Par curiosité et suite au décès de Alain DELON, j'ai voulu visionner "Borsalino" dont je ne connaissais que la rixe l'opposant à Jean-Paul BELMONDO et la célèbre musique composée par Claude BOLLING. Une ritournelle qui finit d'ailleurs par agacer à force d'être répétée sur tous les tons pendant 2h. Pour le reste, c'est un film de gangsters "à la papa" avec au menu, une reconstitution soignée du Marseille des années 30, de l'amitié virile à gogo (c'est un film bâti avant tout pour ses deux stars qui tenaient pour la première fois ensemble le haut de l'affiche), de la baston, des seconds rôles savoureux (Julien GUIOMAR, Michel BOUQUET) des femmes réduites à une fonction presque uniquement décorative. Ceci étant, je me coucherai moins idiote ce soir, ayant appris grâce au film d'où Rocco SIFFREDI tenait son pseudo et d'où vient la comparaison entre Chicago et Marseille. Il faut dire que Jacques DERAY a dû s'inspirer des films de gangsters américains des années 30 pour donner un cachet à "Borsalino", la production française du genre étant anémique durant la même période. Mais si le canevas de "Borsalino" ressemble à celui de "Le Parrain" (1972), le ton est beaucoup plus léger, voire "pagnolesque" (la séquence des poissons) et les deux acteurs ont tendance à en rajouter dans leurs styles respectifs, l'impassibilité élégante d'un côté, l'exubérance de l'autre. Jacques DERAY a dû s'effacer face à ses stars qui exigeaient d'avoir le même temps de présence à l'écran, Alain DELON étant en prime le producteur du film. Divertissant mais superficiel et parfois à la limite de la parodie.
J'ai beaucoup tergiversé avant de regarder "Réparer les vivants" car j'ai une certaine phobie des images montrant des opérations chirurgicales et je n'ai donc pas pu regarder le passage très documenté de la transplantation cardiaque (comme il m'a toujours été impossible de regarder l'opération de "Les Yeux sans visage") (1960). Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié le caractère poétique du film qui donne une dimension spirituelle au don d'organes. L'introduction est magnifique, on est en lévitation avec Simon qui s'envole par la fenêtre sur son vélo avant de surfer, la caméra au ras des vagues. Cet aspect planant, zen ne disparaît jamais totalement du film. Une autre scène montre l'ascension de Simon, tout aussi aérienne vers la jeune fille qu'il aime. Le docteur Remige, chargé de la délicate mission de convaincre les parents de donner le coeur de leur enfant en état de mort cérébrale se ressource en écoutant sur son ordinateur pépier un chardonneret ce qui participe de cette atmosphère. Tout comme la douceur presque élégiaque émanant du personnage de Claire que ses problèmes cardiaques obligent à vivre à petit régime. Par ailleurs, le film se distingue par son casting et sa direction d'acteurs ce qui est une caractéristique du cinéma de Katell QUILLEVERE (tout comme l'inspiration romanesque). Certes, il y a trop de personnages, notamment dans le domaine médical ce qui ne permet pas de donner à tous le relief nécessaire. C'est un choix justifié par le fait que comme dans "Pupille" (2018), on rencontre les maillons d'une chaîne de solidarité appelés à disparaître dès que leur mission est accomplie. Mais certains tirent leur épingle du jeu mieux que d'autres. On retient particulièrement la détresse des parents de Simon (joués par Emmanuelle SEIGNER et Kool SHEN qui est inattendu et particulièrement remarquable), la douceur du personnage de Tahar RAHIM dans le rôle du docteur Remige à l'inverse de la prestation plus sèche et clinique de Bouli LANNERS et enfin une Anne DORVAL lumineuse aux antipodes des rôles joués pour Xavier DOLAN.
