Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #cinema chinois tag

Tigre et Dragon (Wò Hǔ Cáng Lóng)

Publié le par Rosalie210

Ang Lee (2000)

Tigre et Dragon (Wò Hǔ Cáng Lóng)

"Tigre et dragon" c'est du cinéma à grand spectacle mêlant culture chinoise et budget hollywoodien. Si le film est conçu pour plaire au plus grand nombre avec un dosage savant entre action et romance qui manque un peu d'âme à mes yeux, il en met plein la vue quand même avec des chorégraphies splendides réglées par Yuen Woo-Ping, celui là même dont le savoir-faire a été déterminant pour les scènes de kung-fu de la trilogie "Matrix" et des deux parties de "Kill Bill". On a donc des personnages en apesanteur qui tournoient et volent au-dessus des cimes avec une grâce magique. Le film offre également un condensé des plus beaux paysages chinois (forêts de bambous, chutes d'eau, montagnes) et de ses meilleurs acteurs issus de Chine continentale ou des "provinces chinoises à système différent" pour reprendre la définition qu'elle donne de Hong-Kong et de Taïwan (territoire dont est également originaire le réalisateur, Ang Lee qui a voulu rendre hommage au cinéma de son enfance). Tous ont dû d'ailleurs apprendre leurs dialogues en mandarin alors que leurs langues natales étaient le cantonais ou l'anglais. Quant à l'histoire, elle mélange la tradition feuilletonesque occidentale avec ses combats de cape et d'épée version asiatique, ses multiples rebondissements rocambolesques et ses histoires d'amours impossibles et des figures typiques de la tradition chinoise comme la guerrière intrépide façon Mulan. On peut également souligner l'opposition entre le couple d'âge mûr formé par Li Mu Bai (Chow Yun Fat) et Yu Shu Lien (Michelle Yeoh) qui ont sacrifié leurs sentiments sur l'autel du devoir et de l'honneur à celui beaucoup plus jeune formé par Jen (Zhang Ziyi) et Lo (Chang Chen) qui sont insoumis et individualistes. Deux générations aux valeurs différentes qui représentent l'évolution récente de la Chine.

Voir les commentaires

My Blueberry Nights

Publié le par Rosalie210

Wong Kar-Wai (2007)

My Blueberry Nights

"My Blueberry Nights" est considérée comme une œuvre mineure de Wong Kar-Wai mais je la préfère à "2046" par exemple car il a le mérite de la simplicité tout en dégageant une atmosphère envoûtante et en étant plus original qu'il n'y paraît. Certes, c'est un film inégal, conçu à partir de l'un des sketches qui devait constituer "In the Mood for love" à l'origine. Celui-ci devait comporter trois parties tournant autour de la nourriture (entrée, plat et dessert). La partie "plat" a pris toute la place dans "In the Mood for love" si bien que Jude Law et Norah Jones ont remplacé Tony Leung et Maggie Cheung pour déguster le dessert dans un café délocalisé quelque part à New-York. Le scénario de "My Blueberry Nights" repose sur une déception amoureuse, une attente, des rencontres, il se construit en creux, sur des histoires d'objets abandonnés par leurs propriétaires qui font écho à des âmes esseulées, celle de l'héroïne et des gens qu'elle croise au gré de ses pérégrinations et avec lesquels elle fait un bout de chemin.  Le changement de cadre géographique inspire Wong Kar-Wai en lui permettant de jouer sur plusieurs tableaux: les lieux clos et les grands espaces, la nuit et le jour, la sédentarité et le mouvement, le blues et la fleur bleue. L'idée de faire réorchestrer l'un des thèmes phare de "In the Mood for love" par Ry Cooder (auteur de l'inoubliable BO de "Paris, Texas" autre film d'exilé magnifiant l'Amérique) établit un élégant trait d'union entre Hong-Kong et les USA. Aux couleurs à dominante rouge et verte des ambiances nocturnes urbaines écrites le plus souvent au néon s'opposent les couleurs chaudes du désert (beau travail du chef opérateur Darius Khondji créateur de bulles colorées comme dans les films de Jeunet et Caro). Le premier écrin est conçu pour Jeremy (Jude Law) qui dans un renversement des rôles assignés aux hommes et aux femmes dans les récits traditionnels attend le retour de sa belle partie en mer… ou plutôt dans l'Amérique profonde en lui concoctant de bons petits plats dans son chaleureux cocon ^^. Le second est conçu pour la flambeuse Leslie (Natalie Portman) qui se déplace en jaguar et met au tapis ses partenaires masculins. Entre ces deux pôles splendides il y a un segment assez mauvais autour d'une rupture amoureuse hystérique et cliché entre un flic (David Strathairn) et son épouse (Rachel Weisz) avec deux acteurs lourdement démonstratifs. Cette faute de goût est seul véritable maillon faible du film.

