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Articles avec #drame tag

Les Animaux fantastiques: Les Crimes de Grindelwald (Fantastic Beasts: The Crimes of Grindelwald)

Publié le par Rosalie210

David Yates (2018)

Les Animaux fantastiques: Les Crimes de Grindelwald (Fantastic Beasts: The Crimes of Grindelwald)

Après un premier volet d'exposition que j'ai trouvé réussi, j'ai été très déçue par ce deuxième film. Celui-ci pèche en effet à mes yeux sur deux points cruciaux:

-Un scénario trop chargé, trop compliqué qui vire rapidement à l'accumulation inutile. Il y a tant de personnages, de lieux, d'actions, de débauche d'effets spéciaux dans ce film que tout est survolé en vitesse sans que rien ne soit approfondi. Là où le premier opus se concentrait sur quatre personnages et leurs relations, prenait le temps de les situer personnellement et professionnellement, le deuxième se disperse tellement qu'il les désagrège. Seul Norbert Dragonneau (Eddie REDMAYNE) sort à peu près intact de cette bouillie indigeste. Sa personnalité originale ressort à plusieurs reprises et le film met également en lumière son lien étroit avec Dumbledore (joué par un Jude LAW à qui le rôle va comme un gant). Mais les trois autres ne font que de la figuration. Jacob (Dan FOGLER) et Queenie (Alison Sudol) sont particulièrement malmenés. Le premier ne sert à rien et se contente d'assister passivement aux événements, les bras ballants et la bouche ouverte de surprise la plupart du temps. La seconde trahit la cause sans que l'on comprenne pourquoi (à moins qu'elle ne soit complètement idiote?), d'ailleurs le scénario a oublié au passage qu'elle avait une sœur. Quant aux nouveaux personnages, ils sont inexistants.

-Une absence de relief qui se traduit par une monotonie de ton tout au long du film. Celui-ci se veut très sombre mais l'uniformité n'a jamais réussi à Steve KLOVES (le scénariste) et David YATES (le réalisateur). Dans le premier volet, "Les animaux fantastiques" (2016) tout comme dans le sixième film de la saga Harry Potter ils alternaient avec davantage de bonheur la légèreté et le drame. Dans cet opus, on est davantage dans l'esprit des deux films sur les Reliques de la mort: de l'action, de sombres révélations, des drames et de l'ennui, beaucoup d'ennui. Car sans un minimum de chaleur humaine, aucune émotion n'est possible. Les sermons et les actes criminels de Grindelwald (Johnny DEPP qui fait du Johnny DEPP) ne sont pas terrifiants ils sont juste barbants.

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L'intendant Sanshô (Sanshô dayû)

Publié le par Rosalie210

Kenji Mizoguchi (1954)

L'intendant Sanshô (Sanshô dayû)

"L'intendant Sansho" est une œuvre aussi belle que profonde et émouvante. Deux visions du monde et deux systèmes de valeurs s'y opposent. D'un côté, le Japon féodal fondé sur l'exploitation des faibles par les forts et où le crime le plus terrible est la désobéissance aux supérieurs. Une société fondée sur la verticalité symbolisée par l'impitoyable intendant Sansho (Eitarô SHINDO), mielleux avec les puissants, cruel avec tous les autres. De l'autre, les valeurs humanistes issues du bouddhisme portées par le gouverneur Taira Masauji (Masao Shimizu) défenseur des opprimés et qui enseigne à son fils de 13 ans Zushio (Masahiko TSUGAWA) que "un homme sans pitié n'est pas un être humain". Mais est-il possible de rester humain lorsqu'on est en proie aux pires avanies, aux plus grands malheurs? Oui répond Kenji MIZOGUCHI et en grand cinéaste des femmes, il célèbre une fois de plus leur courage, leur fidélité, leur force, leur solidarité et leur compassion dans l'adversité. Si Zushio une fois adulte (Yoshiaki Hanayagi) rétablit la justice dans sa province en faisant libérer les esclaves et retrouve sa mère Tamaki (Kinuyo TANAKA) exilée dans l'île de Sado, il le doit à sa sœur Anju (Kyôko KAGAWA) qui contrairement à lui est restée fidèle à leur père et s'est sacrifiée pour le sauver. Le film regorge de scènes magnifiques comme la séparation des enfants et de leur mère ou le suicide d'Anju (mainte fois repris dans des œuvres japonaises ultérieures) mais l'une de celles qui m'a le plus remuée est celle où Zushio et Anju préparent un abri pour une esclave que ses maîtres veulent abandonner dans la montagne et qui leur a servi de mère de substitution. Par sa seule mise en scène, Kenji MIZOGUCHI fait monter l'émotion en reproduisant les mêmes gestes et les mêmes cadrages qu'au début du film lorsque Zushio et Anju enfants fabriquaient une cabane pour les abriter avec leur mère. C'est cette scène qui permet à Zushio victime du syndrome de Stockholm (il a embrassé la cause de ses bourreaux et renié l'héritage de son père) de se reconnecter à son enfance et par là même, à son humanité perdue. Il est intéressant de constater également que si Taro (Akitake Kono), le fils de Sansho est profondément révulsé par les actes de son père, il choisit de se retirer du monde en devenant moine alors que Zushio choisit d'agir en tant que gouverneur pour humaniser le monde.

