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Articles avec #comedie dramatique tag

Les Aventures du Baron de Münchhausen (The Adventures of Baron Munchausen)

Publié le par Rosalie210

Terry Gilliam (1988)

Les Aventures du Baron de Münchhausen (The Adventures of Baron Munchausen)


Une quinzaine d'années avant ses déboires avec Don Quichotte, Terry GILLIAM s'était déjà embarqué dans une grosse galère avec un héros à sa (dé)mesure en la personne de Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen, mercenaire allemand dans l’armée russe, qui combattit les troupes turques avant de devenir l'un des mythomanes les plus célèbres de la littérature grâce à Rudolf Erich Raspe qui coucha par écrit ses prétendus "exploits" et Gustave Doré qui les illustra. Terry GILLIAM s'est approprié ce matériau originel (le choix de John NEVILLE pour incarner le baron est une référence directe à Gustave Doré dont il s'est beaucoup inspiré) en y ajoutant son imagination débridée, sa créativité visuelle et sa soif de liberté. Son film est donc un nouvel épisode métaphorique (après "Bandits, bandits…" (1981) et "Brazil") (1985) de sa lutte don quichottesque contre les moulins à vents des studios incapables de contrôler ce rêveur aux projets mégalomanes (autrement dit synonymes de gouffre financier). La scène où le baron s'envole toujours plus haut dans le ciel avec la belle Vénus toute droit sortie du coquillage de Botticelli (Uma THURMAN âgée de 18 ans dans son premier rôle) avant d'être brutalement ramené sur terre par le dieu Vulcain (Oliver REED) et la jeune Sally (Sarah POLLEY) est assez représentative de son rapport au monde ("Brazil" (1985) contient des scènes iconiques identiques). On peut en dire autant de la scène "fauchée" pour cause de dépassement de budget (mais qui est l'une de mes préférées) sur la lune, magnifique hommage à Georges MÉLIÈS et incroyable délire sur la dualité corps/esprit (Robin WILLIAMS comme Robert De NIRO dans "Brazil" (1985) y avance masqué, il est pourtant excellent). Car même si Terry GILLIAM est selon le journal le Monde un "maudit rêveur", il est aussi extraordinairement persévérant, réussissant toujours au final à concrétiser ses projets. C'est tout le sel du dénouement du film. Alors que le baron, surgissant sur une scène de théâtre tel un acteur a semblé tout au long du film n'offrir à son auditoire avide d'évasion (comme on a pu souvent le constater dans les périodes de guerre) qu'un dérivatif illusoire, voilà que lorsqu'ils se décident à ouvrir les portes de leur ville assiégée, ils découvrent que les turcs se sont enfuis, illustrant la phrase de Dumbledore à la fin des "Reliques de la mort", "Bien sûr que tout cela se passe dans ta tête Harry mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel?"

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Les Femmes du 6e étage

Publié le par Rosalie210

Philippe Le Guay (2010)

Les Femmes du 6e étage

"Les femmes du 6ème étage" est à la fois un film bien ancré dans une réalité historique et sociologique et un "feel good movie" utopique tout à fait comparable à la série "Downton Abbey" (2010). Le réalisateur, Philippe LE GUAY est le beau-frère de Dominique de Villepin et son père a exercé la même profession (agent de changes) que Jean-Louis, le personnage principal de son film. Le cadre de l'histoire est extrêmement réaliste avec son immeuble parisien haussmannien du 16° matérialisant la hiérarchie sociale comme le faisait "Pot Bouille" de Emile Zola ou le dessin de Bertall gravé par Lavieille représentant les cinq étages du monde parisien en 1845. On retrouve donc au rez-de-chaussée la loge de la concierge, aux premiers étages, les grands appartements bourgeois et dans les combles, les chambres de bonnes, exigües et sans confort. De nombreux vieux immeubles conservent encore de nos jours leur point d'eau froide et leurs toilettes à la turque sur le pallier, désaffectés la plupart du temps. D'autre part, l'afflux de domestiques espagnoles en remplacement des paysannes bretonnes correspond à l'époque décrite qui est celle du début des années 60, quand la France du général de Gaulle et des trente Glorieuses accueillait par millions des immigré(e)s venu(e)s d'Espagne et du Portugal, pays alors miséreux sous la férule des dictateurs Franco et Salazar.