Voir les commentaires

So Long, My Son (Dì jiǔ tiān cháng)

Publié le par Rosalie210

Wang Xiaoshuai (2019)

So Long, My Son (Dì jiǔ tiān cháng)

Il y a des films d'1h30 qui semblent interminables. Et d'autres comme celui-ci dont on ne voit pas passer les 3h. Dense, virtuose et poignant, le film de WANG Xiaoshuai mêle inextricablement grande et petite histoire en racontant le parcours de deux familles chinoises sur les quatre décennies qui ont fait passer la Chine du maoïsme au capitalisme mondialisé. Et ce qui rend son film passionnant bien qu'un peu déroutant au début, c'est qu'il privilégie une narration émotionnelle sur la chronologie des faits. Autrement dit, les événements racontés ne le sont pas de façon linéaire mais plutôt selon un système d'échos et de rimes qui forment chacun le morceau d'un puzzle qui n'est reconstitué qu'à la fin. Système formel qui humanise l'histoire beaucoup mieux que ne l'aurait fait une reconstitution chronologique*.

En effet ce qui ressort de manière particulièrement aigüe dans ce film qui travaille le temps long de façon admirable, ce sont les notions de culpabilité et de responsabilité. Ou comment des actes commis à un instant T auront des répercussions pour tout le reste de l'existence. Les deux familles dont le film raconte l'histoire sont liées l'une à l'autre mais ne sont pas égales, pas plus au temps du communisme (ou l'une est la supérieure hiérarchique de l'autre même si leurs conditions d'existence sont égales) qu'au temps du capitalisme débridé (où la première s'est enrichie alors que la deuxième s'est précarisée). Derrière la façade amicale, ce qui se joue entre ces deux familles est une relation de type bourreau/victime avec des actes aux conséquences dont on peut mesurer les effets délétères 5,10 ou 20 ans plus tard. La scène de la noyade dans le lac de barrage qui ouvre le film et revient plusieurs fois ensuite est un instant T de basculement de l'existence qui plonge la famille dominante dans les affres de la culpabilité et la famille dominée dans la tragédie de la perte et du deuil impossible. C'est alors qu'un acte commis au nom de la doxa du régime politique en place (empêcher la naissance d'un deuxième enfant en vertu de la doctrine de l'enfant unique) se met à ronger celle qui l'a commis jusqu'à la détruire de l'intérieur. Les correspondances créées par le montage font comprendre qu'à la tentative de suicide de la mère privée de descendance correspond la tumeur qui abrège la vie de celle qui s'en sent responsable.**

En dépit de la tonalité mélancolique et par moments tragique du film, le réalisateur ne tombe jamais dans le mélo larmoyant. Chaque scène délicate est tournée de façon pudique, soit à l'aide de rideaux qui cachent, soit en éloignant la caméra du drame en train de se jouer, ce qui fait d'autant mieux ressortir le vide de la perte (ce que l'on voit surtout ce sont les longs couloirs d'hôpitaux ou l'immensité du barrage dans lesquels s'agitent de minuscules silhouettes, symboles d'un régime qui écrase et déshumanise.) Et l'interprétation est remarquable, particulièrement celle du couple formé par Yaojun (Wang JINGCHUN) et Liyun (YONG Mei) qui ont été à juste titre primés à Berlin. La scène où ils arborent un pauvre sourire forcé sur leur visage triste parce qu'ils sont sommés de se réjouir pour le prix qu'ils ont reçu en tant que "couple modèle du planning familial" m'a fait penser à celui de Lillian GISH dans "Le Lys brisé" (1919).