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Le Limier (Sleuth)

Publié le par Rosalie210

Kenneth Branagh (2007)

Le Limier (Sleuth)

Fan absolue du film "Le Limier" (1972) de Joseph L. MANKIEWICZ, j'ai beaucoup attendu avant de me décider à regarder le remake de Kenneth BRANAGH qui est pourtant un réalisateur que j'apprécie (contrairement à la critique française qui l'a pris en grippe et démolit systématiquement ses films). Néanmoins je trouve le résultat inabouti. Le film de Kenneth BRANAGH n'a pas la profondeur de celui de Joseph L. MANKIEWICZ. Peut-être parce que les enjeux de 1972 ne sont plus tout à fait les mêmes en 2007. Le film de Joseph L. MANKIEWICZ s'appuyait sur le clivage entre "sir" Laurence OLIVIER à l'accent distingué et un acteur d'origine prolétaire à l'accent cockney, Michael CAINE qui campait de plus un personnage aux origines ritales. Dans le film de Kenneth BRANAGH, en dehors de l'âge, on ne voit guère ce qui différencie Wyke et Tindle d'autant que c'est Michael CAINE qui campe désormais le richissime écrivain (il faut dire qu'entretemps, il a été anobli par Elizabeth II). Plutôt que Jude LAW, il aurait fallu embaucher un parvenu indo-pakistanais pour réactualiser la pièce d'Anthony Shaffer de façon pertinente. D'autre part, si l'idée de remplacer le décor rempli d'automates et de jeux de sociétés par une version 2.0 avec des caméras de surveillance et autres joujoux connectés est intéressante en soi, cela rend le film très froid et impersonnel. L'aspect dépouillé et design du décor ainsi que les jeux de lumières n'arrangent rien. Enfin, Branagh a décidé de changer la fin du film en rendant plus explicite l'attirance homosexuelle (à tendance sado-maso) entre les deux hommes. Le problème c'est que le résultat est pour le moins maladroit (voire balourd) et rend la fin du film très confuse. Heureusement que Michael CAINE sauve les meubles, il est magistral d'émotion contenue, rendant Wyke aussi pathétique qu'émouvant. Hélas, il se heurte à un mur car Jude LAW qui surjoue en permanence ne donne aucune substance à son rôle.

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La Rue de la honte (Akasen chitai)

Publié le par Rosalie210

Kenji Mizoguchi (1956)

La Rue de la honte (Akasen chitai)

Le triste sort des femmes au Japon est le sujet de prédilection de Kenji MIZOGUCHI. Pour ce qui fut son dernier film, il dresse le portrait magistral de cinq prostituées du quartier de Yoshiwara à Tokyo (le "quartier de la lumière rouge" du titre en VO, celui de la VF introduisant un jugement de valeur étranger à la pensée de Kenji MIZOGUCHI) à la fin des années 50. Ironiquement surnommé "Le Rêve", le bordel où travaillent ces femmes est un microcosme entrepreneurial à travers le lequel il explore les ravages de cette variante de l'exploitation marchande de l'être humain par son semblable que sont les relations tarifées entre les femmes et les hommes. Le tout dans un remarquable style néo-réaliste quasi documentaire alors que les décors ont dû être reconstitués en studio, les patrons des maisons closes refusant d'ouvrir leurs portes aux caméras. Mais Kenji MIZOGUCHI n'en a pas besoin car étant un client régulier de ces lieux, et sa sœur, une ancienne victime, il les connaît par cœur.

