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Articles avec #fantastique tag

Les Enfants du Temps (Tenki No Ko)

Publié le par Rosalie210

Makoto Shinkai (2019)

Les Enfants du Temps (Tenki No Ko)

"Les enfants du temps" est le dernier film de Makoto SHINKAI le réalisateur du très remarqué "Your name" (2016). Mais "Les enfants du temps" lui est encore supérieur en jouant avec virtuosité et une grande précision sur deux tableaux, celui de l'hyper réalisme et celui du fantastique poétique. Le titre est très approprié car effectivement les enfants du film sont bien de "leur temps", un temps de crise sociale et écologique aigüe. Les héros sont des adolescents laissés-pour-compte de la société, livrés à eux-mêmes et tentant de survivre dans la jungle urbaine de Tokyo comme dans "Le Garçon et la Bête" (2015). Peu à peu, on les voit tenter de reconstruire quelque chose qui ressemble à un foyer. Mais comme dans "Une Affaire de famille" (2018) ils sont rapidement inquiétés par les autorités alors que le seul adulte qui leur a tendu la main se dérobe à son tour, de peur de ne plus pouvoir rendre visite à sa propre fille, lui aussi ayant vu sa famille se faire atomiser. Et bien qu'en ces temps troublés par les catastrophes écologiques à répétition, c'est le feu qui occupe le devant de la scène, la montée des eaux est tout aussi préoccupante. Makoto SHINKAI imagine quelque chose qui ressemble au Déluge. Une pluie diluvienne qui ne peut être interrompue que par le sacrifice d'une "fille-soleil" dotée de pouvoirs paranormaux. Mais le garçon qui l'aime se révolte contre l'injustice qui consiste à échanger une innocente contre le sauvetage d'une société malade et préfère vivre avec elle dans une ville noyée sous les eaux et "sans soleil". Comment ne pas voir dans ce thème un hommage à Chris MARKER et son documentaire sur les "pôles extrêmes de la survie" incluant le Japon, seul pays riche à avoir conservé un tel degré de conscience de sa fragilité intrinsèque et de ce fait à avoir gardé un lien puissant avec les forces invisibles. Hina la "fille-soleil" étant reliée au ciel de par sa nature même, elle a le pouvoir de provoquer des éclaircies ou de faire tomber la neige en plein milieu de l'été.

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Les Horizons perdus (Lost Horizon)

Publié le par Rosalie210

Frank Capra (1937)

Les Horizons perdus (Lost Horizon)

"Horizons perdus" c'est L'Utopie de Thomas More revue et corrigée par James Hilton (auteur du roman), Frank CAPRA (réalisateur du film adapté du livre) et indissociable du contexte historique très sombre des années 30 et 40 dans lequel le cinéaste a forgé ses plus grands chefs d'oeuvre humanistes (le roman date quant à lui de 1933 soit l'année de l'arrivée de Hitler au pouvoir). S'y ajoute une dimension mystique lié au lieu où le romancier a décidé d'implanter sa cité idéale: non sur une île mais au beau milieu d'une vallée perdue quelque part aux confins de la chaîne de l'Himalaya. Shangri-La est d'ailleurs un surprenant mélange entre une lamaserie tibétaine et un palais art déco occidental (à l'image de sa population). Inspiré du mythe bouddhiste de Shambhala ("lieu du bonheur paisible") il se situe hors du temps et hors de l'histoire dans un lieu secret à l'abri des tempêtes qui agitent le reste du monde. Un lieu qui est d'ailleurs plus spirituel que matériel puisqu'il suffit d'y croire pour le retrouver (en soi) et qu'à l'inverse ceux qui ne sont pas en paix avec eux-mêmes sont incapables d'y rester comme l'illustre l'itinéraire tragique du frère de Robert Cornway*.

La première scène de "Horizons perdus" est une plongée saisissante dans l'enfer des années précédent l'éclatement de la seconde guerre mondiale vu à travers le prisme d'une petite colonie britannique chinoise sur le point de basculer sous la domination japonaise. On assiste à une scène chaotique d'évacuation des blancs par avion alors que les chinois sont impitoyablement refoulés. Expression du racisme occidental décomplexé, cette évacuation sélective est aussi une manifestation de la vision nazie du monde "la lutte pour la vie" dont ne peuvent se sortir que "les plus forts" c'est à dire "les races supérieures"**.

