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Articles avec #court-metrage tag

Chanson d'Ar-mor

Publié le par Rosalie210

Jean Epstein (1934)

Chanson d'Ar-mor

Chanson d'Ar-mor est le premier film réalisé en langue bretonne et le cinquième que Jean Epstein a consacré à la péninsule après "Finis Terrae", "Mor'Vran (la mer des corbeaux)", "Les Berceaux" et "L'Or des mers". Néanmoins "Chanson d'Ar-mor" occupe une place un peu à part dans cet ensemble. Jean Epstein n'a pas tourné sur les îles par temps houleux mais dans différents endroits de la Bretagne et en été. Il répondait en effet à une commande du journal l'Ouest-Eclair (alias aujourd'hui Ouest France) qui voulait faire la promotion touristique de la région auprès d'une cliente internationale plutôt attirée par la Normandie et la Riviera (le film a été tourné deux ans avant la mise en place des congés payés qui allaient permettre aux classes moyennes et populaires de partir en vacances). Le directeur du journal voulait "un témoignage direct et sincère sur l'ensemble de la beauté bretonne : sites, mœurs, costumes, musique », ajoutant que « Jean Epstein a démontré que, mieux que quiconque, il sait saisir et interpréter le mystère sauvage et tendre de la Bretagne » (courrier de P. Artur, novembre 1934). 

Techniquement, le film souffre d'un certain nombre de défauts, le son et l'image étant mal synchronisés alors que scénaristiquement, l'intrigue est un prétexte à une succession de cartes postales animées faisant l'inventaire des beautés de la région et de ses traditions. Néanmoins, par moments, l'histoire d'amour impossible de Jean-Marie et Rozen parvient à s'imposer au détriment de la publicité, offrant, notamment à la fin quelques fulgurances reflétant plus profondément l'âme bretonne et le style poétique et presque animiste de Jean Epstein. Rien que pour ces moments-là, cela vaut la peine de supporter le reste.

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Plaisir d'amour en Iran

Publié le par Rosalie210

Agnès Varda (1976)

Plaisir d'amour en Iran

Témoin de son temps, ce court-métrage de Agnès Varda qui prolonge son long-métrage "L'une chante, l'autre pas" en développant le passage où Pomme (Valérie Mairesse) et Ali Darius (Ali Raffi) se rendent à Ispahan laisse songeur. Il contient les paradoxes de la période post-soixante-huitarde. D'un côté la libération sexuelle et la fascination pour un orient intemporel, exotique et fantasmé dans la lignée de l'orientalisme du XIX° siècle. De l'autre, l'occultation totale de la réalité du pays sous le régime du Shah qui s'ouvrait alors aux réalisateurs européens, trois ans avant la révolution islamique. "Plaisir d'amour en Iran" est donc une belle carte postale avec au dos une rêverie coquine digressant sur les formes suggestives des mosquées qui apparaît bien déconnecté des réalités du terrain (telles qu'elles peuvent être racontées dans "Persépolis" par exemple). Inutile de préciser qu'aujourd'hui, ce pays n'est plus vraiment associé au paradis des amoureux tel que se le représentent les occidentaux, au luxe, au calme, à la volupté. L'exotisme provient du fait qu'il a pu un jour y être associé.

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Onésime a un duel à l'américaine/Onésime se bat en duel

Publié le par Rosalie210

Jean Durand (1912)

Onésime a un duel à l'américaine/Onésime se bat en duel

Jean Durand, ex-journaliste et dessinateur satirique a débuté chez Pathé en 1908 puis la Lux avant de passer à la Gaumont en 1910 où il réalise notamment des séries de courts-métrages burlesques autour des personnages de Calino (interprété par Clément Mégé), Zigoto (interprété par Lucien Bataille) et Onésime (interprété par Ernest Bourbon). Dans sa troupe d'acteurs-acrobates (les "Pouittes"), on trouve une future vedette, Gaston Modot (le garde-chasse jaloux poursuivant Carette dans "La Règle du jeu" de Jean Renoir, c'est lui!). Le style de ses courts-métrages préfigure celui des comédies de Mack Sennett et de ses Keystone cops et il est bien dommage que son nom soit aujourd'hui oublié.