Après le "je est un autre" de Arthur Rimbaud, le "Je suis deux" prononcé par Manitas del Monte en route pour devenir Emilia Perez est à l'image d'un film à cheval sur plusieurs genres, certains considérés comme virils (le thriller, le film de gangsters, le film de procès) et d'autres, plus féminins ou queer (le mélo, la comédie musicale). L'identité ibérique du film coule de source car situer l'intrigue principalement au Mexique avec des actrices hispanophones participe du brouillage des repères du film et permet de jouer sur le clivage entre deux formes de "culture" nationale opposées: l'univers des cartels de la drogue d'un côté et celui des telenovelas de l'autre. L'actrice trans Karla Sofia GASCON en provient et en la choisissant, Jacques AUDIARD a franchi un Rubicon qui n'avait pas été souvent foulé par les cinéastes ayant pignon sur rue. Combien de polémiques sur des personnages trans joués par des acteurs ou des actrices qui ne l'étaient pas, à l'image des blackfaces d'autrefois. A chaque époque ses tabous à transgresser dans les sociétés occidentales productrices de la culture mondialisée. Pedro ALMODOVAR enfant de la Movida avait montré le chemin. En réalité "Emilia Perez" n'est pas le seul film de Jacques AUDIARD traitant d'un personnage déchiré par deux identités contraires. "De battre mon coeur s'est arrete" (2005) en parlait également, sans caractère transgressif mais avec une polarisation tout aussi extrême: d'un côté la sensibilité artistique, de l'autre le gangstérisme, le yang étant perçue comme la voie rédemptrice du yin. Mais si Cannes a primé toutes les actrices du film, c'est sans doute parce que choisir entre Karla Sofia GASCON (qui crève l'écran tant en Manitas qu'en Emilia et s'avère d'une humanité qui fait passer toutes les pilules) et Zoe SALDANA était impossible (les deux autres actrices primées ont leur moment de gloire mais sont tout de même en retrait). Car celle-ci impressionne tout autant dans le rôle de l'avocate, notamment dans les numéros musicaux et dansés. L'introduction montre qu'elle n'a pas de place dans le film de procès classique où les hommes se répartissent tous les rôles. Manitas va lui offrir sur un plateau un chemin de traverse par où elle pourra non seulement s'épanouir dans l'exercice de sa profession mais également dans sa vie personnelle. On peut regretter quand même un final revenant labourer un chemin bien balisé au lieu de s'enfoncer en territoire inconnu. La scène dans laquelle Emilia qui s'est racheté une virginité en fondant une ONG pour les familles de victimes du narcotrafic voit renaître en elle les pulsions sanguinaires de Manitas (qui passe par la transformation de sa voix, brillante idée) quand son ancienne famille est sur le point de lui échapper aurait pu donner lieu à une conclusion moins facile. Quitte à suivre les pas du génial "Annette" (2019) (l'influence opératique est identique, une expérience de cinéma total), autant aller jusqu'au bout! Mais ce qu'a osé Jacques AUDIARD en cassant les codes à la manière d'un Thomas Jolly est déjà suffisamment audacieux pour mériter un grand coup de chapeau!
Librement inspiré de la vie de Lenny Bruce, "Lenny" qui a été réalisé entre "Cabaret" (1972) et "Que le spectacle commence" (1979) n'est pas une comédie musicale. Néanmoins on y retrouve la centralité du monde du spectacle et le caractère jusqu'au-boutiste du personnage principal, véritable tête brûlée contestataire et libertaire dont le malheur est d'avoir émergé 10 ans trop tôt. Pionnier du stand-up moderne, Lenny Bruce a été le modèle avec Andy Kaufman (à qui Milos FORMAN a rendu hommage dans "Man on the Moon") (1999) d'humoristes "poil à gratter" comme Guy BEDOS et Pierre DESPROGES en France et Bob DYLAN lui a consacré une chanson-hommage. Remarquablement construit, le film commence par nous montrer un artiste qui se cherche et n'est pas particulièrement drôle avant de se produire dans des shows où il pulvérise le politiquement correct en abordant des sujets délicats (religion, racisme, sexualité) et en employant les mots qui fâchent pour déconstruire haine, préjugés et hypocrisies. Utilisant un noir et blanc travaillé (dû au chef opérateur de Clint EASTWOOD, Bruce SURTEES) et ponctué par les propos face caméra des acteurs jouant ses proches, le film revêt un aspect kaléidoscopique et morcelé de faux documentaire qui fait penser à du Woody ALLEN ou à "Citizen Kane" (1940). Mais on ne saura pas quel était l'origine de la colère qui poussait l'acteur à cette guerre contre l'Amérique puritaine, jalonné d'arrestations et de procès. Le caractère autodestructeur du personnage à la vie pleine d'excès et qui mourut d'une overdose à 40 ans dans une position de martyr de la liberté d'expression est bien mis en valeur, de même que sa judéité qui a aiguisé son esprit critique. Dustin HOFFMAN met beaucoup d'engagement dans le rôle, de même que Valerie PERRINE dans celui de sa femme.
