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Articles avec #farhadi (asghar) tag

Un Héros (Ghahreman)

Publié le par Rosalie210

Asghar Farhadi (2021)

Un Héros (Ghahreman)

xcellent film en forme de conte moral et à résonance universelle, bien que profondément ancré dans la société iranienne. Le scénario est une véritable mécanique d'horlogerie qui nous entraîne avec le "héros" du titre, Rahim dont les deux jours de permission ne vont pas être de tout repos. Les premières scènes du film nuancent d'emblée le personnage par rapport à la version manichéenne que vont en donner les médias (saint homme puis affabulateur). Celui-ci est en prison pour une dette vis à vis de son oncle. Lors d'une permission, il entre en possession d'un sac rempli de pièces d'or trouvé par sa petite amie. Il tente de négocier avec son oncle le retrait de sa plainte en échange de l'or et d'une promesse de remboursement échelonné du reste de sa dette une fois qu'il aura trouvé un travail. Mais celui-ci refuse car il ne lui fait plus confiance. C'est d'ailleurs réciproque et la défiance entre les deux hommes joue un rôle clé dans le film. D'autant que les proches de Rahim ne se précipitent pas pour se porter caution. Enfin, lorsqu'il tente de vendre les pièces, il découvre que leur cours a baissé. C'est seulement à ce moment-là que Rahim décide de poser une annonce pour rechercher le ou la propriétaire du sac en omettant les détails du cheminement par lequel il y est arrivé. Deuxième arrangement avec la vérité, bien spécifiquement iranien, il fait croire qu'il a trouvé lui-même le sac pour ne pas compromettre son amie avec laquelle il n'est pas encore marié. Enfin, lorsque la propriétaire se manifeste, il est retourné en prison et c'est sa soeur qui lui remet le bien, sans prendre de précautions ni faire de vérifications. Mais comme Rahim a mis le numéro de la prison dans l'annonce (lui-même n'ayant pas droit au téléphone portable) la machine s'emballe très vite et celui-ci est réduit à l'état de pion dans un engrenage qui le dépasse. Dans un premier temps, tout le monde a intérêt à le présenter comme un héros: les dirigeants de la prison qui ont médiatisé l'affaire afin de redorer leur image ternie par des affaires de suicide. Mais aussi l'organisation caritative qui espère augmenter son audience pour récolter davantage de fonds ou les autorités qui le présentent comme un modèle pour la société. Rahim qui espère regagner l'estime et la confiance de son entourage pense alors naïvement la partie gagnée. Mais évidemment cela ne dure pas et comme en occident le poison du soupçon et de la jalousie alimenté par le complotisme des réseaux sociaux va rapidement ruiner l'édifice. Tous les manquements de Rahim vont alors se retourner contre lui lorsque la promesse d'embauche se transforme en inquisition et l'amener à "péter les plombs" et à tout perdre. Au moins aura-t-il appris à protéger son fils de la convoitise voyeuriste des médias à défaut d'avoir pu restaurer son honneur.

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Le Client (Forushande)

Publié le par Rosalie210

Asghar Farhadi (2015)

Le Client (Forushande)

"Le Client" est un bon film mais inférieur à "Une séparation" (2010). C'est le revers de la médaille de la consécration internationale. Le fait de concourir à Cannes, à Berlin ou à Venise et d'y remporter des prix entraîne des répercussions sur les films de leurs auteurs qui ont tendance à se standardiser selon des canons occidentaux. Certes, "Le Client" évoque une agression sous la douche à côté de laquelle celle de "Psychose" (1960) qui était pourtant censurée par le code Hays paraît ultra osée. C'est bien simple, dans le film de Asghar FARHADI, tout se passe en hors-champ et la nature de l'agression ne sera jamais explicitement dévoilée. Mais le fait de passer par une mise en abyme théâtrale (celle d'une pièce de Arthur Miller "Mort d'un commis voyageur") pour expliciter par le décalage absurde entre les répliques ("je suis sans vêtements") et l'actrice enveloppée des pieds à la tête qu'il est inconcevable qu'une femme iranienne se déshabille devant un public est en revanche un procédé usé jusqu'à la corde ("Drive My Car" (2021) tout récemment en faisait de même avec Tchékhov). De même, si l'on peut comprendre pourquoi la jeune femme ne veut pas porter plainte (déjà que la France n'est pas un modèle en la matière alors l'Iran où l'on tue des femmes pour des cheveux qui dépassent du foulard, n'en parlons pas), la manière dont son mari en fait une affaire de vengeance personnelle ressemble à des dizaines d'histoires semblables où on ne porte pas plainte et où l'on enquête soi-même avec une déconcertante facilité par rapport à la vie réelle. L'aspect le plus intéressant du film finalement est ce que l'agression révèle des dissensions au sein du couple (perceptibles dès les premières images avec les murs lézardés de leur chambre). Le vernis moderne se craquèle pour laisser place aux réactions violentes du mari mortifié dans son amour-propre et qui ne supporte pas que sa femme puisse être de quelque façon que ce soit amalgamée à une putain. L'image et l'honneur sont bien plus importants à ses yeux que le bien-être de sa femme ou l'état de santé de l'homme qu'il finit par coincer. Dommage que Asghar FARHADI ait eu la main très lourde sur la fin qui est trop longue et trop démonstrative.

