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Articles avec #drame tag

Le Garçu

Publié le par Rosalie210

Maurice Pialat (1995)

Le Garçu

"Le Garçu" est le dernier film de Maurice PIALAT qui n'a d'ailleurs de sens qu'au regard du reste de sa filmographie. Pris isolément, le film est peu intelligible pour le néophyte ce qui est problématique en soi: un film doit pouvoir fonctionner de façon autonome. En effet si Maurice Pialat revient à une veine autobiographique et brasse la plupart des thèmes récurrents de sa filmographie (la mort d'un parent, le rapport contrarié à l'enfant, un couple qui se défait), il créé surtout un album de famille qui le reflète. Et comme sa mise en scène est selon son habitude une juxtaposition de blocs de séquences non reliées entre elles, l'absence de fil directeur clair rend l'ensemble particulièrement décousu et brouillon à l'image du petit Antoine, le très jeune fils de Pialat dont on a du mal à comprendre les paroles ou de sa mère jouée par Géraldine PAILHAS qui s'appelle tantôt Sophie et tantôt Sylvie (le prénom de la véritable mère d'Antoine). Ce ne sont plus des tranches de vie mais de simples fragments éparpillés dans différents lieux (Paris, Sables-d'Olonne, île Maurice, Auvergne) qui empêchent les personnages et les enjeux de véritablement se déployer. Le film donne par conséquent un sentiment d'inachèvement certain. Il n'en reste pas moins que Maurice PIALAT conserve son talent pour capter le réel dans toute sa complexité ce qui donne lieu à des scènes très fortes comme celle dans laquelle Gérard (Gérard DEPARDIEU, son double à l'écran) débarque à l'improviste et en pleine nuit chez son ex et son nouveau compagnon Jeannot (Dominique ROCHETEAU que je connaissais comme footballeur mais pas comme acteur) pour offrir un camion à son fils aussi lourd, bruyant et encombrant que lui. Cette scène en dit plus que des discours sur le caractère imprévisible, instable et égoïste de Gérard, un être toxique qui surgit et disparaît de la vie des autres quand ça lui chante tout en se plaignant d'en être exclu.

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Top Gun

Publié le par Rosalie210

Tony Scott (1986)

Top Gun

Le fait de revoir "Top Gun" (disponible en ce moment sur Netflix) après avoir vu "Top Gun: Maverick" (2020) s'avère finalement plutôt éclairant tant les deux films reflètent leur époque, n'en déplaise à Tom CRUISE qui aimerait tant arrêter le temps. "Top Gun", c'étaient les années 80, l'ère du vidéo-clip et de la guerre froide mais aussi une vision de la marine digne de "In the Navy" des Village People "We want you, we want you as a new recrue" certes mais à condition d'être un mâle blanc hétérosexuel (enfin selon la définition qu'en donne l'avocat Roy Cohn, bras droit du sénateur McCarthy pendant la chasse aux sorcières contre les communistes et les homosexuels dans "Angels in America" (2003): "je suis un hétéro qui se tape des mecs" ^^ tant l'amitié virile célébrée à l'armée a des côtés tendancieux bien mis en lumière par nombre de films, "Les Damnés" (1969) ou "Reflets dans un oeil d or" (1967) par exemple). Les seules femmes du film sont Meg RYAN dont l'identité se résume à être épouse et mère ainsi que Kelly McGILLIS, l'instructrice des jeunes pilotes mais qui d'une part ne pilote pas elle-même (contrairement à Maverick lorsqu'il devient instructeur dans "Top Gun: Maverick") (2020), et qui de l'autre remise très vite ses prétentions dominatrices pour se jeter dans les bras de Tom Cruise (pas très professionnel tout ça). Si on ajoute que Kelly McGILLIS est absente de "Top Gun: Maverick" (2020) de son propre aveu parce qu'elle est "vieille, grosse et fait son âge", contrairement à Val KILMER qui pourtant a de grandes difficultés à parler depuis sa trachéotomie, on voit bien que ce qui importe dans "Top Gun" et sa suite ce sont les relations viriles, juste ripolinées au goût du jour dans "Top Gun: Maverick" (2020) avec des gages donnés à la diversité (mais celle-ci reste de surface)*. En dépit de tout ce que le film peut avoir de traditionnaliste et de convenu, le fait est qu'il a conservé sa capacité de séduction: de belles images planantes, des scènes aériennes déjà spectaculaires, un Tom CRUISE tout jeune mais déjà hyper charismatique lorsqu'il chevauche sa moto et une BO qui n'est pas pour rien dans le caractère culte du film.