Le film aborde toutes les facettes du problème que constituait la prostitution au Japon en 1956 et qui selon Kenji MIZOGUCHI ne peut être réglé par une loi l'interdisant (en débat au moment du tournage du film qui l'évoque en arrière-plan et adoptée un peu plus tard):

- La misère et l'absence d'un Etat-providence protégeant les citoyens des aléas de la vie. Hanaé (Michiyo KOGURE) est contrainte à la prostitution pour faire vivre son foyer composé d'un mari tuberculeux et d'un enfant en bas âge. Yorie (comme la sœur de Kenji MIZOGUCHI) est vendue à une maison de geishas pour rembourser des dettes ou comme moyen de subsister pour une famille rurale très pauvre. Yumeko qui est veuve a dû se prostituer pour élever son fils.

- L'attrait de l'argent facile. Yorie veut s'en sortir par le mariage ou un métier honnête mais elle déchante quand elle découvre qu'au sein du mariage la femme n'est qu'une esclave domestique et que le travail honnête ne rapporte pas assez pour couvrir les goûts de luxe qu'elle a contracté au contact du monde de la prostitution.

- Le patriarcat oppresseur et la pression sociale aliénante. Mickey (Machiko KYÔ) surnommée ainsi parce qu'elle est l'ancienne maîtresse d'un G.I., s'est révoltée contre son père, un homme d'affaires entretenant de nombreuses maîtresses mais qui s'est vite remarié après la mort de sa femme. Il veut également ramener Mickey dans le droit chemin, non parce qu'il l'aime mais parce que pour lui, rien n'est plus important que la réputation de sa famille et que le métier de Mickey pourrait empêcher sa sœur de faire un beau mariage et son frère une excellente carrière. On comprend pourquoi de toutes les filles, Mickey est la plus cynique et la plus lucide. Même si elle est endettée jusqu'au cou et que les patrons du bordel l'exploitent sous couvert de paternalisme (on rappelle bien dans le film que les filles ne touchent que 40% des gains).

C'est la combinaison de tous ces facteurs qui explique que Yasumi (Ayako WAKAO) soit la seule des cinq filles à parvenir à se sortir du monde de la prostitution. Elle est en effet avare, manipulatrice et sans scrupules, utilisant des moyens crapuleux pour parvenir à ses fins. De quoi définitivement éteindre le "Rêve".

En dépit de scènes psychologiquement difficiles, le film est dénué de tout pathos. Il est plutôt trempé dans une colère froide, clinique, que soulignent tous les plans où l'on voit ces femmes dont Mizoguchi nous a dévoilé l'intimité jetées en pature dans la rue, contraintes de s'avilir en racolant lourdement et vulgairement les passants. C'est toute l'humanité qui en ressort salie et amoindrie. Une colère soulignée également par la musique dodécaphonique dissonante de Toshiro Mayuzumi.

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Sixième sens (The Sixth Sense)

Publié le par Rosalie210

M. Night Shyamalan (1999)

Sixième sens (The Sixth Sense)

"Sixième sens" est un très beau film fantastique qui rappelle "Shining" (1980) de Stanley KUBRICK (l'enfant doté de pouvoirs paranormaux, les travellings avant angoissants dans le couloir, le rôle important de la salle de bain, les lieux hantés) et "Vertigo" (1958) de Alfred Hitchcock (atmosphère onirique, poids des fantômes et du passé sur le présent, apparition-éclair du réalisateur dans son propre film). Mais le film est également profondément original de par sa construction en strates qui ne peut être appréciée que si on le voit au moins deux fois. La premier visionnage fait épouser au spectateur le point de vue de personnages démunis face à la mort qui n'est plus intégrée culturellement dans nos sociétés rationnalisées et qui ne peut donc plus être pensée. Cole (Haley Joel OSMENT) et Vincent Grey (Donnie WAHLBERG) sont rejetés par les autres et leur psychiatrisation les enfonce encore plus dans leur statut de freaks. Le twist final agit comme un "rideau déchiré" qui permet au deuxième visionnage de mesurer la profondeur de la mélancolie qui imprègne le film. Chacun est seul, enfermé en lui-même et incapable de parler aux autres ("seul" et "parler" sont sans doute les mots les plus récurrents dans le film). Une scène particulièrement forte suffit à mesurer le malentendu qui sépare Cole (et par extension, tous les enfants "extra-sensibles") des adultes hermétiques. Il s'agit du moment où le professeur demande aux élèves quel était autrefois l'usage de l'école où ils se trouvent. Le professeur attend une réponse politiquement correcte (un palais de justice), Cole lui donne celle qu'il connaît de par ses capacités extra-sensorielles (un lieu où on pendait les gens) avant de faire remonter à la surface l'enfant bègue qu'avait été ce professeur et qu'il a cherché à effacer. Même lorsqu'ils ont des liens affectifs et filiaux, les personnages ne parviennent pas à communiquer ou alors seulement par le truchement d'écrans, s'enfermant ainsi toujours davantage dans leur solitude et leur détresse. C'est toute la force du film de montrer comment Cole apprivoise les fantômes avec l'aide d'un psychologue pour enfants en quête de rédemption, Malcom (Bruce WILLIS) établissant ainsi un lien entre les morts et les vivants, le passé et le présent, l'enfance et l'âge adulte.

