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Articles avec #cinema chinois tag

Le jeu de la mort (Game of Death)

Publié le par Rosalie210

Robert Clouse, Bruce Lee (1978)

Le jeu de la mort (Game of Death)

"Le jeu de la mort" est à l'origine un film que Bruce Lee ne put achever en raison de sa mort prématurée en 1973. Qu'à cela ne tienne, six ans plus tard, Robert Clouse décida de réaliser sa propre version. Il faut dire que la popularité de Bruce Lee était telle que les "opérations filon" se multipliaient pour se faire de l'argent à titre posthume sur le dos de la star (ce que l'on a appelé la "bruceploitation"). Sur les 40 minutes tournées par l'acteur, Clouse n'en garda que 15 qui sont situées à la fin du film. Ce passage là est grandiose et laisse entrevoir ce qu'aurait dû être "Le jeu de la mort": l'histoire d'un champion de kung-fu qui doit affronter à chaque étage d'une pagode un adversaire maîtrisant une technique différente, un peu comme dans un jeu vidéo où il faut passer des niveaux. C'est peu mais cela suffit pour faire entrer l'image de Bruce Lee en combinaison jaune à bandes noires dans la légende. Une légende que saura reprendre et féminiser Tarantino dans "Kill Bill" 30 ans plus tard.

Pour le reste, on est face à une sorte de film-collage fait de pièces et de morceaux mal raccordés entre eux. Les extraits de précédents films de Bruce Lee (parfois un simple plan) se superposent à des scènes tournées par des doublures au visage plus ou moins dissimulé par des bandages ou de grosses lunettes noires (quand ce n'est pas par une photo de Bruce Lee, un "trucage grossier" à hurler de rire). Comme si tout cela se sentait déjà pas la mascarade à plein nez, Clouse bricole une intrigue de série B où un acteur et son épouse occidentale sont harcelés par la pègre. Une allusion à la vie de Bruce Lee qui est cependant surpassée dans le mauvais goût par l'insertion d'images authentiques de ses funérailles.

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Shaolin Soccer (Siu lam juk kau)

Publié le par Rosalie210

Stephen Chow (2001)

Shaolin Soccer (Siu lam juk kau)

Souvenez-vous. Dans les années 80, le dessin animé "Olive et Tom" ("Captain Tsubasa" en VO) triomphait sur la 5 avant de faire un passage au Club Dorothée en 1991. "Olive et Tom" c'était du foot version extra-terrestre: un terrain de foot de 18 km de long, une vitesse de course de 150 km/heure, des frappes d'une force à brûler le ballon et trouer les buts, des cascades aériennes à 8m de hauteur etc.

En 1998, Stephen Chow alors star comique à Hong-Kong eut l'idée de transposer le célèbre dessin animé nippon dans l'univers de la comédie cantonaise et de mélanger foot et kung-fu avec une bonne dose d'effets spéciaux. Il était alors bien le seul à croire que la mayonnaise allait prendre mais il fit montre d'un bel acharnement, réunissant sous sa seule casquette les fonctions de scénariste, producteur, interprète et réalisateur. Il fit également appel au meilleur studio d'effets numériques de Hong-Kong et au chorégraphe responsable des combats de la saga "Histoire de fantômes chinois" et de "Hero" avec Jet Li.

Le résultat: un énorme succès commercial et un syncrétisme réussi entre des genres et des cultures à priori très éloignés les uns des autres. Mélange de prises de vue réelles et de cinéma d'animation numérique pour les prouesses footbalistiques, de kung-fu, de sport, de comédie romantique, de comédie musicale bollywoodienne, de scènes poétiques et de gags lourdingues, Chow se permet tout! Il ose même transformer le terrain en champ de bataille et son joueur vedette en soldat sortant d'une guerre de tranchée.

Cette liberté fait plaisir à voir, à l'image de l'équipe hors-norme qui finit par se former sous nos yeux. Le formatage n'y a pas cours et on voit jouer tous les recalés des équipes normales: vieux, gros, filles etc.

Le rachat du film par la firme américaine Miramax (désormais de sinistre réputation) pour sa distribution internationale a entraîné des coupes hasardeuses dans le film. Heureusement l'édition DVD propose les deux versions (3 étoiles pour la version tronquée, 4 étoiles pour la version longue).

