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Articles avec #farrelly (peter) tag

Mary à tout prix (There's Something About Mary)

Publié le par Rosalie210

Peter et Bobby Farrelly (1998)

Mary à tout prix (There's Something About Mary)

"Mary à tout prix" parle d'affaires de cœur au niveau du corps. Et ce que dit le corps n'est pas en harmonie avec les prétentions du cœur (ou de ce qui en tient lieu). Si bien que le déroulement de la comédie romantique attendue est sans cesse dérangée par des moments burlesques transgressifs hilarants (si on supporte le mauvais goût, bien entendu).

L'entrée en matière a valeur programmatique: un troubadour des temps modernes chante l'amour perché dans un arbre (^^). Mais une fois revenu sur terre, le prétendant, Ted, n'a rien du prince charmant: c'est un ahurissant benêt joué par un hilarant Ben STILLER affublé d'une improbable perruque et d'un non moins improbable appareil dentaire. Ne manque plus que l'éruption d'acné pour incarner à la perfection l'âge ingrat. Il convoite Mary (Cameron DIAZ), la princesse idéale et inaccessible dont rêvent tous les garçons ce que son apparition auréolée de lumière confirme. Mais deuxième petit grain de sable, elle ne se sépare jamais de Warren, son frère handicapé et encombrant dont les réactions sont imprévisibles. Et une fois celui-ci apprivoisé, alors que la partition musicale semble reprendre son air attendu avec une "boum" aux allures de bal des débutants des années 50 (costumes kisch compris), le pauvre Ted se coince le zizi dans sa braguette en allant aux toilettes et finit aux urgences. Les toilettes sont le lieu ultime du test de virilité et l'autre séquence culte qui s'y déroule, celle de la "décharge du pistolet" me fait penser à la fois à la séquence clé du "Le Parrain" (1972) où Michael Corleone en sortant des toilettes avec un pistolet chargé prouve qu'il est bien le fils de son père et celle de "Pulp Fiction" (1993) où pendant que John TRAVOLTA calme ses ardeurs aux toilettes, Uma THURMAN fait une overdose à partir de la drogue qu'elle a trouvé dans ses affaires (le sort de Mary est cependant moins dramatique puisque le gel séminal finit dans ses cheveux ^^).

Le vrai sujet du film peut alors se déployer. Car les quatre neuneus qui courent après Mary et dont les frères Farrelly se payent joyeusement la tête sont autant de caricatures d'un problème dans la relation homme-femme bien réel. Celui qui consiste pour l'homme à utiliser la femme (jeune et jolie) comme un miroir narcissique. Le fait que Mary succombe au charme de Ted le gaffeur congénital, de Healy le beauf à moustache (Matt DILLON), de Dom le fétichiste à prurit (Chris ELLIOTT) ou de Tucker (Lee EVANS) le bigleux en béquilles offre un autre miroir, grotesque celui-là des innombrables situations (fictionnelles ou non) dans lesquelles un vieux beau (ou non d'ailleurs ^^^) se tape une jeunette. D'ailleurs l'une des dernières scènes du films montre bien un vieillard qui lui aussi convoite Mary et dégomme le troubadour chanteur au passage à la façon des The MONTY PYTHON dans "Monty Python sacré Graal" (1975) . Exit la comédie romantique, bonjour la comédie grinçante.

Car dans le fond les filles avides de sitcom et les garçons amateurs de blagues potaches sont renvoyés dos à dos. Mary est une des innombrables victimes du "syndrome Florence Nightingale". Elle épouse avec le sourire l'un des rôles que la société souhaite voir les femmes endosser, celui de l'infirmière réparatrice d'egos masculins en souffrance. Quant aux méthodes que les hommes utilisent pour la séduire dans une compétition virile où la femme n'est vue que comme un trophée, elles relèvent tout simplement de la manipulation et de la prédation. Tous lui mentent, Healy la met sur écoute et ensuite prétend avoir les mêmes goûts qu'elle (tout comme Phil dans "Un jour sans fin" (1993) où joue également Chris ELLIOTT), Dom la harcèle, Ted la fait suivre. Pas la moindre chance qu'un amour authentique puisse éclore dans ces conditions contrairement à ce que le "happy end" semble montrer.

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Green Book: Sur les routes du sud (Green Book)

Publié le par Rosalie210

Peter Farrelly (2018)

Green Book: Sur les routes du sud (Green Book)

Comme ses héros en mouvement, Peter FARRELLY ne sait pas rester à la place qui lui a été assignée. Après avoir réalisé pendant quinze ans des comédies délirantes et provocantes avec son frère mettant en scène Jim CARREY ou Ben STILLER, le voilà qui se lance en solo dans le drame humaniste, un cheminement qui peut faire penser en France à celui de Albert DUPONTEL. Mais bien qu'ayant changé de genre, Peter FARRELLY ne renonce pas à son humour très physiologique. Rien de tel qu'une bonne dose de subversion pour déjouer (du moins en grande partie) les pièges du film à grand sujet pétri de bons sentiments. Dans cette nouvelle histoire d'Intouchables tirée d'une histoire vraie, tous les repères sont inversés. le (petit) blanc, Tony Lip est un prolétaire brutal confiné dans son ghetto rital du Bronx et son ignorance crasse. Mais il a envie d'aller voir ailleurs et son appétit est sans borne (il est champion de concours de hot-dog ^^). Et Viggo MORTENSEN, inattendu dans ce rôle, d'enfiler continuellement des tonnes de junk food en y initiant son patron tout en recrachant avec mépris les canapés servis dans les grandes maisons bourgeoises. Le reste est à l'avenant: siège avant transformé en poubelle, flingue à la ceinture, billets de banque bien en évidence dégainés au moindre problème, tendance à confondre sa poche et celle des autres, langue bien pendue et poings prompts à partir. Derrière lui, son employeur, le Docteur Shirley (Mahershala ALI) se définit par ce qu'il n'est pas "pas assez noir, pas assez blanc, pas assez homme". Cette identité par soustraction varie selon les lieux où il passe. A New-York, il est surtout un grand bourgeois raffiné et un pianiste virtuose proche des cercles du pouvoir. Dans le sud profond du début des années 60 où il décide courageusement de se produire, il n'est plus aux yeux des blancs qu'un "nègre" qui se prend de plein fouet la violence de la ségrégation et de la discrimination raciale, ceux-ci ne l'acceptant comme l'un des leurs que dans le cadre étroit de la salle de concert. Pour aggraver son malheur, il ne peut pas davantage se fondre dans la masse de ses "congénères" (comme ne cesse de lui dire Tony Lip dont le racisme essentialisant est partagé par les bourgeois se voulant ouvert d'esprit, persuadés que tous les noirs aiment le poulet frit), car il est trop différent d'eux. Il est donc condamné à rester seul et à se faire rejeter de tous les côtés. Ou presque, la cohabitation avec le remuant Tony Lip dans l'habitacle de la voiture s'avérant au final un havre de douceur et de délicatesse comparée aux grandes maisons de maître et aux commissariats du sud. De quoi décoincer un peu le si guindé et snob Docteur Shirley alors que sous sa direction, Tony Lip se met à articuler et à écrire du Shakespeare à sa femme ("putain, c'est romantique!" ^^). Il y a même une scène où Tony, surprenant son patron dans une situation délicate révèle des trésors de tact alors qu'il aurait pu verser (et Peter FARRELLY avec lui) dans la lourdeur.

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