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Articles avec #court-metrage tag

Notre ami le rat (Your Friend the Rat)

Publié le par Rosalie210

Jim Capobianco (2007)

Notre ami le rat (Your Friend the Rat)

"Il est interdit d'interdire", tel pourrait être la devise de Pixar avec ce court-métrage où l'équipe s'autorise à casser les codes et à mélanger les genres pour un résultat enlevé, déjanté, inventif, instructif et extrêmement divertissant.

"Notre ami le rat" est conçu comme un hommage aux films pédagogiques Disney des années cinquante-soixante et plus particulièrement à un de ses principaux réalisateurs et animateurs, Ward Kimball. "Notre ami le rat" s'inspire notamment très fortement de "C'est pas drôle d'être un oiseau" couronné par l'oscar du meilleur court-métrage d'animation en 1970. Le petit oiseau rouge est remplacé dans le rôle du professeur-présentateur par Rémy et Emile qui informent le spectateur de l'utilité du rat pour l'homme. Ils déroulent notamment l'historique des interactions entre les deux espèces où l'importance des échanges internationaux a joué un rôle capital. Le rat s'avérant de plus être une espèce quasi indestructible, vouloir les supprimer revient à s'autodétruire (ce dont on commence à s'apercevoir avec d'autres espèces comme les abeilles). Si bien qu'en dépit de sa source d'inspiration issue de la période des 30 glorieuses, le film évoque au final une question d'écologie contemporaine, celle de l'interdépendance des espèces au sein de l'écosystème que l'action de l'homme menace de détruire, en partie par ignorance.

Ce va et vient entre passé et présent se retrouve dans la forme. Le film mêle avec bonheur les trois principales techniques d'animation (2D, 3D et stop motion), parfois dans la même image. S'y ajoutent même des images live en noir et blanc dans le style des films muets des années 20 et même des images de jeu vidéo des années 80.

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Malec champion de tir (The High Sign)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton et Edward F. Cline (1920)

Malec champion de tir (The High Sign)


"Malec champion de tir" est le premier film que Buster Keaton a lui-même réalisé, du moins officiellement. En réalité, il avait prêté main-forte anonymement à certaines des réalisations de son ami Roscoe Arbuckle comme "Fatty chez lui" en 1917. "The High Sign" (en VO) est son premier film en solo. Comme il n'en était pas pleinement satisfait, il n'est cependant sorti qu'un an plus tard après six autres courts-métrages alors qu'il venait d'avoir son accident sur le tournage de "Frigo à l'Electric Hôtel".

Les réticences de Keaton peuvent s'expliquer par le fait que ce court-métrage est une sorte d'essai de l'oeuvre à venir, forcément imparfait quoique déjà de très bon niveau. "The High Sign" possède un rythme trépidant dès son ouverture sur les chapeaux de roues, et par la suite celui-ci ne faiblit jamais. Il est aussi d'une grande inventivité dans les gags. La course-poursuite finale dans la maison remplie de trappes est un grand moment qui met en lumière son sens de l'espace et de la chorégraphie ainsi que ses talents d'ingénieur tout comme la machine qu'il met au point pour faire croire aux gens qu'il est un grand tireur.

Néanmoins il manque incontestablement à "The High Sign" la profondeur métaphysique de ses meilleurs films. Comme Keaton était d'une grande exigeance, il jugeait les gags trop "faciles". Et son personnage n'avait pas encore acquis ses caractéristiques définitives. Dans ce film, il est une sorte de cousin du vagabond de Chaplin ("venu de nulle part, il n'allait nulle part et échoua quelque part") qui cherche avant tout à survivre en recourant au système D. Par conséquent, il n'hésite pas à voler (un journal, un pistolet) et à rouler les gens dans la farine avec sa machine à tirer. Une amoralité incompatible avec l'idée que Keaton se faisait de son personnage, honnête, travailleur et encaissant avec un stoïcisme à toute épreuve les pires épreuves.