Cependant l'organisateur de cette évacuation, le diplomate Robert Cornway (Ronald COLMAN) se pose des questions. Sa curiosité et ses interrogations vont l'entraîner dans la direction opposée à celle qu'il avait (consciemment) voulu prendre, entraînant avec lui ses quatre compagnons pour le meilleur ou pour le pire. Car ce que souligne également Frank CAPRA c'est le peu d'appétence de l'homme occidental pour le bonheur qui implique une frugalité, une simplicité et une modestie dont il est dépourvu. Son "logiciel idéologique" est celui du conquérant et du compétiteur agressif et perpétuellement insatisfait, pas celui du sage qui rayonne de sérénité. D'ailleurs on découvre que la raison d'être de Shangri-La est de mettre hors de portée de cet homme prétendûment seul civilisé mais en réalité enclin à la destructivité tous les trésors accumulés au cours des siècles (James Hilton et Frank Capra en se focalisant sur les livres avaient sans doute en tête les autodafés nazis mais les menaces récentes de Donald Trump sur le patrimoine culturel iranien ou les bombardements et pillages des œuvres d'art irakiennes en 2003 montrent que les occidentaux ne se sont pas vraiment amendés de ce côté en dépit des actions de l'UNESCO en faveur de la protection du patrimoine mondial de l'humanité).

Bref il y a de quoi réfléchir avec ce film très riche et remarquablement construit pour peu qu'on le replace dans son contexte et que l'on comprenne que Frank CAPRA n'avait rien de naïf mais bien au contraire érigeait ses fables humanistes en rempart contre le désespoir (un désespoir qui conduira par exemple l'écrivain Stefan Zweig au suicide en 1942). Ayant été au fil du temps amputé de 25 minutes (il en faisait 132 à l'origine), il a bénéficié d'un travail de recherche qui a permis de le restaurer en majeure partie: la bande-son a été entièrement retrouvée et quant aux images, il en manque environ sept minutes. Elles sont remplacées par des photos de tournage.

* Dans "Brazil" (1985) de Terry GILLIAM qui dépeint un terrifiant monde totalitaire dont on ne peut s'échapper qu'en esprit, la cité où vit Jill, la femme idéale que Sam retrouve (en rêve) dans les cieux se nomme justement "Shangri-La".

** Jusqu'à la bataille d'Angleterre, les nazis ont espéré trouver un terrain d'entente avec les anglais qu'ils considéraient comme des cousins "naturels" situés dans la partie haute de leur hiérarchie raciale.

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Le Pôle Express (The Polar Express)

Publié le par Rosalie210

Robert Zemeckis (2004)

Le Pôle Express (The Polar Express)


"Le Pôle Express" est le premier des trois films que Robert ZEMECKIS a réalisé à l'aide de la technique de la performance capture qui en était alors à ses débuts. L'aspect expérimental de son film vient appuyer sa recherche constante d'élimination des lois physiques qui compartimentent l'existence humaine. Avec le "Pôle Express", l'impossible devient possible: les obstacles se dématérialisent, permettant à la caméra de les traverser, les humains fusionnent avec leurs jouets, devenant des êtres synthétiques affranchis des contingences spatio-temporelles. C'est ainsi qu'un même acteur (Tom HANKS) après avoir pu s'incruster dans des images d'archives (dans "Forrest Gump" (1994)) peut ici incarner en même temps six personnages différents dont un vieillard et un enfant (ainsi que son père). De même le film défie les lois de la gravité avec de nombreuses séquences de montagnes russes qui donnent l'impression de voler. La plus virtuose est celle du ticket de train, à juste titre comparé à la plume de Forrest Gump (mais aussi au ticket d'or de "Charlie et la chocolaterie" ou bien à l'aventure tout aussi magique du Poudlard Express ^^). C'est cette dimension de liberté absolue qui donne au film son aura de rêve éveillé (la musique de Alan SILVESTRI y est aussi pour quelque chose) et lui permet de dépasser un discours de surface très niais sur "l'esprit de noël" et une intrigue initiatique convenue. Le "Pôle Express" en dépit de ces grosses ficelles ouvre une autre voie aux enfants sortis de l'illustration de Norman Rockwell brisant le mythe du père Noël en leur permettant de grandir sans s'amoindrir.

