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Articles avec #court-metrage tag

L'école des facteurs

Publié le par Rosalie210

Jacques Tati (1947)

L'école des facteurs

"L'école des facteurs", court-métrage d'une quinzaine de minutes tourné en 1947 est le brouillon de "Jour de fête", le premier long-métrage de Tati sorti deux ans plus tard. Tati y créé le personnage de François le facteur que l'on retrouvera dans "Jour de fête" quasiment à l'identique. La seule différence provient des paroles qu'il prononce qui sont plus compréhensibles. Le court-métrage correspond à la séquence de la tournée à l'américaine du long-métrage. Quasiment tous les gags qui y sont présents seront réemployés dans "Jour de fête", de la bicyclette qui se désolidarise de son conducteur jusqu'aux différents moyens qu'il trouve pour grignoter du temps sur sa tournée.

Car c'est le temps qui est au cœur du court-métrage, fort différent au final du film qui suivra. La première scène (absente du long-métrage) montre les facteurs en train de s'entraîner à la poste sur des vélos comme dans une salle de sport. Effectuant des gestes stéréotypés et synchronisés où ils décomposent leurs mouvements, ils font penser à de bons petits soldats aux ordres de leur capitaine ou à des travailleurs à la chaîne aux ordres de leur contremaître. Connaissant la phobie de Tati pour tout ce qui relève de l'encadrement (et pour cause, son père qui aurait voulu le voir lui succéder était encadreur!) on comprend assez vite que la belle course à la productivité va s'enrayer. Tati n'est pas un comique burlesque fan de Chaplin et Keaton pour rien! L'enchaînement des gags produit de l'inattendu, des contretemps avec un vélo récalcitrant qui semble doué d'une vie propre. On pourrait même aller jusqu'à dire qu'elle incarne les vrais désirs du facteur, ceux qui lui disent de s'arrêter au bistrot et d'aller prendre du bon temps!

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La Mer calme (The Unchanging Sea)

Publié le par Rosalie210

D.W. Griffith (1910)

La Mer calme (The Unchanging Sea)

Les courts-métrages de Griffith des années 10 sont composés comme des tableaux vivants et font une large place aux déchaînements de la nature (qui compensent la fixité des plans). C'est aussi une période où Griffith adapte des poèmes. Celui de Charles Kingsley a été traduit en VF par "La Mer calme" mais c'est un contresens. Il aurait fallu le traduire par "La Mer immuable". En effet il s'agit d'une réflexion poétique sur l'impermanence et l'éternité. Le flux et le reflux immuable des vagues vient sceller et dissoudre aveuglément les relations humaines. Le point de vue qui est celui d'une femme de marin renforce cette impression. Les vagues lui prennent son mari et finissent par le lui rendre 20 ans plus tard alors qu'entretemps le temps lui a pris définitivement sa fille. Le tout distille une immense mélancolie. Griffith compose avec cette trame des images magnifiques. Celle de l'épouse de dos ployant progressivement l'échine au premier plan tandis que la barque emportant son homme s'éloigne peu à peu est sublime. L'interprétation en revanche est assez sommaire et Mary Pickford qui joue la fille du couple a un temps de présence limité à l'écran (et peu de choses à faire).

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Frigo et la baleine (The Love Nest)

Publié le par Rosalie210

Buster KEATON, Edward F. CLINE (1923)

Frigo et la baleine (The Love Nest)

C'est l'ultime court-métrage muet de deux-bobines de Buster Keaton qui est le dernier des trois grands maîtres américains de la comédie burlesque des années 10 et 20 à franchir le pas du long-métrage en tant que réalisateur (en tant qu'acteur il a déjà joué trois ans auparavant dans "Ce crétin de Malec" de Herbert Blaché).