* C'est la limite d'un film comme "La Famille" (1987) de Ettore SCOLA qui raconte l'histoire d'une famille sur un siècle de façon linéaire avec un plan de couloir faisant la transition entre deux époques. Le procédé est lassant tant il est répétitif et finit par ressembler à un catalogue.

** Cette question de la responsabilité individuelle face aux ordres d'un système inique voire criminel ne se pose pas seulement dans les régimes autoritaires qui imposent le devoir d'obéissance et pratiquent le lavage de cerveau (les rouages qui acceptent de servir le système y adhèrent la plupart du temps et sont même plutôt zélés ce qui est le cas de Haiyan dans le film). Dans "Sicko" (2007) qui dépeint les dérives du système de santé américain, on voit d'anciens employés de groupes d'assurances privés qui sont hantés par le fait d'avoir reçu des primes pour avoir fait faire des économies à leur société c'est à dire avoir trouvé le moyen qu'elles refusent de payer les soins de leurs clients, entraînant la plupart du temps leur décès prématuré.

Voir les commentaires

Beijing Bicycle (Shiqi sui de dan che)

Publié le par Rosalie210

Wang Xiaoshuai (2001)

Beijing Bicycle (Shiqi sui de dan che)

"Beijing Bicycle" est sorti au début des années 2000 alors que la Chine amorçait sa décennie de croissance exponentielle couronnée par les jeux olympiques de Pékin en 2008. C'est donc l'instantané d'un pays en mutation (comme "Slumdog Millionaire" (2008) pour l'Inde, autre géant démographique émergent) à un moment clé de son histoire que nous offre le film. On y voit le capitalisme libéral le plus débridé symbolisé par les gratte-ciel, les hôtels de luxe, les salons de massage côtoyer les taudis alors que la bicyclette, alors encore reine du pavé reste un signe extérieur d'ascension sociale très convoité pour une large part de la population. Le héros, Gui est un adolescent qui débarque tout juste de sa campagne natale et qui se retrouve plongé dans une jungle (urbaine mais aussi économique) dont il ne comprend pas les règles. S'ensuit une série de mésaventures liées à l'ignorance de Gui qui se fait exploiter sans vergogne par l'entreprise qui l'emploie. Celle-ci finit par le jeter sans ménagement après que celui-ci se soit fait voler son vélo qu'il était sur le point d'acquérir avec son labeur. Comme l'identité du voleur n'est jamais clairement établie dans le film, il est tout à fait possible que ce soit l'entreprise elle-même qui ait volé l'engin au moment où elle allait en perdre la propriété pour ensuite le receler et se faire encore de l'argent dessus. A cette âpreté du gain sans scrupules (la scène tragi-comique où Gui se fait doucher malgré lui puis ensuite réclamer le prix de la douche) répond l'obstination de Gui qui refuse qu'on lui tonde la laine sur le dos. Ce qui lui vaut d'être considéré comme "un petit malin" alors qu'il veut juste faire son travail et que son contrat soit honoré.

Gui part donc à la recherche de son vélo qui peut s'il le retrouve lui rendre son travail (une intrigue qui rappelle celle du "Le Voleur de bicyclette" (1948) de Vittorio DE SICA). Son chemin croise celui d'un autre adolescent, Jian, celui qui a acheté d'occasion le vélo volé (avec de l'argent volé à ses parents!). C'est l'occasion de faire le portrait de la classe sociale urbaine laborieuse qui vit dans les taudis mais rêve de changer sa condition quitte à employer des moyens peu scrupuleux. Le vélo permet à Jian de s'intégrer dans un groupe et de gagner la fille de ses rêves. Il n'est donc pas plus prêt que Gui à y renoncer ce qui donne lieu à des mano a mano particulièrement âpres, signe d'une atomisation des structures sociales (famille comprise) et de la poussée de l'individualisme chez les jeunes prêts à tout pour avoir leur place au soleil.