C'est dans ce cadre réaliste remarquablement dépeint que le réalisateur installe son intrigue qui oppose de façon quelque peu manichéenne un couple de bourgeois français coincés/frustrés et leurs enfants tête à claques et les bonnes de l'immeuble qui compensent leurs conditions de vie rudes et précaires par de la solidarité et de la convivialité, le tout épicé d'ibérisme caliente. Le réalisateur évite cependant le monolithisme, il y a de la diversité au sein de chaque groupe. L'épouse de Jean-Louis, Suzanne (Sandrine KIBERLAIN) est une provinciale complexée qui singe le milieu dans lequel elle vit mais qui se rend compte que son existence est d'une totale vacuité. L'une des bonnes, Carmen, est communiste et athée (Lola DUEÑAS) alors que les autres sont des grenouilles de bénitier. L'aspect le plus utopique du film concerne la métamorphose de Jean-Louis qui en tombant amoureux de sa bonne, Maria (Natalia VERBEKE) prend tellement plaisir à partager la vie haute en couleurs du 6ème étage qu'il décide de s'y installer puis de tout larguer pour changer de vie. Dans la réalité les "amours ancillaires" étaient plus proches de l'exploitation sexuelle que du romantisme de gare. Mais Fabrice LUCHINI est très bon alors on ferme les yeux sur le fait qu'une fois de plus on nous décrit une histoire d'amour entre une jeune femme et un homme qui pourrait être son père.

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Aimer, boire et chanter

Publié le par Rosalie210

Alain Resnais (2014)

Aimer, boire et chanter


Le 19eme et dernier film de Alain RESNAIS comme son avant-dernier, "Vous n'avez encore rien vu" (2012) est une œuvre testamentaire où le réalisateur se met en scène dans le rôle du deus ex machina déjà ou bientôt mort, invisible en tout cas et de par son statut, omniscient et omnipotent. Jouant à fond la carte de la mise en abyme, son film reprend pour la troisième fois une pièce de théâtre de Alan Ayckbourn (après "Smoking/No Smoking" (1993) et "Cœurs") (2006) et mélange allègrement les arts dans un dispositif-collage ludique assez réjouissant. On voit donc se succéder des scènes de plateau dont les décors ostentatoirement toc soulignent l'absolue théâtralité (les personnages répètent une pièce de théâtre mais ils sont eux-mêmes les jouets d'un plaisant marivaudage animé par le fameux "George Riley" qu'on ne verra jamais), les illustrations de Blutch qui représentent les différents lieux où se déroule l'histoire (ainsi que les gros plans-vignettes sur les visages des acteurs se détachant sur un fond quadrillé de ce même Blutch) et des plans cinématographiques aériens de routes de la campagne anglaise à différentes saisons qui ont pour but de les relier. On peut également ajouter la chanson-titre (paroles de Lucien Boyer, musique de Johann Strauss) La forme rejoint ainsi le fond dans les contrastes tels que les aime Alain RESNAIS: tragédie et comédie, théâtre et cinéma, joie et tristesse, fixité et mouvement, vie de couple et aventure, légèreté et gravité, jeu et réalité, vie et mort. La danse des couples en crise forme le noeud de l'intrigue avec la tentation d'aller voir ailleurs, chez ce George Riley qui par son irréalité même suscite les fantasmes des trois femmes qui ont vécu avec lui à un moment ou un autre de leur vie mais ont ensuite reconstruit ce passé à l'aune de leurs souvenirs plein de nostalgie (la mémoire est un thème fondamental chez Alain RESNAIS). C'est en cela que le film n'est pas qu'un vulgaire vaudeville en dépit des apparences. Quant aux six acteurs formant la troupe, on retrouve le mélange déjà expérimenté à plusieurs reprises entre la troupe historique du réalisateur (Sabine AZÉMA, André DUSSOLLIER, Caroline SILHOL), des recrues plus récentes (Michel VUILLERMOZ, Hippolyte GIRARDOT) et une nouvelle venue (Sandrine KIBERLAIN).