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Deux escargots s'en vont

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Jeunet, Romain Segaud (2016)

Deux escargots s'en vont

Jean-Pierre Jeunet revient à ses premières amours avec ce court-métrage d'animation artisanal remarquable à plus d'un titre:

- Il s'agit de la mise en scène d'un poème de Jacques Prévert, "chanson des escargots qui vont à l'enterrement d'une feuille morte" que l'on peut trouver dans le recueil "Paroles". Il s'agit d'une ode au cycle de la vie et de la nature qui fait le lien entre la mort (automne), le deuil (hiver), la renaissance (le printemps) et la plénitude de la jouissance (l'été), les uns étant indispensables aux autres.

- Chaque vers (il y a en 35 en tout) est déclamé par un acteur de la "galaxie Jeunet" (Dominique Pinon, Jean-Claude Dreyfus, Jean-Pierre Marielle, Rufus, Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, Serge Merlin…) dont certains membres font également partie de la galaxie Dupontel (Albert Dupontel lui-même, Nicolas Marié, Claude Perron, Yolande Moreau…)

- Les bestioles qui déclament chaque vers sont inspirées de l'œuvre du sculpteur Jephan de Villiers que Jean-Pierre Jeunet admire et collectionne. Jeunet les a fabriquées avec des débris végétaux ramassés dans la forêt (bois, feuilles, plumes, noyaux, bogues, écorces, graines…) dans la lignée des photographies contenues dans le livre du sculpteur "Bestioles ou bestiaire pour un enfant roi" et c'est Romain Segaud qui les a animées. Tant de créativité à partir de ce que nous offre la nature et le monde magique de l'enfance, source d'inspiration majeure de Jeunet n'inspire qu'une chose, un total respect!

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Le Manège

Publié le par Rosalie210

Jean-Pierre Jeunet, Marc Caro (1980)

Le Manège

"Le Manège" est le deuxième court-métrage du tandem Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Il a obtenu le césar du meilleur court-métrage d'animation en 1981. Il faut dire que les films d'animation pour adultes français n'étaient pas légion à l'époque, il s'agissait d'un créneau marginal et où il était difficile de s'imposer comme le montre l'exemple de René Laloux. Mais Jeunet et Caro qui se se sont rencontrés au festival d'Annecy ont en commun une grande passion pour cette forme de cinéma très visuelle et ouvrant sur un imaginaire débridé. C'est en artisans qu'ils abordent la fabrication du "Manège" qui recourt au procédé de l'animation en volume et stop motion. Jeunet fabrique les squelettes métalliques articulés des personnages, anime et réalise, Caro modèle les corps, les visage et décore le manège miniature qui est au centre de l'histoire. Le court-métrage se distingue également par sa superbe photographie signée d'un autre ami de Jean-Pierre Jeunet promis à un très bel avenir, Bruno Delbonnel. Celui-ci créé une atmosphère nocturne pluvieuse, dense et oppressante où les personnages (pâles et falots) semblent toujours sur le point de se faire engloutir par les ténèbres.

Outre son aspect artisanal et sa photographie, "Le Manège" se distingue aussi par ses contrastes. Il se situe dans le même univers que celui d'Amélie Poulain (un Paris vieillot de carte postale avec sa station de métro art nouveau et son manège de chevaux de bois) mais il en explore le côté sombre. Le tour de manège et l'attraction du pompon rouge semblent un instant marquer une rupture avec cette ambiance pesante et poisseuse mais ce n'est qu'un leurre comme le montre un final particulièrement grinçant.

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L'Epouvantail (The Scarecrow)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton et Edward F. Cline (1920)

L'Epouvantail (The Scarecrow)

Un court-métrage scindé en deux parties. La première relève du pur génie et nous montre une maison condensée dans une seule pièce grâce à des systèmes ingénieux, fonctionnels et parfaitement rationnalisés. Chaque objet a un double emploi: la table est aussi un cadre, la bibliothèque cache un garde-manger et le gramophone un fourneau, le bureau contient un évier, la baignoire se transforme en canapé-lit, l'autre lit faisant aussi office de piano. De nombreux objets nécessaire aux repas descendent du plafond attachés à des ficelles, la corbeille à pain va et vient le long d'un rail. De plus il s'agit d'une maison écologique où l'on pratique le recyclage des déchets avec quatre-vingt ans d'avance. Les restes sont versés dans l'auge des porcelets et les eaux usées deviennent une mare aux canards.