J'avais vu "Senso" une première fois il y a très longtemps et ce qui s'y racontait m'était passé au dessus de la tête. A l'occasion de sa ressortie au cinéma, je l'ai revu, sans pour autant véritablement accrocher. Luchino VISCONTI dont c'était le premier grand film historique dévoile un penchant pour la décadence, la décomposition, l'autodestruction qui parfois parvient à faire mouche grâce à son sens de la mise en scène opératique et au raffinement esthétique mais le duo formé par Alida VALLI et Farley GRANGER est plus médiocre que tragique. La comtesse symbolise le déclin de l'aristocratie et l'officier celui de l'Empire autrichien. Cela passe pour la comtesse par l'avilissement et la trahison de ses idéaux alors que l'officier qu'elle a dans la peau s'avère être une sorte de virus, lâche et vénal dont elle ne parvient à se débarrasser qu'au dernier degré de sa déchéance. Ce récit d'une passion aveugle et fatale se noue à l'opéra pendant une représentation du "Trouvère" de Verdi et alors que les patriotes italiens manifestent contre l'occupation autrichienne. Luchino VISCONTI relie destins individuels et histoire collective avec maestria. Dommage que ses personnages soient si plats et leurs échanges, si creux, suscitant agacement et ennui. Il fera beaucoup mieux avec "Les Damnes" (1969) en troquant la viennoiserie pour le film d'épouvante peuplé de monstres.
Immersion dans la jungle vietnamienne à la fin du conflit indochinois, "La 317° section", adaptation au cinéma du roman de Pierre SCHOENDOERFFER par lui-même est un film qui frappe par son réalisme quasi-documentaire mais aussi par son humanisme. Sans doute le meilleur film de guerre français à ce jour, en tout cas celui qui a eu le plus d'influence. L'expérience du réalisateur comme vétéran et reporter de guerre y est manifeste plus que celle de son imaginaire nourri de lectures de romans d'aventure. S'y ajoute l'influence de la Nouvelle Vague: le film est produit par Georges de BEAUREGARD et le chef opérateur n'est autre que Raoul COUTARD, lui-même vétéran de la guerre d'Indochine où il officiait comme photographe. On notera d'ailleurs le clin d'oeil à "A bout de souffle" (1960) dans le dialogue à la fin du film entre Torrens (Jacques PERRIN) qui dit en parlant de sa blessure "Ah c'est dégueulasse" et Willsdorf (Bruno CREMER) qui lui répond "Qu'est ce que ça veut dire dégueulasse, c'est la guerre". "La 317° section" dépeint l'évacuation sans issue d'une garnison isolée dans la jungle et la disparition progressive mais inexorable de ses membres. Au travers de l'amitié qui se noue progressivement entre le jeune et idéaliste lieutenant Torrens et l'expérimenté et pragmatique adjudant Willsdorf, un ancien malgré-nous qui enchaîne les conflits, Pierre SCHOENDOERFFER dépeint à hauteur d'homme la lente agonie d'une compagnie plongée en terrain hostile, la pluie, la boue, la dysenterie, la précarité du ravitaillement en vivres et de médicaments les traversées dangereuses des rivières, les embuscades dans une jungle qui semble ne pas avoir de fin tout comme la guerre. C'est d'autant plus réaliste que l'équipe du film s'est vraiment mise dans les conditions vécues par les personnage durant le tournage au Cambodge qui a dû être éprouvant.