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Edmond

Publié le par Rosalie210

Alexis Michalik (2018)

Edmond

Je ne suis définitivement pas fan du dispositif contemporain consistant à raconter la gestation du chef d'œuvre d'un auteur par le petit bout de la lorgnette ("Mes amis, mes amours, mes emmerdes"). J'adore pourtant les mises en abyme mais pas quand elles sont aussi grossières. La création est un processus complexe et mystérieux. Ce besoin d'explications simplistes est quand même assez révélateur d'une société à qui les abysses de l'âme humaine font peur. Il en résulte donc quelque chose d'artificiel qui est présent à plusieurs reprises dans le film. Dans les décors (et le film qui s'inspire de l'iconographie du "Le Fabuleux destin d Amélie Poulain" (2001) ne bénéficie pas de la photographie de Bruno DELBONNEL). Mais aussi dans tout ce qui tourne autour du triangle amoureux Edmond (Thomas SOLIVÉRÈS dont la moustache sent trop le postiche), Léo (Tom LEEB, fils de) et Jeanne (Lucie BOUJENAH nièce de) qui est assez grotesque, en particulier lorsqu'ils "inventent" la scène du balcon avec les vers de la pièce. Que ceux-ci jaillissent spontanément de l'imagination de Edmond Rostand qui est un poète ne s'exprimant qu'en vers passe encore mais que Jeanne lui réponde en "inventant" Roxanne alors qu'elle n'a aucun talent particulier m'a laissé assez perplexe. Le personnage de Jeanne manque par ailleurs trop d'épaisseur et de charisme pour être la "muse" du dramaturge qui est censé éprouver pour elle la passion que Cyrano éprouve pour Roxanne avec la logorrhée épistolaire qui en résulte. Mais Edmond est un beau jeune homme lisse dont la seule "difformité" est d'être peut-être d'un autre siècle que celui dans lequel il vit, marqué par la prose et la naissance du cinéma. Il rencontre cependant sur son chemin des personnages truculents qui font assez bien monter la mayonnaise d'un film par ailleurs plaisant à regarder et au rythme fort bien enlevé: Honoré, le patron de café lettré victime de racisme (Jean-Michel MARTIAL), Constant Coquelin, l'acteur aux abois (Olivier GOURMET, excellent), l'irascible Maria Legault (Mathilde SEIGNER), le fils quelque peu niais de Coquelin (Igor GOTESMAN) et ses créanciers corses (Simon ABKARIAN et Marc ANDRÉONI) apportent quelques touches humoristiques bienvenues à l'ensemble. Mais on est quand même loin de la profondeur du fabuleux "Cyrano de Bergerac" (1990) de Jean-Paul RAPPENEAU.

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Hors Normes

Publié le par Rosalie210

Eric Toledano et Olivier Nakache (2019)