"Onésime et le duel à l'américaine" qui fait partie d'une série de 56 films réalisés entre 1910 et 1914 est parfaitement représentatif de ce style et de cette époque dans laquelle les deux pays s'influencent mutuellement pour construire un genre qui sera l'un des piliers de l'âge d'or du cinéma muet. Il est bâti autour d'une querelle futile entre Onésime, un gentleman élégant mais maladroit et un américain dans un club qui dégénère en un règlement de comptes au pistolet dont les décors font les frais: rien ne résiste à leur passage. Leur destruction systématique est une des caractéristiques les plus marquantes de ce burlesque primitif à tendance anarchisante. Jean Durand utilise également quelques trucages (inversions, accélérations) qui accentuent les effets comiques, effets également portés par les cartons (le dernier qui dénoue l'intrigue est porteur de rires garantis).

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Une histoire roulante

Publié le par Rosalie210

Alice Guy (1906)

Une histoire roulante

Un court-métrage burlesque de la Gaumont réalisé par Alice Guy qui n'a rien à envier à leurs homologues américains de la même époque. Il fallait en effet distancer la concurrence française (Pathé et Lux). Quelques années plus tard, celle-ci fera la seconde partie de sa carrière aux USA dans son propre studio et si la constitution dans l'après-guerre des grandes majors hollywoodiennes aura sa peau, ce sont les américains qui travailleront par la suite à la faire redécouvrir, bien plus que sa France natale que le révisionnisme historique auquel elle est contrainte pour lui faire une place dérange.

Le film de Alice Guy a pour personnage principal un vagabond (dont l'accoutrement préfigure cependant davantage celui de Harpo Marx que de Charles Chaplin) qui se retrouve malgré lui prisonnier d'un tonneau lancé à vive allure sur une pente descendante. Autrement dit, gare à ceux et celles qui se trouvent sur son chemin. Ce jeu de chamboule-tout grandeur nature est orchestré en neuf plans bien rythmés avec à peu près en son milieu une ellipse lorsque le tonneau se retrouve dangereusement catapulté sur les rails du chemin de fer. Il passe alors brusquement de la position couchée à la position redressée ce qui lui évite d'être écrasé par le passage du train qui se contente de le pousser pour qu'il continue sa roulade jusqu'à l'atterrissage final dans le fleuve. Encore que le pauvre vagabond, même libéré de son engin infernal conserve dans le dernier plan des traces visibles de sa mésaventure.

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Nocturne (Chanson triste)

Publié le par Rosalie210

Marcel Silver (1926)

Nocturne (Chanson triste)

L'histoire de ce film me fait penser à celle de "Apparences" (2000) de Robert Zemeckis. En effet dans les deux cas, il s'agit d'un "interlude" entre deux films plus importants. Dans le cas de Zemeckis, il fallait laisser le temps à Tom Hanks de perdre du poids pour "Seul au monde" dont le tournage a été interrompu 8 mois ce qui lui a laissé de temps de réaliser un autre film. "Nocturne" a quant à lui été réalisé dans le cadre du tournage de "Carmen" (d'après la nouvelle de Prosper Mérimée) de Jacques Feyder à Ronda, en Andalousie qui a été prolongé en raison d'une météo défavorable. Alexandre Kamenka, le directeur des studios Albatros qui produisait le film a donc maximisé la rentabilité des pauses forcées de "Carmen" pour réemployer les acteurs principaux, Raquel Meller et Louis Lerch dans un film plus court, tourné dans l'hôtel où logeait l'équipe de "Carmen" à Ronda: on ne peut pas faire plus économe! Et pour réaliser ce "Nocturne", il fait appel à l'assistant de Jacques Feyder, Marcel Silver.

Le résultat est un film d'atmosphère à l'intrigue minimaliste: une femme se consume à attendre l'homme qu'elle aime alors que seule une cloison de chambre d'hôtel la sépare de lui. On peut voir cela comme une métaphore du drame de l'incommunicabilité dans le couple. Ou bien comme un moyen inconscient pour un homme qui hésite entre deux engagements de choisir. La puissance expressive du visage de Raquel Meller est très bien mise en valeur ainsi que le parallèle entre sa solitude et sa souffrance et l'aridité des paysages. Néanmoins cette intrigue est trop mince pour tenir la route sur trois bobines. On a donc rapidement l'impression que cela traîne en langueur, pardon, en longueur...