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In the mood for love (Fa yeung nin wa)

Publié le par Rosalie210

Wong Kar-Wai (2000)

In the mood for love (Fa yeung nin wa)

"In the mood for love" est un film envoûtant. L'histoire -celle d'un amour impossible à cause de barrières extérieures et intérieures- est très classique mais c'est son traitement suprêmement élégant qui la rend inoubliable. On est marqué par le formidable travail accompli sur le temps qui passe et les souvenirs qui restent, plus ou moins fidèles d'une époque révolue. Les regrets liés à l'inaccomplissement d'une relation amoureuse se superposent à la nostalgie du Hong-Kong des années 60 en transit entre traditions et modernité et Orient et Occident. Cette mémoire qui retravaille le temps devient le travail cinématographique lui-même: arrêts sur image, "jump-cuts", somptueux ralentis accompagné par un air de valse lancinant, répétitions où seuls les changements d'alimentation et de robe (les fameuses robes si distinctives de Maggie Cheung) servent de marqueurs au passage d'un temps qui semble parfois bégayer.

Car paradoxalement, cette époque si vénérée est représentée comme un enfermement et une impasse (d'où toutes ces scènes où l'on voit le couple derrière des barreaux, des stores, un rideau de pluie...). En un sens, on comprend le choix des conjoints adultères de s'évader à l'étranger. Cela va même de pair. Car à Hong-Kong où l'on manque de place, les lieux où vivent les personnages sont exigus, la promiscuité y est permanente et avec elle la pression sociale du qu'en dira t'on. C'est autant cette surveillance sociale qu'une morale intériorisée qui empêche M. Chow et Mme Chang de passer à l'acte. Tony Leung et Maggie Cheung interprètent magistralement ces personnages d'un autre temps, introvertis, pudiques, élégants et mélancoliques.

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Sparrow (Man jeuk)

Publié le par Rosalie210

Johnnie To (2008)

Sparrow (Man jeuk)

Les films récents de Hong-Kong sont des films de plaisir, célébrant la douceur de vivre. Cependant les nuages noirs menaçants à la fin de Sparrow évoquent la fragilité d’une démocratie sur le point d’être avalée par l’ogre chinois. Les parapluies pourront-ils la protéger ?

Sparrow (qui signifie pickpocket en argot de Hong-Kong) puise son inspiration à la fois dans le cinéma populaire asiatique (les films de kung-fu et de combat type Bruce Lee) et dans le cinéma français des années 50 et 60, source d’exotisme importante aussi bien pour le cinéma chinois que pour le cinéma japonais.
Dans Sparrow, deux films français sont cités directement, deux films qui gravitent autour de la nouvelle vague sans y appartenir :

-Pickpocket de Robert Bresson (1959). La séquence de la gare est reprise dans Sparrow. Le plaisir du spectateur provient de la virtuosité avec laquelle les portefeuilles passent de main en main. Le vol à la tire s’apparente à un art à mi-chemin entre la danse (chorégraphie des voleurs autour de la victime, grâce et délicatesse des vols sans aucune brutalité) et le tour de magie. Le voleur doit rester invisible. Pour cela il offre chez Bresson un visage neutre et une voix blanche. Chez To, il se comporte en monsieur tout le monde et se fond dans la masse. Bresson est une influence majeure du cinéma asiatique par son sens de l’épure et ses personnages neutres qui tendent vers l’abstraction et se fondent dans le décor. En même temps les gestes, économes, sont ritualisés et entrent dans une partition qui s’apparente à une chorégraphie.

-Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1963). Sparrow se termine par une reprise du générique de début du film de Demy avec chorégraphie de vélos et de parapluies. Bien des aspects des Parapluies de Cherbourg sont proches du cinéma asiatique : le sens de l’épure, la légèreté, la lenteur, l’explosion des couleurs et l’abstraction avec des figures quasi-géométriques. C’est cette esthétique qui est reprise dans le cinéma d’action de Hong-Kong (où Les parapluies de Cherbourg fait figure de film culte et d’inspiration majeure).

Autre exemple d’influence française dans Sparrow :
Alain DELON (qui a droit à une étagère entière dans les vidéos-clubs locaux!) En effet son jeu d’acteur est proche de celui des acteurs asiatiques. Ainsi Le Samouraï de Melville a beaucoup influencé le cinéma de cette région du monde et son générique est repris dans celui de Sparrow avec le moineau dans une cage au beau milieu d'un appartement. 
 

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