Hors Normes

Avec Eric Toledano et Olivier Nakache, "Le silence des justes" (le nom réel de l'association prenant en charge les autistes) s'est transformé en "La voix des justes". Les Justes, ce sont des hommes et des femmes qui pendant la seconde guerre mondiale ont aidé des juifs persécutés par les nazis de façon désintéressée. Près de huit décennies plus tard, Toledano et Nakache se penchent sur quelques-unes de ces personnes qui font leur simple devoir d'être humain auprès des nouveaux parias de la société. Et ils le font sans misérabilisme, en adoptant le ton de la comédie mais sans rien cacher de la dureté des situations abordées. Leur film est engagé, militant et met le doigt sur ce qui fait mal. A savoir deux inspecteurs du ministère de la santé qui se réveillent 15 ans après pour enquêter sur un réseau parallèle englobant associations, médecins et parents agissant en marge de la légalité auprès d'enfants et d'adultes autistes complètement laissés pour compte. Mais tout en dressant un constat implacable des failles de notre société incapable d'intégrer ces personnes différentes, ne sachant qu'en faire et par conséquent les laissant croupir entre les 4 murs d'une chambre d'hôpital (alors qu'ils ne sont pas malades) ou chez leurs parents désemparés, le film est avant tout, comme dans "Intouchables" un récit qui dégage une formidable chaleur humaine et qui est axé sur des rencontres. Celle de Bruno (Vincent Cassel), le fondateur de "La voix des justes" et de Joseph, jeune autiste Asperger. D'un côté ce qui devait être à l'origine une association juive et que Bruno a transformé en auberge espagnole où se côtoie toute la diversité du monde unie par la problématique du handicap autistique. De l'autre ce jeune homme hyper doué pour réparer les machines à laver (mais que son comportement éloigne du marché du travail) et sa mère désemparée (formidable Hélène Vincent dont le monologue résume si bien la détresse des parents de jeunes autistes livrés à eux-mêmes). Bruno et Joseph, Bruno et Hélène qui ne sait le remercier qu'en lui confectionnant toujours le même gâteau à l'ananas. Bruno et Malik (Reda KATEB), le dirigeant de l'association "L'Escale" qui réinsère les jeunes des cités exclus du monde du travail en les plaçant auprès des jeunes autistes de "La voix des justes". Dylan (l'un de ces jeunes d'origine immigrée) et Valentin atteint d'un autisme sévère. Il porte un casque de boxeur pour l'empêcher de se faire mal quand il se tape la tête contre les murs. Et il se terre dans les recoins comme un animal terrifié. A ces jeunes, "La voix des justes" propose surtout de prendre l'air, eux qui ont passé l'essentiel de leur temps enfermé. Danser, caresser et monter des chevaux, faire des gâteaux, dormir ailleurs que chez eux ou à l'hôpital. Et pour Joseph, faire un trajet complet en RER sans paniquer, se faire embaucher dans une entreprise à l'essai (elle n'est visiblement pas prête à faire plus, faute d'information suffisante).

Le personnage clé du film, c'est Bruno. Tout tourne autour de lui. Bruno est ce juste du XXIe siècle qui tend la main à plus démuni que lui en faisant imploser sa propre communauté. De façon assez ironique, des rendez-vous arrangés lui sont proposés durant tout le film mais c'est de façon totalement imprévue et hors de tout cadre et de toute norme que s'esquisse un début de relation. Et contrairement à nombre de films où j'ai pu le voir, ce n'est pas l'arrogance qui émane de Vincent Cassel mais l'humanité un peu cassée de son père Jean-Pierre lorsqu'il donne une capsule de cyanure au mourant qui partage sa cellule dans "L'armée des ombres" afin d'abréger ses souffrances.

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L'été de Kikujiro (Kikujirō no natsu)

Publié le par Rosalie210

Takeshi Kitano (1999)

L'été de Kikujiro (Kikujirō no natsu)