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Wandering Papas

Publié le par Rosalie210

Stan Laurel (1926)

Wandering Papas

Ce film est une curiosité puisque d'une part on y trouve Oliver Hardy dans un rôle secondaire mais sans son comparse à l'écran, Stan Laurel qui est présent derrière la caméra mais pas devant. De l'autre, le comique burlesque se concentre sur Clyde Cook qui joue un cuisinier très chaplinesque. Certains gags comme celui de l'aliment explosif rappellent "Charlot mitron" ("Dough and Dynamite") réalisé en 1914 pour la Keystone et d'autres "La Ruée vers l'or" (la maison qui penche dans le vide qui devient ici le train qui penche dans le vide). Il faut dire qu'avant de former son duo légendaire avec Oliver Hardy au cinéma, Stan Laurel comme la plupart des grands burlesques de cette époque avait débuté sur les planches en 1908, dans la même troupe que Charles Chaplin (celle de Fred Karno) et s'était retrouvé à jouer entre autres sa doublure.

Comme "Detained" que j'ai récemment chroniqué et plus d'une trentaine d'autres courts-métrages antérieurs à la formation du duo qui ont été miraculeusement retrouvés (sur des centaines perdus), on peut visionner "Wandering Papas" sur un double DVD édité par les éditions Lobster judicieusement intitulé "Laurel OU Hardy, avant le duo".

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Primrose Hill

Publié le par Rosalie210

Mikhaël Hers (2006)

Primrose Hill

Deuxième film de Mikhaëls Hers, "Primrose Hill" est un moyen-métrage charmant et prometteur. Le futur réalisateur de "Amanda" (2018) affirme déjà son intérêt pour la question du passage à l'âge adulte qu'il traite comme un deuil à l'aide du filtre du souvenir, du rêve... ou de l'au-delà. La narratrice (Mila DEKKER) est le cinquième membre d'un groupe de pop-rock qui s'est volatilisée sans que l'on sache pourquoi et comment. D'une voix off éthérée, elle raconte depuis son balcon le rêve qu'elle a fait au sujet de ses quatre anciens amis, deux garçons et deux filles d'une vingtaine d'années. Elle les voit déambuler dans un parc près de Paris peu de temps avant noël, elle voit leurs idéaux de prime jeunesse (on devine d'après le titre et la musique qu'ils écoutent et dans lequel le film baigne un passé très londonien) s'étioler sous le poids du quotidien. Mais tout cela est plus planant que triste grâce à la beauté de la lumière, une caméra aérienne qui tantôt survole la ville ou tantôt accompagne la déambulation des personnages en travelling arrière ou avant. Une fluidité que l'on retrouve dans la mise en scène faite de conversations entre ces jeunes qui échangent leur place à l'avant et à l'arrière plan d'une façon qui semble très naturelle (rester en arrière pour téléphoner, pour faire une blague, pour allumer une cigarette...). La deuxième partie possède ce même mélange de sentiments. On y voit lors d'un long plan-séquence Sonia et Stéphane, deux des membres du groupe qui se cherchaient déjà dans le parc (et sans doute depuis très longtemps) mais n'étaient jamais passé à l'acte céder à leur attirance mutuelle, le tout d'une façon très naturaliste. Je veux dire par là que leur relation sexuelle est montrée comme un prolongement naturel de leur relation telle qu'on la découvre dans le parc avec Sonia dans le rôle de celle qui prend l'initiative, qui bouscule l'ordre établi et Stéphane, déstabilisé et maladroit qui finit par la suivre. Ce beau moment (comme quoi c'est possible de filmer intelligemment des scènes intimes) illustre la célèbre phrase de Lavoisier "rien ne se perd, tout se transforme", la tristesse de ce qui n'est plus fait le lit de la joie qui va advenir. Après les moments à quatre puis à deux, la conclusion se resserre sur Stéphane qui retrouve ses parents et évoque Sylvia, sa soeur disparue que l'on devine être la voix-off. La boucle est bouclée.

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Prisonnier (Detained)

Publié le par Rosalie210

Percy Pembroke, Joe Rock (1924)

Prisonnier (Detained)

Detained est l'un des 12 films de deux bobines (environ 20 minutes) que Stan LAUREL a tourné pour le producteur Joe ROCK en 1924 et 1925. A cette époque, Stan Laurel ne forme pas encore officiellement de duo comique avec Oliver HARDY bien qu'il ait déjà tourné une fois avec lui. Les courts-métrages tournés pour Joe Rock font donc partie de la partie solo de sa carrière, de loin la moins connue.