* Je n'ai pu m'empêcher de comparer les deux films à "Orphée" (1950) et "Le Testament d Orphée" (1959) avec Tom CRUISE, cascadeur éternel en lieu et place de Jean COCTEAU, éternel poète. Exercices exacerbant le narcissisme des deux artistes, ces films mettent en évidence l'importance du jumeau-miroir (pour Tom Cruise c'est Goose-Anthony EDWARDS puis Iceman-Val Kilmer, pour Jean Cocteau c'est Cégeste alias Edouard DERMIT). Quant à la femme, qu'elle s'appelle Eurydice ou Charlie, elle est absente des suites et sa place est "à la layette et aux impôts". Une telle comparaison permet de mieux comprendre par ricochet les zones d'ombre de Tom Cruise et notamment les rumeurs sur son homosexualité bien mises en valeur par Stanley KUBRICK dans "Eyes wide shut" (1999).

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En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly)

Publié le par Rosalie210

Robert Aldrich (1954)

En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly)

La scène introductive de "En quatrième vitesse", très accrocheuse (et qui a donné des idées à David LYNCH, décidément très influencé par Robert ALDRICH) met en scène une femme en panique jaillissant des ténèbres et courant sur la route, nue sous son imperméable avant de se jeter presque sous les roues du premier véhicule qui passe, lequel est fortuitement conduit par le détective Mike Hammer. Popularisé par la série des années 80 avec Stacy KEACH, celui-ci a pourtant été inventé à la fin des années 40. Il est donc le contemporain de Sam Spade et Philip Marlowe. Mais le film se déroulant dans les années 50, c'est plutôt au genre fantastique que l'on pense avec ce thriller cauchemardesque sur fond de guerre froide. Une personne seule, de nuit, sur la route essayant d'arrêter les voitures, ça rappelle par exemple "L Invasion des profanateurs de sépultures" (1956)" qui rivalise en inhumanité avec l'empilement des cadavres de "En quatrième vitesse" et la galerie de tueurs et de tortionnaires rencontrés. Mais c'est surtout le macguffin après lequel tout le monde court qui le rattache bien plus à "Docteur Folamour" (1963)" qu'à "Le Faucon maltais" (1941)". Quentin TARANTINO y fait directement allusion avec la valise de "Pulp Fiction" (1994) mais son effet destructeur est comparable à l'ouverture de l'arche d'alliance dans "Les Aventuriers de l arche perdue" (1980). Plus qu'à la mythologie avec la boîte de Pandore, c'est dans la bible en effet qu'il faut aller chercher la mystérieuse baraka de Mike Hammer, lui qui aurait dû mourir dans sa voiture mais est ressuscité au bout de trois jours et devient à peu près invulnérable par la suite, résistant aux balles, aux piqûres et même aux radiations. Dommage que le personnage soit si cro-magnonesque et son interprète, si peu expressif sans parler du caractère alambiqué de l'intrigue que le brio de la mise en scène, du découpage et du montage (qui par son côté heurté a inspiré celui de "À bout de souffle") (1959)" ne pallie pas tout à fait.

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Le Passé (Gozashte)

Publié le par Rosalie210

Asghar Farhadi (2012)

Le Passé (Gozashte)