La deuxième partie qui se déroule à l'extérieur de la maison n'atteint pas ce niveau de créativité, elle est beaucoup plus classique avec des rivalités amoureuses entraînant des chutes, acrobaties, déguisements, gifles et coups de pied aux fesses et enfin courses-poursuite (celle de Keaton et du "chien enragé" est toutefois très enlevée et drôle, ledit chien appartenant en réalité à Roscoe Arbuckle) .

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Malec aéronaute (Balloonatic)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton et Edward F. Cline (1923)

Malec aéronaute (Balloonatic)

Au vu de l'aspect décousu et passablement perché de ce court-métrage on peut légitimement se demander quel genre de substance avait fumé Buster Keaton. Ou plutôt bue, l'eau étant l'élément prédominant du film en dépit de la présence des autres éléments (l'air avec le voyage en ballon, la terre sur laquelle Buster Keaton chute lourdement et le feu qui brûle le fond de son embarcation). Cependant quand on y regarde de plus près, l'histoire fait sens.

La première partie du film se situe en ville, dans une fête foraîne où Keaton essaye vaguement de dragouiller les jupons qui passent à sa portée en profitant notamment des situations d'intimité permises par les attractions (une maison hantée, une promenade en barque sous un tunnel). Comme il ne fait qu'accumuler les rateaux, il s'éloigne un peu pour prendre du recul et se retrouve à la faveur d'un concours de circonstances perché au sommet d'une mongolfière qui l'entraîne au coeur de la montagne. Dans cet environnement sauvage, Keaton se ressource en faisant preuve d'inventivité pour dompter les éléments et se nourrir. Néanmoins le résultat manque d'efficacité car Keaton n'a pas trop l'esprit pratique. Heureusement pour lui, il est sauvé de la noyade par une jeune campeuse (Phyllis Haver, une des "bathing beauty" de Mack Sennett). Après s'être quelque peu frités, les deux adeptes du camping sauvage flashent et finissent dans le même bateau, planant au-dessus de la cascade qui les auraient engloutis si le fameux ballon ne s'y retrouvait pas accroché. Une très belle fin poétique et surréaliste en forme de septième ciel.

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Frigo l'esquimau (The Frozen North)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton et Edward F. Cline (1922)

Frigo l'esquimau (The Frozen North)

"The Frozen North" est un court-métrage qui a perdu une partie de sa saveur de nos jours, sauf si l'on se replonge dans le contexte de sa réalisation. Le personnage de Keaton est une parodie de l'acteur de western William S. Hart qui était à l'époque une célébrité. Keaton l'avait pris pour cible car il avait été un des plus virulents à accuser Roscoe Arbuckle (ami et ancien partenaire de Keaton) de mauvaises mœurs dans l'affaire qui brisa sa carrière alors qu'il ne le connaissait même pas. D'autre part Keaton apparaît un bref instant aux yeux de la belle qu'il convoite déguisé Karamzin, faux comte russe mais vrai Don Juan dans "Folies de femmes" d'Erich Von Stroheim sorti en 1922 et qui avait fait scandale.

Même sans avoir ces références en tête, le film reste très agréable à voir de par son côté surréaliste et ses nombreuses trouvailles (je recommande particulièrement les guitares-raquettes et l'hélice montée à l'envers qui fait partir le véhicule en arrière). Le choix d'un milieu sauvage est un bon moyen de libérer les pulsions refoulées. Le personnage de Keaton est un cow-boy sans foi ni loi (logique au vu de celui qui l'a inspiré), voleur, roublard et assassin. Son comportement avec les femmes est primaire et brutal, il prend celle qui lui plaît après avoir neutralisé le mari et jette celle qui ne lui plaît plus comme une vieille chaussette. 

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Malec chez les indiens (The Paleface)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton et Edward F. Cline (1922)

Malec chez les indiens (The Paleface)

Un western burlesque et politique très réussi. Sur le plan de l'efficacité comique, "Malec chez les indiens" (plus connu aujourd'hui sous le titre "Buster chez les indiens") n'est peut-être pas le meilleur court-métrage de Keaton mais il comporte des scènes de cascades vraiment impressionnantes ainsi que des gags très drôles. Mais surtout il résonne de façon très actuelle sur le plan politique. En effet il s'agit d'un film engagé pro-indien (ce qui contredit au passage l'opinion communément admise selon laquelle ce type de film serait apparu dans les années cinquante). Le film s'ouvre sur une scène pas du tout comique qui analyse les procédés crapuleux par lesquels une compagnie pétrolière s'empare du titre de propriété des terres sur lesquelles vivent les indiens. Preuve que les capitalistes sont insatiables, ce sont aujourd'hui les réserves indiennes qui sont menacées par le passage d'oléoducs géants. On voit bien où mène le processus: à leur disparition pure et simple.