Voir les commentaires

La Saveur des Ramen (Ramen Teh)

Publié le par Rosalie210

Eric Khoo (2018)

La Saveur des Ramen (Ramen Teh)

"La Saveur des Ramen" est un film de commande dont le scénario, simple voire convenu est rehaussé et même transcendé par la façon dont il est accommodé. L'histoire comme je le disais est des plus basique avec pour héros un jeune homme, Masato, issu d'une union mixte qui à la mort de son père japonais découvre le journal intime de sa mère et part en pèlerinage à Singapour sur les traces de son enfance et de sa famille maternelle. Pour nouer des liens avec cette part de son identité quelque peu oubliée/refoulée, la cuisine joue un rôle essentiel. Tous les personnages de l'histoire qu'ils soient singapouriens ou japonais sont restaurateurs ce qui constitue leur langage commun. Les émotions sont traitées par le biais des sens et en particulier du goût (même si la vue des plats met également en appétit). De ce point de vue, on ne peut s'empêcher de penser au film "Les Délices de Tokyo" (2015) qui racontait également une histoire de filiation et de transmission par le biais d'une recette de cuisine. Mais les saveurs sont aussi, comme la petite madeleine de Proust, vectrices de mémoire. Par-delà les réminiscences de Masato et de sa famille maternelle (traitées en flashbacks), le film effectue aussi un rappel historique sur les relations complexes entre le Japon et ses voisins asiatiques faites de traumatismes (le poids de la seconde guerre mondiale durant laquelle le Japon a occupé et martyrisé une grande partie de l'Asie du sud-est) mais aussi d'influences culturelles (on découvre en particulier l'origine chinoise des ramens japonais* et le titre en VO "Ramen Teh" est la recette que Masato expérimente pour sa grand-mère qui mélange les ramens et le Bak Kut Teh, le plat national singapourien). Les personnages sont brossés avec une délicatesse toute asiatique qui compense ce que le film peut avoir par moment d'ouvertement sentimental. Si bien que l'alliage final est réussi comme quoi on peut surprendre, charmer, ouvrir l'appétit et faire réfléchir à partir d'éléments a priori peu ragoûtants ^^^^.

* Ils ont été apportés au Japon par des commerçants chinois à la fin du XIXème siècle et jusque dans les années 1950, on ne parlait pas de ramens mais de « shina soba », soit les « soba chinois.

Voir les commentaires

La Fureur de vaincre (Jing wu men)

Publié le par Rosalie210

Lo Wei (1972)

La Fureur de vaincre (Jing wu men)

Le meilleur film de Bruce Lee, le plus emblématique en tout cas. C'est LO Wei qui dirige le film (il joue également un rôle, celui de l'inspecteur de police) avec beaucoup plus de moyens que pour le film précédent "Big Boss (1971)" et une technique (découpage, ralentis) qui met en valeur la précision des chorégraphies de Bruce LEE. Ce dernier concentre en lui une énergie phénoménale qui lorsqu'elle explose dévaste tout sur son passage. Si la "La Fureur de vaincre" est culte c'est d'abord en tant que symbole de résistance à l'oppression (avec une forte connotation nationaliste). Le film se déroule à l'époque de l'occupation japonaise de la concession internationale de Shanghai durant la seconde guerre mondiale. Bruce LEE revêt la défroque de Chen Zhen, un personnage ayant réellement existé, disciple d'un célèbre maître de kung fu, Huo Yuanjia (1869-1910) mort empoisonné à l'issue d'une ultime victoire contre l'école japonaise. Les actes d'insoumission de Chen Zhen pour venger son maître restaurent la fierté humiliée de tout un peuple. Chen Zhen est un bloc de rage tout entier tourné vers la vengeance même s'il s'offre une pause romantique et quelques passages comiques où il revêt divers déguisements (ridicules) pour mieux espionner ou neutraliser ses adversaires. Il y a le passage culte où il affronte et vainc un dojo tout entier au cri de "non, les chinois ne sont pas les malades de l'Asie orientale" avant de faire manger des morceaux de l'insulte calligraphiée à deux de leurs auteurs . Il y a la scène où il détruit une pancarte interdisant aux chinois et aux chiens de se promener dans un parc (une telle pancarte n'a jamais existé mais il y a une assimilation un peu forcée entre le sort des chinois et celui des juifs pendant la guerre). Et puis il y a le célébrissime arrêt sur image qui clôt le film, ce cri de fureur et cet élan héroïque qui refuse de retomber devant le peloton d'exécution. Car c'est l'autre raison qui explique le statut iconique du film. Le mythe Bruce Lee, l'intensité et la brièveté de son parcours ainsi que sa mort tragique et prématurée est contenu tout entier dans ce plan.