Contrairement à Hirokazu KORE-EDA qui a perdu son identité en tournant à Paris "La Vérité" (2019), bel objet de prestige parfaitement creux, Asghar FARHADI a réussi à transplanter son univers dans le terreau français pour son premier film tourné hors d'Iran. Il faut dire que contrairement à son homologue japonais qui n'a fait tourner que des stars occidentales dans un cadre fermé et huppé, le film de Farhadi est multiculturel, brassant des acteurs venus d'horizons variés, donnant l'un des rôles principaux, celui d'Ahmad à un acteur iranien (Ali MOSAFFA) et montrant des personnages issus de la classe moyenne dans leur pavillon de banlieue en cours de rafraîchissement comme dans la banalité de leur travail. C'est d'ailleurs davantage cet ancrage réaliste qui m'a touché de prime abord que le thème principal du film à savoir le poids du passé sur le présent et donc la difficulté à tourner la page et à aller de l'avant. Mais grâce à la qualité d'écriture et à l'impeccable direction d'acteurs, on accroche à l'histoire de cette famille recomposée aux rapports conflictuels mais également prise dans les non-dits avec des rebondissements dignes d'un thriller qui nous tiennent en haleine du début à la fin. Les personnages parviennent à exister, non seulement le trio principal, Marie (Bérénice BEJO), Ahmad son ex-mari et Samir (Tahar RAHIM) son nouveau compagnon mais aussi les enfants, notamment Lucie et Fouad et Naïma (Sabrina OUAZANI) l'employée de Samir. Leurs motivations sont suffisamment complexes et développées pour éviter l'écueil du jugement facile. La scène finale qui fait écho à celle qui ouvre le film complète le panorama de la tragédie ordinaire de l'incommunicabilité entre individus qui s'aiment.

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Qu'est-il arrivé à Baby Jane? (What Ever Happened to Baby Jane ?

Publié le par Rosalie210

Robert Aldrich (1962)

Qu'est-il arrivé à Baby Jane? (What Ever Happened to Baby Jane ?

"Qu'est-il arrivé à Baby Jane?" est une histoire de stars déchues ravalées au rang de monstres de foire. Entre Blanche dont la carrière d'actrice s'est arrêtée net avec la fracture de sa colonne vertébrale, sa soeur Jane dont le développement a cessé brusquement lorsqu'elle a perdu son statut d'enfant-star et l'adipeux pianiste Edwin sous l'emprise d'une mère possessive, on nage entre "Freaks - La monstrueuse parade" (1931), "Psychose" (1960) pour l'affrontement des deux soeurs à huis-clos et "Boulevard du crépuscule" (1950), Gloria SWANSON étant remplacée par une Bette DAVIS quinquagénaire ayant gardé sa tenue et son maquillage de poupée, lequel, horriblement décrépi fait penser à celui du joker de Heath LEDGER. L'aspect pathétiquement clownesque de Jane renvoie à sa folie intérieure, laquelle s'exprime avec un mélange d'infantilisme grotesque et de sadisme faisant d'elle la tortionnaire de sa soeur qui connaît une déchéance inexorable. Le film est en effet une réflexion sur le vedettariat à l'américaine reposant sur une image fabriquée de toute pièce qui lorsqu'elle se brise libère les démons à la manière de l'expressionnisme allemand auquel on pense beaucoup en regardant le film. Afin de rendre le miroir plus efficace, Robert ALDRICH a réuni à l'écran deux "monstres sacrés" de l'âge d'or hollywoodien, rivales mais à la carrière déclinante, Bette DAVIS et Joan CRAWFORD dont les visages vieillis voire déformés par la haine ou la folie reflètent les aspects les plus sordides du mirage hollywoodien. Nul doute que ce film a eu des échos jusqu'à nos jours, que ce soit dans la réalité (le sort peu enviable d'ex-enfants stars comme Macaulay CULKIN) ou dans le cinéma ("Mulholland Drive" (2001) de David LYNCH explore lui aussi la part d'ombre et de lumière du rêve hollywoodien au travers de deux actrices rivales et fusionnelles dont l'une est aussi blonde que Bette Davis et l'autre, aussi brune de Joan Crawford).

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Il était une fois (A Woman's face)

Publié le par Rosalie210

George Cukor (1941)

Il était une fois (A Woman's face)