Detained est un court-métrage burlesque qui comme son titre l'indique se déroule pour l'essentiel en prison. Laurel y joue un innocent qui subvertit le monde carcéral par son comportement totalement hors-sol. Il tourne particulièrement en dérision les armes et la peine de mort soit deux piliers de l'arsenal répressif des USA. Les gags autour de la chaise électrique et de la corde se rapprochent du cartoon avec notamment des trucages transformant son corps qui devient élastique (et ce près d'un siècle avant "One Piece" ^^). Le début et la fin ont un petit côté absurde et anarchisant avec un honnête citoyen transformé en bagnard par la grâce d'un changement de costume ("L"habit fait le moine") qui devient à la fin délinquant malgré lui mais grâce à la bonne fortune (une trappe bienvenue) il échappe miraculeusement aux poursuites.

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La Lanterne magique

Publié le par Rosalie210

Georges Méliès (1903)

La Lanterne magique

Comme de très nombreux courts-métrages de Georges MÉLIÈS, "La Lanterne magique" recèle sa quantité de trésors. C'est un hommage à l'histoire du spectacle, présent sous plusieurs formes d'époques différentes:
- La Comedia dell'Arte, genre théâtral apparu au XVI° siècle en Italie avec comme protagonistes principaux du film Polichinelle et Pierrot.
- L'illusionnisme d'où est issu Georges MÉLIÈS, la lanterne magique servant une bonne partie du film de boîte à faire apparaître Colombine et diverses danseuses qui effectuent quelques figures dans les coulisses du théâtre.
- Le cinéma enfin, cette même boîte se transformant en caméra dotée d'un objectif projetant des images dans l'image principale.

La lanterne magique qui date du XVII° siècle sert de trait d'union: elle constitue l'ancêtre du cinéma, elle renvoie à la magie de par son titre (on l'appelait aussi la lanterne à illusions) et elle projette sur un écran en gros plan les images des personnages qui s'activent dedans et autour en chair et en os. Le film est également connu pour l'innovation technique ayant consisté à pratiquer le fondu enchaîné sur fond blanc et non plus sur fond noir comme c'était l'usage.

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Ménilmontant

Publié le par Rosalie210

Dimitri Kirsanoff (1926)

Ménilmontant

"Ménilmontant" est le deuxième film de Dimitri KIRSANOFF, cinéaste français d'origine estonienne (comme les fondateurs du studio Albatros, il a été chassé de Russie par la révolution bolchévique) dont l'activité couvre une période allant des années vingt jusqu'à la fin des années cinquante et l'avènement de la nouvelle vague. "Ménilmontant" est l'un des plus importants (a défaut d'être le plus célèbre) films de l'avant-garde des années vingt, une oeuvre singulière sans intertitres qui frappe par sa puissance expressive. L'histoire très marquée par la fatalité annonce le réalisme poétique tout en rappelant par son intrigue "Les Deux orphelines" (1921) de D.W. GRIFFITH: deux soeurs dont les parents sont sauvagement assassinés sombrent dans la déchéance après avoir été séduites et abandonnées par le même homme. Les deux actrices sont fascinantes dans leur capacité à incarner leur personnage à divers âges de leur vie, particulièrement Nadia SIBIRSKAÏA dont Dimitri KIRSANOFF (qui fut son époux) ne se lasse pas de filmer le beau visage. La mise en scène, fluide, dynamique et riche (surimpressions, caméra mobile, montage rapide, notamment de gros plans de visages expressifs saisis sur le vif à la manière de Sergei EISENSTEIN) est très moderne. Enfin comme beaucoup de films de cette époque, on a un bel aperçu du Paris d'autrefois, Ménilmontant étant alors un quartier populaire et industrialisé proche de Belleville dans laquelle l'héroïne, véritable "fleur de macadam" semble emprisonnée (au point de marquer les jours qui passent sur les murs), ses seuls échappatoires étant des flashbacks nostalgiques sur son enfance ou des pensées suicidaires liées à sa situation misérable de mère célibataire SDF qui découvre en prime que sa soeur se prostitue.

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