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L'homme à la tête de caoutchouc

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1901)

L'homme à la tête de caoutchouc

Un des courts-métrages les plus fameux de Georges MÉLIÈS dans lequel celui-ci utilise plusieurs trucages maîtrisés à la perfection: fond noir, arrêt caméra, surimpression, jeu sur la perspective et le cadre dans le cadre pour créer l'illusion d'une tête coupée (la sienne) qui gonfle et se dégonfle comme un ballon actionné à l'aide d'un soufflet par un apothicaire (lui-même). Contrairement à ce que pensait l'historien du cinéma George Sadoul, ce n'est pas la caméra qui s'approche du sujet mais à l'inverse le sujet qui s'approche (ou s'éloigne) de la caméra à l'aide d'un chariot monté sur rails. Georges MÉLIÈS qui se plaçait du point de vue du spectateur de son théâtre Robert Houdin n'imaginait pas en effet qu'il pouvait bouger la caméra. Quant au gag final, il créé un effet de surprise, à la fois burlesque et terrifiant qui fait penser à un cartoon. Les corps vivants chez Georges MÉLIÈS subissent en effet toutes sortes de transformations impossibles dans la réalité mais abondamment utilisées dans le cinéma d'animation burlesque: aplatissement, démembrement, éclatement, dédoublement, lévitation, grossissement, rapetissement, disparition, réapparition etc.

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Les Aventures du Baron de Münchhausen (The Adventures of Baron Munchausen)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam (1988)

Les Aventures du Baron de Münchhausen (The Adventures of Baron Munchausen)


Une quinzaine d'années avant ses déboires avec Don Quichotte, Terry GILLIAM s'était déjà embarqué dans une grosse galère avec un héros à sa (dé)mesure en la personne de Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen, mercenaire allemand dans l’armée russe, qui combattit les troupes turques avant de devenir l'un des mythomanes les plus célèbres de la littérature grâce à Rudolf Erich Raspe qui coucha par écrit ses prétendus "exploits" et Gustave Doré qui les illustra. Terry GILLIAM s'est approprié ce matériau originel (le choix de John NEVILLE pour incarner le baron est une référence directe à Gustave Doré dont il s'est beaucoup inspiré) en y ajoutant son imagination débridée, sa créativité visuelle et sa soif de liberté. Son film est donc un nouvel épisode métaphorique (après "Bandits, bandits…" (1981) et "Brazil") (1985) de sa lutte don quichottesque contre les moulins à vents des studios incapables de contrôler ce rêveur aux projets mégalomanes (autrement dit synonymes de gouffre financier). La scène où le baron s'envole toujours plus haut dans le ciel avec la belle Vénus toute droit sortie du coquillage de Botticelli (Uma THURMAN âgée de 18 ans dans son premier rôle) avant d'être brutalement ramené sur terre par le dieu Vulcain (Oliver REED) et la jeune Sally (Sarah POLLEY) est assez représentative de son rapport au monde ("Brazil" (1985) contient des scènes iconiques identiques). On peut en dire autant de la scène "fauchée" pour cause de dépassement de budget (mais qui est l'une de mes préférées) sur la lune, magnifique hommage à Georges MÉLIÈS et incroyable délire sur la dualité corps/esprit (Robin WILLIAMS comme Robert De NIRO dans "Brazil" (1985) y avance masqué, il est pourtant excellent). Car même si Terry GILLIAM est selon le journal le Monde un "maudit rêveur", il est aussi extraordinairement persévérant, réussissant toujours au final à concrétiser ses projets. C'est tout le sel du dénouement du film. Alors que le baron, surgissant sur une scène de théâtre tel un acteur a semblé tout au long du film n'offrir à son auditoire avide d'évasion (comme on a pu souvent le constater dans les périodes de guerre) qu'un dérivatif illusoire, voilà que lorsqu'ils se décident à ouvrir les portes de leur ville assiégée, ils découvrent que les turcs se sont enfuis, illustrant la phrase de Dumbledore à la fin des "Reliques de la mort", "Bien sûr que tout cela se passe dans ta tête Harry mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel?"