Voir les commentaires

Opération dragon (Enter the Dragon)

Publié le par Rosalie210

Robert Clouse (1973)

Opération dragon (Enter the Dragon)


"Aucun des quelques films interprétés par Bruce LEE n’est un chef-d’œuvre, mais Bruce LEE est un chef-d’œuvre dans chacun de ses films" disait Olivier Père sur le site d'Arte en 2010. Ce qui est vrai pour des films comme "La Fureur du Dragon" (1972) ou "Le Jeu de la Mort" (1978) où il n'y a que les combats du petit dragon à sauver l'est à un degré moindre pour celui-ci. Il est plus réussi dans son ensemble mais sans sa tête d'affiche il aurait été oublié depuis longtemps. Surtout c'est celui qui a fait de Bruce LEE une star en occident, hélas à titre posthume puisque celui-ci était déjà décédé quand le film est sorti.

"Opération dragon" est la première collaboration cinématographique entre les USA et la Chine. C'est une évolution dans la manière dont l'industrie hollywoodienne traite les minorités, teintée d'opportunisme devant le succès de Bruce LEE à Hong-Kong. En effet bien que né à San Francisco, Bruce LEE s'est heurté durant les années 60 au rejet raciste de l'industrie hollywoodienne et de la télévision qui comme pour les afro-américains préférait embaucher des acteurs blancs et les grimer qu'employer d'authentiques asiatiques. Cependant au début des années 70, les mouvements contestataires de jeunesse et pour les droits civiques ont quelque peu changé la donne. Il n'est d'ailleurs pas innocent qu'un acteur de la blaxploitation, Jim KELLY joue aux côtés de Bruce LEE dans le film. Quitte à élargir le public, autant faire d'une pierre deux coups!

"Opération dragon" est ainsi une tentative réussie de mélange d'influences occidentales et orientales. Bruce Lee endosse un rôle à la James Bond avec île mystérieuse et base secrète à infiltrer et méchant à la Dr. No à neutraliser. Sauf que l'ambiance est orientalisante et que le kung-fu remplace les flingues. Bruce LEE a en effet obtenu carte blanche pour orchestrer les combats et chorégraphies du film et ses mouvements félins et ultra-rapides ont été magnifiés par les plans larges du réalisateur Robert CLOUSE. Ultime coup de génie, la scène finale, tournée dans une pièce dotée de 8000 miroirs qui démultiplie à l'infini l'image du petit dragon fait penser à "La Dame de Shanghai" (1947) de Orson WELLES.

Voir les commentaires

Human Flow

Publié le par Rosalie210

Ai Weiwei (2017)

Human Flow

"Qui trop embrasse mal étreint": le film de Ai Weiwei en forme d'état des lieux mondial de la pire crise des réfugiés depuis la fin de la seconde guerre mondiale est éclaté, fourre-tout, décousu. Par conséquent, il a tendance en dépit de ses 2h20 à survoler ses sujets (au sens propre comme au figuré) voire à s'égarer dans le hors-sujet lorsqu'il traite par exemple de la question des murs et des frontières plutôt que celle des réfugiés. Certes les deux questions se recoupent mais par exemple les palestiniens des territoires occupés ne sont pas des réfugiés contrairement à ceux qui sont partis vivre dans les pays voisins. Or le documentaire s'attarde un moment sur la bande de Gaza dont la problématique n'est pas la même que celle des cohortes de migrants fuyant leur pays exangue ou au contraire à feu et à sang. Il en est de même lorsqu'il mélange les réfugiés politiques et les migrants économiques qui ne relèvent pas des mêmes flux d'immigration ni des mêmes procédures d'admission (dans le cas de la frontière américano-mexicaine par exemple).