On connaît mieux les adaptations cinématographiques du célèbre roman de Choderlos de Laclos que les versions télévisuelles. Charles BRABANT, fondateur de la SCAM (société civile des auteurs multimédia) venu du théâtre et du cinéma fait partie des pionniers de l'ORTF qui considérait la télévision comme un terrain d'expérimentation permettant davantage de liberté d'expression que le cinéma, ce qu'elle était sans doute à cette époque. "Les liaisons dangereuses" a été réalisé pour la première chaîne en 1979 et mêle le roman à un épisode de la vie de son auteur, son emprisonnement durant la Terreur en 1793. Enfermé dans sa cellule de Picpus, il voit apparaître son personnage, Mme de Merteuil dont le visage a été ravagé par la petite vérole. Un dialogue s'engage alors entre eux, nourri d'extraits du roman, l'éclairant au jour des événements révolutionnaires ainsi que la vie de son auteur. Officier d'artillerie, Choderlos de Laclos était bridé dans sa carrière par ses origines d'anobli (donc de "parvenu") et un grand admirateur de Rousseau. Il était également féministe avant la lettre comme Beaumarchais. Tous ces éléments l'ont conduit à jouer un rôle actif dans la Révolution. On lui attribue notamment un rôle clé dans la marche des femmes sur Versailles en octobre 1789, dans la rédaction de la pétition à l'origine de la fusillade du Champ de Mars en 1791 et dans la bataille de Valmy en 1792. Ses opinions fluctuantes (jacobin, il se rallia au bonapartisme comme Noirtier dans "Le Comte de Monte-Cristo") lui valurent son emprisonnement en tant que suspect mais il réussit à être libéré en 1794. Le film est donc autant un portrait de Choderlos de Laclos qu'une adaptation de son roman. L'ensemble dégage beaucoup de théâtralité mais les acteurs sont remarquables, notamment Jean NEGRONI dans le rôle principal, Claude DEGLIAME dans celui de Mme de Merteuil et Jean-Pierre BOUVIER dans celui d'un Valmont plus sombre que dans les versions cinématographiques, véritable prédateur sexuel sans aucune ambiguïté ce qui donne à cette version datée de 1979 des accents modernes. Cécile de Volanges est violée avec pour conséquence une fausse couche montrée dans toute sa crudité et la séduction de Mme de Tourvel relève de la pure vanité sans une once d'amour.
Il y a une tendance propre au cinéma italien qui parfois me rebute, c'est la peinture de la décadence d'une famille bourgeoise ou aristocratique. Parfois car j'adore "Les Damnes" (1969) et "Theoreme" (1968). Mais le premier était traversé par l'Histoire, le second par le divin ce qui les élevaient à une sorte de grandeur tragique voire de transcendance. Rien de tel dans le sinistre et étouffant premier long-métrage de Marco BELLOCCHIO "Les Poings dans les poches" (1965) qui dépeint un terrible huis-clos familial. Dans leur villa encombrée par les portraits des aïeux vivent une veuve et ses quatre enfants, la plupart atteints de tares congénitales (cécité, épilepsie, débilité mentale). Repliés sur eux-mêmes et plus ou moins coupés de la société à l'exception de l'aîné, Augusto, ils développent des tendances incestueuses et des troubles morbides, certes très bien mis en scène et illustrés une fois de plus par la musique expressive de Ennio MORRICONE. Alessandro (Lou CASTEL dans son premier rôle) qui est épileptique fomente un plan eugéniste façon programme T4 pour "libérer" son frère jugé "sain" en liquidant le reste de sa famille, y compris lui-même. Néanmoins en étant constamment morbide et implacable, le film ne m'a pas convaincu dans ses allusions explicites aux pulsions de mort d'une certaine jeunesse rebelle, celle de James DEAN et de Arthur Rimbaud voire de Michel Poiccard qui étaient davantage dans l'errance et la flamboyance alors que celle que nous dépeint Marco BELLOCCHIO est juste putride.
« La place d’un homme, dans un pays puissant, est d’être avec les plus faibles, avec ceux d’en face »
(René Vautier dans un entretien avec Antoine de Baecque, 2001)
Cette citation en forme de manifeste définit bien qui était Rene VAUTIER. Un cinéaste engagé contre toutes les formes de domination occidentales, auteur du premier film anticolonialiste, "Afrique 50" et dont l'oeuvre majeure "Avoir 20 ans dans les Aurès", tourné 10 ans après la fin de la guerre d'Algérie est tout comme celle de son compatriote italien Gillo PONTECORVO, communiste lui aussi un jalon majeur de la représentation de cette guerre de décolonisation au cinéma. Et ce alors que sa véritable nature était niée par l'Etat français qui a maintenu jusqu'en 1999 la fiction d'une Algérie comme morceau du territoire français où auraient eu lieu des opérations de maintien de l'ordre. Remettre en question cette version, c'était s'exposer à des mesures de rétorsion donnant une tout autre image de la France que celle des pays des droits de l'homme Rene VAUTIER a donc subi une violence d'Etat (censure, prison) doublée de celle des extrémistes d'extrême-droite (il a notamment contribué à révéler le rôle joué par Jean-Marie Le Pen pendant la guerre).