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Le roi des Aulnes (Der Erlkönig)

Publié le par Rosalie210

Marie-Louise Iribe (1931)

Le roi des Aulnes (Der Erlkönig)

"Le roi des Aulnes" est l'un des premiers films français parlants. Parlant il l'est d'ailleurs à peine tant le verbe, rare et parfois inaudible, semble déconnecté de l'image. Mais cela n'est pas grave car "Le roi des Aulnes" est avant tout un poème visuel expérimental. La réalisatrice, Marie-Louise IRIBE avait pour ambition d'adapter le poème de Goethe afin de donner un "pendant visuel" à la partition de Franz Schubert (qui constitue l'arrière-plan musical du film). Le résultat est surprenant avec quelques images animistes en surimpression vraiment très belles dans la forêt qui m'ont fait penser à certains passages du "Fantasia" (1940) des studios Disney.

Néanmoins le procédé, répétitif finit à la longue par lasser et narrativement, le film ne tient pas la route. Même s'il ne dure qu'un peu plus d'une heure, c'est déjà trop long pour raconter l'histoire de ce père qui par une nuit orageuse tente de traverser la forêt avec son fils mourant qui croit voir partout un "Erlkönig" (traduit par "roi des Aulnes" en français mais le terme plus exact serait "roi des elfes"), créature maléfique de la mythologie germanique qui hante les forêts et s'en prend aux enfants. Autrement dit, ce mauvais esprit est une variante de la grande faucheuse et d'ailleurs la fin du film le représente sous la forme d'un squelette alors qu'auparavant il se présentait sous la forme d'un chevalier.

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Gremlins

Publié le par Rosalie210

Joe Dante (1984)

Gremlins

"Gremlins", film culte ancré dans les années 80 (les décors de Kingston Falls ont été réutilisés pour Hill Valley dans "Retour vers le futur" (1985), les deux films ont d'ailleurs beaucoup de points communs) est le "Docteur Jekyll et M. Hyde" de l'Amérique. C'est en effet un film bicéphale qui porte la marque diamétralement opposée de ses deux auteurs: celle de Steven SPIELBERG le producteur (redoublée par le scénariste du film, Chris COLUMBUS) et celle de Joe DANTE le réalisateur. Steven SPIELBERG incarne les valeurs-refuge des USA c'est à dire un univers de conte et la célébration de la cellule familiale à travers les références à ses films cultes tels que "La Vie est belle" (1946) devenu le film de noël des américains. Comme dans le film de Frank CAPRA, l'histoire se déroule à noël dans une petite bourgade où tout le monde se connaît et a pour épicentre la chaleur d'un foyer familial où vient se rajouter une grosse peluche vivante à la voix d'ange, le mogwai Gizmo. Mais comme dans "La Vie est belle" (1946), les apparences sont trompeuses et la famille a du plomb dans l'aile. A la lutte du petit entrepreneur contre le Big Business vient se substituer la crise du début des années 80 avec dès le début une mère qui avec ses enfants mendie en vain un délai pour payer son loyer et un père inadapté qui bricole des objets inutiles et défectueux (une façon de railler l'American way of life) nanti d'un fils qui s'est substitué à lui pour faire vivre la famille mais dont la voiture ne marche pas sans parler de la fille dont il est amoureux pour qui noël rime avec taux de suicide maximal. Quant à la grosse peluche, force est de constater qu'entre des mains immatures, elle peut faire tourner le rêve en cauchemar. C'est ainsi que la vision spielbergienne ainsi nuancée peut harmonieusement se combiner avec celle du sale gosse Joe DANTE et sa bande "d'affreux, sales et méchants" (des animatroniques, technique typique de l'époque pour animer les créatures de SF) qui ont pour mission de pulvériser façon puzzle ^^ la vision par trop ripolinée de l'Amérique profonde heureuse, cette Amérique qui tremble devant une invasion étrangère fantasmée ("Gremlins" partage également avec "Retour vers le futur" (1985) une citation explicite du film "L'Invasion des profanateurs de sépultures" (1956) dont l'habillage SF transpose la psychose liée à la peur du communisme, peur qui était encore d'actualité dans les années 80, la guerre froide n'étant pas encore terminée). Il y a donc aussi une satire grinçante dans "Gremlins" qui culmine avec le visionnage par les monstres de "Blanche Neige et les 7 Nains" (1937) (au vu de ce qui leur arrive après, on est pas loin de la séquence d'introduction de "Brazil" (1985) qui date de la même époque) mais aussi dans la cultissime et si drôle scène du bar ou encore celle de la cuisine où le symbole du foyer se transforme en film d'horreur façon "Massacre à la tronçonneuse" (1974). Les Gremlins sont l'inverse d'E.T., pour eux "Téléphone, maison" c'est "caca". Au final, c'est le cosmopolitisme rompu au dialogue et à l'adaptation qui juge l'Amérique WASP vivant sous cloche et son jugement est sans appel: c'est elle qui doit sortir de son cocon et grandir pour affronter ses responsabilités.