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Bohemian Rhapsody

Publié le par Rosalie210

Bryan Singer (2018)

Bohemian Rhapsody

Le titre du film porte le nom de la chanson emblématique du groupe Queen, "Bohémian Rhapsody". Emblématique parce que hybride et même multiface comme le dit Brian May (Gwilym Lee) dans le film. Comme les 4 membres du groupe et l'identité éclatée de son chanteur, elle mélange 4 styles: balade, rock, opéra et hard-rock pour un résultat hors-norme qui leur donna du fil à retordre pour parvenir à leurs fins: en faire un tube planétaire.

De fait le premier mérite de ce biopic est de donner une grande place à la musique du groupe dont on redécouvre la puissance fédératrice et la flamboyance. Grâce à l'implication de Roger Taylor et de Brian May sur le film, on assiste à la genèse de plusieurs titres (le riff de guitare de "Another one bites the dust", le battement en mesure de "We will rock you", l'ambiance bucolique de la composition de "Bohémian Rhapsody"). Ils insistent sur l'importance du travail collectif dans leur élaboration (alors que les médias ne s'intéressaient qu'à la diva Freddie Mercury). L'alchimie entre les acteurs fonctionne bien et la ressemblance avec les membres du groupe est bluffante. La séquence finale de 18 minutes du concert de Wembley de 1985 où le groupe enchaîne quatre titres est tout simplement euphorisante. On en redemande !

Le second mérite du film réside dans la performance de Rami Malek dans la peau de Freddie Mercury. Certes au début on ne voit que ses dents proéminentes (exagérées sur les bords, je n'y avais jamais fait attention avant) mais par la suite on les oublie. Des dents constitutives de son identité problématique et qu'il a voulu garder en dépit des pressions. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est moins le mimétisme en concert que ces moments plus intimes de transe dans lesquels il semble possédé par ce qu'il compose.

Là où le film est moins convaincant, c'est dans son traitement de la quête d'identité de Freddie Mercury, tant vis à vis de ses racines iraniennes, indiennes et africaines qu'en ce qui concerne sa bisexualité. La question des origines et du racisme est traité superficiellement. L'ennuyeuse petite amie Mary Austin (Lucy Boynton) prend trop de place au détriment d'une homosexualité réduite à la portion congrue alors qu'elle est essentielle dans la vie du chanteur. Celle-ci a d'ailleurs plusieurs facettes. Au début de sa carrière, Freddie Mercury apparaît frêle, efféminé, timide et extravagant à la fois, puis il devient musclé et hyper-viril avec un look moustache-cuir tout en conservant sa fragilité intrinsèque (comparable à celle du héros du film "Moonlight"). Quant aux orgies, elles sont évoquées en mode subliminal. C'est conforme à ce que voulait Freddie Mercury: suggérer plutôt que montrer (il y a les films x pour ça). Néanmoins il aurait fallu développer davantage le sujet car il est indissociable de son inspiration créatrice (alors que l'influence de Mary se réduit au très dispensable "Love of my life").

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Le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi)

Publié le par Rosalie210

Sergio Leone (1961)

Le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi)

Sergio LEONE et moi avons un point commun qui est de détester le péplum. Pourtant c'est dans ce genre qu'il a fait ses gammes, celui-ci connaissant à la fin des années 50 et au début des années 60 son âge d'or en Italie. Après avoir travaillé en tant que réalisateur de secours sur des films comme "Ben-Hur (1959)" de William WYLER et "Les Derniers jours de Pompéi" (1959) de Mario BONNARD, il est seul aux commandes du "Colosse de Rhodes" qui est donc son premier film officiel.