Dans la plupart de ces courts-métrages, Keaton joue un personnage qui en VF s'appelle soit Malec soit Frigo (d'où le titre en VF, "Frigo et la baleine"). Il s'agit d'une parodie de récit de survie en mer. Tour à tour le héros affronte la faim et la soif à bord de son frêle esquif (un peu comme Robert Redford dans "All is Lost"), le terrible capitaine du baleinier "Petit nid d'amour" ("Little love nest" en VO) qui jette par dessus bord les employés qui le déçoivent et enfin la marine qui lui tire dessus parce qu'il s'est échoué sur une de leurs cibles! On peut d'ailleurs remarquer la quasi absence de personnage féminin dans l'histoire. La chute s'effectue en deux temps et remet en question la réalité de tout ce que nous venons de voir.

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Extra-Terrien (Lifted)

Publié le par Rosalie210

Gary Rydstrom (2007)

Extra-Terrien (Lifted)

"Extra-Terrien" est l'un de mes courts-métrages préférés de Pixar. D'abord parce qu'il est hilarant de la première à la dernière seconde, avec un enchaînement de gags parfaitement millimétrés. Ensuite parce que ses personnages sont désopilants et remarquablement troussés: Stu le petit martien stagiaire, son casque trop grand pour lui et son antenne qui reflète son humeur, son maître "zen" absolument impassible et enfin leur marionnette, un fermier de l'Illinois qui comme par hasard ressemble comme deux gouttes d'eau à Linguini (le film a été projeté en première partie de "Ratatouille"). Enfin sur le plan visuel, c'est juste superbe tant au niveau des décors et des textures que sur les jeux de lumière.

Le réalisateur Gary Rydstrom avait travaillé chez Pixar comme ingénieur du son avant de réaliser "Extra Terrien". Il fait allusion dans le film à son travail en créant un tableau de bord qui ressemble à une table de mixage. Le travail sur les bruitages est d'ailleurs très élaboré et nous vaut un gag génial sur la dernière note du générique de fin. Il fait également référence à des films de SF comme "Signes" de Night Shyamalan ou "Rencontres du 3eme type" de Spielberg et à des cartoons comme ceux de "Bip Bip et Coyote" et... "Tin Toy" de John Lasseter, l'un des films fondateurs des studios Pixar lui-même très inspiré par Chuck Jones. Tinny apparaît un bref instant au pied du lit du fermier!

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L'Homme orchestre (One Man Band)

Publié le par Rosalie210

Mark Andrews et Andy Jiménez (2006)

L'Homme orchestre (One Man Band)

Ce court-métrage qui fut projeté en première partie de "Cars" est en quelque sorte le descendant de "Tin Toy" qui mettait en scène un jouet qui faisait l'homme orchestre. Bien évidemment on peut mesurer au premier coup d'œil les énormes progrès technologiques réalisés entre 1988 et 2006. Sur le plan technique "L'homme orchestre" est une splendeur que ce soit au niveau du décor Renaissance italienne, des textures des vêtements et objets ou des expressions des personnages. Sur le fond, le film, muet, raconte l'histoire d'une bataille de musiciens qui essayent de conquérir le cœur et la pièce de monnaie de leur seule et unique spectatrice, une petite fille. Le premier est un clown rouge et or spécialisé dans les cuivres et les percussions, le second est une sorte de troubadour vert qui joue d'instruments à cordes et à vent ce qui laisse entendre qu'ils sont en fait complémentaires. La petite fille est une sorte de petit chaperon violet qui tranche par sa simplicité et sa candeur avec les deux musiciens qui en font des caisses (c'est le cas de le dire). Le timing est parfait avec une montée en puissance suivie d'une chute inattendue.

Les deux musiciens peuvent être considérés comme une projection des deux réalisateurs du film, Mark Andrews et Andy Jimenez même si le film est le fruit de leur collaboration et non de leur rivalité. Tous deux sont arrivés chez Pixar pour travailler avec Brad Bird sur les "Indestructibles". Le film représente ce que Pixar n'est pas, une entreprise de talents individualistes où chacun tire la couverture à lui. En revanche il suggère en creux l'importance de la complémentarité et du travail d'équipe.