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Les Noces funèbres (Corpse Bride)

Publié le par Rosalie210

Tim Burton et Mike Johnson (2005)

Les Noces funèbres (Corpse Bride)

Tim Burton est le maître d'un imaginaire macabre qui n'est pourtant pas morbide. Il le prouve encore avec "Les Noces funèbres", le premier film d'animation en volume qu'il a lui-même réalisé (même s'il s'est appuyé sur une grande partie de l'équipe de "L'étrange noël de M. Jack" et sur les studios Laika futurs producteurs de "Coraline" et de "Kubo et l'armure magique") et où il inverse astucieusement les clichés, comme il le faisait déjà dans "Edward aux mains d'argent". Le monde des vivants n'a de "vivant" que le nom, il est peuplé de personnages mangés aux mites depuis longtemps, véritables caricatures de la société victorienne que n'aurait pas renié Honoré Daumier (on pense aux fameuses "Poires"). D'un côté les aristocrates fauchés, de l'autre les bourgeois parvenus qui espèrent par une alliance matrimoniale renflouer les caisses chez les uns, s'anoblir chez les autres. Sans parler du séducteur opportuniste qui trucide ses épouses pour s'emparer de leur dot. De sordides calculs qui se combinent avec un puritanisme tout ce qu'il y a de plus mortifère. A l'inverse chez les morts qui n'ont plus rien à perdre ou à gagner puisqu'elle est la même pour tous, on est déchargé du poids qui pèse sur les vivants et on peut s'amuser en toute insouciance, prendre du bon temps au cabaret et aller se mêler aux vivants pour danser la sarabande (Tim Burton s'est ouvertement inspiré du court-métrage Disney de 1929 "La danse macabre"). Ce monde est celui de la fantaisie la plus débridée où Tim Burton s'amuse avec les possibles offertes par l'animation et le film de zombies: une tête qui se déplace sur des insectes, un ver qui occupe une loge dans l'orbite de la mariée et joue un peu le rôle de son Jiminy Cricket, un homme qui peut se séparer en deux moitiés, un pirate nabot arborant un sabre en travers des côtes etc. Et au beau milieu de tout cela il y a Victor, le maladroit et attachant fils des bourgeois parvenus (clone animé de Johnny Deep qui le double ^^) écartelé entre sa fiancée bien vivante Victoria (Emily Watson) dont il est amoureux mais qui l'effraie et Emily (Helena Bonham-Carter), une jeune femme en robe de mariée morte-vivante à qui il s'est uni par mégarde et qui l'entraîne dans son monde. On comprend qu'il soit tenté à un moment donné de la préférer à Victoria d'autant qu'ils ont plus de goûts en commun. Emily par sa grandeur d'âme qui la prédispose au sacrifice a quelque chose de la petite sirène. En renonçant à Victor (c'est à dire en lui laissant épouser Victoria) son corps se désintègre mais au lieu de devenir de l'écume il se transforme en une multitude de papillons qui s'envolent vers la lune. Enfin, Tim Burton rend hommage à travers son film au cinéma de genre horrifique et ses figures imposées. Ainsi le pasteur est doublé par Christopher Lee, le légendaire comte Dracula des studios Hammer.