Réalisé juste après "Indiscrétions" (1940), "Il était une fois" (on se demande d'où vient ce titre absurde en VF, "A Woman s Face" (1941) le titre en VO est beaucoup plus parlant) est un film méconnu qu'il est intéressant de redécouvrir. Remake de "Visage de femme" (1938), film suédois réalisé trois ans auparavant avec Ingrid BERGMAN, "A Woman's face" appartient au genre du mélodrame mais ce n'est pas un mélodrame classique. Je soupçonne d'ailleurs son oubli relatif d'être lié à son caractère hybride. Il emprunte en effet des éléments au film noir, au film de procès et même au film d'épouvante de par notamment ses nombreuses allusions à Frankenstein. Exceptionnel directeur d'actrices hollywoodiennes, George CUKOR offre dans ce film un grand rôle à Joan CRAWFORD dont la carrière commençait à montrer des signes d'essoufflement. Celle-ci joue en effet dans le film le rôle d'une femme partiellement défigurée dont le visage est ensuite reconstruit par un chirurgien esthétique ce qui préfigure nombre de films sur le sujet, de "Les Yeux sans visage" (1960) à "Fedora" (1978). Le caractère méta (volontaire ou non) du film saute tout de suite aux yeux. Le glamour hollywoodien reposait en effet, du moins en partie sur la photogénie des visages de ses stars. "Il était une fois" ose donc briser son icône, au propre comme au figuré puisque l'amertume liée à sa difformité pousse Anna dans les bras du mal, d'abord en jouant les corbeaux puis en tombant dans les bras de Torsten Barring joué par Conrad VEIDT (le futur nazi de "Casablanca" (1942), les méchants dans le cinéma hollywoodien étant allemands ou russe c'est bien connu) qui lui propose un pacte diabolique. Bien évidemment, dans l'optique d'un manichéisme américain s'inscrivant sur le visage dont on a vu une manifestation éclatante dans le personnage de Harvey Dent alias Double Face issu de l'univers Batman, Anna possède aussi un côté lumineux que va mettre au jour le docteur Gustaf Segert (Melvyn DOUGLAS vu aussi chez Ernst LUBITSCH) qui de son propre aveu joue à Pygmalion... et au docteur Frankenstein. Cependant, sa situation de couple laissant à désirer avec son épouse volage et écervelée qui ne lui convient pas du tout, il se sent attirée par sa créature et devient logiquement le grand rival de Torsten Barring. Là-dessus, George Cukor orchestre des séquences de thriller à haut suspense moral (le téléphérique et la course-poursuite en traîneau) qui n'ont rien à envier à celles de Alfred HITCHCOCK, le tout étant raconté sous forme de flashbacks lors du déroulement du procès d'Anna qui a pour but de trancher entre le côté lumineux et le côté sombre du personnage.

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Un condamné à mort s'est échappé

Publié le par Rosalie210

Robert Bresson (1956)

Un condamné à mort s'est échappé

Je ne sais pas si "Un condamné à mort s'est échappé" est comme je l'ai lu le film le plus abordable de Robert BRESSON, les programmateurs du dispositif "Lycéens au cinéma" lui avaient préféré "Pickpocket" (1959). Mais ces deux films ont pas mal en commun, en particulier le fait de transcender le genre dans lequel ils s'inscrivent (le film d'évasion et le polar) sans pour autant le dénaturer. Dans son style caractéristique, dépouillé, elliptique, introspectif Robert BRESSON décrit un cheminement qui est autant temporel que spirituel. L'économie de mots et la précision des gestes se justifie ici par le contexte carcéral qui fait que chaque mouvement mal calculé peut être fatal. Derrière son apparente abstraction, il s'agit d'un cinéma très sensoriel (que l'on pense au rôle des mains filmées en gros plan et du toucher dans "Pickpocket" comme dans "Un condamné à mort s'est échappé" ou à l'importance des sons dans la prison où le lieutenant Fontaine est enfermé) mais cette sensorialité est toujours en relation avec quelque chose qui relève de l'invisible (dans "Un condamné à mort s'est échappé", c'est la chance qui en étant du côté du lieutenant favorise son évasion mais aussi la rencontre avec des guides spirituels emprisonnés comme lui tels qu'un pasteur et un abbé). Tiré d'une histoire vraie ayant eu lieu en 1943 dont on connaît l'issue dès le départ, le film nous fait partager l'intimité d'un homme (et notamment sa voix intérieure) que sa force de caractère, sa patience, son ingéniosité, sa minutie et sa détermination empêche de sombrer dans le désespoir. On partage également ses moments de doute, notamment face à l'arrivée d'un jeune co-détenu au visage d'ange mais aux habits pas nets dont il ne sait s'il constitue une entrave de plus ou au contraire un allié. Il doit donc faire un choix risqué sans savoir avant de l'avoir éprouvé s''il est le bon, un de plus qui démontre que même physiquement privé de liberté, l'homme conserve son libre-arbitre. Le sous-titre du film, "Le vent souffle où il veut" (parole de Jésus à Nicodème) est de ce point de vue éloquent.