Force est de constater que l'empreinte du réalisateur est beaucoup moins forte sur le péplum que ce qu'il réussira à faire par la suite sur le western. Les codes de ce genre qui a d'ailleurs très mal vieilli se prêtent sans doute moins à une relecture distanciée et cynique. Et il n'y a aucune vérité historique à rechercher dans ce fatras qui mélange les arènes romaines et la civilisation minoenne avec un traitement fantaisiste du Colosse et des costumes entre autres.

Cependant le style Sergio LEONE transparaît par moments. L'aspect le plus évident réside dans son traitement de la violence. La cruauté sadique de certains passages (expurgée de la version française) n'a rien à envier à celle qui s'exerce dans les films de la trilogie du dollar. Un autre aspect visible de la patte léonienne concerne le traitement du héros. Dans les péplum italiens, celui-ci était hyper-viril, bodybuildé avec des connotations homoérotiques. Dario (Rory CALHOUN), qualifié par Leone (fan de cinéma hollywoodien) de "Cary GRANT du pauvre" est un bellâtre séducteur en jupette qui se fait mener par le bout du nez par la gent féminine comme dans "Allez coucher ailleurs" (1949) de Howard HAWKS. Il y a beaucoup d'allusions à "La Mort aux trousses" (1959) d'Alfred HITCHCOCK dans le film. L'implication à son corps défendant d'un homme dans un complot, le caractère ambigu de la séductrice jouée par Lea MASSARI et enfin le jeu sur les échelles lors de la scène spectaculaire où Dario affronte des adversaires,  juché sur l'épaule et le bras du Colosse après être sorti de la statue par son oreille qui fait penser à la course-poursuite sur le mont Rushmore.

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Youth

Publié le par Rosalie210

Paolo Sorrentino (2015)

Youth
Youth
Youth

La vieillesse est un naufrage disait Charles de Gaulle à propos du maréchal Pétain. Pourtant ce sont trois acteurs nés respectivement en 1933 (Michael CAINE), 1937 (Jane FONDA) et 1939 (Harvey KEITEL) qui sauvent ce film du naufrage. Sans eux, on aurait juste un défilé d'images esthétisantes clipesques ou pubesques (certains persifleurs ont pensé au chocolat Milka, moi plutôt aux bijoux, parfums et séjours en thalassothérapie) et de réflexions sur la difficulté d'être un artiste, surtout quand on est en voie de décomposition. Mais vu que tout cela se déroule dans un hôtel de luxe coupé du monde, difficile d'éprouver de l'empathie pour ces VIP et leurs problèmes d'ego et de prostate (ou de surpoids dans le cas de l'acteur qui joue Maradona et qui séjourne aussi dans le coin avec Miss Univers). Au bout d'une heure et demi de ce cirque, je me suis dit que tout cela était assez poseur et que le cinéma qui se regardait complaisamment le nombril, ça commençait à bien faire. N'est pas Federico FELLINI qui veut!

Il n'en reste pas moins que les trois acteurs cités plus haut sont tellement bons qu'ils réussissent à donner par moments vie à ce défilé de clichés. Michael CAINE (Fred le musicien) et Harvey KEITEL (Mick le réalisateur) s'exposent sans fard et leur fragilité ainsi que leur mélancolie parviennent à émouvoir. Quant à Jane FONDA (Brenda, l'actrice star), elle a peu de scènes mais elle est impériale. Surtout lorsqu'elle claque avec autant de tendresse que de fermeté le beignet à Mick qui vit encore dans l'illusion d'être un grand réalisateur (et un homme irrésistible). Au passage elle en profite pour affirmer son indépendance ("je me suis faite toute seule, ce n'est pas toi qui m'a faite") ce qui lui permet de secouer le joug de la phallocratie pesante qui règne dans ce film où les femmes (et les beaux jeunes hommes) sont autant d'objets désirables pour les deux grands pontes obsédés par les performances de leur zigounette. Le personnage de Fred a passé sa vie à prouver qu'il était un "dieu au lit" et reste obsédé par la compétition virile avec Mick. Il faut voir pour le croire la scène hallucinante où ce dernier contemple le cheptel des 50 actrices qu'il prétend avoir révélées déclamer dans un pré une phrase tirée des films qu'il a réalisé. Déguisées en policiére, noble du XVIII, femme fatale, fermière, extra-terrestre, elles sont autant de pathétiques fantasmes fétichistes (le chapitre correspondant du DVD s'intitule d'ailleurs "créateur et créatures").

Hélas le bel effort d'émancipation de Brenda est démenti par la suite quand elle fait une crise d'hystérie dans l'avion (énième cliché inscrit dans le mot même, hystera signifiant utérus) où elle supplie Mick de lui pardonner (et de la reprendre?) Le machisme pétri de culture judéo-chrétienne a encore de beaux jours devant lui.