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Le Portrait mystérieux

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1899)

Le Portrait mystérieux

Georges MÉLIÈS converse avec son double qu'il fait apparaître dans un tableau animé. Si ce court-métrage est l'un des plus célèbres de son auteur ce n'est pas par hasard. En effet il se situe à la fois dans la tradition de l'illusionnisme d'où est issu Georges MÉLIÈS et en même temps il explore à travers son sujet les possibilités du cinéma. Sur le plan technique, Georges MÉLIÈS a recours à de minutieux trucages artisanaux (à base de trompe l'oeil et de découpage/collage de bouts de pellicules). Sur le plan esthétique, le film est un exemple par l'insertion du tableau de surcadrage, le cadre dans le cadre ayant ici valeur de mise en abyme. Georges MÉLIÈS se met en effet en scène et ce, pour se tourner se dérision, en se moquant notamment de sa calvitie. N'est-ce pas justement ce que permet la réflexivité du miroir tendu à l'auteur? Enfin, Georges MÉLIÈS se démultiplie non seulement devant mais aussi derrière l'écran en jouant tous les rôles: réalisateur, scénariste, producteur et même distributeur!

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Bandits, bandits (Time Bandits)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam (1981)

Bandits, bandits (Time Bandits)

Deuxième long-métrage de Terry GILLIAM après "Jabberwocky" (1976), "Time Bandits" (1981) est encore fortement marqué par l'influence des Monty Python. Le film est en effet construit comme une succession de sketches à dominante nonsensique jouant sur le franchissement de portes spatio-temporelles: la bataille de Castiglione pour l'épisode napoléonien, la forêt de Sherwood pour celui concernant Robin des bois (John CLEESE), la ville de Mycènes avec Agamemnon (Sean CONNERY, très charismatique comme toujours) face au minotaure, l'épisode sur le Titanic et enfin celui qui se déroule dans la forteresse des ténèbres où l'Etre Suprême qui tire les ficelles de l'ensemble ressemble beaucoup à l'historien de "Monty Python sacré Graal" (1975) et où les anachronismes sont légion.

Néanmoins, ce film marque aussi la transition vers le premier grand film de Terry GILLIAM, "Brazil" (1985). Il y a d'abord le casting, bien sûr avec Michael PALIN, coéquipier des Monty Python au scénario et dans un petit rôle, Ian HOLM dans le rôle de Napoléon et Katherine HELMOND dans celui de la femme de l'ogre. Il y a surtout une première séquence "programmatique" qui sur un mode satirique et burlesque annonce la dystopie à venir de Terry GILLIAM. On y voit deux mondes qui s'affrontent. D'un côté, celui, bassement matérialiste des parents, consommateurs frénétiques qui passent leur temps de loisir affalés sur des canapés entourés d'emballages (symbole d'hygiénisme?) à donner leur temps de cerveau disponible au dieu audimat qui leur bourre le crâne avec un stupide jeu télévisé ("Your Money or your life" présenté par Jim BROADBENT) basé sur l'appât du gain et l'humiliation. On pense à toutes les séquences de l'émission "Le Zapping" (renommée "Vu" après sa disparition de Canal + en 2016) montrant les réactions hystériques des gens au sein de jeux tels que "Money Drop" ou encore aux jeux faisant leur miel de l'humiliation des candidats ("Intervilles" par exemple ou pire encore "N'oubliez pas votre brosse à dent"). De l'autre, celui de leur fils, Kevin qui leur tourne ostensiblement le dos et s'évade dans son monde imaginaire comme le fera quelques années plus tard Sam Lowry pour échapper à un monde cauchemardesque. A tout cela, il faut rajouter des leitmotivs visuels typiques de Terry GILLIAM comme celui des nains et des géants, celui du "bout du monde" ou encore l'intégration d'œuvres d'art (Joconde, masque d'Agamemnon).

Le résultat est un film intéressant mais mal maîtrisé. Il trahit en particulier les faiblesses de Terry GILLIAM au niveau narratif, l'aspect souvent décousu de ses intrigues (ce que la richesse et l'inventivité visuelle ne compense pas), la tendance à réduire les personnages à des caricatures ce qui confère trop souvent un aspect "carton-pâte" dénué de vie à l'ensemble. C'est d'ailleurs pourquoi ses meilleurs films sont toujours l'adaptation ou la réinvention d'une œuvre préexistante ("1984" pour "Brazil" (1985), un ensemble de récits du XVIII° siècle pour "Les Aventures du baron de Münchausen" (1988) un scénario écrit par Richard LaGRAVENESE pour "Fisher King" (1991), "La Jetée" (1963) de Chris MARKER pour "L Armée des douze singes" (1995), ou le roman éponyme de Hunter S. Thompson "Las Vegas Parano") (1998)

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