"L'été de Kikujiro" est l'un des plus beaux films de Takeshi KITANO. L'un de ses plus personnels aussi. Il s'agit ni plus ni moins de sa version de "Le Kid / Le Gosse" (1921) de Charles CHAPLIN, cinéaste avec lequel il partage un solide sens du burlesque forgé sur les planches (puis pour "Beat Takeshi", à la TV) mais aussi une histoire familiale traumatique qu'il répare dans un film thérapeutique où il va en quelque sorte chercher en lui l'enfant qu'il a été pour lui offrir le père qu'il n'a jamais eu. Le titre et l'affiche parlent d'eux-mêmes. On y voit un petit garçon au premier plan si bien que l'on croit que "Kikujiro" c'est lui. Or il s'appelle Masao et Kikujiro est en fait le nom du personnage interprété par Takeshi KITANO que l'on voit en arrière-plan et c'est aussi le prénom du père du cinéaste. L'aspect autobiographique du film est renforcé par le fait que Kikujiro (le vrai et son double de fiction) sont d'anciens yakuzas. Dans le film ce n'est jamais dit explicitement mais cela est révélé par l'énorme tatouage que Kikujiro porte dans le dos (un signe distinctif des yakuzas). De plus, Kikujiro est un joueur compulsif (comme l'était le père de Kitano) qui a les plus grandes difficultés à s'occuper du gamin qu'on lui fourre entre les pattes. Car lui-même se comporte en irresponsable, son impulsivité n'ayant d'égale que sa grossièreté et son amoralité. Leur périple pour retrouver la mère de Masao se transforme en un road-movie déjanté où chaque étape, chaque galère est le prétexte d'un gag remarquablement mis en scène. Démuni matériellement, Kikujiro utilise le système D (pour ne pas dire l'escroquerie) pour se déplacer, manger ou se loger avec une spontanéité presque enfantine qui fait de lui le double de Masao. Comme dans le film de Charles CHAPLIN, le jeu et la survie ne font qu'un. Chaque séquence est le prétexte d'un gag burlesque où le sens du cadrage et de l'ellipse de Kitano font merveille. Pour ne citer qu'un exemple, Kikujiro a l'idée de crever les pneus d'un véhicule pour entrer en contact avec son propriétaire, l'aider à le réparer et se faire prendre en stop. Mais voilà que tout en échafaudant à haute voix son plan, penché sur le véhicule, il ne voit pas Masao se figer et le cadre s'élargir, révélant la présence du propriétaire de la camionnette à sa gauche.

Mais le film n'est pas qu'humoristique, il est sous-tendu par une poignante mélancolie. Masao est un orphelin qui voit ses amis partir en vacances en famille pendant que lui reste à quai. Exclu des vacances et exclu de la famille. C'est (inconsciemment) pour lui offrir une réparation (et une seconde chance pour lui-même) que Kikujiro s'embarque avec lui dans ce qui s'apparente à une quête initiatique. En effet il ressort métamorphosé de cette expérience. La séquence où ils retrouvent la mère de Masao est un moment de basculement où Kikujiro l'homme-enfant et le voyou mal dégrossi devient Kikujiro le père responsable. A partir de ce moment, il réoriente ses actions frauduleuses de façon à protéger l'enfant et l'empêcher ainsi de sombrer dans le désespoir. Ce faisant il devient son ange gardien, lui offre une vraie enfance (la séquence du camping avec des complices est un beau moment de tendresse et de jeux partagés) et par un effet miroir, se remet en contact avec sa propre histoire familiale. L'attachement entre Masao et Kikujiro se renforce au point de rompre quelque peu l'inexpressivité caractéristique des visages filmés dans le cinéma de Takeshi KITANO, le masque de théâtre cédant la place à la comédie humaine. "L'été de Kikujiro" est un film qui donne les clés des ruptures de ton si caractéristiques du cinéma de Takeshi KITANO, un cinéma où cohabitent l'enfant et le gangster, des images naïves et une violence graphique souvent brutale. La musique de Joe HISAISHI est une nouvelle fois (après "Hana-Bi" (1996)) particulièrement inspirée.

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Vicky Cristina Barcelona

Publié le par Rosalie210

Woody Allen (2007)

Vicky Cristina Barcelona

"Vicky Christina Barcelona" est un film qui a un double mérite.

