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Articles avec #hausner (jessica) tag

Club zéro

Publié le par Rosalie210

Jessica Hausner (2023)

Club zéro

"Club Zéro" m'a fait penser par le milieu friqué et mortifère dépeint et son style froid, distancié, épuré et satirique au seul film de Ruben OSTLUND que j'ai vu, "Snow Therapy" (2014). Les questions soulevées sont pourtant pertinentes mais la manière dont elles sont traitées interroge. En effet ce n'est pas parce que Miss Novak (Mia WASIKOWSKA) est une gourou sectaire que Jessica HAUSNER doit coller à ce point à sa vision du monde dénuée de vie et d'affect. Tel quel, c'est le film qui est dénué de vie et d'affect, montrant une bande de jeunes embrigadés par leur prof, laquelle après une première phase d'hameçonnage autour de la "nutrition consciente" et de toutes les questions légitimes relatives à l'écologie ou de la santé que l'on peut se poser autour tombe le masque et leur propose de ne plus manger du tout. Malgré le maquillage verdâtre censé montrer les dégâts du jeûne prolongé, on peine à croire une seule seconde que ces adolescents sont véritablement anorexiques et il en va de même pour leur prof dont on ne sait rien, au-delà de sa logorrhée verbale, même pas comment elle mange lorsqu'elle ne se met plus en scène. Parce que la duplicité du personnage ne fait guère de doute mais la satire est paresseuse, se réduisant à une tisane commercialisée avec sa bobine sur l'emballage. Bref, le film est désincarné, abstrait et superficiel, n'utilisant le sujet que comme un prétexte à de pathétiques provocations et à un esthétisme léché, évitant soigneusement de se confronter à la maladie et à la mort en jouant la carte du conte moral. Les parents dépassés tout comme le personnel de l'établissement sont des éléments du décor parfaitement assortis à leurs intérieurs design ou cosy mais on est pas chez Jacques DEMY, hélas. "Club zéro", oui, zéro émotions.

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Amour fou

Publié le par Rosalie210

Jessica Hausner (2014)

Amour fou

Ce n'est pas parce que cet "Amour fou" au titre semi-trompeur puisqu'il se situe du côté morbide du romantisme traite du mal de vivre qu'il doit être à ce point dénué de vie. Jessica HAUSNER a été visiblement étouffée par les modèles dont elle s'inspire. Ancienne assistante de Michael HANEKE, elle tente de reproduire son style distancié sans pour autant lui donner du sens. "La Marquise d'O..." (1976), la nouvelle de Heinrich von Kleist est citée, de même que son adaptation par Eric ROHMER qui se retrouve dans l'esthétique du film: des plans fixes composés comme des tableaux. Mais dans le film de Eric ROHMER, ce qui était passionnant, c'était le contraste entre le corsetage esthétique et social et la fièvre des élans pulsionnels s'emparant des protagonistes. Rien de tel dans "Amour fou" où les personnages se confondent avec les meubles. Ils sont si statufiés et si inexpressifs que certains passages en deviennent presque comiques à force d'absurdité. Il faut dire que Heinrich von Kleist (Christian FRIEDEL) poursuivant des jeunes femmes pour les convaincre de se suicider avec lui, c'est légèrement surréaliste. Et même si cela se base sur l'histoire de sa fin tragique, cela n'a pas grand-chose à voir avec l'amour ni avec le romantisme puisqu'il se rabat sur Henriette par défaut après avoir été éconduit par Marie sa cousine (Sandra HULLER qui semble avoir un peu plus les pieds sur terre mais qu'on ne voit que dans deux scènes). Cela ferait presque sourire de voir Henriette et Kleist se moquant des convenances, quitte à passer pour un couple adultère si le film avait un peu de rythme. Mais il est si froid, si lent, si austère, si morne, si théâtral, si rabat-joie que cet acharnement à tuer dans l'oeuf toute émotion chez le spectateur en devient décourageant.

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