-encore-ex-femme sont irrésistibles. Pas étonnant que His girl friday ait été choisie comme l'une des 7 comédies ayant permis de définir le genre du remariage. Quant à Hildy, tiraillée (là encore au sens propre comme au sens figuré) entre une trépidante mais houleuse existence dans le milieu du journalisme et un destin plan-plan de femme au foyer au fin fond de l'Amérique profonde, elle offre un portrait de femme forte résolument classieux et moderne.

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