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L'Homme de l'Ouest (Man of the West)

Publié le par Rosalie210

Anthony Mann (1958)

L'Homme de l'Ouest (Man of the West)

"L'homme de l'ouest" est à Anthony MANN ce que "L Homme qui tua Liberty Valance" (1962) est à John FORD: une œuvre testamentaire (c'est son avant-dernier western) et crépusculaire. Link Jones, comme l'acteur qui l'interprète (Gary COOPER) est un héros au bout du rouleau. Comme dans le film de John FORD cité plus haut il ne trouve pas sa place dans la civilisation qui s'implante toujours plus à l'ouest, symbolisée par le train. Et au-delà ? Il n'y a plus personne sinon des villes fantômes. Le temps du western est révolu. C'est tout le drame du personnage pathétique de Dock Tobin (Lee J. COBB) de refuser de voir la vérité en face. Avec les quelques hommes qui lui reste (et qui ne sont guère fiables excepté le cousin de Link, Claude, joué par John DEHNER) il se terre dans une ferme abandonnée, hors du monde. C'est depuis ce tombeau qu'il échafaude des plans sur la comète, tous voués à l'échec. Il s'aveugle également sur les raisons du retour de son fils prodigue échappé d'un train qui va trop vite pour lui mais qui pourtant à aucun moment ne manifeste son envie d'être là. Car on sait qu'il a trouvé la voie de la rédemption dans une communauté qui l'a accepté avec son passé (comme dans "Les Affameurs" (1951) mais celle-ci reste hors-champ comme une sorte d'utopie inaccessible (pour le spectateur en tout cas).

Au-delà de son aspect crépusculaire, "L'homme de l'ouest" a des caractéristiques propres au cinéma d'Anthony MANN qui préfigurent ce que sera quelques années plus tard le western de Sergio LEONE. C'est une approche âpre et frontale de la violence, certaines scènes versant même dans le sadisme. Ce sont des personnages sales et mal rasés, plus proches de la bête que de l'homme qui cèdent à leurs pulsions primaires et crient comme des veaux qu'on égorge. C'est un héros ambigu au passé trouble, Anthony MANN ayant l'art et la manière de retourner les acteurs positifs des films de Frank CAPRA (Gary COOPER et avant lui James STEWART). C'est aussi l'impression de confinement qui se dégage du film, les règlements de compte se déroulant en vase clos comme sur une scène de théâtre, que ce soit à l'intérieur d'une ferme ou dans le désert.

Si en dépit de sa qualité, ce western suscite des appréciations contrastées, c'est en raison principalement de quelques problèmes sur les personnages et le casting. Lee J. COBB est beaucoup plus jeune que Gary COOPER, or il joue le rôle de son ancien mentor censé être beaucoup plus âgé. Par conséquent Cobb est grimé et surjoue ce qui sonne faux. D'autre part les deux compagnons de Link, Billie (Julie LONDON) et Sam (Arthur O CONNELL) sont des poids morts dont Anthony MANN ne sait que faire.

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Lettre à Momo (Momo e no Tegami)

Publié le par Rosalie210

Hiroyuki Okiura (2012)

Lettre à Momo  (Momo e no Tegami)


"Lettre à Momo" impressionne par sa technique soignée, le travail sur les expressions faciales des personnages en particulier. Mais sur le fond, le film pâtit d'une histoire aux airs de déjà vu. Il souffre en particulier de la comparaison avec "Mon voisin Totoro" (1988) qui possède une trame proche (des fillettes aident leur mère malade à l'aide de Yokai). Le récent "Okko et les Fantômes" (2018) qui reprend l'idée d'un
soutien des forces surnaturelles pour surmonter un deuil le fait avec plus d'originalité et de puissance. En dépit des fantasques Yokai, les personnages manquent de présence, certains sont à peine esquissés. Seule la relation mère-fille est un peu approfondie, chacune essayant de faire son deuil de son côté et aggravant ainsi son isolement. C'est d'ailleurs ce manque de communication qui pousse Momo à se rapprocher des Yokai qui l'entourent et qu'elle seule peut voir. Mais la fin très convenue (réconciliation mère-fille, message d'amour du père depuis l'au-delà, retour des yokai dans les cieux, capacité de Momo à surmonter ses peurs et à s'intégrer) ne permet pas à ce film de marquer davantage les esprits.

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