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Une Séparation (Djodāï-yé Nāder az Simin)

Publié le par Rosalie210

Asghar Farhadi (2011)

Une Séparation (Djodāï-yé Nāder az Simin)

"Une Séparation" est le cinquième film de Asghar FARHADI et celui qui lui a valu la consécration internationale avec notamment l'Ours d'or à Berlin, le César, l'Oscar et le Golden Globe du meilleur film étranger. De plus, grâce à son succès en salles, il a permis à beaucoup de gens de découvrir le cinéma iranien et sa société conflictuelle ("séparation" entre les sexes, les générations, les classes sociales, les valeurs, la religion) dans laquelle comme chez Jean RENOIR, chacun a ses raisons. Autrement dit, même si "Une Séparation" est en grande partie un film de procédure judiciaire, ce n'est pas un film qui juge ses protagonistes. Bien au contraire, il expose toute la complexité de leur situation derrière leurs actes sans que pour autant leurs conséquences désastreuses ne soient évacuées. Ainsi dès la première scène, on voit un couple issu d'une classe sociale plutôt aisée, Nader (Payman MAADI) et Simin (Leila HATAMI) se déchirer autour d'une procédure de divorce. Simin veut profiter du visa d'immigration qu'elle a obtenu pour partir à l'étranger et donner à leur fille Termeh (Sarina FARHADI) un meilleur avenir. Mais Nader refuse de la suivre parce qu'il ne veut pas abandonner son vieux père atteint de la maladie d'Alzheimer et dont il a la charge. N'obtenant pas satisfaction, Simin part vivre chez ses parents, espérant sans doute ainsi faire changer d'avis son mari et prend de l'argent pour payer un supplément aux déménageurs sans le lui dire. Cette méthode qui repose sur le non-dit et le rapport de forces provoque une série de catastrophes en chaîne en mêlant aux problèmes de Nader et Simin ceux d'un autre couple, beaucoup plus pauvre, Razieh (Sareh BAYAT) et Hodjat (Shahab HOSSEINI) où là encore règne les problèmes de communication. Voyant son mari (qui est du genre à perdre facilement son sang-froid) noyé jusqu'au cou dans les problèmes d'argent, Razieh décide sans le lui dire d'aller s'employer chez Nader qui a besoin d'une aide à domicile pour son père après le départ de sa femme. Mais Razieh qui, habitant loin et n'ayant pas de voiture met beaucoup de temps à se déplacer est vite dépassée par l'ampleur de la tâche entre sa gamine Somayeh qui est dans ses pattes et fait des bêtises, sa grossesse (qu'elle a également caché pour se faire embaucher) qui la fatigue et le père de Nader dont elle n'arrive pas à correctement s'occuper, autant pour les raisons citées plus haut qu'en raison de ses croyances religieuses. Lorsque les deux couples en viennent à porter plainte l'un contre l'autre, on réalise le tissu de mensonges qui s'est dressé entre ces êtres, empêchant toute résolution à l'amiable. Derrière les conflits interpersonnels, c'est aussi un cruel portrait de l'Iran que dresse Asghar FARHADI: la sujétion de la femme, le poids de la religion, l'absence ou l'insuffisance d'éducation et de perspectives, l'abandon des plus fragiles. Le tout sous le regard des plus jeunes, Termeh et Somayeh qui apparaissent comme les principales victimes des adultes et de la société.

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Le Passé (Gozashte)

Publié le par Rosalie210

Asghar Farhadi (2012)

Le Passé (Gozashte)

Contrairement à Hirokazu KORE-EDA qui a perdu son identité en tournant à Paris "La Vérité" (2019), bel objet de prestige parfaitement creux, Asghar FARHADI a réussi à transplanter son univers dans le terreau français pour son premier film tourné hors d'Iran. Il faut dire que contrairement à son homologue japonais qui n'a fait tourner que des stars occidentales dans un cadre fermé et huppé, le film de Farhadi est multiculturel, brassant des acteurs venus d'horizons variés, donnant l'un des rôles principaux, celui d'Ahmad à un acteur iranien (Ali MOSAFFA) et montrant des personnages issus de la classe moyenne dans leur pavillon de banlieue en cours de rafraîchissement comme dans la banalité de leur travail. C'est d'ailleurs davantage cet ancrage réaliste qui m'a touché de prime abord que le thème principal du film à savoir le poids du passé sur le présent et donc la difficulté à tourner la page et à aller de l'avant. Mais grâce à la qualité d'écriture et à l'impeccable direction d'acteurs, on accroche à l'histoire de cette famille recomposée aux rapports conflictuels mais également prise dans les non-dits avec des rebondissements dignes d'un thriller qui nous tiennent en haleine du début à la fin. Les personnages parviennent à exister, non seulement le trio principal, Marie (Bérénice BEJO), Ahmad son ex-mari et Samir (Tahar RAHIM) son nouveau compagnon mais aussi les enfants, notamment Lucie et Fouad et Naïma (Sabrina OUAZANI) l'employée de Samir. Leurs motivations sont suffisamment complexes et développées pour éviter l'écueil du jugement facile. La scène finale qui fait écho à celle qui ouvre le film complète le panorama de la tragédie ordinaire de l'incommunicabilité entre individus qui s'aiment.

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