Mais en dépit de ce manque de rigueur, il atteint quand même sa cible qui est d'alerter l'opinion publique des pays développés sur l'effroyable tragédie qui se joue à leurs portes. Comme l'explique Ai Weiwei, la procédure de demande d'asile qui fonctionnait bien en Europe lorsque les réfugiés étaient peu nombreux n'a pu faire face à leur afflux massif. La réaction de la plupart des pays qui a été de se barricader est une bombe à retardement qui nourrit les catastrophes de demain. Comme le rappelle le film, ceux qui choisissent de s'exiler ne le font pas de gaieté de cœur mais parce qu'ils n'ont pas le choix. La faim, la pauvreté, la guerre, les persécutions les contraignent à tout quitter pour tenter de sauver leur vie ou en trouver une meilleure ailleurs. Et pendant qu'ils croupissent dans des no man's land souvent dans des conditions indignes (les tentes détrempées alignées le long d'une gare à la frontière entre la Grèce et la Macédoine font frémir), leurs enfants grandissent privés de tout et notamment d'éducation. Un terreau idéal comme le rappelle le film pour toutes les formes d'exploitation y compris la radicalisation.  

Voir les commentaires

La Fureur du Dragon (Meng long guo jiang)

Publié le par Rosalie210

Bruce Lee (1972)

La Fureur du Dragon (Meng long guo jiang)

En dépit de son statut de film culte, "La fureur du dragon" est un gros nanar. Entre la réalisation amateuriste, le montage approximatif, le timbre-poste qui tient lieu de scénario, les incohérences, le jeu outré et ridicule des acteurs, la galerie de personnages au cerveau de pois chiche et le cabotinage narcissique de Bruce Lee tout heureux d'exhiber ses pectoraux il y a de quoi hurler de rire à de nombreuses reprises. Et ce même si la rapidité et l'agilité du petit dragon (ou plutôt du chat furieux comme le surnomme mon fils) impressionnent à mains nues, au bâton ou au nunchaku.

Ce qui sauve le film du néant tout comme dans le "Jeu de la mort" est un court-métrage inséré dans le long-métrage. Il s'agit du combat de gladiateurs dans le Colisée (réel ou pas, certaines versions affirment que la scène a été tournée sur place au petit matin, d'autres qu'elle a été reconstituée en studio à Hong-Kong). Comme Bruce Lee, Chuck Norris en fait des tonnes pour intimider son adversaire notamment en exhibant sa pilosité et en secouant sa crinière mais leur combat ne manque pas de panache. Certains évoquent même la perfection cosmique du ying et du yang dans un mandala pour le qualifier.

Voir les commentaires

Big Boss (Tang shan da xiong)

Publié le par Rosalie210

Lo Wei (1971)

Big Boss (Tang shan da xiong)

Sans la présence de Bruce Lee, "Big Boss" ne serait qu'un (mauvais) film d'action hongkongais de série B des années 70 parmi d'autres. Série B est d'ailleurs trop gentil, on nage plutôt dans le nanar avec des invraisemblances scénaristiques grosses comme une maison, des effets spéciaux cheap (sang ketchup par exemple), des longueurs, des répétitions et un jeu d'ensemble disons approximatif pour rester poli.

Mais il y a Bruce Lee. Ce n'est pas son premier film (il jouait déjà bébé!) mais c'est celui qui a fait de lui une star. Et on comprend pourquoi. De façon assez habile, il reste sur sa réserve pendant 45 minutes (soit la moitié de la durée totale du film), observant ce qui se passe sans intervenir (sous un prétexte ridicule mais visiblement le ridicule ne fait pas peur à l'équipe du film). Mais quand il décide de lâcher ses coups, ça envoie du lourd. Impressionnant de charisme, de puissance et de précision, il abat à lui seul des dizaines d'hommes de main avant d'affronter "le big boss" dans le duel final. L'idée d'envoyer dans le décor un homme dont la silhouette se découpe dans le mur à la manière d'un cartoon a été réutilisée par Alain Chabat dans "Astérix et Obélix mission Cléopâtre", l'affrontement entre Numérobis et Amonbeaufils étant une parodie des combats de Bruce Lee.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 > >>