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Articles avec #ferrara (abel) tag

Bad Lieutenant

Publié le par Rosalie210

Abel Ferrara (1992)

Bad Lieutenant

A sa sortie, je n'ai pas été voir le film mais j'ai été intriguée par son affiche, cet homme nu aux yeux fermés et l'expression de douleur reflétée par son visage. Pas de couronne d'épines, pas de stigmates sanglants, pas même de bras en croix (bien que dans le film, ce soit le cas) et pourtant, l'image du Christ s'est imposée quelque part en moi. Un Christ qui sent quand même le souffre (pour ne pas dire d'autres substances, quand il ne se les fait pas directement injecter dans les veines, scène si étirée qu'elle en devient insoutenable). De fait si "Bad Lieutenant" n'est pas un film à mettre entre toutes les mains, c'est une oeuvre puissante qui se situe quelque part entre Martin SCORSESE et Pier Paolo PASOLINI, profondément catholique tout en étant pas très orthodoxe voire iconoclaste. Cependant c'est bien l'histoire d'une rédemption que raconte Abel FERRARA (dont le prénom semble lui-même prédestiné) à travers son flic corrompu jusqu'à la moëlle qui dès que ses enfants ont le dos tourné plonge sous la pellicule d'American of life dans les bas-fonds new-yorkais pour se vautrer dans le vice en abusant du pouvoir que son statut lui confère pour extorquer drogues, fric, services sexuels à ceux qu'il est chargé d'arrêter. Jusqu'à ce qu'il franchisse les portes d'une église de Spanish Harlem dans le cadre d'une enquête particulièrement sordide sur le viol d'une religieuse. Celle-ci lui impose sa morale du pardon (qu'on peut d'ailleurs trouver tout à fait discutable et les arguments du lieutenant dont on ne saura jamais le nom ne manquent pas non plus de bon sens) qui le fait entrer dans une âpre cure de "désintoxication" au bout de laquelle il expie ses fautes dans le sang et la douleur. Harvey KEITEL qui est un acteur à la forte présence est totalement habité par le rôle comme je le disais en commentant l'affiche et sa prestation est impressionnante. On peut aussi souligner le rôle joué par Zoë LUND qui interprète une dealeuse qui injecte les doses au lieutenant comme s'il s'agissait d'un rituel sacré (son prénom est d'ailleurs Magdalena ce qui me renforce dans l'idée que si le lieutenant n'a pas de nom c'est pour éviter de sombrer dans un symbolisme trop lourdingue tant il est évident qu'il est une réincarnation de Jésus). Zoë LUND qui a co-signé par ailleurs le scénario est pour beaucoup dans l'atmosphère de véracité éprouvante qui se dégage du film. Elle a d'ailleurs succombé à une crise cardiaque due à sa toxicomanie en 1999.

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