D'une part il masque des questionnements existentiels qui auraient pu être d'un ennui mortel sous les atours chatoyants d'une comédie en forme de carte du tendre touristique de plus en plus épicée pour ne pas dire caliente. La qualité de la distribution et de la photographie apportent un charme indubitable au film qui fait parfois le même effet sur le spectateur que le bon vin et le guitariste espagnol sur Vicky. Et ce même s'il ne connaît pas les monuments de Barcelone (qui doivent beaucoup à Gaudi comme on peut le découvrir dans le film: Sagrada Familia, parc Güell, Pedrera et ses cheminées en forme de chevaliers). Pourtant à travers le marivaudage amoureux des deux jeunes touristes américaines (Rebecca HALL et Scarlett JOHANSSON) et le couple explosif et "almodovarien" formé par Penélope CRUZ et Javier BARDEM, Woody ALLEN pose des questions qui préfigurent celles de "Whatever Works" (2009). Il est loin d'être le premier à opposer l'ennui conjugal qui attend Vicky auprès de son fiancé aussi excitant qu'un "pot de yaourt" pour reprendre l'expression du Monde à la passion auto destructrice qui anime les artistes Juan Antonio et Maria-Helena, trop fusionnels pour ne pas se rendre la vie infernale. C'était déjà l'un des thèmes majeurs du film de Jacques DEMY, "Une chambre en ville" (1982) qui s'y connaissait en problèmes de gémellité artistique. Mais à ces deux extrêmes aussi mortifères l'un que l'autre, Woody ALLEN ajoute des expérimentations amoureuses plus marginales (le saphisme, l'amour à trois) qui au final ne débouchent sur rien. En dépit de la devise de Juan Antonio "Carpe Diem" c'est l'insatisfaction qui prédomine. Vicky se résout à suivre son schéma plan-plan en dépit des avertissements de Judy (Patricia CLARKSON) qui l'héberge à Barcelone et qui ne supporte plus sa situation conjugale très semblable (quoiqu'en dise Vicky). Quant à Cristina, elle n'est pas plus avancée qu'avant puisqu'elle sait certes ce qu'elle ne veut pas mais toujours pas ce qu'elle veut.

D'autre part, ce film qui fait partie de la période où Woody ALLEN faisait le tour d'Europe démontre si besoin était que celui-ci que l'on a longtemps ancré dans une identité "juive new-yorkaise" est en réalité un caméléon. Comme dans "Zelig" (1983) il est capable de se fondre dans n'importe quel décor tout en étant toujours fidèle à lui-même.

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Discontent

Publié le par Rosalie210

Lois Weber, Allen Siegler (1916)

Discontent

Avant de se pencher sur le film lui-même, un mot sur l'histoire (édifiante) de sa créditation. On sait aujourd'hui que Lois Weber, l'auteure du script original a au minimum co-réalisé le film aux côtés du directeur de la photographie Allen G. Siegler. Mais la société de production Universal ne l'a pas créditée parce qu'attribuer à une femme un poste à responsabilité n'était pas conforme aux convenances de l'époque. C'est l'une des très nombreuses raisons qui ont abouti à l'invisibilisation des femmes dans la réalisation des films muets, films dont on redécouvre aujourd'hui la véritable origine en même temps que les femmes retrouvent leur juste place dans une industrie qu'elles ont contribué à créer au même titre que les hommes.

"Discontent" qui est un court-métrage de deux bobines raconte l'histoire d'un vétéran de la guerre de Sécession, personnage qui faisait alors partie intégrante de la société des USA de 1916. Ceux-ci avaient alors effectivement entre 70 et 80 ans et retraités, vivaient soit dans leur famille, soit en maison de retraite avec leurs anciens compagnons de combat. C'est le cas de Pearson mais il ne semble pas content de son sort puisqu'il passe son temps à dire que chez son riche neveu, tout est mieux (matériellement parlant). Sauf que quand sa famille l'accueille, il ne trouve pas sa place et au contraire, il sème la zizanie dans la famille en instillant le doute chez chacun de ses membres. Au final l'opulence provoque chez lui une indigestion et l'incommunicabilité entre lui et le reste de la famille l'isole au point qu'il finit par regretter sa maison de retraite certes plus spartiate mais où au moins il pouvait échanger des souvenirs avec des hommes qui avaient vécu la même expérience que lui. "Discontent" ("Mécontentement") fait donc réfléchir sur les limites de l'institution familiale déifiée par la société américaine mais qui n'est pas forcément synonyme de bonheur, pas plus d'ailleurs que l'autre grande valeur devant laquelle elle se prosterne, celle de l'argent. En cela, c'est un film qui conserve toute sa pertinence en raison du fait qu'il montre d'une part la famille comme un possible cauchemar (ce qui était osé à l'époque) et de l'autre, l'insatisfaction chronique générée par nos sociétés d'abondance et qui se traduit aujourd'hui par une fuite en avant vers le toujours plus (de biens matériels, de prestige ou de cachets). 