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Les statues meurent aussi

Publié le par Rosalie210

Alain Resnais, Chris Marker, Ghislain Cloquet (1953)

Les statues meurent aussi

Respect, admiration totale pour ce documentaire sur ce que l'on nommait encore dans les années cinquante l'art nègre, un terme revendiqué avec fierté et non sans provocation par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor pour désigner l'identité africaine dans les années 30. Commandé par la revue "Présence africaine", il est réalisé par deux immenses cinéastes, Alain Resnais et Chris Marker, assistés du chef-opérateur Ghislain Cloquet.

La culture noire-africaine malmenée, menacée par la colonisation est au cœur de ce court-métrage qui allie la beauté esthétique au discours politique engagé. Les œuvres sont filmées de manière exceptionnelle, mises en valeur par l'éclairage et la science du montage dont Resnais et Marker ont le secret. Elles acquièrent ainsi une dignité que l'occident leur refusait à l'époque (le point de départ du documentaire n'est-il pas une interrogation sur le fait que l'art grec et égyptien se trouvaient au Louvre alors que l'art nègre devait se contenter du musée de l'Homme, comme un écho ségrégationniste à l'art "dégénéré" vilipendé par les nazis?) Quant au texte de Marker, lu par Jean Négroni, il s'interroge sur le mystère de ces œuvres, sur la culture qui les a produite "au temps de Saint Louis" et dont nous ne savons rien puisqu'elle était de tradition orale. Et il dénonce les ravages de la colonisation qui a mis sous vitrine (c'est à dire empaillé) les vestiges qui lui sont tombés entre les mains tout en éradiquant la source de nouvelles productions en imposant sa propre culture. Les monuments aux morts et la statuaire chrétienne ont balayé l'art africain sur le sol même de l'Afrique quand ce n'était pas l'islam qui le détruisait au nom de l'interdiction des images.

Produit peu de temps avant la décolonisation de l'Afrique, le documentaire de Resnais et Marker est censuré pendant 11 ans car la France n'admet pas les critiques sur son modèle colonialiste assimilationniste (même si cet assimilationnisme reste largement une chimère) et tente d'empêcher ses colonies d'obtenir leur indépendance, soit par la ruse, soit par la force comme en Algérie. Elle ne lâchera prise que lorsque la décolonisation de son Empire africain sera achevée.

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Frigo capitaine au long cours (The Boat)

Publié le par Rosalie210

Buster Keaton, Edward F. Cline (1921)

Frigo capitaine au long cours (The Boat)

« The Boat » est l’un des courts-métrages qui exprime le mieux la philosophie de vie de Keaton. Il y a une proximité certaine avec « One Week ». Que ce soit en couple ou en famille, la construction d’un foyer s’avère une succession d’échecs et de pertes. La malchance, la maladresse, l’adversité, les aléas naturels, tout concourt à la destruction du pôle de stabilité que Keaton tente de créer. Comme « One Week », « The Boat » fait référence à l’esprit pionnier et sa contradiction entre la sédentarité et le voyage. Résultat, la maison comme le bateau se transforment en toupies folles. Auparavant, chaque tentative pour « enfoncer le clou » débouche sur une catastrophe de plus. Le bateau sort de son cocon en détruisant la maison, sa mise à l’eau provoque le naufrage de la voiture et du bateau lui-même, la famille ne peut jamais se livrer à ses activités dans la cale sans que celle-ci ne se mette sans dessus dessous ni la décorer sans provoquer une voie d’eau. Même le canot de sauvetage (le dernier vestige de la maison et du bateau) finit au fond de l’eau. La fin est ambivalente. La famille naufragée est saine et sauve mais doit tout recommencer à zéro sur une terre inconnue.

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