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L'Enfant

Publié le par Rosalie210

Luc et Jean-Pierre Dardenne (2005)

L'Enfant

C'est pour moi le meilleur film des frères Dardenne avec "Le Fils" (2002) et d'ailleurs ces deux films réalisés à trois années d'intervalle et qui interrogent les liens de filiation se font écho (de l'aveu des Dardenne, l'idée de "l'Enfant" leur est d'ailleurs venu sur le tournage de "Le Fils"). Dans les deux cas, les personnages masculins entament un périple dans la douleur qui va les amener à grandir et donc à assumer un rôle paternel auquel au départ ils étaient étrangers. Le tout dans une atmosphère de thriller social âpre de par son naturalisme documentaire avec des plans-séquence au suspense haletant. "L'Enfant" du titre est peut-être moins Jimmy le bébé que son géniteur Bruno (Jérémie RENIER), petite frappe insouciante et inconséquente qui semble n'agir que sur des coups de tête. Cet être immature vivant en marge de la société de ses petites combines et larcins et de l'allocation de sa compagne Sonia (Déborah FRANÇOIS) semble aux antipodes de ce que l'on peut attendre d'un père digne de ce nom. En dépit de signes négatifs envoyés au spectateur dès les premières secondes du film (à peine sortie de la maternité, Sonia trouve son appartement sous-loué par Bruno sur qui elle a bien du mal à mettre la main), celle-ci s'obstine à le considérer comme digne de confiance. Il faut dire qu'ils fonctionnent en miroir (caractéristique gémellaire accentuée par le blouson qu'il lui achète et qui est identique au sien). Tous deux ressemblent à des anges blonds vivant d'amour, d'eau fraîche et de gamineries. Une énergie juvénile qui relègue à l'arrière-plan la précarité sociale dans laquelle il vivent. Jusqu'à ce que Bruno cède à la tentation de l'argent facile et ne la trahisse dans un acte révoltant et irréfléchi dont il payera le prix cash mais qui le métamorphosera en adulte responsable. Jérémie Rénier et Deborah François sont tous deux excellents et le film, fort et prenant du début à la fin.

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Two Lovers

Publié le par Rosalie210

James Gray (2007)

Two Lovers

"Two lovers" est le premier film de James GRAY que j'ai vu dès sa sortie au cinéma parce qu'on me l'avait recommandé et j'ai su tout de suite que ce réalisateur ne serait pas ma tasse de thé ce que les autres films que j'ai vu de lui depuis a confirmé (du moins jusqu'à présent). Pourquoi suis-je relativement hermétique à son univers? Si je me base sur "Two lovers" que je viens de revoir afin de mettre des mots sur mon ressenti, je dirais que je trouve le scénario et la mise en scène monocordes et prévisibles. Les enjeux sont surlignés à gros traits, par exemple les filles ont du mal à exister par elles-mêmes et servent surtout à illustrer le choix que doit faire Léonard entre endogamie et exogamie et on sait à peu près dès le début comment cela finira. Autre problème majeur à mes yeux, le manque de crédibilité des personnages. Je n'arrive pas à croire une seule seconde en ce Léonard trentenaire vivant toujours sous la coupe de ses parents et notamment d'une mère juive étouffante (jouée par Isabella ROSSELLINI). C'est moins l'âge du personnage en soi qui me pose problème que le fait que je sens trop le rôle de composition de Joaquin PHOENIX dans le rôle d'un vieux garçon déséquilibré et indécis qui se la joue ado attardé. Son comportement frise le ridicule. Mais ce qui me pose le plus gros problème, c'est le fait de taxer de romantique un comportement qui ne l'est pas du tout. On nous présente Léonard comme fragile, sensible et intègre alors que du début à la fin, il joue sur deux tableaux et qu'une fois son plan A (le plus excitant mais le moins sûr) définitivement à l'eau, il se rabat sans scrupules sur le plan B qui lui a été offert sur un plateau par ses parents et retombe ainsi sur ses pattes. Ce soi-disant malade mental réussit ainsi un triple coup digne des plus froids calculateurs: matrimonial, professionnel et social. Je l'avais déjà dit pour "The Immigrant" (2013) mais l'amour et l'exploitation sont incompatibles, vouloir nous faire croire qu'un personnage peut concilier l'un et l'autre autrement dit peut obtenir le beurre et l'argent du beurre est malhonnête (y compris vis à vis de soi-même).