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Saute-mouton (Boundin')

Publié le par Rosalie210

Bud Luckey (2003)

Saute-mouton (Boundin')

Le neuvième court-métrage de Pixar sorti en même temps que "Les Indestructibles" est une fable animalière pleine de charme. Sa morale peut se résumer en une phrase: "la vie peut vous abattre mais vous pouvez toujours rebondir". Il est construit sur une chanson composée par le réalisateur lui-même, Bud Luckey, un des plus vieux employés du studios, considéré comme le papa de Woody et de nombreux autres personnages dont il a créé le design. D'ailleurs le propriétaire de Woody a été prénommé Andy parce que c'est le prénom du fils de Bud Luckey. Né en 1934, il vient de nous quitter en février 2018.

C'est pourquoi la nostalgie est si présente dans Boundin' (le titre en VO de "Saute-Mouton"). La région qui sert de cadre au film est le Montana où a grandi le réalisateur, le court-métrage est un hommage à la comédie musicale et à l'animation 2D qui ont bercé sa jeunesse et ses débuts d'animateur pour "Sesame Street". Néanmoins le film n'est pas tourné que vers le passé. Il fait référence à d'autres films du studio Pixar comme "Le monde de Némo" (les poissons) et "Cars" alors en projet (la Ford T).

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La prisonnière

Publié le par Rosalie210

René Laloux (1985)

La prisonnière

René Laloux, Philippe Caza (auteur de la BD dont est inspiré le court-métrage) et Gabriel Yared avaient été déçus par l'animation et la mise en scène de la "Prisonnière" réalisé en 1985 alors que le projet de leur long métrage "Gandahar" était en suspens. A juste titre car ce n'est effectivement pas par son animation très sommaire que ce court-métrage brille mais par son atmosphère surréaliste, le mélange de mythologie, de SF et d'érotisme propre à Caza ainsi que la limpidité de sa fable aussi poétique que politique.

Deux enfants fuient la guerre et la mort sur une mer de cendres. Pas besoin de faire un dessin (il n'y en a pas d'ailleurs à ce sujet). Ils arrivent dans une cité monastique qui leur impose le silence. Une cité totalitaire d'hommes repliés sur eux-mêmes qui refusent le bruit créateur de chaos et de tumulte mais également l'altérité. La seule femme visible est prisonnière dans la plus haute tour de la cité. Jusqu'à ce que la vie déferle sous la forme d'une baleine dans laquelle se cachent des femmes nues aux formes opulentes typiques de Caza. Un épisode visiblement inspiré du cheval de Troie. Elles laissent la mer (l'élément féminin) pénétrer dans la cité et la prisonnière embarque avec les enfants pour continuer le voyage. "L'ordre et le bâillon ne gagnent pas toujours."

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Comment Wang-Fô fut sauvé

Publié le par Rosalie210

René Laloux (1987)

Comment Wang-Fô fut sauvé

C'est le dernier film de René Laloux et celui qu'il préférait, sans doute parce qu'il s'y retrouvait quelque peu. Adapté d'une nouvelle de Marguerite Yourcenar et dessiné par Philippe Caza, il s'agit d'un conte poétique et philosophique d'une grande beauté plastique situé dans la Chine médiévale qui s'interroge sur le pouvoir de l'art à la fois miroir trompeur du réel et chemin d'accès à l'immortalité.

