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Love Life (Rabu raifu)

Publié le par Rosalie210

Kôji Fukada (2023)

Love Life (Rabu raifu)

Je suis allée voir "Love life" sur un coup de tête après avoir vu l'affiche que j'ai trouvé belle et sans avoir la moindre idée de l'histoire. Quant au réalisateur, je n'ai vu aucun de ses films bien qu'ayant entendu parler de son diptyque "Fuis-moi je te suis" (2020) et "Suis-moi je te fuis" (2020). Bref, "Love life" m'a beaucoup plu et fait partie d'une veine de films japonais sensibles et intimistes que j'aime, travaillant sur les failles de la société au travers du microcosme familial.

Les premières scènes de "Love life" se déroulent à l'intérieur d'un appartement en forme de boîte où vit une famille japonaise recomposée: le mari Jiro, sa femme Taeko et Keita, le petit garçon que Taeko a eu d'une première union. Qui a vu "Still Walking" (2007) de Hirokazu KORE-EDA ou qui connaît un peu les moeurs de la société japonaise sait que les mères célibataires (divorcées ou non) sont mal acceptées par les beaux-parents et pour ne rien arranger, l'appartement du couple formé par Jiro et Taeko appartient aux parents de Jiro qui l'y ont élevé et vivent désormais dans un autre appartement dans une barre d'immeuble située juste en face. Une promiscuité et une dépendance entre générations problématique auquel vient se rajouter une ex-fiancée de Jiro mal quittée et donc malheureuse et le père biologique de Keita qui semble s'être évanoui dans la nature sauf que cela n'est pas tout à fait vrai. Qu'un drame survienne et tous ces dysfonctionnements vont jaillir à la surface, poussant Jiro et Taeko a interroger leurs choix de vie tout en accomplissant leur travail de deuil. Surtout, en faisant imploser l'apparente normalité de la famille japonaise, Kôji FUKADA appuie là où ça fait mal. Taeko n'a pas un statut inconfortable par hasard, elle s'avère être une travailleuse sociale proche des exclus dont fait partie son premier mari qui est frappé de trois "tares" aux yeux de la société japonaise: il est SDF, il est malentendant et il est coréen. Et seule Taeko est capable de comprendre son langage alors que plus le film avance, plus on mesure son décalage vis à vis de la norme (les scènes musicales où elle paraît désyncronisée sont particulièrement frappantes à cet égard). Kôji FUKADA part ainsi du centre, de la norme sociale pour glisser progressivement vers sa marge, à l'image du talisman symbolique du film, un CD suspendu au balcon qui réfléchit la lumière. La symbolique des objets et des décors (le jeu Othello, les ballons, les appartements jumeaux) n'est pas la moindre qualité de ce film riche et subtil.

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