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Angry Birds: Copains comme cochons (The Angry Birds Movie 2)

Publié le par Rosalie210

Thurop Van Orman (2019)

Angry Birds: Copains comme cochons (The Angry Birds Movie 2)

"Angry Birds: copains comme cochons" est un film d'animation très sympa qui se situe dans la lignée du premier volet. Il n'a d'autre prétention que de divertir et il y parvient très bien. L'intrigue (une alliance entre oiseaux et cochons contre un troisième ennemi) n'a pas grand intérêt, l'aspect visuel est basique et la morale est toujours aussi convenue (grosso modo l'union fait la force et vive l'esprit d'équipe) mais il est bien construit et bien rythmé. La musique pop est certes envahissante mais ne se compose pas seulement de gros tubes lourdingues puisque David Bowie et son "Space Oddity" s'invitent de façon marquante à la fête comme le faisait Stanley KUBRICK dans le premier volet. L'alternance entre les aventures des bébés (oiseaux et cochons) et celle des adultes fonctionne très bien, d'autant qu'elles se rejoignent à la fin. Au sein des adultes, les personnages féminins se taillent une vraie place. Il est particulièrement bien vu d'avoir fait de la "méchante" de l'histoire l'ex-fiancée (aigrie) "d'Aigle vaillant" dont on sait depuis le premier volet qu'il s'agit d'un lâche. La baudruche patriarcale continue donc de se dégonfler pour notre plus grand plaisir. Il y a d'ailleurs dans le film un panorama assez bien vu des comportements amoureux et modèles familiaux modernes, du speed dating jusqu'aux familles monoparentales en passant par les femmes instruites et émancipées qui veulent être traitées d'égale à égale avec leurs homologues masculins.

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Quoi de neuf, Pussycat? (What's new, Pussycat?)

Publié le par Rosalie210

Clive Donner (1965)

Quoi de neuf, Pussycat? (What's new, Pussycat?)

Les amateurs des sixties adeptes du "who's who" ne peuvent qu'apprécier le film de Clive DONNER qui aligne les célébrités de l'époque comme les perles d'un collier: Romy SCHNEIDER, Ursula ANDRESS, Peter O TOOLE, Paula PRENTISS, Peter SELLERS, CAPUCINE et dans des petits rôles voire des cameos, Françoise HARDY, Daniel ÉMILFORK, Jacques BALUTIN, Richard BURTON etc. Tout ce beau monde s'agite en roue libre dans une intrigue vaudevillesque tournée dans une France "bourgeoise rive gauche", couronnée par une dernière séquence complètement folle au "Château Chantelle" qui est celle que je trouve la plus drôle. Le tout est emballé par le célèbre tube de Tom JONES qui porte le même titre (en VO) que celui du film "WHAT'S NEW PUSSYCAT ?" (1965). Une allusion paraît-il à une expression employée par Warren BEATTY qui devait à l'origine jouer dans le film mais qui s'est défilé quand il a compris qu'il s'agissait de tourner en dérision les obsédés sexuels ^^^^.

Mais le film ne se distingue pas seulement par son casting cinq étoiles, il a également son importance dans la filmographie de Woody ALLEN. En effet il s'agit de sa première apparition sur grand écran (ceux qui se demandent où et quand il a pu embrasser Romy SCHNEIDER ont ainsi la réponse ^^^) et de son premier scénario. Le producteur du film l'avait en effet repéré pendant l'un de ses spectacles de cabaret et lui avait proposé d'en écrire l'histoire. Le film porte donc sa signature avec le thème de la psychanalyse, Paris version artistes de la rive gauche, le motif de la chambre de plus en plus remplie de monde (un hommage évident à la scène de la cabine de "Une nuit à l'opéra" (1935) avec les Marx Brothers) ou encore une séquence au bord de la Seine qui préfigure celle avec Goldie HAWN dans "Tout le monde dit I love you" (1996).

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