"Avoir 20 ans dans les Aurès" est une fiction qui se base sur des centaines de témoignages d'anciens appelés, une méthode qui a été par la suite reprise, par exemple par l'excellent "Warriors : L'impossible mission" (1999) sur la guerre de Bosnie. L'histoire a quant à elle sans doute inspiré celle de "L'Ennemi intime" (2007): des soldats innocents (ou variante, insoumis) transformés en bourreaux après avoir été plongés dans la réalité de la guerre. Leur endoctrinement par le lieutenant Perrin (Philippe LEOTARD), la perte des repères moraux lié à l'état de guerre et le phénomène grégaire ont pour effet d'effacer les individualités et les responsabilités, permettant le passage à l'acte violent (meurtres, tortures, viols, pillages). Cette partie du film pour intéressante qu'elle soit est cependant trop intellectualisée, les discours l'emportant sur le langage cinématographique. L'unité de lieu et d'action a également tendance à brouiller la frontière entre les flashbacks et le présent du film, rendant la progression dramatique confuse. La deuxième partie, basée sur le récit d'un déserteur est plus percutante cinématographiquement parlant. On y voit le seul membre du groupe n'ayant pas renoncé à ses convictions pacifistes, Noël (Alexandre ARCADY le futur réalisateur) s'enfuir dans le désert avec le condamné qu'il était chargé de surveiller dans le but de gagner la Tunisie (pays où le film a été tourné et qui a également été impliqué dans la guerre comme le rappelle d'atroces archives de massacres). Une errance bouleversante à la fin terrible qui frappe l'esprit.
Le générique de début de "Pour une femme" convoque avec nostalgie les précédents films de Diane Kurys à résonance autobiographique ("Diabolo Menthe", "La Baule Les Pins", "Coup de foudre") à l'aide d'un pêle-mêle de photographies épinglées sur un tableau en liège au beau milieu des informations relatives au film. La chanson que Yves Simon avait composé pour "Diabolo Menthe" accompagne les images, les reliant au film que nous allons découvrir, lui aussi présent à l'aide de photos: celles de la fiction mais également celles des véritables parents de Diane Kurys dont elle raconte librement l'histoire afin d'interroger la sienne. Le film navigue en effet entre deux périodes: l'après-guerre et les années 80. C'est Sylvie Testud qui interprète Diane Kurys à l'écran dans la seconde période qui s'ouvre sur la mort de la mère et se termine sur celle de son père, Michel (Benoît Magimel). Classiquement, c'est en rangeant des papiers qu'elle tombe sur une mystérieuse photo représentant sa mère (Mélanie Thierry), sa grande soeur (qui n'avait alors que trois ans) et le frère de son père, Jean qui vivait alors avec eux à Lyon (Nicolas Duvauchelle). Elle décide alors d'enquêter sur son histoire familiale ce qui lance un flashback dans lequel elle évoque la rencontre de ses parents dans un camp d'internement pendant la guerre, son père ayant pu le quitter à temps grâce à une relation en sauvant au passage sa mère qu'il ne connaissait pourtant pas en la faisant passer pour sa fiancée. Une situation inextricable par la suite, Léna n'ayant pas d'atomes crochus avec Michel mais se sentant redevable envers lui. Le passé les poursuit pourtant alors que bien intégrés et naturalisés, Michel voit ressurgir son frère Jean qu'il n'a pas vu depuis neuf ans et qui a réussi à fuir l'URSS. Tout les oppose, lui, petit commerçant sans histoire qui pense combler sa femme avec les biens matériels des 30 Glorieuses et Jean, mystérieux et dangereux, rongé par sa soif de venger leurs parents et toutes les victimes de la Shoah.
A partir de ce canevas qui aurait pu être passionnant, Diane Kurys réalise un film hélas décevant, trop lisse, trop convenu, aux airs de déjà (mille fois) vu autour du triangle amoureux et de l'adultère. Le résultat est illustratif, déroulant un programme parfaitement prévisible, jusqu'au final. Dommage.
Analyse de classiques et de films récents par une passionnée du 7eme art. Mes goûts sont éclectiques, allant de la nouvelle vague française au cinéma japonais (animation incluse) en passant par l'expressionnisme allemand et ses héritiers et le cinéma américain des studios d'Hollywood aux indépendants.