Wang-Fô est un peintre errant dont les estampes exercent une telle fascination sur ceux qui les observent qu'ils en viennent à se détourner d'une réalité forcément moins belle. Ling son disciple délaisse sa femme qui en vient à se suicider. Quant à l'empereur, élevé dans la contemplation des œuvres du maître il ne supporte pas de n'avoir aucune prise sur le monde créé par Wang-Fô. Au lieu d'en tirer une leçon de sagesse sur les limites de son pouvoir, il est rongé par la jalousie et la rancune. C'est pourquoi il décide de le faire taire à tout jamais après lui avoir imposé de finir l'une de ses peintures restée inachevée. Quant à Ling qui tentait de s'interposer, il le fait décapiter. Mais Wang-Fô va littéralement donner vie à sa peinture, y retrouver Ling ressuscité et s'échapper avec lui hors de portée du pouvoir de l'empereur "Ces gens ne sont pas faits pour se perdre à l'intérieur d'une peinture".

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Knick Knack

Publié le par Rosalie210

John Lasseter (1989)

Knick Knack

Après les difficultés rencontrées sur "Tin Toy", John Lasseter a voulu revenir l'année suivante avec "Knick Knack" à quelque chose de plus facile et de plus maîtrisé. De fait, "Knick Knack" ne met en scène que des objets et des motifs aux formes géométriques simples et aux couleurs chatoyantes. Côté scénario, il s'agit d'un slapstick jazzy dans l'esprit des cartoons de la Warner. Le modèle avoué de Lasseter pour ce film est en effet Chuck Jones (créateur entre autre de Bip Bip et Coyote). "Knick Knack" qui est contemporain de "Qui veut la peau de Roger Rabbit" de Zemeckis mêlant prise de vues réelles et animation (avec une forte inspiration Warner) est en effet très drôle. L'idée de base est simple mais ingénieuse: montrer un personnage enfermé dans sa bulle qui essaye par tous les moyens d'en sortir pour rejoindre les autres souvenirs qui mènent la Dolce Vita. En vain ce qui nourrit sa frustration. Il aurait été même encore plus drôle s'il n'avait pas été censuré dans les années 2000. Reniant l'inspiration irrévérencieuse du cartoon libidineux à la Tex Avery, Lasseter en bon "père de famille" (c'est en effet par cet argument qu'il se justifie!) enlève les grosses poitrines quasi dénudées de Sunny Miami et Sunny Atlantis qui sont pourtant à l'origine du désir du bonhomme de neige! C'est dommageable car une partie du sens de ce court-métrage se perd au nom du politiquement correct.

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Tin Toy

Publié le par Rosalie210

John Lasseter (1988)

Tin Toy

Bien sûr aujourd'hui, "Tin Toy" apparaît complètement daté sur le plan technique. On voit surtout ce qui est raté: l'horrible modélisation de la couche du bébé qui a l'air d'être en ciment et qui est mal ajustée. Le bébé lui-même ressemble plus à un poupon en plastique qu'à un être de chair et de sang. Néanmoins avoir réussi à le créer représente à l'époque un bel exploit. C'est la première fois qu'un être humain modelé de façon réaliste apparaît à l'écran (le clown de "Red's Dream" était maquillé, aucun centimètre de sa peau n'apparaissait). D'autre part les décors, objets, tissus sont réussis alors qu'il fallait les inventer de toute pièce. Quant aux jouets, ils sont bluffants de réalisme, Tinny le petit homme-orchestre en tête qui est en prime très émouvant!

Mais surtout "Tin Toy" est un film important dans l'histoire des studios Pixar car il est l'embryon de "Toy Story" leur premier long-métrage. Tinny devait d'ailleurs en être le héros avant d'être remplacé par Woody et Buzz. Le concept du jouet doté d'une vie propre est une idée de John Lasseter. En voyant jouer son neveu, il s'est mis à la place du jouet (!) pour qui le bébé est un monstre sale et cruel à fuir pour ne pas être détruit. Le questionnement à l'origine de chacun de ces films est d'ailleurs très semblable. Pourquoi les jouets se retrouvent-ils systématiquement sous les meubles de la maison? (Réponse dans "Tin Toy"), Que font ils quand les humains ont le dos tourné? (Réponse dans "Toy Story"). Ce scénario brillant permettra aux studios Pixar de remporter leur premier oscar.

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