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La Maison des bois

Publié le par Rosalie210

Maurice Pialat (1971)

La Maison des bois

Le meilleur film de Maurice PIALAT est la mini-série qu'il a tourné pour l'O.R.T.F en 1971 grâce à "L Enfance nue" (1968) qui avait tapé dans l'oeil de l'adjoint du responsable des programmes d'Antenne 2. Grâce lui soit rendue car les immenses qualités du premier film de Maurice Pialat se retrouvent intactes dans "La maison des bois" avec en plus une ampleur romanesque, historique et picturale inédite permise par le format de la mini-série. Avec cette chronique d'une sensibilité à fleur de peau de trois enfants, Michel, Albert et Hervé, recueillis par une famille d'accueil dans un petit village de l'Oise pris dans la tourmente de la première guerre mondiale, Maurice Pialat au sommet de son art enchante et bouleverse. On y retrouve son talent à diriger des enfants (dont Michel TARRAZON, le petit garçon de "L'Enfance nue"), à capter la vie dans son plus simple appareil (les grandes peines et les petites joies du quotidien), à mêler harmonieusement acteurs amateurs et professionnels (dont lui-même dans le rôle de l'instituteur, tout un symbole!), à jouer dans de superbes plans-tableaux sur le premier plan et l'arrière-plan, la petite et la grande histoire. Pour ne donner qu'un exemple, dans une scène se déroulant dans un café où des soldats jouent au billard, on voit l'un d'entre eux en retrait, assis à une table tenter de consoler sa mère en pleurs. Derrière l'image d'Epinal, une scène poignante et lourde de sens quand on connaît la suite. Le caractère impressionniste de la série éclate dans le troisième épisode en grande partie consacré à un déjeuner sur l'herbe qui est un hommage explicite à "Une partie de campagne" (1936) et que l'on retrouve dans "Van Gogh" (1991) (ainsi que la chanson anti-guerre "La Butte rouge"). Mais on pense aussi à un autre film de Jean RENOIR, "La Règle du jeu" (1939) lorsque les deux pères de substitution d'Hervé, un marquis et son garde-chasse se retrouvent pour aller traquer le braconnier dans les fameux bois du titre. Albert Picard (Pierre DORIS), le garde-chasse et sa femme Maman Jeanne (Jacqueline DUFRANNE qui joue également la mère de "Loulou") (1980), la famille d'accueil de Hervé, Michel et Albert sont rayonnants de bonté et d'amour tandis que Maurice Pialat met une certaine part de lui-même dans le rôle du marquis (Fernand GRAVEY), un homme solitaire et réprouvé qui voit en Hervé, enfant délaissé qui fuit la ferme des Picard à chaque visite des mères de ses camarades un alter ego.

Mais Maurice Pialat n'oublie jamais d'inscrire ces histoires individuelles dans la grande histoire, celle-ci venant régulièrement s'inviter à la table des Picard, donnant souvent le ton des débuts et encore plus des fins d'épisode. Par exemple la musique jouée in extenso occupe une grande place dans la série, toujours liée à la guerre. La belle chanson du générique (début et fin) est "Trois beaux oiseaux de paradis" composé par Maurice Ravel en 1914-1915 en hommage aux français tués. L'un des épisodes se termine sur l'hymne national allemand joué lors d'une veillée funèbre en l'honneur d'un pilote abattu dans son avion. Un autre commence avec l'armistice et sa fanfare claironnante qui n'oublie pas pour autant la sonnerie aux morts. Quant à la redoutée fin du cinquième épisode, elle se fait significativement dans le silence avec un simple fond d'écran pour générique.

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